Mardi 24 Juin 2014
Hier
soir donc… tandis que se célèbrent les investissements qatari, l’énième
illusion d’une première vente du
Rafale après trente ans infructueux, et
notre mendicité… que se concoctent encore plus dans l’ombre que les avancées de
General Electric depuis deux ans vers
Alstom les réponses de l’Etat au
chantage de Bouygues… que chaque jour
apporte la confirmation, « affaire » par « affaire », des
corruptions effrayantes de nos dirigeants… après que se soient commis ministre
de l’Economie, sans fond de dossier pour une cession de patrimoine industriel
névralgique, puis à trois reprises le Premier ministre en doublon du ministre
de l’Economie, puis en place de la ministre de la Culture, puis au lieu de la
ministre de l’Ecologie… et dans la perspective d’un prochain quinquennat de
celui qui mit, il y a vingt ans, trois millions de Français dans la rue et le
pays en grève générale pendant deux mois, perspective pour nous « sauver »
d’un quinquennat d’oubli de toute politique alternative, voire de gauche, ayant
lui-même succédé à un quinquennat de marionnettes… j’ai été saisi, puis
bouleversé par ce film, donné « sur » Arte : A l’Ouest, rien de
nouveau. Je ne l’avais jamais vu, je n’ai pas lu le livre, réminiscences
d’un autre noir-et-blanc de la même époque, mais français avec défilé des « gueules
cassées » en fantômes, cimetière et arc de triomphe. Saisi d’abord par la
puissance des photos. les scènes de demi-près en tranchées, les assauts
mutuels, les corps-à-corps, mais surtout la photo. arrêt sur image pour les
dialogues et des scènes saisissantes. Le texte aussi fort que l’image. Des « vignettes »
diraient les psychiâtres ou les thérapeutes (car le film certainement se voulut
une thérapie mondiale) : la peur sous abri décomposant gestes et visages,
l’horreur de qui se découvre amputé, le profil de qui va une dernière fois,
cela ne dure qu’une seconde, vers une lumière de dehors, évidemment la main
vers le papillon et les vies d’enfance, la scène d’amour non montrée mais vécue
et entendue, comprise. Les dialogues : l’exhaustivité de l’argumentation
pacifiste, les autres, la mort, la peur, le non-sens… l’acmée des rencontres de
la mort, la salle aux pansements, le sergent à dos d’homme, le très jeune Allemand
et le poilu au sourire de mort… Le
documentaire ensuite, remontant à 1984, technique du tournage (150 figurants,
17 semaines, la grue) avec un débours de 1.250.000 dollars, deux heures trois
quarts de film… les coincidences de dates :
début du tournage le 11 Novembre 1929, première projection à Los Angeles le 21
Avril 1930 et à Berlin le 4 Décembre 1930, interdit dès le lendemain (Goebbels
avait crié dans la salle : y a-t-il un patriote ?), interdit en France
jusqu’en 1963, alors qu’il avait été repris à Berlin le 25 Avril 1952 (à l’est
ou à l’ouest ?)… les censures successives pour que cela passe selon
les publics attendus ou les autorités du moment : la scène où les deux plus
jeunes claquent des dents et se défigurent de peur, la scène à l’école du jeune
héros avec ses cadets et leur professeur, la réécriture de la musique pour la
séquence finale : papillon et défilé des fantômes, chacun redonnant son
visage à qui les regardera tous. – J’ai alors, violemment, été pris par la
question : la génération actuelle, particulièrement nos dirigeants, sont-ils
dignes de « célébrer » l’immense sacrifice, les intenses et si
longues souffrances, les millions de morts pour un avenir dont personne ne
savait rien. Non, nous ne sommes pas dignes. Suggestion de l’évidence : ne
peuvent célébrer et commémorer que ceux qui y étaient et comme il n’y en a
plus, silence et document. Redonner le 2 Août prochain, le discours
radiotélévisé du général de Gaulle, pour le cinquantenaire… Couriellé en ce
sens à l’Elysée, avec redite documentée à la chef de cabinet, mon semi-contact
actuel.Légitimité de la mémoire, de la célébration (peut-être) mais
illégitimité des célébrants de premier plan.
