vendredi 14 juillet 2017

Maintenant que j’ai revu ton visage, je peux mourir, puisque tu es encore vivant ! - textes du jour


Vendredi 14 Juillet 2017

06 heures 29 + Eveillé avant six heures Horreur de ce que je fais de ma vie depuis vingt-deux ans, de la souffrance infligée et de la déception constante pour ma chère femme. Je réalise aussi que tout ce voyage d’après-demain à Paris, j’aurais pu ne pas l’entreprendre : tout à fait pour la Mauritanie, qui est tombée à l’eau… Double paiement que j’aurais pu éviter en en délibérant avec ma chère femme. Plus ma commande de livres, équivalente en prix, sinon plus. – Une sorte de tartarin par ses écrits sans écho, de folie des grandeurs, de pavane lamentable Me mêler de tout juger et apprécier, au lieu d’humblement… Envie d’annuler tout le voyage et de tout faire rembourser. Annuler ma commande de livres ??? Tragique : ce que je fais de tant de grâces et de dons. Ma chère femme a raison sur toute la ligne. – La folie, ma folie, mes folies. Peur de moi-même.

06 heures 49 + Chatoune et Mimi, la leçon… la nuit dehors et ensemble. Me suis levé croyant entendre Kitty. Elle vient de traverser la terrasse, et ouvrant la cuisine, je la vois accourir, et pas loin derrière mais immobile et prudent : Mimi. Je demande à nouveau pardon à ma chère femme.

 07 heures 15 + Ne plus changer mon programme pour Paris. Le point avec JPD est important. Trouvé sans doute et vraiment mon récit-autobiographie-portrait des autres et d’autres : entrelarder les chapitres sur les autres, par la découverte selon circonstances et instants de moi-même en turpitudes et erreurs-folies tenant à moi et en grâces reçues de Dieu, de mes aimées, de quelques-uns. Roman d’humanité.
Prier… le retour de Joseph à son père, l’inverse du prodigue et pourtant l’intense analogie du mouvement (et aussi du style, alors que mille ans ou plus tard séparent les deux récits [1] :  Joseph fit atteler son char et monta à la rencontre de son père Israël. Dès qu’il le vit, il se jeta à son cou et pleura longuement dans ses bras. Israël dit à Joseph : «  Maintenant que j’ai revu ton visage, je peux mourir, puisque tu es encore vivant ! ». Et puis cette leçon que tire le psalmiste : il connaît les jours de l’homme intègre qui recevra un héritage impérissable. Fais confiance au Seigneur, agis bien, habite la terre et reste fidèle ; mets ta joie dans le Seigneur : Il comblera les désirs de ton cœur. Prise de conscience comme jamais et grâce à ma femme et à l’acmée d’hier. Essence du péché : la solitude, ne vivre que selon soi, se vivre souverain alors que… et plus encore l’avertissement décisif du Christ : vous n’aurez pas fini de passer dans toutes ls villes d’Israël, quand le Fils de l’homme viendra.… Surtout, le bilan de toute vie, de la mienne, à présent : celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé.
Ce matin, dès l’éveil de notre fille : la débroussailleuse et le coin réserve de bûches, mieux situé. Emploi de Bernard, à aimer et admirer, ces dernières heures et au travail ensemble à son retour. – Prier, prier, implorer : force et lucidité. – Evidemment, c’est à moi, avec doigté, d’employer Bernard et notre travail ensemble sera le bonheur de ma chère femme. - A loisir, donc plus tard : la soirée d’hier en conclusion de l’école de prière suivie par notre fille.

