Claire, naît en 1193 en Assise
(Italie), dans la noble famille de
Favarone di Offreduccio, de Bernardino et de Ortolana. Dès son
enfance, on put admirer en elle un vif attrait pour la retraite, l'oraison,
le mépris du monde, l'amour des pauvres et de la souffrance ; sous ses habits
précieux, elle portait un cilice.
À l'âge de seize ans, fortement émue de la vie si sainte de François
d'Assise, elle va lui confier son désir de se donner toute à Dieu. Le Saint
la pénètre des flammes du divin amour, accepte de diriger sa vie, mais il
exige des actes : Claire devra, revêtue d'un sac, parcourir la ville en
mendiant son pain de porte en porte. Elle accomplit de grand cœur cet acte
humiliant, et, peu de jours après, quitte les livrées du siècle, reçoit de
François une rude tunique avec une corde pour lui ceindre les reins, et un
voile grossier sur sa tête dépouillée de ses beaux cheveux.
Elle triomphe de la résistance de sa famille. Quelques jours après,
sa sœur Agnès la supplie de l'agréer en sa compagnie, ce que Claire accepte
avec joie, en rendant grâce au Ciel. « Morte ou vive, qu'on me ramène Agnès ! » s'écria le père,
furieux à cette nouvelle ; mais Dieu fut le plus fort, et Agnès meurtrie,
épuisée, put demeurer avec sa sœur. Leur mère, après la mort de son mari, et
une de leurs sœurs, vint les rejoindre.
La communauté fut bientôt nombreuse et florissante ; on y vit
pratiquer, sous la direction de Claire, devenue, quoique jeune, une parfaite
maîtresse de vie spirituelle, une pauvreté admirable, un détachement absolu,
une obéissance sublime : l'amour de Dieu était l'âme de toutes ses vertus.
Claire dépassait toutes ses sœurs par sa mortification ; sa tunique
était la plus rude, son cilice le plus terrible à la chair; des herbes sèches
assaisonnées de cendre formaient sa nourriture ; pendant le Carême, elle ne
prenait que du pain et de l'eau, trois fois la semaine seulement. Longtemps
elle coucha sur la terre nue, ayant un morceau de bois pour oreiller.
Claire, supérieure, se regardait comme la dernière du couvent,
éveillait ses sœurs, sonnait matines, allumait les lampes, balayait le
monastère. Elle voulait qu'on vécût dans le couvent au jour le jour, sans
fonds de terre, sans pensions et dans une clôture perpétuelle.
Elle est célèbre par l'expulsion des Sarrasins, qui, après avoir
pillé la ville, voulaient piller le couvent. Elle pria Dieu, et une voix du
Ciel cria : « Je vous
ai gardées et je vous garderai toujours. » ; malade, se fit
transporter à la porte du monastère, et, le ciboire en main, mit en fuite les
ennemis.
Claire, le 11 août 1253, quitte sa demeure terrestre pour la
rencontre avec Dieu.
Pour approfondir, lire la Catéchèse du Pape
Benoît XVI :
>>> Claire d’Assise [Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
Et
plus encore : >>>
Clarisses
Sources principales : Abbé L. Jaud (Vie des Saints...) ; vatican.va (« Rév. x gpm »). |
|
BENOÎT
XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Salle
Paul VI
Mercredi 15 septembre 2010
Mercredi 15 septembre 2010
Claire d’Assise
Chers frères et sœurs,
L’une des saintes les plus
aimées est sans aucun doute sainte Claire d’Assise, qui vécut au XIIIe
siècle, et qui fut contemporaine de saint François. Son témoignage nous montre
combien l’Eglise tout entière possède une dette envers des femmes courageuses
et riches de foi comme elle, capables d’apporter une impulsion décisive au
renouveau de l’Eglise.
Qui était donc Claire
d’Assise? Pour répondre à cette question, nous possédons des sources sûres: non
seulement les anciennes biographies, comme celles de Thomas de Celano, mais
également les Actes du procès de canonisation promu par le Pape quelques
mois seulement après la mort de Claire et qui contiennent les témoignages de
ceux qui vécurent à ses côtés pendant longtemps.
