mardi 9 août 2016

vous ne savez ni le jour ni l'heure - textes du jour

l'un des martyrs franciscains polonais, assassinés par le "Sentier lumineux", Michał Tomaszek écrivit à un ami quelques semaines avant sa mort : « Nous ne sommes pas ici pour comprendre le monde, mais pour comprendre quelle est la volonté de Dieu pour nous. Il est question d'être là où nous sommes supposés être. »





Mardi 9 Août 2016

. . . dans le train Vannes à Paris-Montparnasse, 05 heures 32 + Prier… les voix toutes petites de sommeil en suspens, mes aimées tout à l’heure … celles dont c’est aujourd’hui l’anniversaire, contact perdu… mémoire d’Edith STEIN, sainte patronne de ma chère femme, une intense veilleuse, soclée sur une foi solide, si informée et conséquente. Juifs et chrétiens se l’arrachent, alors qu’elle est faiseuse de paix comme Simone WEIL, la pesanteur et la grâce. Elle est en tout cas la gloire de l’Allemagne et du Carmel pour une des périodes les plus dangereuses spirituellement et politiquement de notre histoire mondiale contemporaine. Vocation tardive selon nos critères, mais jeunesse étonnante du cœur, du comportement, de l’âme. Auschwitz, matrice de notre époque. Texte d’Osée, le plan de l’amant pour séduire l’infidèle et reprendre la main, pages célèbres et belles : y entrer. [1] Le prophète et le psalmiste s’entretiennent, dialoguent et se répondent. L’amant : mon épouse infidèle, je vais l’entrainer jusqu’au désert et je lui parlerai cœur à cœur. Là, elle me répondra comme au temps de sa jeunesse… Je ferai de toi mon épouse pour toujours dans la justice et le droit, dans la fidélité et la tendresse. Je ferai de toi mon épouse dans la loyauté… ce n’est pas le désir tout brut et d’une pièce du Cantique des cantique, pas question non plus du rival ou de ce que fut l’infidélité. Cet époux qui dit son projet et redit son serment est-il Dieu même ou bien est-ce le couple ainsi re-formé et maintenant pour toujours qui va à la bénédiction divine, à la suprême connaissance. L’union en tout cas : et tu connaîtras le Seigneur. Le psalmiste accompagne l’amant dans sa charge de séduction et presse l’épouse : l’Eglise entière et chacun de nous aux prises avec la sollicitation divine. Ecoute, ma fille, regarde et tends l’oreille. Complexité admise de l’amour selon toutes apparences : oublie ton peuple et la maison de ton père, le roi sera séduit par ta beauté. Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui. Subjugués l’un par l’autre, les amants, les époux, les rencontrés… les générations, à la place de tes pères se lèveront tes fils, nos rôles à chacun, celui de chacune de nos générations. Le projet divin et les éléments de comportement pour y répondre, la parabole des dix jeunes filles invitées à des noces, qui prient leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux. L’habituelle mise en garde, l’heure décisive que nous ne connaissons pas, la vigilance. Les insouciantes, uniquement une lacune de caractère ? les prévoyantes, guère solidaires, une sagesse sèche, le type-même de la charité qui élude… donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent – Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous, allez plutôt chez les marchands vous en acheter. La porte close, alors qu’ailleurs il est assuré : frappez et l’on vous ouvrira. La connaissance mutuelle : Dieu, l’homme. Est-ce le même mot, originellement chez Osée et chez Matthieu ? Je vous le dis : je ne vous connais pas… et tu connaîtras le Seigneur. Conclusion simple, s’en remettre au Seigneur, notre Père selon son Fils,  Dieu fait homme.
Mystère quotidien, notre humanité, nos relations, comment obtenir la sympathie d’autrui ?ces lignes-mêmes disant d’où je viens et où je vais, ce qu’est le socle de ma confiance dans la vie, elles ne touchent pas la majorité de mes destinataires, de ce petit peuple dont je ne vis que la relation d’un moment ou d’une parenté ou d’un travail ensemble, à défaut du visage et du fréquent renouvellement de la rencontre, de ce qu’une communion offre et maintient de tangible, le sourire des réveils… l’indifférence ou bien le non-dit ? je ne sais. Et chroniquement, isolément, celles-ceux qui quittent mon envoi : au moins, le geste est précis. L’ennui est signifié, non d’une lecture qui déplaît, mais simplement d’une façon de présence et d’insistance  qui sont de trop. Je ne sais. J’aimerais, chaque jour, recevoir d’autrui l’aveu de sa prière, le poème que les circonstances ou l’envie ou la mémoire lui ont donné. C’est rare, mais je sais que le meilleur, le plus beau ne peuvent se dire mais pourtant se transmettent. Soudain, on les trouve en soi mais un autre nous les a adressés. Les vivants et les morts, les personnages et la bénédiction de celles et ceux qu nous avons aimés, que nous aimons, qui nous ont aimés et nous aiment. Le temps, simple apparence disposant des barrières et des limites que l’espérance et la fidélité franchissent, éludent, contournent, joyeusement… à la rencontre. Même si ce ne fut pas, ce sera in aeternum : je ferai de toi mon épouse dans la justice et le droit, dans la fidélité et la tendresse ; je ferai de toi mon épouse dans la loyauté, et tu connaîtras le Seigneur, tant de visages, ma mère, mon cher père, mes ascendants ce moine, ces moines, ces amies, l’une, l’autre, âgées de leur vivant ou maintenant mais au cœur ouvert et accueillant, ces frères d’enfance et de jeunesse, mystérieusement cabrés dans la vie, muets dans leur mort. Et la vérité de celle qui me donne et m’apprend tout, et me crie si souvent : arrête, n’écris plus. Le conseil sollicité de ce moine, responsable, rigoureux, suave : taisez-vous ! Oui, aujourd’hui, le cadeau de la vie. Elle nous exprime, pourquoi l’exprimer, elle est belle sans ajout ni commentaire, n’est-ce pas ?Nous avons roulé d’abord dans la nuit noire, au quai de Rennes se trouve le gris du jour venant.


[1] - Osée II 16 à 22 passim ; psaume XLV ; évangile selon saint Matthieu XXV 1 à 13

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