Eveillé
vers cinq heures et demi, la nuit encore très sombre. Habituelle déprime,
habituelle sensation de rouler vers la folie. Mais la journée qui commence a son thème
qui me plaît : penser à autrui, à celle qu’on inhume, penser à ma chère
femme qu’il me faut reconquérir, si jamais je l’ai séduit vraiment et par
moi-même, non d’elle-même à elle-même, répondre à son amour, étancher ses oifs
et besoin de sécurité et de perspective, m’appuyer sur la pensée qui m’est
donnée de notre fille… et puis ces prêtres vis-à-vis d’une Eglise qui les
rejette : motifs divers, même graves… le rejet n’est-il pas encore plus
grave quand il est le fait d’une hiérarchie, cela évoque pour moi la peine de
mort, sans doute méritée le plus souvent mais que la société collective, anonyme,
à l’abri de ses dogmes et appuyée sur sa masse potentielle, inflige à la
personne unique, isolée, à terre, offerte de force… je n’aime pas cela. Ce
n’est ni la vie, ni la société, ni l’Eglise… mais c’est nous si souvent. Prêtre
qui marche vers Rome, prêtre qui rencontre son évêque ce matin, censément
destitué, excommunié, etc… Mémoire
aujourd’hui du Père KOLBE sa vie pour celle d’un autre, d’un prêtre pour un
père de famille. Les nazis, le pire de l’humanité en chaque génération et les
gens de l’Inquisition en furent, tout chrétiens qu’ils se prétendaient,
provoquent l’héroïsme, la sainteté… – Prier surtout… je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme ;
quand je poussai vers lui mon cri, ma bouche faisait déjà son éloge [1] Les destinées selon Dieu, cette sorte de
cruauté, ce châtiment imposés à Moïse avec même un certain sadisme : Ce
pays que tu vois, j’ai juré à Abraham, à Isaac et à Jacob de le donner à leur
postérité. Je te le fais voir, mais tu n’y entreras pas. Eloge de Moïse par l’écrivain inspiré, mais les raisons de Dieu ?
Moïse, le dernier à qui Yahvé ait parlé tête-à-tête : Adam, le mythique ou
tout homme de naissance et en conscience, à ses débuts, donc à chacun de ses
recommencements… et les « patriarches ». La correction fraternelle,
une tout autre version du « sacrement du pardon », il est vraiment
celui de la réconciliation mais il est aussi le sacrement de l’ici-bas porteur
de tout l’au-delà, et il ne s’adresse pas à Pierre, détenteur des « clefs
du royaume » mais à tous les disciples à nous tous. Pouvoir qui nous est
donné les uns sur les autres, pouvoir de l’amour et de l’Esprit : tout
ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous
aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. Nous sommes les agents, les truchements de Dieu les uns pour les autres
dans la foi. Et
ensemble, nous sommes écoutés de Dieu, tout-puissants en Son cœur et selon Sa
miséricorde : si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord
pour demander quelque chose (notamment le
pardon mutuel des fautes et des manques… si ton frère a commis un péché, va
lui parler seul à seul…) , ils l’obtiendront
de mon Père qui est aux cieux.
Pourquoi ? comment ? parce que, affirme le Christ, Dieu fait homme, quand
deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux. Ce le sera devant la tombe d’Yvette D. ce
soir à Quimper, ce l’est sans cesse pour tout couple humain, en toute famille,
en toute rencontre, au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Mon Dieu, mon Seigneur, combien ce matin Tu
m’enseignes. Et à longueur de ma vie. Le sens de nos existences, il est là. Les
yeux bandés, ceux de l’âme, par mes sensations, mon corps, les circonstances,
ma vieillesse et parfois mes enthousiasmes, et mes bonheurs sans conscience,
les yeux bandés, avancer par la foi tant qu’elle continue de m’être donnée.
Ensuite, ce sera à Dieu de tout faire. J’aurai été jusques là, librement et
heureusement. Entrainant s’il est possible celles et ceux que j’aime, ma chère
femme, notre fille, vers cette lumière et la Vie, qui déjà nous sont données
plus qu’en promesse. Moïse fut cependant exaucé, en profondeur, en vérité. Il a
vu, comme Syméon, au Temple, le jour de la Purification.
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