dimanche 13 mars 2016

voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? - textes du jour

Dimanche 13 Mars 2016

08 heures + M’endormant, m’éveillant. Cette phrase si juste de notre trésor, laissant chroniquement ses assiettes à demi : la vie est trop courte pour qu’on finisse tout. Le passé seul demeure et s’oublie (pas toujours), tandis que le présent continuellement nous échappe, à chaque instant nous sommes déjà autres et avec d’autres. L’écrivant maintenant, je dis : non, car il y a notre éternité qui déjà nous donne notre permanence, le vrai de nous, le définitif de nous… par anticipation malgré que nous demeurions enfermés dans le temps (mais parfois encore plus heureux que nous pouvons jamais être malheureux…). L’annonce de la mort, c’est la fin de l’avenir, sa suppression, sa réduction à ce qui ne sera jamais nos projets. Voilà pour soi qui se débat et examine. Alors, mes aimées, nos aimés, leur après nous, leur vulnérabilité, leur sans nous et au dépourvu. Organiser la suite, les protéger. Mais reste l’amour et la séparation. Mot si juste – également – de ma chère mère, d’un soir à un matin, et que j’ai, à sa demande, inscrit sur la dalle de sa tombe, notre tombe : a quitté tous les siens… est retournée près des siens. L’ordalie, l’échéancier et les étapes, que j’aurais dû d’ailleurs commencer de parcourir, il y a une année déjà. Les quelques lignes écrites jeudi sans grand plaisir mais par logique, les continuer ? continuer cela ? Testamenter ? on n’écrit pas le testament que l’on veut… surtout en « écriture ». L’inspiration me fait totalement défaut, même si je ne commence pas d’écrire ce matin, faute de temps : préparer ma semaine parisienne, laisser en place des lieux nets, les lieux de ma vie quotidienne tellement faite de projets, mais guère de réalité au point que même les choses, les livres, les objets, les papiers dépérissent, les toiles d’araignée deviennent des voiles, peut-être des linceuls vite. – Leçon, l’amour de celles que j’aime, l’urgence de tout, la dépendance même physiologique vis-à-vis de Dieu.
Dans ces circonstances, la foi est totalement d’autre registre, ailleurs, je sais et je vis, dès que je reviens à moi-même, ce que me donnent la foi, la confiance, l’espérance. Mais dans l’immédiat, c’est l’effondrement du moi et de ses projets, c’est la hantise de celles que j’aime, qu’elles me gardent en elles mais ne souffrent pas, que le manque de moi ne soit qu’amour et pas douleur.
Oui, c’est l’épreuve salutaire et la remise en selle, en branle.  Ô Seigneur, Dieu de toutes forces, fortifie-moi, donne-moi de quoi – bien plus que continuer… donne-moi de commencer et de ne plus m’arrêter ni pour les autres, ce que je leur dois, à mes tendrement aimées, ni vers vous, mon Seigneur et mon Dieu. – Prier…la femme adultère… Ce que ma chère femme me commentait hier, après ses heures de soutien scolaire : bac de français, les Contemplations, la mort de Léopoldine, la bascule de Victor HUGO, la liaison de toute une vie, par ailleurs polygame, Minou DROUET, mais lui-même en flagrant d’adultère, seule sa partenaire fera de la prison : trois ans, lui : son immunité de pair de France ? Puis hier soir : témoignages de rescapés et survivants, Stalingrad… Les drames… comment Jésus les reçoit, les nôtres et les « gère », ce que je vis, ou ce que je crois avoir à vivre depuis hier soir, mais qui ne sera pas ce que j’ai cru au premier mouvement, au premier accueil, car ce ne sera pas moi, mais l’accompagnement de Dieu, le vif encouragement, le penchant enfin naturel pour prier, penser à autrui, me confier au Sauveur. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère… « Et toi, que dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur le sol… Il se baissa de nouveau et il écrivait sur le sol. Jésus réplique, ce qui est, pour ses détracteurs, simple dialectique : celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre mais plus qu’efficace, décisif. La place est nette. En réalité, Jésus sauve une personne et se défait des étreintes d’une société, d’une haine, d’un rite, et par cette rencontre de la femme dite adultère, il emporte celle-ci avec lui dans cette libération qui leur devient commune. La Résurrection est déjà là : dialectique autre, étreinte de la mort, libération ensemble, le Christ et les hommes [1]. Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? Feuille de route maintenant : la justice venant de Dieu, qui est fondée sur la foi. Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa Résurrection et de communier aux souffrances de sa Passion, en devenant semblable à lui dans sa mort, avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts.

