samedi 8 juillet 2017

il se leva et rentra chez lui - textes pour aujourd'hui, pour hier et pour avant-hier


Samedi 8 Juillet 2017

08 heures 16 + La grâce… je ne peux la dire parce que les mots me manquent. Mais combien j’en ai et en avais besoin. Plusieurs jours d’inertie dont je ne pouvais plus sortir, et plus j’étais dedans, moins je ne me sentais de capacité pour en sortir. La déprime ou la dépression, c’est d’abord la sensation abolissant tout autre que tout est devenu impossible. La relecture d’une vie en mode échec, l’angoisse d’un avenir qui n’est plus le mien, qui est la sécurité de qui j’aime, la tristesse évidemment de mon pays trahi par les siens, mais surtout la sensation de fin d’existence par fatigue. Le mot de MJ (Michel JOBERT pour toute suite) à Pierre PLANCHER (tous deux décédés et à qui il manque de grands hommages, parce que ceux-ci sont fondés) : et la lassitude ? vous savez ce que c’est ? Je crois que j’en sors.
Plus de diffusion de ma lectio divina et de mes bilans personnels ou politique depuis trois jours, quoique chaque éveil du matin, je lise les textes du jour : symptômes du creux de ces jours-ci, mais aussi de ces mois-ci dûs sans doute à l’échec de mon livre (je n’en ai pas encore entrepris la promotion, elle ne dépend que de moi et je ne peux la faire que par internet, donc les listes à constituer), l’échec aussi de ma campagne : je n’ai pas été aidé, sauf pour des éléments statistiquement infimes par rapport à l’ensemble à toucher, identifier, puis entretenir. Ces deux ressorts, je veux à nouveau les tendre. Tout en produisant un livre court, maintenant : mon expérience de ma vie, selon ce que j’en ai vécu, espérant par là trouver un véritable éditeur qui me fabrique bien et s’occupe de toute l’existence du livre. Le court manuscrit dont je n’ai écrit que dix pages (chaque « chapitre » à écrire d’affilée, en disposant vraiment de trois-quatre d’affilée « devant moi » au calme, dans mon paysage habituel, qui m’accueille bien plus que je ne l’ai fait ou même vraiment voulu. Puis sans doute une forme de mes mémoires : une vie de rencontres, puisqu’il apparaît que de mon livre, on retient surtout les portraits des notoriétés que j’ai rencontrés. Mais je dirai – en chronologie ou en désordre apparemment, qui est l’association d’idées, et qui est peut-être dans une vie la véritable organisation intime – toutes mes rencontres de toutes sortes, anonymes quand elles ne seront pas notoires, et assorties en annexes de fragments de journal. Selon Hugues, c’est bien le journal de mes affectations diplomatiques, et sans doute aussi celui de mes commencements en observation politique avant mes départs « en poste » qui est le plus intéressant… mais il me faut un véritable éditeur, et j’en accrocherai aucun en commençant par du journal. Oui, à la grâce de Dieu.
Ce qui m’attriste et souvent m’angoisse selon le degré d’irréparable, ce sont les vocations manquées davantage au sens social ou politique (les destins qui avortent et dont la fécondité ne se mesure pas aux aboutissements en « hauteur » mais à la dignité en profondeur) mais aussi celles que l’Eglise à qui elles se sont confiées fait péricliter ou rend malheureuses, ce sont les institutions incomprises (les nôtres) ou laissées en déshérence (les européennes et probablement, quoique ce soit moins grave, les atlantiques), c’est cette addiction au changement par abandon ou réforme de ce qui « marche » tandis que ce qu’il faudrait amender ou réparer, reste constamment éludé.

