Café et le temps qui coule, le jour levé. L’enjeu de
cette journée dont j’espère qu’elle appellera aussi celle de demain et celle d’après-demain.
Ecrire me fait cette fois entrer dans l’imprévu, pas seulement pour ce qui se
construit du texte, mais pour ce que cela produit en moi, de prise de
conscience et d’action de grâce je comprends ce que je vis et ce que j’ai vécu
et si je ne peux nommer ni décrire ce vers quoi je vais, je ressens
profondément et clairement que c’est bon, logique, que cela aboutira. Cela :
ma vie, la vie. Ce dont j’ai été guéri par notre mariage sans que rien ne soit
atrophié ni effacé en moi. Perception enfin que ce qui longtemps était en acte
ou en mémoire des situations, des événements, de la rencontre, des faits, était
et fut en réalité des personnes. Ce n’est pas le passé qui m’habite aujourd’hui
et ces années-ci, ce sont elles, et elles font « bon ménage » avec
qui j’aime et qui m’a donné la grâce de l’unité intérieure. – Prier… [1]deux comportements
étranges faisant une rencontre dfécisive. Le Christ, soit public et donné, soit
furtif si je peux l’écrire ainsi, se réservant pour se ressourcer après un événement
ou avant. C’est un homme qu’on pourrait croire, en psychologie, toujours en
représentation, exposé à la multitude et ayant donc vitalement besoin de
recueillement et de solitude. En quoi la prière est une véritable reprise de
souffle. En réalité, le Christ est un homme de dialogue, constamment en demande
implicite d’être reçu, compris, prié d’agir, de guérir, de sauver, de racheter.
Il est comblé quand Il est rencontré pour qui Il est et pour ce qu’Il est. Donc
il était
entré dans une maison, et il ne voulait pas qu’on le sache, mais il ne put
rester inaperçu. Face à lui, une étrangère, une inconnue, a priori le degré
zéro de l’intimité avec Dieu. Une femme entendit aussitôt parler de lui ;
elle avait une petite fille possédée par un esprit impur ; elle vint se
jeter à ses pieds. Cette femme était païenne, syro-phénicienne de naissance, et
elle lui demandait d’expulser le démon hors de sa fille. Dialogue, c’est le
Christ qui dit la situation mais par parabole. La femme la comprend, ce qui n’était
le cas ni des foules ni des disciples, et elle « saisit la balle au bond ».
Laisse d’abord les enfants se rassasier, car il n’est pas bien de prendre
le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens (Jésus n’est guère
gratifiant et n’accueille apparemment pas). – Seigneur, les petits chiens,
sous la table, mangent bien les miettes des petits enfants ! Ce n’est
pas un acte de foi, c’est le face à face le plus simple, le vrai, c’est Jacob
et l’Ange, une forme de lutte qui pourrait rester rhétorique. Mais le Christ
entend et voit bien davantage : les évangiles sont sans doute les faits,
gestes et paroles du Sauveur, mais ils sont tout autant – pour la gloire de
Dieu, pour la réconciliation intense des créatures avec leur Créateur – un recueil
des actes de foi et de confiance des hommes, des humains allant au Christ et Le
reconnaissant pour ce qu’Il est et pour ce qu’Il est venu accomplir en ce
monde, en notre chair, en nos vies, en notre vie. Réponse de Jésus, souvent : la guérison
certes, la grâce et le bienfait demandés et qu’Il accorde, mais surtout l’expression
de Sa propre admiration. Compassion et admiration, le Christ et ses frères d’adoption,
d’incarnation. Et la délicatesse, constante, de nous faire acteurs effectifs de
nos guérisons, de notre salut. A cause de cette parole, va : le démon
est sorti de ta fille.
Les deux compagnonnages de la créature humaine : le couple, son mariage,
cette fois-ci, voilà l’os
de mes os et la chair de ma chair… tous
deux ne feront plus qu’un (dialectique analogue à celle de la relation
Créateur-créature, à l’image, à la ressemblance l’une de l’autre, critère et
raison du couple ? pas que cela, mais difficile à approfondir, cela se
ressent) et la relation de l’homme à Dieu, au rédempteur, au protecteur, au
pourvoyeur, certes, mais à Dieu sans « fonction », ni qualificatif,
simplement parce qu’Il est Dieu, notre Dieu.
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