18 heures 11 + La vie spirituelle se fonde sur le passé et sur l’avenir : le passé puisqu’il est mémoire des grâces reçues des circonstances dont il a été donné d’en faire de la suite jusqu’aujourd’hui, mesure du chemin et orientation, et l’avenir, c’est bien l’acte de foi, le sens de la vie, la perspective de la vie éternelle, l’aboutissement ; mais à la messe ce matin, aux côtés de notre trésor, servante d'assemblée..., Isaïe : ne faites plus mémoire des événements passés, ne songez plus aux choses d’autre fois… et Paul aux Philippiens, oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but… je les lis, sans me sentir en contradiction. Simplement, ce sont des hommes, des âmes, des itinéraires totalement dépouillés, habités totalement. Homélie sur les parents de Thérèse de Lisieux, vénération de leurs reliques ces semaines-ci en paroisse puis dans l’ancien carmel de Vannes. Eussent-ils été « remarqués » ? canonisés sans leur fille, sensationnelle à tous égards ? je ne sais. Canoniser des gens ordinaires, banaux, pieux, sans miracles spectaculaires ? oui, les vertus familiales, peut-être pas héroïques, mais cela se juge-t-il humainement et de l’extérieur. J’irai le 22, passer une partie de la nuit à lire leur biographie d’aujourd’hui et à relire des textes de Thérèse, le journal surtout, que je lus une première fois en Novembre 1984 à Samothrace. Peut-être, juste vingt ans la naissance de notre fille.
Honte… nous, les Français, et d’abord nos gouvernants depuis vingt ans. Des dirigeants qui ne savent pas élever l’opinion, la réflexion de ceux qui les ont élus – élever l’opinion, susciter l’opinion nationale non piur se faire réélire ou pour imposer des soi-disant réformes – mais pour maintenir le patrimoine le plus précieux d’un peuple, son esprit, commettent le pire péché politique, et même péché tout court. Abaisser un peuple… dimanche dernier, la belle surprise  : 53% des Français considèrent l’accueil des migrants, des réfugiés en fait et en droit, comme une question d’honneur. Dès le lendemain, FH reçoit à l’Elysée… des marchands calaisiens se plaignant de la « jungle » et du tort causé à la ville par ces populations… hier le sondage allemand et luxembourgeois : nous vis-à-vis des alternatives européennes. DG, l’’un des pères de l’Europe, le visionnaire d’une indépendance européenne, le « faiseur » avec COUVE de MURVILLE et PISANI du « marché commun agricole », mis en ballottage en Décembre 1965 : pas assez européen selon ses adversaires et censeurs… ballotage qui, j’en suis convaincu, le blessa bien davantage que les « événements de Mai » dont il apparaît de plus en plus qu’il les avait « senti venir ». Notre pays, notre temps : un champ de militance, exactement comme une paroisse même si les affinités peuvent être difficiles à saisir, mais il y en a, est un champ de propagation de la foi. Prier maintenant le soir tombe… qui sème dans les larmes, moissonne dans la joie.
La floraison de béatifications et de canonisations par Jean Paul II, sans doute une certaine banalisation montrant que toute vie – et non pas un état de vie particulier et généralement religieux – peut être sainte, simplement. Mais surtout, une perspicacité du saint pape pour reconnaître dès leur vivant les grandes âmes qui nous enlèvent, ainsi cette religieuse brésilienne selon une époque et des milieux que j’ai connus. Pourquoi pas Helder CAMARA, mais ce dernier assez critique sur l’élection-même du cardinal WOJTYLA.


[1] - Isaïe XLIII 16 à 21 ; psaume CXXVI ; Paul aux Philippiens III 8 à 14 ; évangile selon saint Jean VIII 1 à 11

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