Samedi 12
11
heures 55 + Le
lectionnaire n’était pas à l’ambon, il me faudra donc
« parcourir »
toutes les épîtres de Paul pour retrouver le texte d’hier
matin (messe propre pour la mémoire de sainte Claire
d'Assise) qui m’était
arrivé si splendide, si complet, si juste… Cette recherche
me réjouis par avance, me surprendra sûrement mais va me
demander du temps.
23
heures 42 + Présider c’est communiquer qu’on est là,
chaque heure ? Sans
photo, mais en bande-texte pendant les actualités de
BFM/TV. Emmanuel MACRON
préoccupé des tirs balistiques de la Corée du nord.
Emmanuel MACRON téléphone
aux soldats du feu. Ministre des Affaires Etrangères ?
ministre de
l’Intérieur ? non, pas pour le public. – Notre regard sur
les autres.
TRUMP ne condamnant pas les extrêmistes de
Charlottesville, se faisant
réprimander par le « premier » chinois : pas de
provocation
verbale envers Pyong-Yang. Je ne fais aucun pronostic sur
la poursuite de son
mandat. Il peut fort bien tenir, toute la question des
élections à notre époque
est de n’avoir pas d’adversaire, ou seulement un
faire-valoir. C’est patent
chez nous, ce le fut aux Etats-Unis, ce ne l’est
soudainement pas au
Royaume-Uni. Ces démocraties parlementaires où les
retournements s’opèrent à la
Chambre basse : BARZEL à quelques voix près (dont on a su
ensuite qu’elles
avaient été achetées par l’Union soviétique) renversait
Willy BRANDT et
stoppait l’ouverture à l’Est, KOHL a eu la peau de SCHMIDT
grâce à GENSCHER,
CORBYN a de grandes chances d’être l’homme des
retrouvailles et de
l’imagination euro-britannique. Les biographies de deux
vieux en politique:
Jeremy CORBYN et Bernie SANDERS. Télévision : images de
HITLER hier... roucoulant tandis que pleuvent serments,
allégeance, protestations de vies consacrées, plus
parlantes
que l’habituel profil en manteau ou imperméable ou que la
frénésie en uniforme,à la seule main droite donnant
emphase à tout. Hercule Poirot ce soir… Le poème de l’impasse
des Réimoilles, hier en
plein air, ce soir en images regardées sur mon écran.
Marguerite, la distance, la non-tendresse : seule,
Edith peut la convaincre d’être tendre. Revenant dans sa
chambre après notre prière, parvenu
à lui en parler, irrésistiblement, notre trésor me fait
observer que c’est la
crise d’ado.
Dimanche 13
23
heures 46 + Ce matin, la messe paroissiale, ce sont les
dernières de notre cher recteur :
quatorze ans de ministère, homélie simple et belle sur la
foi, classique et
juste : la foi se reçoit, la foi s’entretient. Pierre et
le Christ en fin
d’une nuit (le vent contraire) aussi harassant que la
journée qui avait
précédé : la multiplication des pains, la foule peut-être
dix mille
personnes si l’on compte femmes et enfants, ce que ne font
pas les
contemporains. Seigneur,
si c’est
bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. –
Viens ! – … Il
eut peur : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt Jésus étendit
la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi,
pourquoi
as-tu douté ? ». Dialogue
intime dans la quasi-tempête, Dieu et l’homme. La
prosternation de tous ne se
fait que lorsque le vent tomba, quand ils furent
montés dans la barque… « Vraiment,
tu es le Fils de
Dieu ! »… Paul en
pleure, ses
frères de race, de condition de culture et même de
religion, ne se
convertissent pas : ils sont en effet israélites, ils
ont l’adoption,
la gloire, les alliances ; la législation, le culte, les
promesses de
Dieu, ils ont les patriarches, et c’est de leur race que le
Christ est né, lui
qui est au-dessus de tout, Dieu béni pour
les siècles. La foi,
c’est le don à tous
nos sens terrestres et d’ici-bas, dans notre vie actuelle,
personnelle, dans notre
vie d’Eglise, le don de recevoir et ressentir la présence
de Dieu. Elie à
l’Horeb (cf. le roman de Paulo COELHO). Dieu avertit ou
pas, Sa forme ou les
circonstances de Sa venue, diverses au possible. Pour Elie
(regarder les
circonstances de sa vocation, du premier dialogue avec
Dieu ou du premier appel
de Celui-ci), c’est clair : Sors et tiens-toi sur la
montagne devant
le Seigneur, car Il va passer
[1].
Pourtant, deux faits
majeurs. Dieu Se
manifeste, Dieu passe, exprès, pour seulement un homme
isolé à tous
égards : Elie. Et Elie a le discernement de Dieu et de Son
passage. Ni
l’ouragan, ni le tremblement de terre, ni un feu… le
murmure d’une brise
légère, oui… aussitôt
qu’il
l’entendit, Elie se couvrit le visage avec son manteau, il
sortit et se tint à
l’entrée de la caverne.
