Avant-hier
Minuit et demi + Donc, jeune & jolie. Compte-rendus
contrastés pour l’histoire ou le thème : crises d’adolescence ou prostitution
précoce ? confusion même avec une autre histoire, des amours de lesbiennes
répondant à Cannes, avec un prix comme argument, aux campagnes de la manif.pour
tous… En revanche, unanimité pour la tenue du rôle-titre, charme etc… d’une
inconnue pour moi : Marine VACTH. Le titre, précisément n’est donné qu’après
quelques plans. Une jeune fille, une plage ni déserte ni peuplée, regardée puis
détaillée à la jumelle. Elle se met
« top-less », un recul de la camera fait comprendre que c’est un adolescent et
même un très jeune garçon, non un adulte voyeur qui évalue, celle qui nous est
présenté – de corps – comme exceptionnellement jolie. Je ne le trouve pas : elle
est osseuse de dos, les jambes sont trop écartées et un peu grêles. Sans doute,
ne faut-il pas des cuisses qui s’entrefrottent et produisent une marche
laborieuse partant des hanches, une à une, tâtant la position suivante… Frère et
sœur, le confident de la tragédie antique, un second rôle tenu par un Fantin
RAVAT dont il est révisible qu’il fera une jolie carrière à l’écran. Pas de vie
propre selon le scenario sinon qu’il apprend de sa sœur…et la fait nous
apprendre par lui. Le titre alors, des sous-titres pour des saisons. Les unités
classiques, cela se déroulera d’un été à l’autre. Notre auteur dont l’âge que me
dira ma chère femme à mon retour, m’étonnera, a une réelle culture classique :
très Cahiers du cinéma, très ROHMER-RESNAIS-RIVETTE mais avec une très grande
unité de thème. Quelque chose est traité plutôt que raconté. La bascule dans la
prostitution n’est dite que par bribes, aveux à la police, au psy. ou par des
retours en arrière. Circonstances : la drague d’un « vieux » à la sortie du
lycée (Henri IV) donnant au hasard son nméro de téléphone, puis site de
rencontre avec photo de la proposante. Première et
dernière scène dans la même chambre avec un homme âgé, au moins de visage,
totalement ridé en plaques, mais beau de visage et pas détruit de corps.
Origine, la « première fois » ratée, amour de plage, un jeune allemand ? Je suis
déjà hanté par l’enlèvement possible de notre fille. Voici une nouvelle
inquiétude, la prostitution ou pire ou analogue, sans que nous le sachions, la
possibilité de dissimuler, etc… la réaction me paraît décisive pour l’avenir
quand la première séquence se découvre : la mère, elle-même divorcée et trompant
d’ailleurs son nouveau compagnon, va en avaoir deux successives, la raclée, les
larmes, la tragédie de l’offensée directe, puis la demande de pardon et la
réflexion lente à laquelle la police mise en scène de façon très positive
(heureusement) et crédible, amène cette mère. Le psy. enfin. Finesse des
« petits » rôles : le beau-père et le psy. sont chacun tutélaire et donnent une
bonne idée des structures de rattrapage. Le film me semble dès lors une très
heureuse pédagogie-thérapie pour ce genre d’aventure. Il me semble que si cela
« nous » arrivait, nous devrions, en tout cas je serai des plus compréhensifs,
et que je me consacrerai surtout à la diversion, à faire cesser l’addiction.
Celle-ci est bien dite par l’héroïne. Les scènes nombreuses mais groupées des
« séances » et « administrations » d’amour payé ne sont pas choquantes,
impudiques ou pornographiques : le corps féminin est seul montré, jamais en
totalité, jamais de sexe, jamais debout, le torse, la cambrure des reins, guère
plus, et tout est plus lisse, fruité, sans lignes, seulement le contour des
volumes que dans la première image qui m’avait déçu. La beauté n’arrive alors
que dans ces circonstances, elle est insistante selon une camera qui semble
de plus en
plus la tenue contemporaine dans le cinéma français (cf. les adaptations de
PAGNOL par AUTEUIL) : le visage. Celui de Marine VATCH n’est pas
morphologiquement beau : le nez, comme celui de Fanny interprêtée pour AUTEUIL
ne l’est pas du tout, le menton non plus. Mais il y a la lumière du front et des
très beaux yeux, curieusement de couleur froide mais de regard très intense, pas
perçant, toujours émouvant, presque suppliant, méditatif, intérieur et pourtant
attentif à l’autre. Deux chefs d’œuvre tenant sans doute plus à la direction des
acteurs qu’à chacun d’eux, le visage de l‘héroïne le temps long, laborieux et
