mercredi 3 mai 2017

Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. – Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! - textes du jour

Mercredi 3 Mai 2017

Hier soir

 17 heures 39 + Par honnêteté intellectuelle, je lis donc Révolution . Emmanuel Macron . sous-titre C’est notre combat pour la France . éditeur XO éditions (à vérifier, il me semble que ce fut celui de NS en 2007). 4ème de couverture, la photo. pas récente, de l’impétrant, aucun texte ni légende. Novembre 2016 . 268 pages. A l’époque de sortie, EM n’est pas assuré que FH ne se représentera pas, et il est encore moins assuré d’être au second tour : FF gagne la primaire et ne sera en difficulté qu’à la fin de Janvier. EM écrit, le Rubicon traversé, les médias intéressés et probablement très efficacement travaillés et une militance esxiste déjà, à l’état brut, sans encore de réactions de la « classe politique ».
Je n’ai ces deux ans acheté aucun livre politique, du moins à leur sortie. Des titres anciens à 1 ou 2 €, ou au centimètre chez Emmaüs. Je crois que les deux, vraiment fondés, sont ceux de Anne SINCLAIR et de Michèle COTTA. Le recueil des conversations suicidaires de FH, j’en guette l’apparition chez Emmaüs. C’est un document, même s’il n’est pas « intéressant ». Pour le livre d’EM, qui a toutes les chances d’être « notre » élu pour le prochain quinquennat, ma question est d’abord de savoir s’il est informatif sur la personne et sur ses intentions. La seconde est de comprendre comment il prend les sujets, ce qui en 260 pages, se perçoit forcément même si c’est pauvre et banal. Quant aux vraies questions posées par l’arrivée de cet aérolithe en une seule année de notre vie nationale, il y a des réponses d’évidence : l’anémie de cette vie, l’atrophie des institutions fondées et les léguées par DG, la responsabilité personnelle de FH dans le dévoiement de l’élection de 2007, mais peut-être EM implicitement ou explicitement en apporte-t-il d’autres. Ma lecture se fait in extrêmis : débat d’entre les deux tours demain soir. Pour la première fois, le FN est admis au débat, JC avait refusé ce face-à-face avec Jean-Marie LE PEN où il avait – effectivement – tout à perdre. Dans un contexte mélangeant curieusement la certitude des sondages 60/40 pour EM et l’inquiétude générale sur le résultat (et non sur notre situation économique et sociale, ou sur le fiasco de notre démocratie puisque l’offre de candidats n’est pas celle que, me semble-t-il, souhaitent les Français.
J’ouvre le livre avec en sus deux préconçus tout récents : 1° le chapitre européen, le XV, m’a paru en le parcourant dès samedi, plat et sans proposition propre à faire réagir tout le Vieux Continent : la « bombe » que fut la déclaration SCHUMAN, il y a 67 ans, et 2° le programme du candidat (appelé par www.en-marche.fr et donné https://storage.googleapis.com/en-marche-fr/COMMUNICATION/Programme-Emmanuel-Macron.pdf. C’est le « grand luxe ».

18 heures 20 + Je vais lire les chapitres un par un, ne prenant de notes pour la mémoire ou la critique qu’ayant lu le chapitre considéré. Il y en a 16, de dix à 20 pages chacun…