Née en 1193, Claire
appartenait à une riche famille aristocratique. Elle renonça à la noblesse et à
la richesse pour vivre dans l’humilité et la pauvreté, adoptant la forme de vie
que François d’Assise proposait. Même si ses parents, comme cela arrivait
alors, projetaient pour elle un mariage avec un personnage important, à 18 ans,
Claire, à travers un geste audacieux inspiré par le profond désir de suivre le
Christ et par son admiration pour François, quitta la maison paternelle et, en
compagnie de son amie, Bona de Guelfuccio, rejoignit en secret les frères
mineurs dans la petite église de la Portioncule. C’était le soir du dimanche
des Rameaux de l’an 1211. Dans l’émotion générale, fut accompli un geste
hautement symbolique: tandis que ses compagnons tenaient entre les mains des
flambeaux allumés, François lui coupa les cheveux et Claire se vêtit d’un habit
de pénitence en toile rêche. A partir de ce moment, elle devint l’épouse vierge
du Christ, humble et pauvre, et se consacra entièrement à Lui. Comme Claire et
ses compagnes, d’innombrables femmes au cours de l’histoire ont été fascinées
par l’amour pour le Christ qui, dans la beauté de sa Personne divine, remplit
leur cœur. Et l’Eglise tout entière, au moyen de la mystique vocation nuptiale
des vierges consacrées, apparaît ce qu’elle sera pour toujours: l’Epouse belle
et pure du Christ.
L’une des quatre lettres que
Claire envoya à sainte Agnès de Prague, fille du roi de Bohême, qui voulut
suivre ses traces, parle du Christ, son bien-aimé Epoux, avec des expressions
nuptiales qui peuvent étonner, mais qui sont émouvantes: «Alors que vous le
touchez, vous devenez plus pure, alors que vous le recevez, vous êtes vierge.
Son pouvoir est plus fort, sa générosité plus grande, son apparence plus belle,
son amour plus suave et son charme plus exquis. Il vous serre déjà dans ses
bras, lui qui a orné votre poitrine de pierres précieuses... lui qui a mis sur
votre tête une couronne d'or arborant le signe de la sainteté» (Première
Lettre: FF, 2862).
En particulier au début de son
expérience religieuse, Claire trouva en François d’Assise non seulement un
maître dont elle pouvait suivre les enseignements, mais également un ami
fraternel. L’amitié entre ces deux saints constitue un très bel et important
aspect. En effet, lorsque deux âmes pures et enflammées par le même amour pour
le Christ se rencontrent, celles-ci tirent de leur amitié réciproque un
encouragement très profond pour parcourir la voie de la perfection. L’amitié
est l’un des sentiments humains les plus nobles et élevés que la Grâce divine
purifie et transfigure. Comme saint François et sainte Claire, d’autres saints
également ont vécu une profonde amitié sur leur chemin vers la perfection
chrétienne, comme saint François de Sales et sainte Jeanne-Françoise de
Chantal. Et précisément saint François de Sales écrit: «Il est beau de pouvoir
aimer sur terre comme on aime au ciel, et d’apprendre à s’aimer en ce monde
comme nous le ferons éternellement dans l’autre. Je ne parle pas ici du simple
amour de charité, car nous devons avoir celui-ci pour tous les hommes; je parle
de l’amitié spirituelle, dans le cadre de laquelle, deux, trois ou plusieurs
personnes s’échangent les dévotions, les affections spirituelles et deviennent
réellement un seul esprit» (Introduction à la vie de dévotion, III, 19).