Prier
in medio sollicitudinis… bonheur de la foi, antidote à l’aspiration
horrible du néant, non que j’en ai peur, mais je suis si souvent dans ce néant
qui n’est ni la réalité ni l’avenir. Décisif, l’amour. Précis, les gestes de l’amour,
le couvert du petit déjeuner, le départ de mes aimées : la classe pour
Marguerite, la leçon-répétition pour un bac ou le passage à une autre année que
donne ma chère femme. Le calme et peut-être la production de cet été avec en
prélude des instances réglées du plus matériel, l’épave du Loch à tirer du
domaine public maritime, au putatif et à l’improbable : mon recours en
Cour européenne pour préparer la suite … reprise de mon livre en double
registre : le film d’hier soir et la négociation d’Alstom, le renoncement des gauches européennes à
une autre présidence de la Commission que celle (si imprudemment pour elle-même)
imposée par l’Allemagne, sont de bons rebonds… un livre de fond sur ce que je
vis et à quoi je consens, car à mesure que ma vie avance bien plus qu’elle ne
continue, j’éprouve que Dieu a du plan et me donne le sens de ce qu’Il me
propose, par étape et à proportion que ce m‘est psychologiquement nécessaire :
de l’impuissance, notamment en amour,
tout ce qui est l’existence humaine et dont il est si peu traité… j’étais
encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé ; j’étais encore
dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. … il a fait de moi sa flèche préférée, il m’a
serré dans son carquois. La posture la
plus réaliste, celle du Magnificat,
de même que la grandeur, cf. le film d’hier soir, c’est la pauvreté, c’est l’aveu
d’amitié, c’est la pudeur, et le plus complet dans l’amour humain, cf. encore
le film d’hier, c’est la mère penchée sur son fils et inquiète, c’est la femme
qui chante bouche fermée dans l’étreinte que personne ne voit à commencer par
les amants, les vrais, aux yeux clos quand tout se vit, c’est le mort dont le
corps porté par le vivant a fait épargner celui-ci. Le hasard selon toutes vues
humaines a priori ou rationnelles, la vocation et la prédilection selon l’expérience
que Dieu nous donne de Lui. Oui, j’ai
du prix aux yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est ma force… Marque divine en réponse, à cette
affirmation appelée par amour et par foi : je vais faire de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrêmités de la
terre. [1]. Ainsi, tous nous sommes précurseurs, que
nous soyons en échec ou en pauvreté bien plus que si nous sommes supposés en
gloire ou à notre aise : anonymes, par grande chance, tandis que le
Baptiste ou Moïse, chacun le plus humble de son temps et de son peuple parce
que face au Tout-Puissant. Que sera donc cet enfant ? réponse : le plat que donne la fille d’Hérodiade
à sa mère. Non, il s’appellera Jean. … Tu es Pierre… et
notre réponse, qu’elle est simple, qu’elle est belle ! tu me scrutes,
Seigneur, et tu sais ! tu sais quand je m’assois, quand je me lève ;
de très loin, tu pénètres mes pensées, tous mes chemins te sont familiers. C’est
toi qui as créé mes reins, qui m’a tissé dans le sein de ma mère. Un géant, le Père Jean Laplace sj commençait
ainsi les « trente jours » pour « donner les Exercices »
par la méditation, à vivre en particulier, ce ce psaume. L’apprendre alors par cœur,
comme également le prologue de l’évangile de l’autre Jean. Et il a habité
parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire. L’anti-mort, l’anti-néant, l’anti-mal, l’anti-vieillesse… celui
auquel vous pensez, ce n’est pas moi, mais Le voici qui vient après moi, et je
ne suis pas digne de lui défaire ses sandales. Paul et Jean Baptiste, l’héritage de l’histoire sainte, l’héritage de
notre siècle, l’héritage de nos échecs et de nos morts font la gloire et le
possible. Ce que nous souhaitons si précisément. … Ils se réjouissaient avec elle… et tout
le monde fut étonné… il alla vivre au désert jusqu’au jour où il devait être
manifesté à Israël. Personne de soi-même…
ne se présente de lui-même, ne peut vivre seulement par et pour lui-même. Etonnantes
sont tes oeuvres, toute mon âme le sait.
Prier pour tous… vivants et morts… en priant avec chacune/chacun d’elles/d’eux.
[1] - Isaïe XLIX 1 à 6 ; psaume CXXXIX ; Actes es Apôtres XIII 22 à
26 ; évangile selon saint Luc I 57 à 80 passim
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