 12 heures 30 + Je résume donc ce que j’ai réfléchi ou parcouru mentalement ces trois jours. Une zone de conflit que nous connaissons mal entre Européens : la Chine, le Japon et l’Inde en querelles de frontières maritimes ou terrestres. Une zone névralgique pour laquelle obnubilés que nous sommes par les migrations trans-méditerranéennes, nous n’avons matériellement et psychologiquement rien préparé en réponse ou en initiative face à la Russie : les pays baltes, Moscou ayant à sa main déjà sa frontière vers la mer Noire, depuis que des élections en Ukraine ont tourné aux imprudences nationalistes et aux promesses inconséquentes de l’Union européenne, car les agressions et les dictatures sont des conséquences de nos fautes antérieures. Les années 20 et 30 du XXème auraient dû nous l’apprendre et nous rester en mémoire. – A quoi s’ajoute le mystère de la relation  psychopathique TRUMP-POUTINE (la froideur du second cachant la psychopathie de revanche et de frustration dont nous croyons qu’elle correspond intégralement à l’état d’esprit ou à la mentalité russes) : incidents en G20 que je n’ai pas suivis mais vais approfondir. Danger latent que la séquence d’articles publiés par Le Monde devrait aider à comprendre : la crise des subprimes. Il n’y a pas eu de diagnostic, il n’y a pas eu de réforme fondamentale des mécanismes de la spéculation et du détournement des épargnes et des placements vers la spéculation au lieu de l’industrie, du développement, des transports pondéreux et du développement à nos frontières.
Je n’ai pas encore lu vraiment les deux déclarations présidentielle et gouvernementale. Je vais le faire ligne à ligne, en tirerai une lettre circonstanciée pour chacun des deux exposants. Et en tirerai aussi une circulaire aux nouveaux députés, je lui donnerai de la périodicité, ainsi qu’aux mairies que j’ai en adresses internet (quelques 12.000 mais il faut que je puise trouver de l’aide pour des listes nominatives dont j’ai découvert que département par département elles sont possibles à mobiliser…). Ce que j’en lis en titres ou commentaires me déplait profondément. – D’abord l’ambition du premier commencement et par le bouleversement avec un diagnostic de mépris pour le passé, pour tous prédécesseurs, à lire EM : tendance s’étant accentuée de mois en mois depuis le début de sa tentative et maintenant de son plein succès hic et nun… avec un diagnostic de supériorité, à lire EP : débloquer la société et appelant en caution JC (Jacques CHABAN-DELMAS pour toute suite) et MR (Michel ROCARD). Ni l’un ni l’autre n’ayant de mémoire personnelle ou historique. Les têtes de chapitres du programme gouvernemental sont exactement le programme de FF (François FILLON) et ont comme véritable antécédent JUPPE… Les coupes sombres pendant les cinq ans à venir en dépenses publiques sont soit une défausse sur les collectivités locales, soit une véritable diminution de la puissance publique, soit la mort de pans entiers de notre société : les associations, l’entr’aide, la santé, etc… L’ensemble de ces chiffres et projections me paraît d’origine bruxelloise et en fait le développement depuis cinq ans de l’engagement aussitôt confirmé par FH à MERKEL le soir-même de sa propre prise de fonctions présidentielles. A vérifier : EM l’accompagnait-il à cette première course à Berlin. EM a-t-il été l’inspirateur de toute la geste économique de FH ?
Ce que je retiens d’EM, ce sont des révisions constitutionnelles ou assimilées qui vont encore augmenter le fixisme de notre vie politique : la dose de proportionnelle est iniquement de l’optique. Il la faut intégrale, il est insupportable aujourd’hui que selon les textes et les habitudes (et l’emprise des partis pour les investitures, celle de la République en marche est totale avec semble-t-il une signature de chaque élu s’engageant à l’avance à soutenir le gouvernement) on ne comprenne qu’il est devenu vital que l’électorat de MLP (Marine LE PEN) ou JLM (Jean-Luc-MELENCHON aient si peu de sièges.  Aberrant de limiter le nombre consécutifs de mandat électif : autant le cumul de mandats est à prohiber, autant il faut laisser le peuple seul juge de renouveler ou pas sa confiance en l’élu se représentant, et cela autant de fois que celui-ci et ses électeurs le souhaiteront ensemble. En revanche, il faut revenir sur la possibilité ouverte en 2008 qu’un ministre quittant le gouvernement (quelles que soient les raisons de ce départ) « retrouve » « son » siège automatiquement. Non, il repasse devant les électeurs, ou il attend les élections générales suivantes. Il faut fusionner et trouver des compétences et des modes de nomination et d’élection pour la seconde chambre : Sénat + Conseil économique et social, etc.. Il est impensable de supprimer une juridiction politique, comme la Cour de justice de la République, Il faut au contraire renforcer ce genre de juridiction pour que les comptes-rendus de mandats, notamment celui du président de la République, soient vraiment évalués par des juges, des experts et des parlementaires. Je regarderai textes et usages. Enfin, s’il est vrai qu’aux débuts de la Cinquième République, les députés étaient environ 490, il ne faut pas diminuer le nombre actuel (577). La proximité de l’élu avec ses mandants est capitale. – Je lirai donc ces deux textes pour en connaître d’abord et fondamentalement l’esprit, le ressort. Puis pour retenir les projets, et en ce sens monter la liste des oublis et lacunes. Ces cinq ans devraient être principalement européens. Ce n’est toujours pas visible. Ils devraient être aussi la reprise d’une foi démocratique dans l’outil du bien commun : l’Etat. Le bien commun n’a jamais été servi automatiquement par des lois économiques non écrites ou phrasées pour le grand public : moins il y a d’Etat, plus les entreprises sont efficaces, moins il y a de freins au licenciement, plus il y a d’embauche, plus c’est mondial plus le génie français s’épanouira et l’emportera... Il manque manifestement de la réflexion sur presque tout : la continuité de substantiel et de l’essentiel en politique nonobstant le principe électif pour le président et les assemblées, l’éthique pour l’ensemble du démographique, la protection de nos patrimoines, chances et dangers du numérique ainsi que de toutes les novations technologiques, en communications, et en archivages… cela suppose de la lanteur, cela suppose la participation du plus grand nombre et au moins des intéressés. Cela suppose des définitions : valeurs, République, transmission, entreprise. Cela suppose une ambition européenne qui est tout simplement une mise en commun : solidarité, offensive, défensive de peuples identifiés, organisés ou à organiser qui ont manifestement une histoire commune, de la gloire passé et de la responsabilité aujourd’hui ensemble. Des gouvernants pas hâtifs, pas égotistes, pas sommaires, pas occultes… Dans la passe actuelle, faisant table rase ou presque des puissances établies depuis la fin des années 1970 et donnant tous pouvoirs législatif aux nouveaux venus, gît notre vraie chance de renouvellement, qui n’est pas ce qui s’est mis en place et devraient jouer sans mesure que concédée pendant quelque temps. Cette chance, c’est une réflexion aussi bien des citoyens un par un que par les appareils défaits sur ce qu’est une famille politique, sur ce que sont des options profondes, déterminantes, et seulement ensuite la mise au point d’une ou plusieurs manières d’accéder au pouvoir, et aussi de faire fonctionner la démocratie politique nationale, à la base : les démocraties en collectivités locales ne suffisent pas. Il faut que le pouvoir d’Etat soit pensé, vécu, contrôlé localement et par les personnes. Nous avons mis un siècle à passer de l’Ancien Régime à la République, et d’un suffrage restreint au suffrage universel en ajoutant à cette liberté-là plus de soixante-dix ans pour que les femmes en jouissent autant que les hommes. Nos inventions nécessaires ne seront pas le fruit d’un seul débat parlementaire et d’une révision consttutionnelle.