Après avoir passé une période
de quelques mois auprès d’autres communautés monastiques, résistant aux
pressions de sa famille qui au début, n’approuvait pas son choix, Claire
s’établit avec ses premières compagnes dans l’église Saint-Damien où les frères
mineurs avaient préparé un petit couvent pour elles. Elle vécut dans ce
monastère pendant plus de quarante ans, jusqu’à sa mort, survenue en 1253. Une
description directe nous est parvenue de la façon dont vivaient ces femmes au
cours de ces années, au début du mouvement franciscain. Il s’agit du
compte-rendu admiratif d’un évêque flamand en visite en Italie, Jacques de Vitry,
qui affirme avoir trouvé un grand nombre d’hommes et de femmes, de toute
origine sociale, qui «ayant quitté toute chose pour le Christ, fuyaient le
monde. Ils s’appelaient frères mineurs et sœurs mineures et sont
tenus en grande estime par Monsieur le Pape et par les cardinaux... Les
femmes... demeurent ensemble dans divers hospices non loin des villes. Elle ne
reçoivent rien, mais vivent du travail de leurs mains. Et elles sont
profondément attristées et troublées, car elles sont honorées plus qu’elles ne
le voudraient, par les prêtres et les laïcs» (Lettre d’octobre 1216: FF, 2205.2207).
Jacques de Vitry avait saisi
avec une grande perspicacité un trait caractéristique de la spiritualité
franciscaine à laquelle Claire fut très sensible: la radicalité de la pauvreté
associée à la confiance totale dans la Providence divine. C'est pour cette
raison qu'elle agit avec une grande détermination, en obtenant du Pape Grégoire
IX ou, probablement déjà du Pape Innocent III, celui que l’on appela le
Privilegium Paupertatis (cf. FF, 3279). Sur la base de celui-ci,
Claire et ses compagnes de Saint-Damien ne pouvaient posséder aucune propriété
matérielle. Il s'agissait d'une exception véritablement extraordinaire par
rapport au droit canonique en vigueur et les autorités ecclésiastiques de cette
époque le concédèrent en appréciant les fruits de sainteté évangélique qu’elles
reconnaissaient dans le mode de vie de Claire et de ses consœurs. Cela montre
que même au cours des siècles du Moyen âge, le rôle des femmes n'était pas
secondaire, mais considérable. A cet égard, il est bon de rappeler que Claire a
été la première femme dans l'histoire de l'Eglise à avoir rédigé une Règle
écrite, soumise à l'approbation du Pape, pour que le charisme de François
d'Assise fût conservé dans toutes les communautés féminines qui étaient fondées
de plus en plus nombreuses déjà de son temps et qui désiraient s'inspirer de
l'exemple de François et de Claire.
Dans le couvent de
Saint-Damien, Claire pratiqua de manière héroïque les vertus qui devraient
distinguer chaque chrétien: l'humilité, l'esprit de piété et de pénitence, la
charité. Bien qu'étant la supérieure, elle voulait servir personnellement les
sœurs malades, en s'imposant aussi des tâches très humbles: la charité en
effet, surmonte toute résistance et celui qui aime accomplit tous les
sacrifices avec joie. Sa foi dans la présence réelle de l'Eucharistie était si
grande que, par deux fois, un fait prodigieux se réalisa. Par la seule
ostension du Très Saint Sacrement, elle éloigna les soldats mercenaires
sarrasins, qui étaient sur le point d'agresser le couvent de Saint-Damien et de
dévaster la ville d'Assise.
Ces épisodes aussi, comme
d'autres miracles, dont est conservée la mémoire, poussèrent le Pape Alexandre
IV à la canoniser deux années seulement après sa mort, en 1255, traçant un
éloge dans la Bulle de canonisation, où nous lisons: «Comme est vive la
puissance de cette lumière et comme est forte la clarté de cette source
lumineuse. Vraiment, cette lumière se tenait cachée dans la retraite de la vie
de clôture et dehors rayonnaient des éclats lumineux; elle se recueillait dans
un étroit monastère, et dehors elle se diffusait dans la grandeur du monde.
