Dimanche 29 Juin 2014
Déception
hier soir : le gala de Marguerite au palais des Arts, elle-même dansant
bien mieux les claquettes que dans aucune de ses leçons de l’année, mais c’est
la conception desséchée du ballet et de la danse qui fait question. Pas de jeux
ni de décor de lumière au contraire des années précédentes. La plupart des
tableaux dansés pieds nus et se voulant images du monde en géographie avec des
textes-clichés d’un convenu et d’une banalité mièvre à vomir, des robes et
équivalents ne mettant en valeur que les jambes nues et trop blanches,
celles-ci (alimentation ou mode contemporaines, alors que les canons seraient à
l’anorexie) sont presque toutes celles des demoiselles
d’Avignon. L’épaisseur et la rudesse d’une chair structurée peuvent
être belles, mais … la chorégraphie n’est qu’un perpétuel défilé, une série de
marches à travers la scène, à peine scandées, aucun duo et aucun moment de pur
style, les pointes, la taille, le port de la tête, le cou. A peine quelques
effets des bras… Image de notre temps, convaincu de supériorité rétrospective
sur toutes époques antérieures, au moins en apparence et en expression de soi.
La réalité est la sensation générale de la terra nullius, leçon d’une évolution
amenant au désert et à l’échec, donc excellente base pour un rebond dans un
imaginaire ou une créativité où la nature et l’humain devraient tout dicter.
Mais on n’est pas encore à cet instant divin… et à l’instar de ce que nous
vivons en politique et en société, il manque l’exigence du grand nombre et de
chacun. Les spectateurs hier soir, sans souvenir des galas passés, étaient
contents, mais à l’entracte la salle s‘est en bonne partie vidée. Avant-hier
soir à l’Hermine, au moins y avait-il la couleur et les musiciens en
« live ».
Je
médite Serajevo et 1914, incitation puissante à nous resituer et à comprendre en
2014, où et quand nous sommes, en histoire et en humanité. Politique française,
faire le point d’une reprise de l’élan des périodes où les éléments de
désespoir et d’impuissance produisaient – précisément – l’espérance :
reprise de l’entreprise européenne, ce qui fait partie d’une pensée à nouveau
pour l’ensemble de nos politiques extérieure et européenne. Il y a à faire tant
nous sommes sur tous sujets enkystés dans nos dogmes, nos suffisances, nos
habitudes. Les corporatismes, les lourdeurs d’organisation, les alibis de
pauvreté et ou de moindre puissance, ou encore de complexité plus grande que
naguère, nous ont rendus depuis au moins deux décennies : Maastricht et
Marrakech, stériles. Or, la France à toutes époques a su pallier des
insuffisances matérielles par le spirituel, chacune de ses infériorités
structurelles ou passagères a pu devenir facteur de dialogue ou d’innovation.
Aujourd’hui, nous sommes dans cette configuration et disposons de presque
toutes les cartes (sauf de dirigeants pour les jouer) : cette réappropriation d’une époque, la nôtre,
ne sera pas seulement dans l’ordre politique, elle donnera dimensions et orientations
au mouvement de nos entreprises et de la société, nous l’avons su et l’avons
fait après chacun de nos désastres modernes, 1815, 1871, 1944-1945, 1958. Nous
sommes dans le désastre, encore plus mental que matériel. En toute humilité
mais cela crève les yeux, je vois par quelle dialectique rompre ce qui nous
étrangle et nous a asphyxiés. J’essaierai de le schématiser ces prochains
jours, et dans la suite – que je veux dense et cohérente – des essais de livres
que je projette, je le développerai. Quelques mentors : mon cher MCM pour
l’art, la manière… et MoD pour ce qui est des évaluations décapantes des rapports
de force et des lignes d’intérêt permanentes.
Prier…
[1] fondation de l’Eglise
en réponse à la profession de foi de Pierre. Les circonstances sont une mise à
l’épreuve des disciples, pris dans la routine d’une prédication, d’une
itinérance, de rencontres diverses, de moments de foule et de moments de
désert. Pour vous qui suis-je ? La question centrale de notre foi est la
divinité du Christ, Dieu fait homme, Fils de Dieu. C’est celle-ci qui nous
révèle et nous explicite la nature divine, ce dont l’homme a toujours eu
l’intuition – nos frères pour l’Islam et leur entrée maintenant en Ramadan –
mais surtout son développement dialectique : la Trinité, la création, la
rédemption, la liberté et l’Esprit en œuvre constante, la mort et la résurrection. La
foi, exprimée par Pierre : Tu es le Messie, le Fils du Dieu
vivant ! ne change pourtant aucun
des comportements ni des disciples ni de Pierre en particulier, aucune de leurs
réactions ou de leurs espérances. A l’instant de l’Ascension et des apparences
de conclusion de l’aventure humaine et de la prédication de Jésus, ils en sont
encore à la restauration d’Israël et de ses institutions. Pendant la Passion et
au Calvaire, personne que Jean. Les « saintes femmes » ne font pas
profession de foi mais d’amour et de disponibilité. L’Eglise est pourtant
caractérisée comme jamais auparavant et comme elle ne le sera plus aussi
nettement dans la suite des dialogues du Christ avec les siens 1° un homme, un
chef, un meneur par tempérament puis par fonction (ce sera manifeste dans les
neuf premiers chapitres des Actes,
les grandes orientations et les fortes décisions sont délibérées en Eglise,
mais le questionnement à résoudre est exposé par Pierre, privilégié aussi dans
la suggestion des solutions) : tu es Pierre et sur cette pierre, je
bâtirai mon Eglise. Construction qui
n’est pas de main d’homme, mais qui est œuvre du Christ. 2° le mal, la
dialectique du péché, les limites humaines résumées par la mort ne l’emporteront
pas, la puissance de la mort ne l‘emportera pas sur elle (l’Eglise), l’aboutissement est heureux, la
vie, et la vie éternelle sont notre milieu ambiant dès maintenant. 3° une
gestion du monde et du vivant, exactement la mission confiée à l’homme à la
Genèse, mais qui a été en partie oubliée, et qui continue de l’être : je
te donnerai les clés du Royaume, ce n’est
pas l’immédiat ni l’existant qui sont à gérer et à assumer pour eux-mêmes, tout
est en vue de la vie éternelle, du Royaume. Une entrée suppose une marche, un
mouvement, un but, une recherche. L’Eglise a autorité, de par son fondateur
pour que soient remplies par chacun les conditions de cette marche. Suprême
délégation de pouvoir, en quoi l’Eglise est sacrement exactement comme l’Eucharistie.
Exercice simple : Paul et l’annonce, Pierre et la liberté, le rayonnement
et la force montrés par la vie, le charisme, le « succès » de ces
deux principaux Apôtres qui doivent tout à Dieu : chacun converti l’un de
ses peurs, l’autre de son fanatisme anti-chcrétien, mais dont les qualités et
l’équation propre ont fait merveille, nous ont établis dans la foi que nous
vivons aujourd’hui et avons à transmettre. Le Seigneur, lui, m’a assisté.
Il m’a rempli de force pour que je puisse jusqu’au bout annoncer l’Evangile et
le faire entendre à toutes les nations païennes… L’ange secoua Pierre, le réveilla et lui
dit : « Lève-toi vite ».
[1] - Actes des Apôtres XII 1 à 11 ; psaume XXXIV ; 2ème
lettre de Paul à Timothée ; évangile selon saint Matthieu XVI 13 à 19
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