Chaque éveil
pour chaque matin : la dépression, indicible… le manque de
force, la
perspective d’avoir à faire quoi que ce soit et selon mes
retards se comptant
en tant d’unités de mesure, quantité qualité et temps… puis la
grâce de me
lever et de retrouver presque d’un « coup » le goût de vivre,
de l’emporter
avec en toile de fond, si impérieuse : mes aimées. Et
accessoirement, ce
que je peux faire et qu’à ma connaissance d’autres ne peuvent
pas imaginer ou
faire. – Mais la vérité de ces jours, c’est la passion, la
souffrance de tous
ordres subies, acceptées et comme voulues par un homme tel que
nous, mais d’une
intensité inimaginable sauf dans la prière de communion et de
demande : la
Passion du Christ. L’insulte
m’a
broyé le cœur, le mal est incurable ; j’espérais un secours,
mais en vain,
des consolateurs, je n’en ai pas trouvé. A mon pain, ils ont
mêlé du poison ;
quand j’avais soif, ils m’ont donné vinaigre. Dieu fait homme, et par cela et en nos mains,
totalement dépourvu,
tandis que nous, si nous prêtons l’oreille, regardons… nous
sommes comblés de
secours, de délicatesse, d’un accompagnement si ajusté et
adéquat, celui de
Dieu, celui du Seigneur, celui de l’assemblée des saints, et
même celui de
notre prochain…Voici le Seigneur, mon Dieu. Il prend ma
défense ; qui
donc me condamnera ? [1]. Le mystère du péché,
aussi impénétrable,
davantage même que celui de Dieu, car Dieu se fait connaître.
Le péché, lui, se
commet, mais en connaissance de cause ? liberté humaine
certes, mais
discernement ? et quand Jésus discerne la trahison de Judas :
anticipation ? objurgation ? liberté de Judas ? l’un de
vous
va me livrer… Serait-ce moi, Seigneur ?... Les disciples ne savent plus ce qu’ils sont, qui ils
sont. L’événement,
l’avenir immédiat les dépasse tous et complètement. La moïra grecque ? à qui le
rôle ?
de l’assumer ? de le perpétrer ? Celui qui s’est servi au
plat en
même temps que moi, celui-là va me livrer… Rabbi, serait-ce
moi ? … C’est
toi-même qui l’as dit. Les
récits de la
Passion ont cette formule : Jésus constate l’homme, il
n’empêche en rien l’expression
de sa liberté, de son intelligence, ni même sa chute. Combien
ces jours
appellent, soutiennent la méditation, l’entrée en
compréhension et communion de
tout ce qui constitue ce que nous sommes. Et nous le
comprenons et le vivons
par la lumière à la fois fulgurante et durable que produit en
nous la Passion
du Dieu vivant. En ce temps-là, l’un des Douze, nommé
Judas Iscariote, se
rendit chez les grands-prêtres et leur dit : « Que voulez-vous
me
donner, si je vous le livre ? ». Ils lui remirent trente pièces
d’argent.
Dix fois moins que sa
propre évaluation
du parfum dont Marie, à Béthanie, oignit le Seigneur… Nous valons plus que tous
les moineaux de la
terre et le Christ pas même un vase plein de parfum.
Et la mort,
plus que par bêtise… les attentats à répétition à Ankara, et
hier Bruxelles :
les Communautés. Efficacité, car il n’est pas d’Européen qui
n’ait quelque ami
ou relation rue de la loi et dans l’ensemble des exécutifs et
délibératifs de l’Union.
Les fanatiques et dérangés ne sont pas c… ils savent viser.
Ils savent ce qu’ils
font… au contraire des bourreaux du Vendredi-Saint. Prier pour
nos morts, car
ces attentats nous visent autant que les victimes effectives.
Un texte, dont je ne sais plus la source (retraite de fin
d'études, Père LETELLIER SJ à Champrosay, printemps de 1960 :
François MAURIAC exposant que l'entier de la Passion du Christ
m'est destinée, certes, mais aussi que c'est mon péché
personnel qui l'a mené au gibet et à mourir atrocement.
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