Kiki
que nous avons cru mourante hier après-midi, ne parvenant pas à sortir de la
semi-piscine formée par la pluie de ces mois-ci sur le sol en déblai du
four-à-pains. Paralysée sans doute de l’arrière-train. Nos chiens ainsi mais que
nous portons et entourons aussi longtemps que possible et qu’ils ne semblent
pas souffrir… ou fusillés ou empoisonnés par l’anonymat du voisinage :
vengeance pour l’air que nous respirons indûment, le même que le leur… et
passion de la chasse que nous leur interdisons chez nous. – Passionnante,
exceptionnelle soirée ensemble à Nantes : vernissage de la chère Marie B.,
collègue à YNOV. Des visages et des échanges passionnants. Son père, charentais
exploitant agricole, arrivé avec rien, trois frères, puis seul, sa femme
secrétaire médicale, ressources d’appoint, maintenant chef de l’entreprise dont
il est salarié, la belle et lucrative époque des années 70 et 80, aujourd’hui
très difficile et complexe : bien davantage que les prix, la complexité
financière et administrative… Tous deux, les parents de Marie, beaux visages.
Son propre compagnon, deux fillettes à croquer, ne fait plus
« rien », écrit, relit depuis cinq ans son premier roman, il dit cela
posément, sûr de lui, heureux. Nous rééchangeons plus tard : avec lui, et
selon la richesse ambiante, les œuvres de ma précieuse collègue, et les
dialogues avec Franck, autre « oisif » mais en écriture depuis un an,
avec Tristan au « look » étonnant et au visage-regard si enfantin et
pur, James d’origine incertaine, tous les Beaux-Arts, ceux qui en vivent y
parviennent par l’enseignement. Avec Jérôme, je réalise et dis mon
approfondissement, ma maturité mais mon déclin. Je ressens de plus en plus, je
vis de plus et vibre, me passionne pour les gens, les existences – bien
davantage qu’antan, les différents pays où y séjournant plusieurs années,
j’arrivais à l’âme de peuples et rencontrais des dirigeants, forcément les plus
ouverts puisqu’ils m’accueillaient et se confiaient – mais je n’ai plus la
force d’écrire quotidiennement ni notre déchéance nationale par tolérance de
nos dirigeants d’Etat ou d’entreprises, ni mon journal et ces rencontres.
Jérôme vivement intéressé par mon projet d’ordalie. Il va falloir que je m’en
ouvre carrément, et entame à fond la prospection. Epreuve aussi que j’anticipe
selon un thème et des dimensions que je n’avais pas en tête, il y a encore
trois semaines : l’écriture que me conseille Guillaume S. et à laquelle je
dois me mettre la semaine prochaine pour produire, avec son conseil et sa lecture
chaque jour, un texte de 150 pages… introduction que je découvre très adéquate
à la séquence menant à mon ordalie. Ma chère femme, diserte et concentrée avec
mes collègues et prisant les personnes. Deux de nos chiens attendant dans la
voiture, et Kiki que nous appréhendions morte à notre retour, mais, au
contraire d’Edith, je ne le pensais, nous attendait. – Téléphone de Marguerite,
une vive entorse en buttant sur une ligne de cartables. Nous appelle au
téléphone. Je suis en béquille. Ce matin, ce semble aller mieux.
Sur Arte, en
rentrant de Nantes, un grand moment avec Umberto ECO. Son couloir bibliothèque,
la disposition conservée de ses moindres livres et albums dessinés de sa petite
enfance. Pachydermique, laid mais lumineux, parfaitement francophone et amant
de Paris, les cafés et les bouquinistes, il est à son ordinateur et observe que
le « traitement de texte » sur de tels claviers est une révolution
pour celui qui écrit : il permet d’écrire avec « la rapidité de ton
esprit »… il donne " la possibilité de corriger facilement, mais on
corrige trop ". Paradoxe de cet homme de travail, d’approfondissement,
quarante ans pour commencer de comprendre un peu le sens des mots, la
possibilité de communiquer : sémiotique et sémiologie, et qui précisément
se donne à comprendre par le roman. Son dernier, l’amnésique à la suite d’une
intervention chirurgicale importante et qui cherche à traverser ou reconstruire
les ruines de sa mémoire. Il utilise les bandes dessinées de sa petite enfance
(reproduites dans le roman, que je n’ai pas lu…). En fond, fugitivement, le
fascisme, la déclaration de guerre par MUSSOLINI, proprement hideux quoique
films et photos soient de sa propagande. Les hurlements des foules. De cette
période, celle de son enfance Umberto ECO retient d’un camarade : les
différences sociales et la rébellion contre le pouvoir.
