Sur
l’instance de Marguerite à la bande-annonce, après que
nous ayons vu Le
petit prince… nous voyons,
hier soir, La
femme au tableau.
Pour notre fille, c’est son premier film d’adulte, même si
– remarque-t-elle –
ce n’est pas interdit au moins de dix ans (mes propres
souvenirs de cinéma avec
mes parents, ou de théâtre, seul avec eux, alors que je
suis le second de
neuf). Elle se partage en tendresse entre chacun de nous.
Pour moi, c’est une
série de « leçons de choses » intimes : Vienne, et
notamment le
Belvédère supérieur, les jardins descendant vers
l’inférieur, l’immeuble où
j’ai vécu pendant quatre ans, l’ambiance des palais, la
splendeur des meubles
mais aussi les débats, eux aussi intimes, de ce pays que
j’ai tant apprécié,
aimé, admiré et où j’ai aimé et été aimé. Arrivé pour
prendre mes fonctions à
notre ambassade, juste pour la fête nationale, et aussi la
sortie de la pièce
discutée de Thomas BERNHARD sur l’attitude des
Autrichiens lors de l’anschluss, en
même temps qu’était inaugurée la magnifique et très
parlante stèle. Le film
donne aussi une vue d’un monument que je n’ai pas connu en
1988-1992-, dédié à la mémoire de l'holocauste, grand bloc
fermé de marbre : je n'ai pas distingué des noms ou des
inscriptions, nudité et massivité. Interprétation
remarquable, histoire vraie, scènes avec les autorités
locales tout à fait
justes, suspense constant. Pour notre fille, initiation
sur la persécution des
Juifs par les hitlériens, pourquoi ? comment ? dialogue
final entre
générations sur l’intégration des Juifs, notamment en
Autriche, pas du tout des
fortunés et des riches à leur arrivée. Pour ma chère
femme, dialectophone en
alsacien et en rhénan, ayant aussi une ascendance
paternelle pouvant lui donner
une sensibilité spéciale à l’antisémitisme, ce qui n’est
cependant pas le cas,
c’est davantage un bain d’ambiance. Pour moi, c’est aussi
le souvenir de ces
deux jours de 1996 à la Sorbonne pour le 6ème congrès
international de
l’humanisme laïc juif, ma prise de parole pour l’Abbé Pierre
introduite par
la mention de mon aïeule et par le rappel des
évidentes arrière-pensées de tant
de gens encore comme si la shoah n’avait pas « suffi »et
le compliment que m’en fit dix ans
plus tard Robert BADINTER. – J’ai vécu aussi cette
projection comme la
légitimation s’il en est jamais besoin du souvenir, du
fait de se souvenir, de
notre dépendance au souvenir. De la transmission aussi.
Deux sujets m’habitant
de longue date. Il faut permettre aux souvenirs de
continuer à vivre, dit
Mme ALTMAN arias l’admirable Helen
MIRREN (d’origine russe…). Admirable aussi la ressemblance
de l’actrice avec l’Adèle
du fameux tableau de KLIMT.
Moment
passionné auparavant : le cultivateur chez qui Edith
achète la plupart de
nos légumes ainsi que les fruits de saison depuis
plusieurs années déjà. Beauté
des productions, couleurs et formes, mais l’homme, dont je
ne sais toujours pas
le nom – ses deux vaches en revanche destinées à former
troupeau d’une
vingtaine de bêtes à viande, me sont connues de prénom :
Gérolette et
Justice – est aussi intéressant. Vannetais de la ville,
établi non loin de chez
nous, il respire la santé mentale et économique. S’établir
aussi pour la viande
alors que … la crise… les quotas… les prix... quoiqu'il ne
projette pas un gros troupeau, une vingtaine de bêtes. Il
balaie cela aussitôt. Ceux qui
manifestent et sont syndiqués ne produisent pas ce que –
lui – produit. Ils
sont « blindés », ils sont en fait payés par l’Etat et
fonctionnarisés. Ceux qui travaillent n’ont pas le temps
de ces mouvements et
discussions. Il se sent tout à fait à l’aise dans sa
situation actuelle et ses
projets, prend des saisonniers notamment pour la vente en
été. Il réalise ses
projets. Rien que d’arriver au seuil d’un des champs de
culture légumières et
fruitiers au sol, haricots verts, fraises, on respire un
air particulier. Une
merveille. Sort du champ, une vieille dame, manifestement
de la ville, le dos
cassé, qui bougonne : les fraises, toutes pourries à la
cueillette, naturellement
la main d’œuvre coûte cher. Mon homme à qui j’ai dit mon
admiration, la
connaît : elle est d’humeur variable. Déjà, dimanche
après-midi, les
juments et leurs petits respectifs, la beauté et la santé
de ces animaux, le
rapport de l‘homme avec eux, mais ici le rapport aussi de
l’homme avec la
consommation autant qu’avec le production : la beauté de
ce à quoi arrive
la culture, au premier sens du terme (premier sens qui
renouvelle l’acception
abstraite).