Elle se protégeait à l'intérieur et elle se répandait à l'extérieur. Claire en
effet, se cachait: mais sa vie était révélée à tous. Claire se taisait mais sa
renommée criait» (FF, 3284). Et il en est véritablement ainsi, chers
amis: ce sont les saints qui changent le monde en mieux, le transforment de
manière durable, en insufflant les énergies que seul l'amour inspiré par
l'Evangile peut susciter. Les saints sont les grands bienfaiteurs de
l'humanité!
La spiritualité de sainte
Claire, la synthèse de sa proposition de sainteté est recueillie dans la
quatrième lettre à sainte Agnès de Prague. Sainte Claire a recours à une image
très répandue au Moyen âge, d'ascendance patristique, le miroir. Et elle invite
son amie de Prague à se refléter dans ce miroir de perfection de toute vertu
qu'est le Seigneur lui-même. Elle écrit: «Heureuse certes celle à qui il est
donné de prendre part au festin sacré pour s'attacher jusqu'au fond de son cœur
[au Christ], à celui dont toutes les troupes célestes ne cessent d'admirer la
beauté, dont l'amitié émeut, dont la contemplation nourrit, dont la bienveillance
comble, dont la douceur rassasie, dont le souvenir pointe en douceur, dont le
parfum fera revivre les morts, dont la vue en gloire fera le bonheur des
citoyens de la Jérusalem d'en haut. Tout cela puisqu'il est la splendeur de
la gloire éternelle, l'éclat de la lumière éternelle et le miroir sans tache.
Ce miroir, contemple-le chaque jour, ô Reine, épouse de Jésus Christ, et
n'arrête d'y contempler ton apparence afin que... tu puisses, intérieurement et
extérieurement, te parer comme il convient... En ce miroir brillent la
bienheureuse pauvreté, la sainte humilité et l'ineffable charité» (Quatrième
lettre: FF, 2901-2903).
Reconnaissants à Dieu qui nous
donne les saints qui parlent à notre cœur et nous offrent un exemple de vie
chrétienne à imiter, je voudrais conclure avec les mêmes paroles de bénédiction
que sainte Claire composa pour ses consœurs et qu'aujourd'hui encore les
Clarisses, qui jouent un précieux rôle dans l'Eglise par leur prière et leur
œuvre, conservent avec une grande dévotion. Ce sont des expressions où émerge
toute la tendresse de sa maternité spirituelle: «Je vous bénis dans ma vie et
après ma mort, comme je peux et plus que je le peux, avec toutes les
bénédictions par lesquelles le Père des miséricordes pourrait bénir et bénira
au ciel et sur la terre les fils et les filles, et avec lesquelles un père et
une mère spirituelle pourraient bénir et béniront leurs fils et leurs filles
spirituels. Amen» (FF, 2856).
* * *
Je salue les francophones présents et plus
particulièrement les participants au pèlerinage promu par la Conférence
épiscopale de Guinée, et conduits par l’Evêque de N’Zérékoré, Mgr Guilavogui,
et ceux du Diocèse de Nancy, en France, guidés par Mgr Papin. Je n’oublie pas
les pèlerins de la Martinique, de Dijon et d’ailleurs. Puisse Dieu vous bénir!
Bon séjour à Rome!
APPEL
DU SAINT-PÈRE
Je suis avec préoccupation les
événements qui se déroulent ces jours-ci dans les diverses régions de l'Asie du
sud, notamment en Inde, au Pakistan et en Afghanistan. Je prie pour les
victimes et je demande que le respect de la liberté religieuse et la logique de
la réconciliation prévalent sur la haine et la violence.
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Claire d'Assise
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les articles homonymes, voir Sainte
Claire.