Suite
d’une rencontre fortuite un mardi matin, il y a dix
semaines, qui a déjà
produit une relation forte avec deux frères aussi
différents en tout qu’il est
possible, nous voici en trinité et avec mon beau-frère,
invités à aller à Hoedic. Le
bateau à moteur, mais la mer, du vent alors que
certainement, pour un marin, le
temps est tout à fait calme, mais les embruns, notre
vitesse à l’avant, les
embruns, le moteur à l’arrière. L’île est minuscule, mais
habitée (2 à 300
habitants à l’année, longtemps sujets de l’abbaye de
Saint-Gildas-de-Rhuys), un
fort inutile en toute hypothèse édifiée en 1853, mais des
rochers, dont le
groupe évoque les quatre points cardinaux. C’est là à
portée de canon de nos
côtes du Morbihan qu’a lieu une des batailles navales
comme bientôt Trafalgar,
qui décident l’Histoire : la bataille des cardinaux est
perdue. Le Canada
et l’Inde, jusques là,
presqu’entièrement à nous, aussi et surtout. J’en apprends
l’événement par nos
hôtes, ainsi que le projet d’alors de débarquer en Ecosse
et en Irlande pour
avec 17.000 hommes entreprendre de détruire « à domicile »
l’Angleterre. L’île… presque pas de pâtures, pas de terre
arable, un îlôt pas
loin et quelques lopins donnant herbes et fourrages, on
s’y relayent pour les bêtes,
on ne coupe pas de bois. On s’est chauffé aux goëmonds. Ce
qui se remarque,
c’est l’âpreté des lieux : herbes et fourrages, comme tout
le reste de
l’investissement ou du quotidien, viennent donc du
continent, l’évacuation des
déchets par bateaux aussi. Propreté générale. Curiosité :
des blockhaus
français.. deux filles à l’entrée
de l’un d’eux, dans la fosse les entourant, de
l’installation couverte de
toile. Propriété du frère du grand-père de l’une des deux
filles assises au
parapet de la tranchée d’entrée : Loreleï, son prénom. Le
fort offre des
lits et commodités de fortune. La commune a organisé des
salles où dormir. L’accastillage
n’est payant qu’à la nuit. Paysages habités par des
rochers énormes et usés.
Touristes, mais certainement pas en toutes saisons,
découverte après les deux
fils, de leurs père et mère. La mer est partout :
seulement, deux bouquets
d’arbres, l’un d’un genre saules, l’autre de pins ? Rien
de conséquent ne
pousse, la terre est à ras de mer, mais beaucoup de
fougères. J’apprends les cycles
et que quelque chose viendra après elle. Olivier s’attarde
auprès d’une blonde
magnifique : un cheval à son abreuvoir, crinière presque
blanche et robe
claire.
Minuit
vingt-cinq + Je ne peux tenir et je ne fais pas la
diffusion, ce soir.
Lundi 14
08
heures 06 + L’esprit d’entreprise, l’ingéniosité de son
application, parti du
béton aller à l’écologie, les recyclages du béton par les
plantes, elles-mêmes
en nécessitant d’autres pour leur digestion. La relation
avec les élus locaux,
les deux pôles de pression, l’économie et sans doute
l’emploi, mais quand il
s’agit de terrains et de propriétés, les riverains.
L’écologie expérimentale
mais les règlements, l’étier de Caden. Des vies situées,
les parents
déterminant, l’hôtel des parents de lui au Tour du Parc :
BRASSENS,
FERRAT, Patachou, Raymond MARCELLIN, Pierre MESSMER… début
de leur vie, l’outre-mer,
l’installation des dispensaires à Madagascar et au
Dahomey, la guerre
d’Algérie. Lui-même enfant, dix ans à ce qui devient le
Bénin. Nous avons
quasiment fait le tour de l’île, on s’y salue et les
touristes nombreux s’y
mettent, une ambiance mentale. L’église
Notre-Dame-la-Blanche, le plan au sol
des abbatiales de la presqu’île de Rhuys, mais ici une
richesse
inattendue : un tryptique beau, faisant penser à l’école
du GRECO, mais
les bois sculptés pour la chaire, le confessionnal, la
tribune, des vitraux
modernes, splendides. Du mécénat et les familles des
marins morts. Tentatives
de prédation de l’île pour y faire… vous aurez des
emplois. Dialectique qui ne
marche pas ici : on dit les Hoedicais (on prononce en e
accent aigu pour
la première syllabe), des fous (comme les Gaulois d’UDERZO
et de GOSCINNY), la
trinquette d’Hoedic proverbiale. Deux autres troquets dont
celui où nous
déjeunons, ombre et soleil, tandis qu’Anne initie
Marguerite au yoga et la
trouve douée d’équilibre. J’ai dit la danse. Chaleur et
considération mutuelle.
