Je
me suis éveillé « tard » vers les 07 heures 20 avec
surtout l’envie
de ne rien faire, de ne plus rien faire… A mon éveil
d’hier dimanche, c’était
la sensation très désagréable et même douloureuse d’être
totalement dans un
endroit, et même une existence (une ré-existence ?)
inconnus, m’étant
étrangers et auxquels je me sentais hostile. Ces deux
moments, comme presque
toujours chaque matin, n’ont été qu’une sorte de
préalable : chasser le
noir, le lourd, l’impossible, le mortifère. Car apparaît
presqu’aussitôt une
séquence bienfaisante, familière certes, mais d’effet
tellement présent,
efficace, personnalisé que ce semble toujours nouveau,
parce que miraculeux.
Sans doute, l’appétit de tout ce que j’ai à faire depuis
des années, mais qui
semble avoir pour promesse de commencement de ma part, à
l’instant précis où
cela se représente, se réactualise à mon esprit. J’ai de
l’appétit pour ces
projets petits ou grands, virtuels ou très concrets :
débroussaillages,
rangements divers mentaux ou physiques, écritures de
livres, ambition globale d’une
ultime utilité, etc… Il y a alors l’expérience de la
grâce, pas assez
(peut-être ? mais laissons Dieu se manifester par notre
pauvre et prolixe
sensibilité, sensibilité ressassante et vulnérable encore
plus à la joie et au
bonheur qu’aux emm… ce qui est certainement sain) pas
assez incarnée par le
Christ, et rapportée à Lui. Ce ne sont que signe d’aller,
que mise en chemin. –
Aujourd’hui, c’est la réflexion sur ce que j’ai vécu hier,
sur cette prolifique
contre-attaque un peu quichottesque d’un énième
auto-didacte s’appliquant à
fonder la Contre-Révolution comme s’il était et le premier
et le nécessaire. Du
moins, est-il habité et sincère. Sur les rencontres brèves
mais stimulantes,
portant surtout à réfléchir, que le « hasard » m’a donné
de vivre.
Sur ce milieu de vie d’un petit groupe, faisant communauté
au sens de l’Eglise
mais également en sociologie. Sur cette congrégation des
Coopérateurs paroissiaux,
et dans la ligne de ce que nous avons remarqué, ma chère
femme et moi, par nos
deux visites à JF : hôpital Saint-Camille de
Bry-sur-Marne, réflexion sur
les nécessités du temps et donc de l’Eglise en matière de
fondations diverses,
religieuses. Ou pas. Pour moi, actuellement, les questions
de la santé et de
l’assistance collective aux malades, une réflexion et des
outils de
connaissance factuelle pour restructurer les esprits en
termes de civisme et de
légitimité (fondements de la vie collective et socle de la
démocratie),
l’environnement de l’enfance pour la semaison de la foi
chrétienne et d’une vie
spirituelle qui soit voulue, reçue, consciente. Ce sont, à
mon sens, les trois
grands besoins de consécrations et de réflexions à plein
temps, ces temps-ci. –
Gratitude pour l’épanouissement actuel de la ma vie : aux
structures et
« passe-temps » de toujours (recherches documentaires,
écritures
diverses, compagnonnages des livres et de leurs auteurs,
amour de la Bible), se
sont ajoutés ces années-ci des rencontres devenues des
dialogues parfois
quotidiens, en tout cas des marches ensemble : internet,
comme j’en avais
à mon adolescence : correspondances par lettres, moments
et marches
ensemble, ou comme mes questionnements et habitations
d’amour pendant une
grande trentaine d’années… Relationnement, qui me
comblent. Et me rappellent
chacun que si je parviens par la réciprocité naturelle des
correspondances et
des sentiments de fraternité à un certain accomplissement
de la relation, de
l’avancée l’un par l’autre, il me reste immensément à
pratiquer, à vivre et
certainement à découvrir dans ma relation à Dieu, Dieu
trinité.