sans joie aucune ni prière de sa « première fois » et le voyage à travers la
peur, la désespérance puis la surprise du bonheur qui se donne à vivre sur le
visage de l’adolescent à qui capacité et orgasme sont administrés par la jeune
experte. Vérité des pulsions du corps, vérité d’une sincérité qui n’a pas ses
appuis : schéma que j’ai apprécié des sentiments-sensations-soumissions de
l’adolescence à ce qu’elle vit, presque malgré elle, ne trouvant un champ
d’initiative, lui révélant sa liberté, que par accident. Le final est
splendide : les deux âges de la vie, celui de l’inexpérience et celui de
l’expérience, côte à côte, visages au regard semblable : Marine VACTH et
Charlotte RAMPLING, actrice de ressort pour François OZON, depuis sous le sable
Enigme et défi : le groupe
de jeunes, assis sur les murets en face du cinéma aux tarifs si étudiés, que je
retrouve pour la seconde fois, après Fanny. Toujours si peu de
filles. Refus catégorique d’investir plus du temps d’ailleurs que de l’argent
dans une soirée à regarder un film puis à en discuter soit en salle, soit à
nouveaau sur le muret. Un des bénévoles de l’Iris, professeur de physique au
lycée, lui aussi en face du cinéma… dit qu’il est impossible, sauf à les y
emmener pendant les heures de cours, de les faire venir. Adeptes de l’écran
informatique et du téléchargement. Nous ne philosophons pas là-dessus, il est
tard, je suis encore sous le coup de mes interrogations, et s’il arrivait à
notre fille ce qui est analysé par OZON ? pressé aussi de faire entrer ma chère
femme dans cette interrogation et de l’amener à aller voir ce film. Mais il est
évident qu’un ciné-club par semaine, au tarif étudié, serait passionnant pour
ces jeunes gens qui me paraissent bien élevés, curieux d’esprit, pas
systématiques, accueillants au septuagénaire que je suis selon toute apparence
et à mes chiens, et passionant pour les adultes que nous serions. Une des scènes
du film est précisément la récitation du texte de RIMBAUD sur les dix-sept ans
avec ensuite explication de textes par les élèves qui le veulent bien : visages
et voix des figurants, tout à fait
exacts.
Hier
matin
Une révolution dans les
relations internationales ? peut-être. La Grande-Bretagne ne colle plus aux
Etats-Unis, en tout cas pas dans l’affaire syrienne. Je ne sais pas la
motivation des conservateurs qui ont fait l’appoint pour que l’emporte hier soir
aux Communes l’hostilité des travaillistes à l’intervention déjà préparée et
semble-t-il qui était décidée dans l’esprit du Premier ministre. Du coup, c’est
la France sur laquelle peut compter Washington. La réciproque s’était par
anticipation vérifiiée pour le Mali. La France a toutes raisons d’intervenir, et
serait même prête à le faire, pour des raisons morales primant les raisons ou
les objections géo-stratégiques – on serait alors abasourdi, mais ce me
donnerait raison dans mon espérance depuis plus d’un an qu’au pied du mur,
acculé à l’audace ou à la véritable décision qui ne soit pas la synthèse des contraires ou
l’option d’une prudence tempérant et conditionnant toutes affirmations.
Fondamentalement, ce peut être une réintégration de la France en Syrie. Sarkozy
à l’instigation de Robert Bourgi s’y était essayé, mais en s’appuyant sur
Bachar ! (le défilé du 14-Juillet 2010). Et de là une sécurisation et un
rééquilibrage des différentes composantes libanaises, une prise à revers
d’Israël – au moins politiquement.
soir
L’un des
problèmes des relations internationales depuis au moins le 11-Septembre, ou même
avant mais le 11-Septembre a permis de le masquer, est que les pays qui
traditonnellement avaient une politique extérieure, c’est-à-dire pas seulement
des moyens, mais des perspectiives à long terme, une stratégie, n’en ont plus et
que les pays qui étaient acculés et sur la défensive (Union Soviétique et Chine)
en ont une, et qui – même ! – élude et fait bon marché des anciens adversaires,
putativement battus parce que sans dessein. Cette sorte d’épuisement idéologique
du soviétisme, a gagné « l’Occident » qui n’a plus même les vestiges de
l’Alliance
atlantique faute d’ennemi, qui n’a pas su organiser aux Nations
Unies un substitut pour une force internationale ou multinationale permanente,
et qui bien entendu a manqué son principal objectif interne qui était l’Union
européenne, partenaire privilégié en réciprocité d’intérêts et en analogie de
valeurs des Etats-Unis.