Sainte Claire d'Assise
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Naissance
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Décès
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Nationalité
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Ordre religieux
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Vénéré à
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Fête
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Saint patron
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Divination, maladie ophtalmique, joaillier, linge de
maison, doreur, or, beau temps, télévision, village de Santa Clara (Mexique)
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Sommaire
- 1 Assise
- 2 San Damiano
- 3 Épilogue
- 4 Représentation artistique
- 5 Quelques dates
- 6 Œuvre
- 7 Postérité
- 8 Notes et références
- 9 Annexes
Assise
Claire d'Assise est née le 20 février 1193 selon un codex germanique du XIVe siècle, le 18 juillet selon le frère mineur Mariano da Firenze1. Selon la tradition, l'Église fixe sa date de naissance le 16 juillet 11942.Selon les actes de son procès de canonisation, Claire Offreduccio di Favarone est la fille3 de Favarone, probablement de la lignée noble des comtes de Coccorano et, selon une tradition qui remonte au XVe siècle, d'Ortolana d'Assise, issue d'une famille noble de Fiume4.
Vers 1210, Claire assiste dans l’église Saint-Georges à Assise aux prêches de Carême de François Bernardone, le fils d'un bourgeois qui a tout quitté pour réaliser son idéal de vie évangélique5.
Enthousiasmée par cette prédication, conquise par l'idéal de pauvreté à l'image des évangiles, elle décide de renoncer au monde, après avoir rêvé de sillonner la Méditerranée comme sa mère qui avait fait de nombreux pèlerinages à Rome, à Saint-Jacques-de-Compostelle et en Terre sainte. Elle quitte sa famille en cachette le soir du dimanche des Rameaux, le 20 mars 1212, en compagnie de l'une de ses tantes, pour rejoindre François et ses compagnons à la Portioncule6.
Ceux-ci lui remettent une tunique de toile grossière, la bure, et lui coupent les cheveux, en signe de renoncement. Selon les mœurs du temps, ne pouvant vivre au milieu d'hommes, la jeune fille se réfugie ensuite au couvent des nonnes bénédictines de San Paolo (Saint-Paul, près de Bastia). Elle doit y faire face aux tentatives violentes de son père et de ses oncles, furieux, de la ramener chez elle car ils voulaient lui arranger un mariage de convenance7. Puis François la confie aux Bénédictines de Saint-Ange de Panzo sur les contreforts du mont Subasio au sud-est d'Assise. Seize jours plus tard, elle est rejointe par sa sœur cadette, Catherine, qui deviendra Agnès d'Assise malgré l'opposition violente de leur famille 8.
San Damiano
Fin avril 1212, François installe la communauté naissante près de la chapelle de San Damiano sous la direction de Claire qui devra accepter en 1214 le titre d’« abbesse » malgré elle, communauté qui est bientôt rejointe par des femmes de la noblesse d'Assise et par sa mère à la mort de son époux, Claire et Ortolane y opérant des miracles de guérison5. François confiera aussi une Formula vitæ, règle de vie inspirée de celle des Frères mineurs. Ainsi naît l'ordre des Pauvres Dames, ou Clarisses. En 1216, elle aurait obtenu du pape Innocent III « le privilège de pauvreté », celui d'observer une pauvreté absolue, mais l'authenticité de ce privilège est remise en cause par l'historien Werner Maleczek (de)9.Envoyant ses sœurs fonder dans toute l'Europe de nombreux monastères qui se réclamant de l'esprit de Saint-Damien, la règle de saint François ne peut suffire à maintenir dans l'unité d'une même discipline tous ces monastères dispersés. Aussi le cardinal Hugolin, protecteur de ce second ordre des Franciscains, leur donne en 1219 une règle plus stricte d'obédience bénédictine10.
On s'est complu à tort à voir entre Claire et François un couple d'amants mystiques, les « Roméo et Juliette de la sainteté »11.
Après la mort de François (1226), de fortes pressions, tant de la part des cardinaux que de la société civile, visent à faire accepter par la communauté des damianites des possessions foncières. Claire se défendra jusqu’au bout contre ces pressions12. Toute sa vie est tendue par son désir de vie pauvre.
Finalement, le 16 septembre 1252, le cardinal Raynald approuve la Règle rédigée vers 1247 par Claire sur la base de celle de François. Le pape Innocent IV visite Claire alors mourante fin juillet 1253. Le 9 août, le souverain pontife approuve la Règle de l’ordre des Pauvres Dames.
