mercredi 16 mars 2016

JE SUIS - textes du jour

Mardi 15 Mars 2016

Tandis que gronde de plus en plus quelque chose de sans nom mais qui bouleverse notre monde, déjà tellement changé dans la mentalité quotidienne de chacun par l’internet (tous les modes de cognition, d’acquisition intellectuelle, de communication et d’archivage sont bouleversés comme ce n’était pas arrivé depuis l’invention de l’imprimerie et l’apparition de la T.S.F, et ce sont maintenant les deux à la fois à la portée de tous), rongé depuis une quinzaine d’années par la finance faisant disparaître les Etats et le vouloir politique, les systèmes électoraux ne sont plus que des vestiges et des dates. L’élection américaine aussi terne que la nôtre telle qu’elle se débat. MACRON fait-il semblant d’y croire (« révélation » de ce quinquennat…). L’Express : «  Macron, ce que je veux pour 2017… interview exclusive », mais le titre du magazine, rouge sombre, et la photo. pénombre gris brun, ne rassurent pas, n’attirent pas. Le regard est inquiet, inquisiteur, menaçant par son secret. L’oeil gauche inquiet (on l’aurait voulu…), l’œil droit inquisiteur, la bouche est sensuelle, le sous-titre n’est que projet personnel et produit aussi une soumission à des dates, il ne « fait » pas programme, il ne signifie pas une identité homme-avenir.
Prier… [1] hermétique, Jésus l’est pour l’incrédule. Là où moi je vais, vous ne pouvez pas aller… Veut-il donc se donner la mort ? … Vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. Toutes les apparences sont si antithétiques, conflictuelles, et le Christ s’y donne autant que les pharisiens, que l’essentiel est entendu à contre-sens. Si vous ne croyez pas que moi, JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés. On ne crie pas même au blasphème, alors que cette appellation est celle que se donne Yahvé répondant à Moïse. On ne le reçoit que mot à mot : toi, qui es tu ? Ce qui conduit Jésus à la conclusion. Je n’ai pas cessé de vous le dire. C’est Abraham au riche, qui dans l’au-delà, supplie Lazare de le rafraîchir… Jésus signe, le serpent de bronze, légitime et miraculeux, alors que le veau d’or… Le peuple vint vers Moïse et dit : « Nous avons péché contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents. La contrition. La grâce en retour, non que les serpents soient écartés mais qu’une rémssion soit possible. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait le serpent de bronze, il restait en vie ! Tandis que les contemporains du Christ ne s’interrogent que sur Son identité, ils manquent ce qui devrait seul compter pour eux : leur salut, la rédemption, la vie. La vie éternelle. – Hier, dialogue avec l’un de mes plus chers camarades de collège jésuite, si pudique et intelligent que l’affection et la fidélité ne se disent pas, ne se supposent pas même, alors que…[2] Et à l’autre « bout » du spectre de la foi, de la recherche ou de l’incrédulité, des Témoins de Jéovah, rencontrés sympathiquement sur l’esplanade de la gare à Strasbourg, il y a six mois, me demande de les retirer de ce partage quotidien. Deux-trois échanges, la Bible comme un Vidal ou un dictionnaire : les réponses à tout sont scripturaires, référencées, erga omnes. Le cœur ne s’entend pas, la chair non plus, même si cette remarque est sans doute justiciable d’une citation ou d’une référence : « rendre » Dieu anonyme, lettres et chiffres, au plus le signet. Et pourtant, persévérance et générosité. Le lien entre conviction et générosité… ? Une conviction personelle peut-elle rayonner au-delà de la personne et être reçue par autrui ? Si elle est personnelle et non reçue, la conviction, je le crois, enferme.


[1] - Nombres XXI 4 à 9 ; psaume CII ; évangile selon saint Jean VIII 21 à 30

[2] - Le 14/03/2016 12:23, Daniel ...  a écrit :

Une suggestion de lecture ( qui rejoint bien notre réflexion, de Géraldine et la mienne) depuis vingt ans : « Repenser dieu dans un monde sécularisé. «  de jacques Musset
Ou comment nous sommes complètement pollués dans la réflexion autonome et adulte par des représentations assénées à tour de bras par les liturgies des diverses religions, et par les héritages des religions grecques, romaines, assyriennes, égyptiennes… qui ont façonné la pensée juive (par réaction en partie – mais en gardant les caractéristiques des dieux  appliquées à un seul) et musulmane , et, hélas, par osmose, la pensée chrétienne –
Dans un autre registre, un excellent « pourquoi j’ai quitté les frères musulmans du remarquable Mohamed Louizi. Salutaire.

il me semble que l'un des pires maux qui guettent les religions est l'utilisation des textes comme s'ils avaient une autorité quelconque et comme s'ils étaient « sacrés ». Comme on peut trouver tout ce qu'on veut dans les textes, cela sert essentiellement d'arguments d'autorité pour défendre des thèses, à la limite, quelles qu'elles soient : les intégristes de tous poils s'appuient toujours sur des textes pour justifier leurs pratiques, et cela n'a pas grand intérêt.
Quand tu relis sereinement et avec un peu de rationalité la plupart des monitions de la liturgie, c'est à pleurer d'idolâtrie et de représentation d'un Dieu tout-puissant un peu borné, qui devrait s'occuper beaucoup de ses « fidèles », du moins quand il en a le temps.
Autrement dit, tous les textes, sacrés ou pas, peuvent nous amener à réfléchir à titre personnel à partir de notre raison, de nos valeurs, de nos échanges. Ils n'ont pas d'autorité en soi, mais ils ont un pouvoir de stimulation de la réflexion parce qu'ils représentent une parcelle de l'expérience humaine.
Amicalement
Daniel

Le 14/03/2016 11:45, Bertrand Fessard de Foucault a écrit :

Merci pour les deux suggestions, je connais le second livre.

Je ne lis pas du tout les textes quotidiennes, ni la Bible d'affilée, comme du sacré, donc comme une contrainte ou un instrument empêchant l'intelligence. C'est le moyen qui m'est donné de connaître Dieu, et plus précisément encore Jésus-Christ. Un Dieu connu autant qu'il est possible humainement - ce que n'ont pas les musulmans et les juifs, malgré des coincidences des textes. Et un Dieu que je prie depuis mon enfance. La Bible que je fréquente depuis mes douze-treize ans. Pas du tout un autel ou une pierre tombale, voire quelqu'idole.. Une compagnie permanente et de plus en plus un sauvetage parfois quotidien.

Si je te comprends bien depuis quelques années, c'est "l'intelligence" et la "culture" - guillemets non péjoratives - qui t'ont fait quitté, sinon la foi, du moins le premier tracé de nos Pères Jésuites à Franklin. Pour d'autres de nos camarades, c'est le souvenir d'une saturation dès l'enfance ou l'adolescence au Collège. Je compte en promotion  nous entre-interroger sur ce sujet, ce qu'il nous en reste ou ce qui a, au contraire, fructifié. Et cela aussi chez nos enfants et petits-enfants le cas échéant. Mais Mircea Eliade notamment m'a passionné et j'en ai les principaux livres soit d'histoire des religions, soit ses fictions (au même rang que Hesse et Zweig)

Très affectueusement et fidèlement. Tu ne me parles guère de vos enfants. Signe d'amitié forte pour Géraldine, mon cher Daniel.



Aucun commentaire: