Tandis
que gronde de plus en plus quelque chose de sans nom mais
qui bouleverse notre monde, déjà tellement changé dans la
mentalité quotidienne de chacun par l’internet (tous les
modes de cognition, d’acquisition intellectuelle, de
communication et d’archivage sont bouleversés comme ce
n’était pas arrivé depuis l’invention de l’imprimerie et
l’apparition de la T.S.F, et ce sont maintenant les deux à
la fois à la portée de tous), rongé depuis une quinzaine
d’années par la finance faisant disparaître les Etats et le
vouloir politique, les systèmes électoraux ne sont plus que
des vestiges et des dates. L’élection américaine aussi terne
que la nôtre telle qu’elle se débat. MACRON fait-il semblant
d’y croire (« révélation » de ce quinquennat…). L’Express :
«
Macron, ce que je veux pour 2017… interview exclusive »,
mais le titre du magazine, rouge sombre, et la photo.
pénombre gris brun, ne rassurent pas, n’attirent pas. Le
regard est inquiet, inquisiteur, menaçant par son secret.
L’oeil gauche inquiet (on l’aurait voulu…), l’œil droit
inquisiteur, la bouche est sensuelle, le sous-titre n’est
que projet personnel et produit aussi une soumission à des
dates, il ne « fait » pas programme, il ne signifie pas une
identité homme-avenir.
Prier…
[1]
hermétique, Jésus l’est pour l’incrédule. Là où moi je
vais, vous ne pouvez pas aller… Veut-il donc se donner la
mort ? … Vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce
monde. Toutes les apparences sont si antithétiques,
conflictuelles, et le Christ s’y donne autant que les
pharisiens, que l’essentiel est entendu à contre-sens. Si
vous ne croyez pas que moi, JE SUIS, vous mourrez dans vos
péchés. On ne crie pas même au blasphème, alors que cette
appellation est celle que se donne Yahvé répondant à Moïse.
On ne le reçoit que mot à mot : toi, qui es tu ? Ce
qui conduit Jésus à la conclusion. Je n’ai pas cessé de
vous le dire. C’est Abraham au riche, qui dans l’au-delà,
supplie Lazare de le rafraîchir… Jésus signe, le serpent de
bronze, légitime et miraculeux, alors que le veau d’or… Le
peuple vint vers Moïse et dit : « Nous avons péché contre le
Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour
qu’il éloigne de nous les serpents. La contrition. La
grâce en retour, non que les serpents soient écartés mais
qu’une rémssion soit possible. Quand un homme était
mordu par un serpent, et qu’il regardait le serpent de bronze,
il restait en vie ! Tandis que les contemporains du Christ
ne s’interrogent que sur Son identité, ils manquent ce qui
devrait seul compter pour eux : leur salut, la rédemption,
la vie. La vie éternelle. – Hier, dialogue avec l’un de mes
plus chers camarades de collège jésuite, si pudique et
intelligent que l’affection et la fidélité ne se disent pas,
ne se supposent pas même, alors que…[2]
Et à l’autre « bout » du spectre de la foi, de la recherche
ou de l’incrédulité, des Témoins de Jéovah, rencontrés
sympathiquement sur l’esplanade de la gare à Strasbourg, il
y a six mois, me demande de les retirer de ce partage
quotidien. Deux-trois échanges, la Bible comme un Vidal ou
un dictionnaire : les réponses à tout sont scripturaires,
référencées, erga omnes. Le cœur ne s’entend pas, la chair
non plus, même si cette remarque est sans doute justiciable
d’une citation ou d’une référence : « rendre » Dieu anonyme,
lettres et chiffres, au plus le signet. Et pourtant,
persévérance et générosité. Le lien entre conviction et
générosité… ? Une conviction personelle peut-elle rayonner
au-delà de la personne et être reçue par autrui ? Si elle
est personnelle et non reçue, la conviction, je le crois,
enferme.
[1]
- Nombres XXI 4 à 9 ; psaume
CII ; évangile selon saint Jean VIII 21 à 30
Une
suggestion de lecture ( qui rejoint bien notre réflexion,
de Géraldine et la mienne) depuis vingt ans : « Repenser
dieu dans un monde sécularisé. « de jacques Musset
Ou comment
nous sommes complètement pollués dans la réflexion
autonome et adulte par des représentations assénées à tour
de bras par les liturgies des diverses religions, et par
les héritages des religions grecques, romaines,
assyriennes, égyptiennes… qui ont façonné la pensée juive
(par réaction en partie – mais en gardant les
caractéristiques des dieux appliquées à un seul) et
musulmane , et, hélas, par osmose, la pensée chrétienne –
Dans un
autre registre, un excellent « pourquoi j’ai quitté les
frères musulmans du remarquable Mohamed Louizi. Salutaire.
il me
semble que l'un des pires maux qui guettent les religions
est l'utilisation des textes comme s'ils avaient une
autorité quelconque et comme s'ils étaient « sacrés ».