Deux jours après, le 11 août 1253, Claire meurt à l'âge de 59 ans, tenant entre ses mains le privilège de pauvreté13.
Épilogue
Châsse de sainte Claire d'Assise dans sa basilique.
Le pape Innocent IV et la Curie
romaine viennent assister à ses obsèques. Innocent IV, par la bulle Gloriosus
Deus du 18 octobre 1253, commande à l'évêque Barthélemy de Spolète la
mission d'instruire son procès de canonisation. Deux années plus tard, le 26
septembre 1255,
elle est canonisée par le pape Alexandre IV en la cathédrale Santa Maria d'Anagni14.Presque simultanément commencent les travaux d'une église à Assise, la basilique Sainte-Claire destinée à honorer la sainte. Le 3 octobre 1260, ses restes sont transférés de la chapelle San-Giorgio, lieu de sa conversion, au maître-autel de la nouvelle église. Le 23 août 1850, dans le contexte de « recharge sacrale » des pèlerinages cherchant à restaurer les reliques des saints, l'évêque d'Assise décide de faire exhumer son corps, ce qui eut lieu le 23 septembre. Il déclare que ses ossements, reconnus juridiquement, sont conservés entiers malgré l'humidité du caveau. Les Archives épiscopales d'Assise notent l'extrême humidité du squelette et la friabilité des petits os. Puis en 1864, l'abbesse confia les ossements au romain Modesto Scevolo pour consolidation. Il remit ensuite les ossements en place avec moult coton et cire pour reconstituer une forme de corps mis dans un revêtement de filet métallique. En 1986-1987, il y eut un traitement scientifique urgent pour la conservation des restes de Sainte Claire qui se détérioraient par la présence du coton retenant l'humidité15. Le visage en cire que nous voyons maintenant est la reconstitution scientifique la plus exacte possible d'après le crâne. Les ossements sont rassemblées dans un reliquaire déposé dessous.
La châsse de Sainte Claire est aujourd'hui visible au couvent sainte Claire de Perpignan.
Elle a été proclamée patronne de la télévision dans le monde par Pie XII le 14 février 1958. Malade depuis près de trente ans, une nuit de Noël, clouée au lit, elle aurait selon la tradition rapportée par son hagiographe Thomas de Celano, vu et entendu la messe chez les frères, donc bien loin de son lieu d'alitement16. Elle est depuis la patronne des télécommunications mais aussi des brodeuses car selon la tradition, elle s'accordait occasionnellement un temps de loisir pour broder des tissus liturgiques. Parce qu'elle assurait la propreté et la blancheur de ceux-ci, elle est également la patronne des lavandières, des blanchisseurs et des repasseuses. À cause de son nom et parce qu'elle aurait eu, sur son lit de mort, la vision de ses obsèques, elle est la patronne des aveugles17.
Représentation artistique
Claire d'Assise est représentée dans la robe de bure franciscaine et la cordelière à trois nœuds. Au XVe siècle, elle porte parfois un manteau rayé de pénitente18. Elle a comme attributs une croix surmontée d'un rameau d'olivier (rappel de l'amour de la sainte pour le crucifix), un ostensoir, qui rappelle un épisode relaté dans sa Légende. Lorsque les armées sarrasines de Frédéric II veulent envahir le monastère de San Damiano en 1240 ou 1241, elle se porte au devant d'eux en leur présentant l'ostensoir contenant le corps de Christ, ce qui les repousse19. Elle a aussi parfois une lampe à huile en argile ou une lanterne, métaphore lumineuse de l'ostensoir eucharistique porté par cette patronne des aveugles20.Quelques dates
Dates
|
Âge de Claire
|
Événements
|
1182
|
|
Naissance de François d'Assise
|
1195
|
|
Naissance de Claire
|
1203-1205
|
10/12 ans
|
Exil à Pérouse
|
1206
|
13 ans
|
Conversion de François
|
1210
|
17 ans
|
Rencontre avec François
|
1212
|
19 ans
|
Début de sa vie religieuse
à Saint-Damien et Naissance de la communauté
|
1216
|
23 ans
|
Claire obtient du pape le
"Privilège de la pauvreté"
|
1220
|
27 ans
|
Départ de sœurs pour
Reims 1re fondation en France
|
1224
|
31 ans
|
Début de la maladie de
Claire
|
1226
|
33 ans
|
Mort de François
|
1228
|
35 ans
|
Visite du pape
1re communauté en
Espagne,24 en Italie |
1234
|
41 ans
|
Agnès, fille du roi de Bohême, fonde un monastère
à Prague et y entre.