18 heures 53 + Donc les pages d’introduction et le chapitre I – Ce que je suis (pages 7 à 32). C’est limpide, aisé à lire, cela n’intéresserait pas s’il ne s’agissait d’un homme public de premier plan. C’est sans conflit, simple. Quarante ans ou presque d’une vie : deux personnages, féminins d’ailleurs, sa grand-mère, professeur de… ce n’est pas dit, mais diplômée à trente ans, et Brigitte, professeure de latin-grec, avec qui il écrit une pièce de théâtre. Deux pages d’une intimité avec Paul RICOEUR [1], deux pages sur la banque [2], et deux pages sur sa relation avec FH [3]. Chacune est juste, vérifiable, paisible. De Bagnères-de-Bigorre à Amiens puis au Pas-de-Calais. Quelques auteurs, quelques noms, dont celui de  … rien n’est vraiment détaillé, les portraits de l’autre ne sont pas faits, sauf peut-être celui de Brigitte, mais les apports, reçu d’autrui sont reconnus. C’est l’histoire tranquille d’un homme heureux qui répète le choix ou la grâce de la liberté. On n’est pas dans la grandiloquence et la lecture faite, on ressent une éducation sans exceptionnalité, polie à tous les sens du terme. Or, le destin est exceptionnel. Je retiens quelques mots ou phrases. L’introduction est plate, mais insistante : à cette grande transformation, nous ne pouvons répondre avec les mêmes hommes, les mêmes idées… des solutions différentes qui supposent une révolution démocratique profonde (pp. 8 et 9). L’application est banale : je n’ai pas d’autre désir que d’être utile à mon pays… Je mesure l’exigence de la charge. Je sais la gravité de notre époque. Mais rien n’explique cette vocation, cette… il n’écrit pas : passion, de servir la France. C’est pourtant cela : c’est à mon pays seul que va mon allégeance, non à un parti, à une fonction ou à un homme. Je n’ai accepté les fonctions que j’ai eues que parce qu’elles me permettaient de servir mon pays. Tout s’est donc passé comme s’il avait constamment dirigé lui-même son parcours et sa formation. – Il raconte factuellement, mais n’explique pas : pourquoi la banque Rothschild le prend et choisit-il cette cible, pour est-il choisi pour participer à la « commission Attali » et en être l’un des rapporteurs principaux, comment rencontre-t-il FH et pourquoi celui-ci le privilégie-t-il à ce point ? Qu’est-ce qui attire en lui ? alors qu’il ne m’a jusqu’à présent en rien attiré. Quelque chose de lui, donc m’échappe. Même son amour et le couple avec Brigitte, il le raconte très bien, il dit la relation actuelle et l’admiration, mais il n’explique ni qu’il en soit tombé amoureux, si jeune etc…ni ce qu’elle ressent pour lui. Ce n’est pas, je crois, par pudeur qu’il ne le dit pas. Il y a, je crois, une dimension qu’il n’a pas : je ne peux la définir. Il ne se portraiture jamais. Il raconte, n’explique presque jamais.

20 heures 07 + Quotidien et des moments de « nouvelles » sur d’autres chaînes. COHN-BENDIT dessert plutôt EM : ce dernier, sur l’Europe, s’est rallié, mais sur quoi pour l’Europe. Le champion serait-il de taille face aux difficultés énormes et aux chocs avec les personnes, avec la rue : DCB ne répond pas par l’affirmative. Paradoxe : comment fonder tant un vote sur la crainte que MLP arrive au pouvoir alors que par ailleurs on ressasse le sondage 59/41 %. Confirmation en 2002, la publication des sondages était interdite. – Je reprends ma lecture. Extrait avec BOURDIN ce matin : le personnage est coupant, le contraire de son livre, et se prêtant constamment à la synthèse.

20 heures 41 + Avant d’entrer dans le chapitre II, je reviens au I. Le rapport à soi, se connaître comme une évidence (p. 21), après avoir admis (p. 11) l’inconnu de soi : Ce sont des structures psychologiques que je ne connaissais pas, une sorte de dédoublement étrange. Quant à la relation avec sa femme, par remariage de celle-ci avec lui, il l’avait mieux dite à BOURDIN, le 17 Avril.
Sidérant, le court chapitre II : ce que je crois. C’est tout simplement la sociologie politique française selon lui et ramenée seulement à l’exercice de la profession politique, mais avec un aveu décisif : il n’a pas été admis-reçu. Sans doute, le plus « révélateur » du livre, sauf suite de ma lecture : j’ai décidé de ne payer aucun tribut à un système politique qui ne m’a jamais véritablement reconnu pour l’un des siens. Si j’ai décidé de défier les règles de la vie politique, c’est que je ne les ai jamais acceptées (p. 33) . Il se défend de ce qu’il est cependant en train de proposer et faire vivre aux Français : notre pays est rongé par le doute, le chômage, les divisions matérielles mais aussi morales. Au-dessus de ce champ désolé passent en rafales les mouvements d’une opinion désorientée et les déclarations intéressées des politiques qui en vivent. Il m’est impissible de m’y résigner. Est-ce à dire, pourtant qu’il faille attendre le salut d’un homme, ou même d’une politique, ou même d’une élection, fut-elle présidentielle ? Je ne le crois pas. Je ne le crois pas parce que je suis un démocrate français (p. 36). Mentions de PMF et de DG (p. 37), et classification de lui-même sur l’échiquier (pp. 38-39) exactement à la manière de FH. Court verdict pour une condamnation : rien n’a été compris ni changé depuis le 21 Avril 2002 (p. 41). C’est vif et pas mal écrit, mais c’est à la fois une déclaration d’orgueil intense et l’expression d’une haine pour les « politiques », alors même que ceux-ci – sans l’avoir lu, sinon… – se ruent à lui à mesure des sondages et qu’ont disparu les rechanges.