 14 heures 25 + Prier… je reprends les textes proposés par l’Eglise en commençant par aujourd’hui, puis hier et enfin avant-hier.

Aujourd’hui, samedi : l’usurpation du droit d’ainesse d’Esaü et la trahison de la volonté explicite d’Isaac de donner à celui-ci bénédiction et succession, la baraka…usurpation organisée par Rébecca, l’épouse providentiellement recrutée par le serviteur de la confiance d’Abraham  [1]. Le doute d’Isaac est pathétique : mon père ! – Me voici. Qui es-tu, mon fils ? – Je suis Esaü, ton premier-né … Comme tu as trouvé vite, mon fils ! … Approche donc, mon fils, que je te palpe, pur savoir es bien mon fils Esaü ! … La voix est la voix de Jacob, mais les mains sont les mains d’Esaü … C’est bien toi mon fils Esaü ? …Approche-toi et embrasse-moi, mon fils… La tromperie a été minutieusement organisée, voulue : la mère. Le cadet n’est que consentant à sa mère, il n’est pas l’instigateur. Le plat préféré d’Isaac, la pilosité, l’odeur des vêtements… Et la bénédiction… fertilité, opulence, pouvoir sur autrui… que des peuples te servent, que des nations se prosternent devant toi. Sois un chef pour tes frères, que les fils de ta mère se prosternent devant toi. Maudit soit celui qui te maudira, béni soit celui qui te bénira !  L’entrée en matière avait été aussi intense. Isaac… n’y voyait plus… Tu vois :je suis devenu vieux, mais je ne sais pas le jour de ma mort. La leçon est forte, et subtile. Forte, la généalogie du Christ, les successions et transmissions se font dans le péché et la forfaiture : l’adultère de David, l’impiété de Salomon. Subtile, quel est le sens du péché, qui en est responsable ? dessein de Dieu et peut-être même la felix culpa paulinienne. En tout cas et explicitement, bien davantage que dans la geste de David et de Salomon, l’importance de la transmission autant pour celui qui donne que pour celui qui reçoit. L’évangile ajoute : l’adéquation de ce qui se transmet et de la manière de recevoir : on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le tout se conserve… personne ne pose une pièce d’étoffe sur un vieux vêtement, car le morceau ajouté tire sur le vêtement, et la déchirure s’agrandit. Et on ne met pas de vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement, les outres éclatent, le vin se répand, et les outres sont perdues. Selon la question initialement posée à Jésus, cette application est la clé de nos comportements. Notre foi, à chaque instant est neuve, elle ne se soutient et ne nous soutient que par grâce divine. Nous comporter sans respirer ni nous mouvoir  selon toutes les dimensions que nous donne la foi que nous recevons, c’est donner et répandre un contre-témoignage, et nous-mêmes nous priver de cette foi car nous nous la faisons retirer. La déchirure s’agrandit… les outres sont perdues.