|
1238
|
45 ans
|
Un monastère est fondé en
Slovaquie
|
1240
|
47 ans
|
Les Sarrasins attaquent
Saint-Damien
|
1242
|
49 ans
|
Un monastère est fondé en
Moravie
|
1245
|
52 ans
|
Un monastère est fondé en
Pologne
|
1253
|
59 ans
|
9 août : visite du
pape
Approbation de la Règle de Claire par le
pape11 août : mort de Claire |
1255
|
|
Canonisation de Claire
|
Œuvre
François d'Assise recevant la profession de foi de Claire.
Enluminure, v. 1435.
Enluminure, v. 1435.
Sainte Claire vue par Giotto, fresque, chapelle Bardi,
basilique Santa Croce, Florence.
Claire d'Assise a écrit :
– Forme de vie que l'on
nomme plus couramment la Règle, mot que Claire n'emploie pas ;
– un Testament ;
– quatre lettres à sainte Agnès ;
– une lettre à Ermentrude de
Bruges, que l'on soupçonne fortement d'être une compilation par un copiste de
deux lettres aujourd'hui perdues ;
– une Bénédiction de Claire à ses
sœurs.
Si la liste peut paraître courte, il faut se rappeler que les femmes
écrivaient peu à l'époque. On peut également noter un parallèle — limité — avec
certains écrits de François d'Assise.Trois autres textes hagiographiques importants nous font connaître Claire et la vie à Saint-Damien : la Légende (Legenda latina Sanctae Clarae Virginis) attribuée à Thomas de Celano21 ou à Bonaventure de Bagnoregio, la Vie de Claire (Vita di Santa Chiara) d'un franciscain toscan anonyme du début du XVIe siècle, publiée par le père Lazzeri22, et surtout les actes du procès en canonisation de Claire23, qui contiennent les dépositions des sœurs de Claire, qui ont vécu avec elle. Ces textes ont fait l'objet d'une analyse critique24.
Les « sources clariennes » les plus fiables et les plus importantes25 sont éditées en 201326.
Les témoignages et les lettres sont en quelque sorte l'application pratique de la Règle, avant que celle-ci ne fût écrite. La Règle est le chemin concret, le mode de vie dont la vie et les lettres dévoilent la source évangélique.
Postérité
Annecy a des lieux nommés d'après Claire d'Assise : la Rue Sainte Claire, la Porte Sainte-Claire, le Faubourg Sainte Claire et la Place Sainte Claire. Nice dans le quartier du Vieux-Nice a une adresse nommée "Rue Sainte Claire" .Notes et références
- Mariano da Firenze, Libro delle degnità et excellentie del ordine della seraphica madre delle povere donne sancta Chiara da Asisi, éd. Studi Francescani, 1986, p. 27
- Thomas de Celano, Sainte Claire d'Assise, Perrin et Cie, 1917, p. 14
- Elle serait la troisième de leurs cinq enfants (Boson, Penenda, Agnès et Béatrix). Si ses deux sœurs cadettes Agnès et Béatrix ont une généalogie sûre, celle de ses deux frères aînés est plus mythique.
- Johannes Jöergensen, Pèlerinages franciscains : Traduits du danois avec l'autorisation de l'auteur, Perrin, 1910, p. 215
- Jacques Dalarun, « Dieu changea de sexe, pour ainsi dire. » La Religion faite femme. XIe – XVe siècle, Fayard, 2008, 442 p.