20 heures 48 + J’entre donc dans le chapitre III – ce que nous sommes (pp. 43 à 52). Rédaction et pétition très classiques : entrer dans ce nouveau siècle exige de savoir réconcilier ce que nous sommes profondément et ce que nous devons devenir (p. 4). Le lien que j’ai construit avec la langue française. Le cœur de ce qui nous unit est bien là. Sans doute, mais le discours qui a séduit à l’automne les Allemands et chez eux, est en anglais, et en très mauvais anglais (à mon sens, il n’a pas d’oreille quoiqu’il ait « fait » du piano, mais l’oreille pour les langues et l’oreille pour musique, sont-elles la même ? je ne sais pas). Oui : j’ai connu des étrangers qui ne vivaient pas en France et qui étaient devenus, par amour, des Français (p. 44) La défense de l’Etat en soi, la République que nous aimons, celle que nous devons servir, c’est celle de notre libération collective. (p. 49). Cette louange de la France qui rayonne est juste, mais simpliste. Ces chapitres II et III sentent la dissertation, sans vrais sentiments ni originalité. Le sujet devrait faire vibrer. Je ne vibre pas. Je suis d’accord, mais ne m’approche pas de l’auteur, futur président de notre République.

21 heures 01 + Le chapitre IV – la grande transformation (pp. 53 à 64). L’explication, je crois, est tout simplement son âge. La séquence de ses souvenirs qui pourrait donner chair à la dissertation précédente est trop bréve. Il n’a pas vécu notre Histoire sur assez de décennies pour savoir les pulsations de la grandeur, de l’unisson, puis du doute et de la diminution relative. Depuis que je suis en âge d’écouter les discours politiques, j’entends que notre pays est en crise. C’est le symptôme de ce malheur français. Il ne se rend pas compte qu’il est court : ainsi. Il a une culture générale de notre Histoire, mais sommaire, et donc il ne peut choisir dans cette Histoire. Mais son affirmation fait l’incompréhension : la civilisation dans laquelle nous entrons est celle d’une société dont les contours ne sont plus un seul pays mais le monde. (toujours p. 53). S’il dit et pense : homme, humanité, au lieu de penser monde, son regard et sa prise sur les esprits changeraient, deviendraient efficaces. Le numérique et l’interdisciplinaire ne me paraissent pas un changement de nature, mais des outils et des manières de plus. Bouleversement démographique, une civilisation du risque… le catalogue est honnête, mais… j’avais commencé par m’asseoir ailleurs que devant mon clavier et voulais lire pour être enveloppé et mené par un compagnon que j’aurai accepté. Je ne ressens pas une personnalité, un regard personnel sur les dialectiques et les évolutions dont nous sommes apparemment les sujets. Risque terroriste, guerre religieuse  leçon courte et habituelle : face à ces risques, c’est une fermeté intransigeante et une autorité vraie qui s’imposent en acceptant qu’elles ne régleront jamais tout, tout de suite. Si plat avec une telle grand-mère dans sa vie, après avoir conversé avec RICOEUR, et s’être imprégné en les classant des papiers et des référence des celui-ci, et ayant la compagne puis la femme qu’il dit ! Je pensais être amené à réfléchir, à comprendre autrement, même et surtout je souhaitais être dépaysé, puisque selon le candidat nous allons pouvoir changer d’ère. Jusqu’à présent, ce n’est pas le cas. Les formules sont «toutes faites ». Refuser les changements du monde en nous contentant de rafistoler un modèle créé pour avant-hier, ce n’est pas la France… Les Français le savent bien et ils sont prêts à réinventer notre pays : fin du chapitre. Ainsi qu’il aurait subi son son propre parcours, y compris ses révoltes et ses dissidences, il ne conçoit ni ne propose que nous changions les paramètres, le monde, lui qui veut tant l’action…