On voit cet
échec dans l’affaire syrienne. Conseil de défense là-aussi et John Kerry chargé
de travestir pour la communication l’hésitation et la perplexité d’un Obama face
à une opinion massivement hostile à l’intervention sous quelque forme que ce
soit mais au prises avec sa propre anthologie : s’il ne fait rien maintenant, il
perd toute crédibilité, et les Etats-Unis avec lui. Donc, il est avéré, sans
attendre le rapport des experts et selon des sources internes, les services
américains, qu’il y a eu gazage et qu’il n’est pas douteux que c’est Bachar. On
ne peut être plus mala droit : ne pas attendre les experts. Il est vrai,
rappelle Kerry, que la mission de ceux-ci est sur le genre de mort des
massacrés, pas sur l’identité des bourreaux. Face à l’opinion intérieure, il est
juré que ce ne sera pas comme l’Afghanistan ni comme en Irak… pas un homme au
sol, et suite au prochain numéro. Les décisions seront prises en temps opportun
et selon les seuls intérêts américains, évidemment pour défendre la morale
internationale. – Coalition ? aucun coup de chapeau à la France. Les commentateurs citent
la Ligue arabe et l’Australie pour participer aux côtés des Américains et de
la France. François
Hollande a l’imprudence de dire que l’intervention aurait lieu
d’ici mercredi prochain, comme pour court-circuiter le débat parlementaire,
prévu le 4… La Turquie assure que depuis Décembre dernier, elle a les preuves de
l’utilisation des gaz, mais elle ne dit pas si elle va intervenir. On en est là
ce soir. Tout va être maladroit. Pour moi, le seul intérêt est de savoir si la
Russie est un « tigre de papier », ou
non…
Ce matin
Nuit
compliquée. Sur la route de Nantes hier matin, un moment de radio avec une
pédo-psychiâtre sur le sommeil de l’enfant : il n’a pas peur du noir avant deux
ans, ne pas faire durer les adieux du soir qui donneraient à penser que la nuit
est un gouffre dangereux, tous les colifichets, astuces et artifices sont bons
genre têtine, pouce, lumière et porte entr’ouverte. Nous connaissons cela. Déjà
avant-hier après-midi, la vue d’une petite vipère si ce n’étaient pas des
chenilles processionnaires avait mis notre fille dans un état d’hystérie qu’elle
avait sans doute prolongé car le nouvel emploi de sa mère – enseigner l’allemand
dans un lycée de la jolie ville (celle de notre salle de cinéma) de Questembert,
et l’économie-gestion en BTS à Redon – l’inquiète beaucoup. Présence ou pas ? et
la priorité n’est-elle pas sa rentrée à elle. Inquiétudes et angoisse du
présent, tandis que je me projetais avant-hier dans celles du futur,
prostitution de l’adolescence, amours ratés, torturants ou décevants, auxquels
nous ne pourrons rien sauf accueillir, écouter, accompagner, ne pas peser. Il va
en être de même pour moi avec ma chère enseignante, expérience que je vais vivre
indirectement et qui me passionne d’avance. Auquel j’ai été rompu depuis mon
adolescence et tant qu’on a voulu de moi, quoique toujours par raccroc. Deux
venues jusqu’à notre lit, suivies du débordement de nos chiens, porte ouverte.
J’ai peur, je n’arrive pas à dormir, ce qui avait été déjà le début de la soirée
dont nos albums de Spirou (collection complète par abonnement)
n’avaient pas eu raison… et je me retrouve devant la pile putative des livres
que je veux écrire… les années passent. Il pleut doucement… chaque réveil-lever
est un exercice d’amour, ré-aimer la vie, en attendre la vie, et si possible
transmettre à qui j’aime ce décisif relais : se réconcilier avec la vie, avec le
jour qu’elle propose maintenant, à nos yeux apparemment ouverts. Mais que
voyons-nous… le dehors… pas le dedans (thèse de Michel HENRY Paroles du Christ).
Le dedans seule réalité totale, ce que répète Jésus à longueur de paraboles,
d’admonestations et de discours.
Frères,
nous vous encourageons à faire encore de nouveaux progrès : ayez à cœur de vivre
calmement, de faire chacun ce que vous avez à faire et de travailler de vos
mains comme nous vous l’avons ordonné (et comme l’apôtre le prêchait
d’exemple) [1].
Précisément, la rétribution de ce travail : elle est particulière à chacun de
nous, proportionnée non pour nous diminuer ou nous grandir, mais pour nous
inciter d’une part à l’ingéniosité (que de leçons d’économie politique et sociale
dans le Nouveau Testament que n’ont pas récusées les marxistes, pas les nôtres,
mais ceux de l’Union Soviétique) : aussitôt celui qui avait reçu cinq
talents s’occupa de les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui
avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu
qu’un creusa la terre et enfouit l’argent de son maître. Et d’autre part à une relation personnelle
avec celui qui nous dote de naissance et continuellement par sa grâce et par les
circonstances et par nos entourages et rencontres : tu as été fidèle pour
peu de choses, je t’en confierai beaucoup… j’ai eu peur… Les deux types de réaction, la présuppositon
que nous avons sur Dieu ? Les conclusions sont dans un premier temps
(« distribution des prix ») réjouissantes : celui qui a recevra encore et il
sera dans l’abondance, maus ensuite :
terribles. Celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il a. Quant à ce
serviter bon à rien, jetez-le dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs
et des grincements de dents ! Combien de
paraboles et de raisonnements de Jésus sur les serviteurs et le service, pour
qu’Il les résume en lavant les pieds de ses disciples.
[1] - 1ère lettre de Paul aux Thessaloniciens IV 9 à
11 ; psaume XCVIII ; évangile selon saint Matthieu XXV 14 à 30