Planté
hier soir notre chène d’anniversaire : il est beau que ce soit un cadeau
de Jean-le-bon. Scène de Marguerite. Impressionnante de méchanceté et de refus.
Pas envie de collaborer au geste puis de nous photographier, quand vous serez
morts, je l’arracherai. J’ai failli perdre patience comme déjà la veille à ses
récitatifs, ses accusations envers sa mère censée mentir. Puis… tout a fondu, d’abord
dans les gestes qu’elle a consentis, plus tard à notre acceptation de dîner
tous les trois devant la télévision pour Hercule Poirot, se pelotonner comme la
veille sur les genoux de sa mère. Mais le scolaire la rebute, les capitales de
l’Union européenne ne « rentrent » pas. Comme à propos de notre chêne,
c’est la question : à quoi « çà sert » ? l’amour, aurai-je
pu répliquer, à quoi vela sert-il ? et la tendresse ? et la mémoire
qui s’exerce ? l’utilitarisme et l’envie comme critères de l’action ?
s’abandonner à ses inerties psychologiques ? Texte aussi en voiture sur ce
qu’elle prend pour de la pornographie, le nu, la veille ensemble à ce qu’elle
regarde sur écran, ce que je lui fais entendre mais sans qu’elle accepte d’opiner,
elle dit seulement qu’elle n’aime pas mon discours… Je laisse. Elle est notre
souci et notre bonheur. Les gestes et inclinations de ma chère femme, à la dérobée,
pour notre enfant. – J’irai cette fin d‘après-midi revoir notre cher Denis M. ;
j’y ai goût. Pourquoi ? sans doute, échangeons-nous le plus brut d’une
relation humaine : affection, tendresse, consentement à nos états
pratiques, respect mutuel. – Je me suis endormi et je me réveille dans l’action
de grâce. Cette sensation si profonde et nouvelle : la paix intérieure et
l’espérance totale pour le monde et toute la création. … Un couple de merle
depuis quinze jours, plus à l’aise chez nous que nous-mêmes. Le mâle en
reconnaissance plusieurs jours de suite, nos affolements mutuels pour le faire
sortir, ses fientes partout, mon Napoléon-le-Grand heureusement vitré… couvert
de…, puis notre accueil, des sorties qu’il repère et la merlette parfois elle
aussi en visite, notre maison est une tente ouverte vers le sud, et en cette
saison de longs jours, le soleil en se levant vient en oblique jusqu’à ce clavier.
Le jour commençant, bien éveillé, qui salue, me salue. Tandis que je suis
présent à ce que je fais, les oiseaux le sont aussi, occupés à se manifester…
Prier…
le Notre Père… à sa récitation usuelle, dont le et ne nos inducas a été heureusement retranscrit, Marguerite
a voulu ajouter : et ne nous fais pas entrer en tentation mais
garde-nous toujours avec Toi, et délivre-nous du mal. Amen. Hier soir, la prière de nos dix ans
ensemble. Ma chère femme choisissant le Je vous salue, Marie… maintenant et
à l’heure de notre mort. Cette décisive
et maternelle compagnie de l’exemplaire première chrétienne, la mort mais pas la corruption. Le don
de l’esprit, la traversée de la mort … Elie et Elisée, le relais, l’exemple, la
communion, l’accompagnement [1] : quand Elie
fut enveloppé dans le tourbillon, Elisée fut rempli de son esprit (sa prière a donc été intégralement exaucée)
et pendant toute sa vie aucun chef ne l’a intimidé, personne n’a pu le faire
fléchir. Aucun événemnt n’a pu l’abattre, et jusque dans la tombe, son corps
manifesta son pouvoir de prophète. Pendant sa vie, il a fait des prodiges ;
après sa mort, des œuvres merveilleuses. Cette
gloire de l’homme reçue de Dieu, transmises par les saints qu’Il se donne et
nous donne. Honte aux serviteurs d’idoles qui se vantent de vanités ! en familiarité avec nous, partageant notre
histoire, Il nous donne par le Saint des saints, son Fils fait homme, la prière
parfaite. Comment d’ailleurs ne pas le vivre ? ce que nous « composons »
ou bien ce que nous lisons d’autres, si admirable que ce soit (prière scoute,
textes des deux Thérèse, de FOUCAULD, René QUOIST, et ainsi de suite), nous
paraît insuffisant, incomplet, ou ne nous donnant pas la position la plus juste
devant notre Seigneur. Demander d’excuser la faiblesse de ces prières tandis
que celle reçue du Sauveur, puis celle de l’Eglise se reconnaissant dans Marie,
sans s’y identifier puisque la priant, sont parfaites : le manteau sur nos
épaules que sont ces deux textes pour le murmure de notre âme à tous propos et
en tous moments. Que ta volonté soit
faite… délivre-nous du mal. Et Jésus n’insiste
que sur le pardon, toute sa prédication, chaque fois qu’Il illustre par un
miracle, revient sur le pardon, celui qu’Il accorde et « prouve »,
celui qu’Il nous veut pratiquer. Pardonner, c’est être libre d’être à Dieu. C’est
naturel, ce devrait l’être puisque nous sommes, nouss-mêmes, pardonnés. Tout
geste de communion que nous attendions de qui nous aimons et sommes aimés, et
qui nous est donné, contre l’espérance et l’attente du moment, est une
certitude anticipant le paradis et toute relation humaine. Celle-ci est alors
signe et providence. Leçons que nous répète notre fille. – Chapelet qui n’est
pas moulin à prières (mais comprenons-nous cette prière-là aussi ?),
prière usée, utilisée, transmise depuis deux millénaires : communion
intense avec tous, avec tant, que de réciter Pater et Ave. Humblement,
joyeusement, peut-être un jour écrasé, peut-être un matin debout à nouveau.
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