Dernier livre
paru de Jean d’ORMESSON, une " vue cavalière " et une
mémoire commentée de notre
histoire politique « sur » cinquante ans ou plus. Essai
que peut se
permettre un écrivain particulièrement notoire, et que
refuserait tout éditeur
d’un quidam dans mon genre : trop littéraire pour une
publication universitaire,
trop spécialisée pour les vendeurs de romans. Je vais le
lire car il est
probable que c’est l’un des derniers ouvrages de la sorte
puisque tout est
gestion, utilité et que le débat politique est maintenant
un bouquet
d’obsessions : migrants, terrorisme, Front national,
monnaie unique. Ce
n’est plus une histoire-aventure avec des personnes, des
sujets et des rois
mais une série d’équations, toutes insolubles mais
ressassées et commentées. A
l’histoire structurée a succédé une actualité volubile
sans issue ni structure,
pas même celle de la chronologie. Jacques JULLIARD…
cautionne l’essai :
Jean d’ORMESSON, c’est la France ! (dans le texte)
Prier… action
de grâces pour la cohérence que je ressens si fortement,
de ma vie, action de
demande pour recevoir force et énergie, temps et
organisation si je dois faire
et produire ce que je crois de mon devoir… action de grâce
pour notre bonheur
familial, action de demande pour ces nouvelles amitiés qui
ne sont plus
dilection directement mais partage de vies difficiles et
dont il peut m’être
donné d’en soulager un peu le poids chez ceux qui nous
donnent, à ma chère
femme et à moi, leur confiance. La vie de couple est
décisive. La relation
parents/enfants qui est de responsabilité de chacun dans
ces formes au moins
trinitaires soutient la vie de couple. Prier… toi, mon soutien dès avant ma
naissance, tu m’as
choisi dès le ventre de ma mère [1].
L’exécution de Jean le
Baptiste. Luc est le
plus bref des synoptiques, ne mentionnant que le
l‘exécution mais pas l’ambiance
du banquet, la danse de la fille d’Hérodiade et les
serments dangereux d’Hérode.
Marc le plus circonstancié. Les raisons d’arrêter Jean ne
sont pas rapportées,
car elles ne peuvent être le reproche au roi d’avoir
épousé sa belle-sœur, qui
ne devait être articulé qu’en tête-à-tête. La conversation
embarrassante et
agréable à la fois : un directeur spirituel ? avant la
lettre. Quand
il l’avait entendu, il était très embarrassé, et pourtant il
aimait l’entendre.
Jean, personnage
important tant historiquement
(les sectes qui se réclament encore de lui) que
relativement à Jésus :
celui-ci le souligne d’ailleurs. La mission prophétique si
dangereuse : Moïse,
Jérémie, Jean. Malgré les engagements du Seigneur : je
suis avec toi
pour te délivrer, le
Baptiste est mis à
mort. – Trouver dans la prière d’ici cette nuit le sens de
ces missions et prédilections,
s’achevant pourtant tragiquement.
[1]
- Jérémie I 17 à 19 ; psaume LXXI ; évangile selon
saint Marc VI
17 à 29 (synoptiques : Luc IX 7 à 9 & Matthieu XIV 3
à 12
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