Comme on peut trouver tout ce qu'on veut dans les textes,
cela sert essentiellement d'arguments d'autorité pour
défendre des thèses, à la limite, quelles qu'elles soient
: les intégristes de tous poils s'appuient toujours sur
des textes pour justifier leurs pratiques, et cela n'a pas
grand intérêt.
Quand tu
relis sereinement et avec un peu de rationalité la plupart
des monitions de la liturgie, c'est à pleurer d'idolâtrie
et de représentation d'un Dieu tout-puissant un peu borné,
qui devrait s'occuper beaucoup de ses « fidèles », du
moins quand il en a le temps.
Autrement
dit, tous les textes, sacrés ou pas, peuvent nous amener à
réfléchir à titre personnel à partir de notre raison, de
nos valeurs, de nos échanges. Ils n'ont pas d'autorité en
soi, mais ils ont un pouvoir de stimulation de la
réflexion parce qu'ils représentent une parcelle de
l'expérience humaine.
Amicalement
Daniel
Le 14/03/2016 11:45, Bertrand
Fessard de Foucault a écrit :
Merci pour les
deux suggestions, je connais le second livre.
Je ne lis pas du tout les textes quotidiennes, ni la Bible d'affilée, comme du sacré, donc comme une contrainte ou un instrument empêchant l'intelligence. C'est le moyen qui m'est donné de connaître Dieu, et plus précisément encore Jésus-Christ. Un Dieu connu autant qu'il est possible humainement - ce que n'ont pas les musulmans et les juifs, malgré des coincidences des textes. Et un Dieu que je prie depuis mon enfance. La Bible que je fréquente depuis mes douze-treize ans. Pas du tout un autel ou une pierre tombale, voire quelqu'idole.. Une compagnie permanente et de plus en plus un sauvetage parfois quotidien.
Si je te comprends bien depuis quelques années, c'est "l'intelligence" et la "culture" - guillemets non péjoratives - qui t'ont fait quitté, sinon la foi, du moins le premier tracé de nos Pères Jésuites à Franklin. Pour d'autres de nos camarades, c'est le souvenir d'une saturation dès l'enfance ou l'adolescence au Collège. Je compte en promotion nous entre-interroger sur ce sujet, ce qu'il nous en reste ou ce qui a, au contraire, fructifié. Et cela aussi chez nos enfants et petits-enfants le cas échéant. Mais Mircea Eliade notamment m'a passionné et j'en ai les principaux livres soit d'histoire des religions, soit ses fictions (au même rang que Hesse et Zweig)
Très affectueusement et fidèlement. Tu ne me parles guère de vos enfants. Signe d'amitié forte pour Géraldine, mon cher Daniel.
Je ne lis pas du tout les textes quotidiennes, ni la Bible d'affilée, comme du sacré, donc comme une contrainte ou un instrument empêchant l'intelligence. C'est le moyen qui m'est donné de connaître Dieu, et plus précisément encore Jésus-Christ. Un Dieu connu autant qu'il est possible humainement - ce que n'ont pas les musulmans et les juifs, malgré des coincidences des textes. Et un Dieu que je prie depuis mon enfance. La Bible que je fréquente depuis mes douze-treize ans. Pas du tout un autel ou une pierre tombale, voire quelqu'idole.. Une compagnie permanente et de plus en plus un sauvetage parfois quotidien.
Si je te comprends bien depuis quelques années, c'est "l'intelligence" et la "culture" - guillemets non péjoratives - qui t'ont fait quitté, sinon la foi, du moins le premier tracé de nos Pères Jésuites à Franklin. Pour d'autres de nos camarades, c'est le souvenir d'une saturation dès l'enfance ou l'adolescence au Collège. Je compte en promotion nous entre-interroger sur ce sujet, ce qu'il nous en reste ou ce qui a, au contraire, fructifié. Et cela aussi chez nos enfants et petits-enfants le cas échéant. Mais Mircea Eliade notamment m'a passionné et j'en ai les principaux livres soit d'histoire des religions, soit ses fictions (au même rang que Hesse et Zweig)
Très affectueusement et fidèlement. Tu ne me parles guère de vos enfants. Signe d'amitié forte pour Géraldine, mon cher Daniel.
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