 21 heures 27 + Le chapitre V – la France que nous nous voulons (pp. 65 à 74) : une rupture délibérée avec l’espèce de fatigue accumulée depuis trop longtemps (p. 65) La redite principale, c’est bien l’attaque des politiques : depuis des décennies, la classe politique n’a rien su inventer d’autre, pour répondre aux blocages, aux inégalités, aux injustices, qu’un surcroît de dépense publique…La dette contractée sur le dos de nos enfants : expression et constat de déjà vingt ans. Depuis trente ans, la gauche comme la droite. Et en même temps, l’autre redite : une campagne d’une nature différente, du moins l’écrit-il à l’automne. Je ne crois pas au fait d’égrener des propositions dans le cadre d’une campagne. Le moment que nous vivons est bien celui d’une refondation profonde (p. 69) nous devons passer d’une France qui subit à une France qui choisit… d’une économie de rattrapage à une économie de l’innovation. (pp. 70-71). Chapitre pour rien, sinon une conclusion à prendre à la lettre : ce travail prendra dix ans … deux quinquennats….

21 heures 43 + Le chapitre VI – investir dans notre avenir (pp. 75 à 91)… car la France ne s’est jamais pensée autrement que comme un pays qui crée, invente, innove, prenant toute  sa part dans la construction du progrès humain. Relance/rigueur… les racines du chômage de masse. Souvent, employé le mot rêve : le rêve productif. Priorités de l’investissement,  le « capital humain »…  la transition écologique… la fibre numérique.
Enfin, le plan… c’est un investissement planifié sur cinq ans (p. 82) mais la thèse n’est pas développée, il ne s’agit que de l’échelonnement de la diminution des dépenses publiques et rien n’est évoqué ni de notre grand précédent de la Libération à la fin malheureusement si émolliente des années 1990, ni des procédures de concertation et de mises en commun de tous les projets, ressources et financements, acteurs privés et acteurs publics et l’on passe à des politiques.

22 heures + Je m’arrête et continue au lit, plume en main avant de m’endormir – Mise au net plus tard
L’Europe à la carte, vieille proposition de compromis dès les années 1970 [4]