Hier, vendredi : arrivée de Rébecca, selon la volonté d’Abraham et de Dieu, celle ensuite qui trompera son mari Isaac pour favoriser Jacob, selon d’ailleurs le psaume d’aujourd’hui, c’est Jacob que le Seigneur a choisi…  Les disciples, du vivant terrestre de leur Maître, dispensés de jeûne (texte de maintenant) et les pécheurs (texte d’hier) privilégiés. Mais ce sont des pécheurs au sens sociologique et rituel des contemporains du Christ. Matthieu appelé, c’est l’invasion… voici que beaucoup de publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) et beaucoup de pécheurs vinrent prendre place avec lui  (Jésus) et ses disciples…. Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades… je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs [2]. Abraham et la géographie spirituelle, Mambré, Hébron : l’apparition trinitaire, la sépulture de Sara. Eléments scripturaires pour nuancer l’exclusivité de la Terre promise aux seuls Israëlites : je ne suis qu’un immigré, un hôte, parmi vous ; accordez-moi d’acquérir chez vous une propriété funéraire où je pourrai enterrer cette morte. Victimes et mémoires de la Shoah et des Justes. Le testament d’Abraham : la désignation du Seigneur, le Dieu du ciel,  lui qui m’a pris de la maison de mon père et du pays de ma parenté… Dieu se désigne par nous et selon Ses faits, Ses prodiges, en fait selon ce qu’Il fait de nous, selon Son soin de nous. L’irrévocable, le seul, c’est l’établissement, dans le pays de Canaan. La rencontre des deux promis, qui ne se connaissent pas, est mutuelle : quel est cet homme qui vient dans la campagne à notre rencontre ? Ajout psychologique ainsi que nos Ecritures en ont la science infuse puisque d’inspiration de notre Créateur : il l’épousa, elle devint sa femme, et il l’aima. Et Isaac se consola de la mort de sa mère. Le mariage de raison devient d’amour.

Avant-hier, jeudi [3] : l’épreuve horrible, l’infanticide, alors même que la promesse était bien plus que d’un pays, d’un territoire pour le Père des croyants, elle était d’une innombrable descendance… tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique… Dieu saura bien trouver l’agneau pour l’holocauste, mon fils. Obéissance : il lia son fils Isaac et le mit sur l’autel, par-dessus le bois. Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. Foi… alliance donc et plus que gloire ou puissance, déjà le salut universel par un tel homme, d’une telle fidélité, d’une telle obéissance, d’une telle foi, mais ce sont les divers aspects d’un même mouvement, d’une même et exceptionnelle personnalité.…  j’aime le Seigneur : il entend le cri de ma prière ; il incline vers moi son oreille. J’étais pris dans les filets de la mort, retenu dans les liens de l’abîme, j’éprouvais la tristesse et l’angoisse… il a sauvé mon âme de la mort… je marcherai en présence du Seigneur, sur la terre des vivants. Confirmation, la guérison du paralytique, déclinatoire de l’identité du Christ : le Fils de l’homme a le pouvoir, sur la terre, de pardonner les péchés. Conclusion de tout le cycle de ces trois jours : le péché sans doute, qui n’empêche pas d’approcher Dieu ni même de partager avec Lui son repas et ses fêtes de mortel, mais le péché vaincu pour tout le genre humain, et vaincu pour chacun d’entre nous, un par un. Lève-toi, prends ta civière et rentre dans ta maison… Il se leva et rentra dans sa maison.


[1] - Genèse XXVII 1 à 29 ; psaume CXXXV ; évangile selon saint Matthieu IX 14 à 17
[2] - Genèse XXIII 1 à 27 passim ; psaume CVI ; évangile selon saint Matthieu IX 9 à 13
[3] - Genèse XXII 1 à 19 ; psaume CXVI ; évangile selon saint Matthieu IX 1 à 8

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