L’annonce de
la mort proche, possible et datée, est une grâce. Elle ne
détache de rien, elle
détache de l’attachement. Elle ramène à l’essentiel, les
responsabilités.
Celles, ceux qu’on aime, que j’aime. Les devoirs à remplir.
Elle est une grâce,
elle envoie en mission d’urgence, avec elle tout se rapproche
et devient
vivant. Pascal V. énonce le faux dilemme de l’Eglise à propos
de la maçonnerie,
mais qui peut s’appliquer à presque toute l’incarnation, à la
stricte humanité
de tout religieux, de tout homme, de toute femme marqués par
le sacrement, la
consécration, le don de soi, la soi-disant double
appartenance. Non, elle n’est
pas dédoublement de la foi, et adhésion à des contenus
contradictoires ou
séparés. Elle est au plus question d’organisation et de
discipline. La mort
possible et proche dit la vraie double appartenance et combien
celle-ci est
féconde, tous nous appartenons à la vie et à la mort. La mort
nous introduit à
la vie, pas seulement et pas d’abord à la perspective de
l’éternité qui « suivrait »
la vie, lui succèderait… comme tout cela en mots et en
concepts est impropre
et inadéquat… la mort nous introduit à la vie, parce qu’elle
nous donne
fortement le prix de la vie présente, qu’elle fortifie et
structure la vie
précieuse et présente. – Vient alors l’ineffable. Dieu nous
donne de naissance
ou de circonstance, de baptême ou de notre bonne volonté, Dieu
nous donne la
foi, mais quand vient l’annonce à court, moyen ou long terme,
alors Il nous
donne infiniment plus. Il nous donne Sa grâce, la grâce
sensible de savoir que
dans la marche vers ce terme, Il vous nous aider et pourvoira
à tout, aux
urgences. Il nous en donnera la force si celles-ci sont
vraiment des urgences
et notre mission. Il donnera aux nôtres, à ceux dont
intensément nous
ressentons devoir donner et prévoir sécurité et bonheur, Il
leur donnera tout
que le temps peut nous manquer pour le leur donner nous-mêmes.
Dieu compagnon
grâce à la mort. La grâce enveloppante grâce à cette
conscience qui nous est
soudainement imposée : la mort possible et proche.
Justement, l’hémorroïsse
et le miracle presque ordinaire, quoique nos textes soulignent
la durée des
souffrances et l’impuissance des professionnels, mais plus
encore la
supplication exaucée, celle du père pour sa fille, et aussi
pour lui-même dans
son affection intense. Ces textes nous commentent, nous, dans
nos événements,
dans mes événements, plus encore qu’ils ne commentent et
révèlent le Christ. [1]
Jésus ne parle pas
dans des lieux quelconques et c’est toujours noté : la
synagogue, la
montagne, la mer… Il
était au bord de
la mer. Deux « choses » à la fois… cette femme donc,
ayant appris
ce qu’on disait de Jésus, vint par-derrière dans la foule et
toucha son vêtement…
A l’instant, l’hémorragie s’arrêta et elle ressentit das son
corps qu’elle
était guérie de son mal. Le
miracle le
plus discret, le plus physique. Et la résurrection de la fille
de Jaïre,
important notable, un des chefs de synagogue. Manifestement croyant, comme l’est l’hémorroïsse : si
je
parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. Réponse du Christ : l’enfant n’est pas morte,
elle dort. Simplicité du
miracle, là encore. Il
saisit la main de l’enfant… « Jeune fille, je te le dis, lève
toi ! ».
Aussitôt, la jeune fille se leva et se mit à marcher. Je dis et je vis : simplicité du miracle, parce que
Dieu est d’autant
plus discret, d’autant plus à notre portée, dans notre langue,
dans ce qu’il
nous arrive, en fait nous donne pour que nous avancions vers
Lui et donc en
emmenant celles et ceux que nous aimons, Dieu d’autant plus
discret qu’Il est
fort, qu’Il est présent. – Grâce de l’événement qui nous
plaque à la prière et
nous fait ressentir que nous serons aidés, accompagnés. Là est
le vrai salut,
à proportion de ce que nous avons à vivre. Ce commentaire de
l’aumônier, à la
clinique Océane, à qui je demandais quelque témoignage sur la
mort de notre
admirable Frère Claude, moine de Kergonan : il se savait
aimé.
Jésus
dialoguant, répondant mais après avoir guéri… ma fille, ta foi t’a sauvée… voilà pour l’émorroïsse tandis que la foule, pour
Jaïre, a seulement à
dire : ta fille vient de mourir. A quoi bon déranger
encore le Maître ?
Même attitude simpliste
des disciples :
Tu vois bien la foule qui t’écrase, et tu demandes : « Qui
m’a
touché ? ». Mais lui regardait tout autour celle qui avait fait
cela.
Divinité, humanité.
Comment l’Eglise qui
croit déceler une double appartenance chez certains !
peut-elle enseigner
Dieu incarné ??? qu’elle reprenne conscience de ce qu’Elle est
elle-même, et
vous cher Pascal, ne décidez rien par vous-même. Vous avez
vécu une mort, elle
a un sens, il va vous venir, priez, demandez, attendez. Rien
ne peut effacer
votre ordination ni votre élan de foi et de confiance pendant
quarante ans. C’est
là-dessus que vous devez méditer, pas sur le fonctionnement de
l’Eglise… ne
crains pas, crois seulement. … Ils furent frappés d’une grande
stupeur. Eh oui, Dieu est
stupéfiant de justesse avec
nous. C’est lui qui nous fait accomplir l’impossible, plus
fort que les
miracles. Il nous fait aboutir, Il fait aboutir sa Création
entière. Entourés
de cette immense nuée de témoins, et débarrassés de tout ce qui
nous alourdit –
en particulier du péché qui nous entrave si bien – courons avec
endurance l’épreuve
qui nous est proposée… Le
Fils de l’homme
face à la perspective sa mort affreuse pendant tout son
« ministère public »
et bien plus précisément, pour nous, ses sœurs et frères
d’humanité, sa foi d’homme
en Dieu, son Père. Donc la Résurrection, en perspective aussi.
Nous, les
yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi.
Ainsi soit-il ! celles,
ceux –
particulièrement celles, ceux qui m’ont donné à connaître ce
qu’ils apprenaient
puis commençaient de vivre au jour le jour… prions et recevons
ensemble. Vous
ne serez pas accablés par le découragement.
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