Palinodie
gouvernementale : abolition de fait du code du Travail, texte écrit par le
directeur du cabinet de la nouvelle ministre, personnalité semblant choisie
pour provoquer et ne donnant aucun signe de compétence sur le sujet. Ecriture
en cachette de la ministre et sans consultation des partenaires sociaux.
Exultation du MEDEF, appréhension des « Républicains », le texte sera
mutilé… VALLS, matamore à la silhouette frêle et au regard de drogué (à la NS
souvent, trop fixe et trop brillant), assure et répète qu’il ira jusqu’au bout.
Jouant au pape François dans l’avion de son retour laborieux d’Amérique
latine), FH plaide pour la concertation. Troisième candidat potentiel pour 1917
(centenaire des mutineries pendant la Grande Guerre), MACRON assure que le
texte n’est pas intangible. Hier donc, VALLS repousse du 9 au 24 le passage en
conseil des ministres d’un texte changeant d’intitulé pour afficher le
contraire de ce qu’il dispose : loi pour la protection de l’entreprise et
des salariés… délai pour rencontrer les partenaires sociaux et dissiper les
malentendus et la désinformation. La défense élastique des Allemands sur le
front russe… Encore de la vapeur, de la fumée et de l’hors-sujet. Ces
prétendants au concret, ces acharnés de la réforme (déglinguer ce qui
fonctionne encore) ne font que du texte et ne savent pas maintenir ce qui
existe, marche et faisait notre force, était notre bien commun. République,
veut bien dire bien commun. L’Etat, outil, est la seule institution mûe
démocratiquement. Comme nous sommes loin d’une profondeur de réflexion sur
nous-mêmes, nos patrimoines, les circonstances et perspectives de notre Europe
et du monde –pour quelle raison ? détruire la médiocre salle d’attente de
Calais et s’il y a négociation avec les Britanniques, la seule qui importe,
c’est cela, les chances et le sort des migrants, des demandeurs de vie… et
comme nous sommes loin d’une compréhension de nous-mêmes et de nos modes de
débat, de décision, de gouvernement. Les Français sont livrés à eux-mêmes
tandis que s’éternise sur une scène sans parterre une pièce se répétant depuis
vingt ans. Pâleur humaine de ces professionnels de l’arrivisme, sans autre
passion, et surtout en méconnaissance complète de leurs contemporains et
concitoyens, quoiqu’ils ressassent leur prétention à être gens de terrain.
Prier pour
toutes celles et ceux que nous avons rencontrés hier, prier pour notre monde,
notre temps, les pays et peuples… Ne nous laisse pas dans la honte, agis
envers nous selon ton indulgence et l’abondance de ta miséricorde. Délivre-nous
en renouvelant tes merveilles, glorifie, glorifie ton nom, Seigneur. [1][1]
La prière, tellement situé de Daniel, le surdoué de son époque et de son
peuple. Ne romps pas ton alliance, ne nous retire pas ta miséricorde, à
cause d’Abraham, ton ami, d’Isaac, ton serviteur, et d’Israël que tu as
consacré… A cause de ton nom… Dans ton amour, ne m’oublie pas Seigneur, en
raison de ta bonté, Seigneur. L’année de la miséricorde, je la trouvais un
peu improvisée, un peu abstraite, oui : hors sujet devant tant de … et
à chaque ligne de l’Ecriture ou presque, le mot, le geste, la posture de Dieu
reviennent et sous cette dénomination précise et insistante. Me convertir à cet
élément-outil de foi. Les débiteurs, le Notre Père, pardonnez-nous
comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés… Combien de fois, dois-je
lui pardonner . Jusqu’à sept fois ? C’est Pierre qui pose la question,
lui qui recevra après la résurrection les
clés du royaume … Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à
soixante-dix fois sept fois. Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un
roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs… C’est ainsi que mon Père
du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du
cœur.
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