- (en) Marco Bartoli, Saint Clare : Beyond the Legend, St. Anthony Messenger Press, 2010, p. 34-35
- (en) Marco Bartoli, p. 42-57
- Lazaro Iriarte, Histoire du franciscanisme, Éditions du Cerf, 2004 (lire en ligne [archive]), p. 504
- (de) Werner Maleczek, Das "Privilegium paupertatis" Innocenz' III. und das Testament der Klara von Assisi überlegungen zur Frage ihrer Echtheit, Istituto Storico dei Cappuccini, 1995, p. 52-56
- Dominique Donadieu-Rigaut, Penser en images les ordres religieux : XIIe-XVe siècles, Editions Quae, 2005, p. 193
- Jacques Dalarun, François d'Assise, un passage : femmes et féminité dans les écrits et les légendes franciscaines, Actes Sud, 1997, p. 77
- (de) P. Pancratius, « Het privilegie der armoede », Franc. leve, vol. XXII, 1939, p. 176
- Lettre de faire-part de la mort de Claire, découverte dans un codex de la bibliothèque privée Landau de Florence. Publication par le Père Z. Lazzeri, Il processo de canonizzazione di Santa Chiara d'Assisi, appendice I, dans Archivum franc. hist., XIII, 1920, p. 494-499
- Jean-Marc Charron, Claire d'Assise : féminité et spiritualité, MNH, 1998, p. 147
- Publication : Reconnaissance et traitement pour la conservation du corps de sainte Claire d'Assise, 17 novembre 1986-12 avril 1987 Mgr Gianfranco Nolli, Protomonastère Sainte-Claire Assise
- Isabelle Prêtre, Claire d'Assise ou la joie d'exister, Mediaspaul éditions, 1999, p. 5-6
- Jean-Robert Maréchal, Les saints patrons protecteurs, Cheminements, 2007, p. 80
- Sainte Claire d'Assise [archive]
- Marie Blawin, François d'Assise, Editions Publibook, 2011, p. 18
- Jacques Bril, Regard et connaissance. Avatars de la pulsion scopique, Editions L'Harmattan, 1997, p. 219
- Tomaso da Celano, Legenda latina Sanctae Clarae Virginis, F. Pennacchi, 1910, 140 p.
- Père Lazzeri, La Vita di Santa Chiara, Quaracchi, 1920, 22 p.
- Actes édités par le Père Lazzeri, Archivum franc. hist., XIII, 1920, p. 403-507
- (de) M. Fassbinder, « Untersuchungen über die Quellen zum Leben der hl. Klara von Assisi », Franziskanische Studien, vol. XXIII, 1936, p. 296-335
- « Tout sur Claire d'Assise », L'Histoire, no 392, septembre 2013, p. 92
- Jacques Dalarun et Armelle Le Huërou, Claire d'Assise. Écrits, vies et documents, Le Cerf-Éditions franciscaines, 2013, 104 p.
Littérature première
- Claire d'Assise, Écrits, Paris, Cerf, collection « Sources chrétiennes » (325), 1985.
Littérature secondaire
- (en) « Claire d'Assise », dans Catholic Encyclopedia, 1913
- (it) M.P. Alberzoni, Chiara e il papato, Milan, Biblioteca francescana, 1992.
- Marco Bartoli, Claire d'Assise, Paris, Fayard, 1993.
- (de) W. Maleczek, Klara von Assisi. Das « Privilegium Paupertatis » und das Testament, Rome, Istituto storico dei Cappucini, 1995
- Naissance à Assise (Italie)
- Personnalité italienne du XIIIe siècle
- Religieuse du Moyen Âge
- Religieuse italienne
- Clarisse
- Saint catholique italien
- Saint canonisé par Alexandre IV
- Saint d'Ombrie
- Mystique italien
- Thème artistique
- Art chrétien
- Personnalité féminine italienne
- Personnalité féminine du XIIIe siècle
- Décès en 1253
- Décès à Assise (Italie)
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