Liberté certaine pour les couples homosexuels. C’est le
paysage, son âpreté
sans aigu, massive et générale, ses horizons vers partout
qui encadrent et
éduquent. Les maisonnettes mitoyennes en trois, quatre
lignes parallèles,
décalées peuvent se vendre jusqu’à 300.000 euros. J’avais
un moment pensé
acheter, sur la plage, dans l’île voisine : Houat, quand
je me suis fixé
en Bretagne tandis que je partais au Kazakhstan. Ici,
avoir un pied, non à
terre, mais en solitude et en mer, certainement pas grand
monde hors
saison : pour écrire, Edith l’évoque, comme à
l’énumération des projets et
activités de Jean-Paul, elle interroge, utiliser nos
aitres et lieux, camping à
la ferme, Bernard ajoute le gardiennage des camping-cars
et bateaux. J’objecte
les créations d’entreprise, la fiscalité, la veille à
plein temps.
Effectivement, je n’ai pas cet esprit, ne l’ai jamais eu
et n’arrive pas à me
faire payer les deux ou trois fois où j’ai rendu service
ou proposé une forte
opportunité. Enfin, la mer si l’on doit ou veut ou choisit
d’y vivre. Le mouvement
constant, la veille, l’eau, le sel, l’univers qui ébranle
tout, sans cesse.
Epouse et beau-frère pas du tout enclins. Pensée pour mon
cher Vincent,
l’aviation de reconnaissance, la voile transatlantique, sa
vie actuelle.
Redescendant de la petite église, des boulistes en
contre-bas et un couple de
chiens, dont une « rhodésienne ». Nous parlons, et puis
venant du
port, cet homme aux mains vides que nous suivions, de dos,
en remontant le long
de « Tahiti-plage » et de l’affleurement des cardinaux,
j’avais pensé
l’aborder, lui demander ses pensées tandis que nous
sommes, lui et nous, dans
un paysage exceptionnel et dans le silence, rien ne porte
et la mer est calme.
C’est lui à nouveau, je l’avais perdu, il avait bifurqué
vers les plages.
Mince, sans âge, au moins la cinquantaine. Il se laisse
aborder, Jean-Paul et
Anne avec moi, je lui pose ma question. Je ne m’attendais
pas à la densité de
son dire en réponse : philosophie d’Hoedic, emprise de
l’île sur les
nouveaux-venant, préparés sans doute par le grand pont… je
devine, l’eau, la
mer, un peu de temps (la quarantaine de minutes) du
continent à ici… J’ai le
titre de mon livre fait
de rencontres.
Ce sera le
grand pont. Je le
lui dis. Son prénom. Gégé. Gérard, le chahut en cour de
récréation :
Gérard LESAGE. Je lui donne le mien, sans prétention que
« cela lui dise
quelque chose », mais si mon livre, ce livre dont
j’attends le
commencement et la réconciliation avec presque toutes mes
tentatives., paraît,
le contact se nouera. Officier de marine ? solitaire
d’état ? je ne
le discerne pas. A mes nouveaux amis, je dis les dernières de ma
chère mère, puisque j’en
avais dit les premières et l’Egypte, en pendant d’une
enfance outre-mer pour
lui. Sa propension à adresser la parole et à la recevoir
dans ses courses du
matin, rue Raynouard et rue de Passy, le reproche que lui
en faisait la
dernière de mes sœurs. Ce que je fais donc et me reproche
Marguerite. Mais
c’est la liberté de l’âge, un septuagénaire n’est pas reçu
comme un dragueur
par les filles et les femmes dont je félicite les jambes
ou l’allure, comme un
quémandeur par ceux que j’aborde. Anecdote de Gérard, en
Irlande, la
conversation est l’art de vivre. Il croise deux homme du
crû, quelque heures
plus tard et depuis la pluie battante, rien n’a bougé
sinon leur conversation.
– Les photos que je n’avais plus de batterie pour les
prendre, ma chère femme à
l’avant du bateau, notre fille à ses côtés, le vent, le
ciel, elles que je
distingue entre les silhouettes de dos, au pilotage, Anne
ralentissant l’allure
de départ pour que mes aimées soient moins éclaboussées.
Et les deux garçons,
matrice de la rencontre, leur début de vie à chacun,
projets et quadratures.
Commencement ? aussi. Ces kilogs à perdre, la
recommandation
que je marche une heure chaque jour… oui, je me suis senti
si à l’aise tout
hier. Sans doute l’ambiance autant que le paysage,
l’exercice physique n’était
pas même une sensation-perception.
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