Prier
ce matin, à ce commencement qu’est maintenant. Mes adversaires s’abaisseraient
devant lui ; tel
serait leur sort à jamais ! je le nourrirais de la fleur du
froment, je le
rassasierais avec le miel du rocher ! dit
Dieu à son peuple, selon le psalmiste. Si mon peuple
m’écoutait, Israël,
s’il allait sur mes chemins ! Mais
l’autre, mais nous, mais le chéri de son Créateur : mon
peuple n’a pas
écouté ma voix, Israël n’a pas voulu de moi. Dialogue et surdité, entêtement et persévérance,
le dialogue d’amour
unilatéral en apparence, mais la réponse des saints et
notre rachat ultime, nos
faibles poussées d’âme et de prière vers Dieu. Vie des
pasteurs, vérité
d’expérience pour qui essaie d’aider et d’accompagner
l’autre, le plus intime,
ma chère femme, tel ami, ou le plus inopiné et passager… Je
ne puis, à moi
seul, porter tout ce peuple : c’est trop lourd pour moi. Si
c’est ainsi
que tu me traites, tue-moi donc ; oui, tue-moi, si j’ai
trouvé grâce
à tes yeux. Que je ne vois pas mon malheur ! Finesse constante de la psychologie de la Bible,
le premier Testament
et les épîtres apostoliques particulièrement (les
évangiles sont une telle
manifestation et de la souveraineté du Fils et de Sa
propre psychologie, homme
et Dieu, ce que produit en psychologie humaine cette
double nature de précarité
et d’éternité). La charge des prophètes, l’impératif de
leur vocation, l’intensité
de la tâche. Mais aussi leur rapport avec eux-mêmes, cette
sorte de
responsabilité que nous avons chacun de nous-mêmes et qui
nous distingue de ce
que nous sommes car ce qui est premier et décisif,
entrainant notre existence
entière en ce monde-ci, c’est bien ce que nous devons être
et qu’a projeté
notre Créateur en nous créant, chacun. Moïse et les
réclamations du peuple en
ravitaillement. Le Christ sobrement, nos malheurs, nos
pesanteurs et nos faims.
Extraordinaires plaintes de Moïse à Yahvé, en situation à
tous égards
spirituel, matériel, psychique : Moïse entendit
pleurer le peuple,
groupé par clans, chacun à l’entrée de sa tente. Le Seigneur
s’enflamma d’une
grande colère. Cela déplut à Moïse ( !!!),
et il dit au Seigneur : « Pourquoi traiter si mal ton
serviteur ? Pourquoi n’ai-je pas trouvé grâce à tes yeux que
tu m’aies
imposé le fardeau de tout ce peuple ? est-ce moi qui ai
conçu ce peuple,
est-ce moi qui l’ai enfanté, pour que tu me dises : « Comme
un
nourrisson, porte ce peuple dans tes bras jusqu’au pays que
j’ai juré de donner
à tes pères ? » [1].
Le ravitaillement,
pour l’immédiat, la manne
ne suffisant pas ou plus. Jésus à l’œuvre : il vit
une grande foule de
gens ; il fut saisi de compassion envers eux et il guérit
leurs malades…
Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-même à
manger… Ordonnant à
la foule de s’asseoir sur l’herbe, il prit les cinq pains et
les deux poissons,
et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ; il
rompit les
pains, il les donna aux disciples, et les disciples les
donnèrent à la foule… La
suite est connue. C’est très scénique,
nous voyons tout, sauf – mystérieusement mais
significativement – la personne
physique du Christ, Il est toute la scène, Il est tous, Il
est chacun de celles
et ceux qui ont faim, chacun des disciples constatant les
besoins et les
ressources, leur disproportion, Il est Celui qui prie et
« fait » le
miracle, le miracle appelé non par la foi (« mode
opératoire »
courant pour les guérisons individuelles) mais par la
nécessité que Jésus a
perçue, que ses disciples ont précisée. Tandis qu’Il
guérissait « à tour
de bras », le soir venu, les disciples s’approchèrent
et lui dirent… La
Vierge Marie à Cana, elle constate, elle
rapporte à son Fils, totale confiance. Faites ce
qu’Il vous dira.
« Poursuivi »
par ces rencontres d’hier que peut-être d’autres
trouveraient ou vivraient
anodines, banales, et aussi par la justesse du
questionnement de
Guillaume… par la disponibilité mentale et
donc spirituelle du pasteur Richard MARTY qui m’accuse
réception… et par mon
impuissance à vraiment déplacer le sac que ma chère femme
ressent si
douloureusement à ses épaules, à son dos, à tout son
corps, toute sa vie.
Quoique vivant pratiquement la même existence, tous trois,
nous la ressentons
si différemment chacun, notre fille, ma femme et moi. Ce
qui est probablement
fonction de ce que nous nous sentons de liberté, de choix
et de force de notre
consentement à ce que la vie nous propose et nous donne en
retour de nos
acquiescements et de nos mobilisations. Je sais si peu
d’elle et en même temps
je la sais et la sens totalement « liée » à moi, que cela
soit son
chemin de libération. D’épanouissement d’elle-même.
Souvent, cette
illumination, ce rayonnement de son visage, l’aisance de
sa silhouette :
je sais alors que le bonheur la visite. Elle a besoin de
l’autre et de la
société. Ce qui n’est ni son mari ni sa fille, sans doute
parce que nous sommes
tellement elle en elle-même. Mystère et espérance, forme
et manifestation
ultime de l’amour en intimité familiale.
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