 09 heures  +  Andy et Loupa à peu près tranquilles dans nos salles à vivre, Fonzy sur notre lit, et Lola entrée puis sortie de chez Marguerite, la chatoune sans doute autour de la maison. Prier le chapelet… réalisé … la Vierge Marie, sa place dans la vie chrétienne, nos liturgies, le conscient et l’inconscient des chrétiens, l’iconographie, l’architecture. Or que nous disent les textes, des prophéties certes, notamment à Achaz qui refuse de demander un signe, les évangiles sont pauvres, chacun me semble d’ailleurs avoir eu une notation différente, Luc pour l’enfance, Jean pour le calvaire, de qui est le récit de Cana. Conclusion qui m’est venue et s’impose. De même que les Actes des Apôtres sont l’évangile de l’Esprit, qu’une troisième alliance s’y conclut nous faisant pleinement vivre et comprendre les deux premières, de dénomination plus officielle, de même la « continuation » des Actes : l’humanité et l’Eglise, leur duo difficile souvent, stérile parfois, magnifique en tant d’âmes, croyantes ou incroyante, seraient donc, sont les actes de l’Esprit. Et l’un des éléments, l’héroîne majeure de cette suite de l’Histoire sainte, après la geste d’Abraham, puis celle de la Passion et de la Résurrection, est bien la Vierge Marie, mère de notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ. Elle est clé du début et de la suite, puisque l’Incarnation se produit par elle et se continue par nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort.– Je suis revenu au péché, à sa médication théologique et spirituelle, la rédemption, la compassion, le pardon. N’est-ce pas en quelques heures, ce matin, cette prise de conscience mais plus encore l’itinéraire suggéré par Ignace de LOYOLA, les Exercices, le monde, l’univers, où je suis, puis le choix de vie : oui, vraiment, être attentif aux autres et d’abord à ma chère femme, à notre trésor, être présent. Combien de fois, ma chère femme me reproche de ne as l’être. Claude, mon ainé vénéré, aussi, alors même qu’en famille ils m’occupaient tout un mois au Portugal, l’été de 1976… Aux autres, hier, j’aurais dû être attentif à Béatrice de L. certainement en « recherche » si son mari l’est, physionomie attachante de son fils Carol, dit Maximilien, mais difficile selon Marguerite. L’être aussi à cette famille nombreuse les parents au look singulier, lais accueillants, et je n’ia pas cherché le lien ni à approfondir. Mea culpa. Que de fautes et d’inconséquences, de légèreté dans ma vie, dans cette vie qui ne m’est que prêtée, à charge comme pour les serviteurs recevant les talents – peu importe combien – de les faire fructifier. De porter du fruit. Le fruit et la vie éternelle, les deux admonestation sud Christ. Tant de paraboles sur la stérilité et le gaspillage.
Il m’est donné aussi ce matin de comprendre EM : il cherche en relations internationales, à transposer ce qui a été son succès en politique intérieure. Mais plus encore que dans ce registre-là, cela le fait jouer solo. Il me faut pour l’atteindre, être utile au pays en l’atteignant, très certainement le considérer et le commenter autrement qu’en angoisse ou en détestation. Mais comprendre, le comprendre. En même temps (il paraît que c’est une de ses expressions), comprendre et observation les possibles relevailles des acteurs déchus ou déclarés obsolètes. Quel travail mental sans compter ce que je dois produire – da capo – d’honneur en histoire de la France contemporaine : un secret français, Maurice Couve de Murville, et en utilité à un pays étrangement si incertain et pourtant si solide : la Mauritanie.
Tout à l’heure, débroussaillage pour réorganiser le bûcher de proximité et novation dans ma relation avec Bernard. Peut-être cela le changera-t-il vis-à-vis de moi et d’un accompagnement nouveau, sortira-t-il quelque chose pour sa vie. 

18 heures 25 + Deux heures de jardinage en fin de matinée, d’abord débroussaillage devant auquel j’ai entrainé Bernard et qui a continué : les rosiers de ma chère femme ont été en bonne partie coupé sans distinction d’avec les ronces. A la débroussailleuse, j’ai dégagé autour des arbrisseaux de Jean-le-bon, du mimosa qui a fait un petit frère, de l’araucaria et un peu le long de la façade nord de Minnohar me Mamm. Ce n’est pas désagréable, les hortensias restent en bonne partie récupérables. Le paysage intérieur de ma chère femme ne change pas : désespérance, rancune, mémoire, fatigue morale et physique. J’ai siesté après un Miss Marple déjà vu, meurtre d’amour dans un monastère après-guerre. Curieusement mal au dos couché puis en m’extirpant de la position horizontale par roulade puis cela passe. Je suis en pleine dépression, en bonne partie parce que je ne peux plus dialoguer avec ma chère femme, et ce n’est pas nouveau, et parce que je ne sors rien. Cela passera. J’essaie de faire que notre relation mutuelle, Bernard et moi, soit gratifiante. J’y arriverai.

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