. . . Ivry,
rue Lénine, 06 heures 37 + Ivresse d’un dépaysement, de
dépaysements trop forts et trop nombreux. L’autre soir, la rafle.. poignant et film
réussi…notre passé national dramatique et affreux… relations internationales,
l’inanité d’un côté, la promenade en mer Baltique, le tutoiement pleurard,
l’anniversaire d’une grande idée totalement morte et dénaturée quand on en parle
encore, l’accueil de la Crimée… hier et le fait accompli, la guerre de
1853-1856, autre frustration et autre maladresse, à quand la grande
intégration ? dialogue avec Lutte
ouvrière qui me donne réponse à ma
question personnell : que voter aux Européennes si l’on n’a d choix qu’entre la
négation de ce qui fut espéré et le désespoir de ce qui s’est fait depuis…en
reprenant du carburant, près de deux heures d’embouteillage le long de
l’admirable lac d’Annecy. Du petit matin en silence à deux mil trois cent mètres
avec encore dans l’oreille et l’imagination qui complète, les récits de vie des
pisteurs, des moniteurs, des rencontres jusqu’à ici en cette de ma famille
d’enfance, l’essaimement, avec des synthèses d’autres vies et de généalogies,
des raccourcis sur la vie française, couronne parisienne, ville de province,
métiers d’enseignants, vie des partis… la route au soleil couchant de la Savoie
à la capitale, les paysages des vallées encaissées aux vallonnements presque
plats de la Bourgogne, les châteaux à même le plat, une biche écrasée,
autoroute…, le couple de chiens magnifiques tandis que nous chargions la
voiture, les sillages d’avion, comme les traces de ski au bas d’une piste quand
rien n’a encore été damé, des dizaines et des dizaines et quelques îlots de
nuages rouge carmin. Le soleil tantôt à notre gauche, tantôt en face, les pôles
qui bougent, les heures et les distances qui s’accéléraient, alors sans fatigue…
De points de repère comme des lueurs pour l’homme épuisé, âgé, triste, accablé
que je suis devenu alors que je pouvais me croire un autre devenir ? ou qu’on me
l’attribuait putativement jusqu’à maintenant, puis-je non plus croire mais
constater, où l’on ne me discerne plus aucun avoir ni être, deux décennies de
lutte en couple… de repères que ma femme, et notre fille. Celle-ci, la première
levée, venant m’embrasser, regarder l’écran et prendre ma place le long de sa
mère.
Prier en tout et pour tout…
perspective (fatigante) de la réunion familiale, nous faisant faire le détour,
peut-être y improviserai-je de prendre la parole pour dire à mon cher aîné ce
que nous avons vécu et souhaitons vivre de lui… Je suis dépassé par
tout.
Pierre fit sortir tout le monde, se mit à genou et pria
[1] Textes de deux mille ans, le mode opératoire du chef
d l’Eglise commençante est détaillé comme pour le Christ, comme pour la guérison
de Saul-Paul. Des personnages qui ne s’inventent pas : à Jaffa, une femme
disciple du Seigneur, appelée Tabitha (ce nom veut dire : Gazelle) et les Apôtres, Pierre, thaumaturge à la
suite de son Maître : puis il se tourna vers le corps et il dit : « Tabitha,
lève-toi ! ». Elle ouvrit les yeux, et, voyant Pierre, elle se redressa (or la toilette funèbre était faite et elle était déposée déjà
dans la chambre du haut) et
s’assit. Pierre, lui donnant la main, la fit lever. Puis il appela les fidèles
et les veuves et la leur présenta vivante. La résurrection si naturelle, simple et la
foi qui a appelé cette résurrection : si limpide, sobre. Comme Lod est près
de Jaffa, les disciples, apprenant que Pierre s’y trouvait, lui envoyèrent deux hommes avec cet
appel : « Viens chez nous sans tarder. » Contraste … toute la ville de Jaffa en
fut informée et beaucoup crurent au Seigneur… A partir de ce moment, beaucoup de
ses disciples s’en allèrent et cessèrent de marcher avec lui. Alors Jésus dit
aux Douze : « Voulez-vous partir vous aussi ? ». C’était à la suite du « discours sur le pain
de vie » et ce sera l’une des professions de foi du même Pierre, de nous. Le
dogme, le contenu de la foi, les questions, il y a trois soirs, de notre petite
fille… soit ! mais la vie est autre, elle est la simple et continuelle confiance
en Quelqu’un. Pas même la déduction, la foi de l’Eglise naissante, la nôtre
toujours naissante. Ce qu’il dit là est intolérable, on ne peut pas
continuer à l’écouter ! Les auditeurs du
Christ, malgré la multiplication des pains, Paul à l’Aréopage… nous
t’écouterons une autre fois. Religiosité
et désespoir de fait. Foi qui n’est que confiance, parfois le soleil au visage,
parfois le bandeau sur les yeux, parfois l’alacrité, parfois l’assomoir de
la lassitude.
Celle aussi du Seigneur, du Créateur, du Rédempteur… il y
en a parmi vous qui ne croient pas… Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu
as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons
qu tu es le Saint, le Saint de Dieu. Mais
la plus belle profession de foi de Pierre : la nôtre, dite autant de fois qu’il
y eut de reniements et qu’appelle la question du Christ : Pierre
m’aimes-tu ? – Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime. La foi, la confiance ne sont pas solitude,
mais dialogue, certitude d’être aimé. Sauvé… j’en suis là tandis que j’entends
ma femme continuer de dormir et que près d’elle, notre fille est silencieuse… Le
ciel, les maisons, le silence… moment et lieu de la grande agglomération qui me
sont totalement inconnus. Le Christ insiste : cela vous heurte ? Et quand
vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ? C’est l’esprit
qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Combien je le sais et le vis. Les
paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Seigneur, bénis-nous, accompagnes-nous,
fais-nous rester avec Toi. Ainsi soit-il !
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