Ce matin

06 heures 04 + Le chant des oiseaux, la nuit à peine tourne à un gris sans relief. Je me suis éveillé à 05 heures 39, après avoir éteint à 23 heures, continuant de lire et de noter au lit, le livre de EM. A mon éveil, je suis saisi par l’évidente synthèse se dégageant de ce que j’ai déjà lu. Il n’y a rien ni personne dans ce livre. GIDE, les nourritures terrestres… Car vois-tu, Nathanaël, dans ce livre il n’y a personne… et cela a pourtant une des plus grandes influences littéraires et morales de la première moitié du XXème siècle français. Pas une aspérité dans Révolution, dont le titre est un recel et ne correspond à rien dans le texte. J’ai donc couvert dans les seize chapitres [5], dont les redondances-mêmes sont significatives (et dont je me permets de rapprocher l’énoncé avec le sommaire de mon propre livre [6]) les quatre premiers, commentés directement à ce clavier, puis les VI, VII au lit, en sautant ensuite au XII (vouloir la France) évoquant Daech et l’Islam chez nous, et enfin de nouveau le XV déjà parcouru, refonder l’Europe
Reprenant mon travail, au chapitre XI – réconcilier les France, je suis à sa conclusion (p. 167) [7]. L’observation est juste mais il n’y a pas la conclusion, la consultation, le referendum local, aucune critique et pas d’historique de la décision, prise d’ailleurs sans lui puisqu’il n’y eut aucune collégialité : la « réforme régionale », le « re-découpage » des circonscriptions. C’est l’observation des négociateurs FLN lors de la première négociation, celle de 1961 à Melun, je crois, la partie française dirigée par Louis JOXE : un exposé d’agrégation sans conclusion. C’est cela. Est-ce que cela fait présager une conduite molle et non décisionnelle en tout ? c’est sans doute un esprit libre, ayant bien la vue des sujets mais sans aucune arrête ni dialectique. La table des matières mais sans contenu. Il répond au sens qu’il ne traite pas au fond, mais qu’il a vu, il est passé comme lors des étapes de son tour de France, avec une mention répétée pour la Bretagne. Il « sent » à peu près tout, mais ne prend rien au corps. L’Europe et la démocratie, il propose des conventions démocratique dans chacun des Etats-membres, il a la sensation du sujet : pour les pays qui organiseront un referendum, une campagne coordonnée doit être organisée, pour créer un débat démocratique à l’échelle européenne (p. 240) [8]. S’y prendre ainsi, c’est aller à une succession d’échecs et de refus, au lieu que ma proposition : les chefs d’Etat ou de gouvernement décident l’élection directe du président de l’Union par tous les Européens et dans les deux-trois mois suivant leur décision, tandis que le Parlement réécrit le traité de base. Tout le reste s’ensuit parce qu’une campagne à l’échelle européenne, sans distinction des territoires, créera une dynamique énorme. De la même manière, il évoque la représentation proportionnelle, sans préciser dans quelles instances, et pas pour l’intégralité de celles-ci. Il renvoie généralement dos à dos les thèses adverses et habituelles : le tout-Etat et le tout-marché et se définit à la manière de FH, selon les acceptions que l’on donne aux termes de gauche, de droite, de libéral et de conservateur. Il est lisse, sans saveur, sans dominante qu’une juste perception que plus rien ne va en politique, que les trente dernières années n’ont pas été lucides, mais sa conclusion, pas vraiment dite, ni structurée, ni affirmée, est qu’il faut s’adapter au monde actuel et qu’il ne doit pas venir à l’esprit de travailler à le changer. Le drame du Bataclan est évoqué mais pour une occasion de changement économique et social, et l’événement majeur que fut la réponse nationale le 11 Janvier 2015 au massacre de la rédaction de Charlie-Hebdo. puis de l’épicerie de Vincennes, n’est pas compris en dimension historique, éminemment politique : l’union nationale possible et transcendant soudainement toutes nos déficiences et interrogations en tous domaines de doctrine, d’institutions, de comportements publics et privés. L’assassinat du saint prêtre de lui fait noter la réaction apaisée et forte des évêques de France, mais il ne cite pas, parce qu’il ne l’a pas lu (sauf preuve du contraire que le livre ne donne pas), le meilleur texte écrit sur nous en politique : dans un monde qui change, retrouver le sens du politique. Tel qu’il se présente, Emmanuel MACRON est tout à fait le jeune homme à marier (mais c’est déjà fait), le bon en tout et ne déplaisant en rien reçu à l’E.N.A. et y faisant une excellente scolarité, ayant probablement du caractère, mais ayant l’habileté de ne pas le montrer. Nous pouvons avoir d’excellentes surprises, mais aucun élément de celles-ci n’est présagé dans le livre. Naturellement, je termine lecture et commentaire, aujourd’hui, et après le débat de ce soir. Disponible sincèrement à ce que produiront les pages que je n’ai pas encore lues, et les échanges de ce soir. Mais, dans l’état actuel de mon information directe par ce ivre, nous allons donc élire le vide, ce qui est d’ailleurs le juste aboutissement d’un quinquennat vide. La Cinquième République, régime structurant s’il en est, s’achève – meurt – donc dans une astructuration totale.

07 heures 49 + Recopiant le sommaire de EM, je dois reconnaitre que l’apparence est d’une couverture exhaustive et apaisée des sujets, et même qu’il y a une apparence aussi de parenté avec ma propre manière d’examiner et de dire. Mais il manque tout simplement les racines de notre histoire contemporaine qui n’est pas donnée par la sociologie politique sommaire ni par la géographie de traversées de la France. Il manque le nerf de ce que doit faire le politique, de ce que peut faire l’Etat et il manque surtout l’imagination de ce qui peut faire la mise en commun, la conjugaison des efforts. Un constat agréable, n’inspirant pas le tragique. Donc, au soir du 7 Mai – dans un contexte qui sera fortement revendicatif chez nous et fracturé, dans une Europe à laquelle le radical est refusé et face à des systèmes mentaux très résolus : POUTINE, les convertis au Daech, ou d’une imprévisibilité et d’un désordre tels qu’ils sont agressifs, la politique américaine et les traités transatlantiques qu’EM ne traite pas au fond – nous serons devant la page blanche qu’évoquait VGE en Mai 1974. Mais l’Etat et les partis fonctionnaient, l’opposition était unie et structurée, il n’y avait qu’un quinquennat que DG était parti et le nouveau président – malgré son âge pour l’époque d’alors – avait une expérience de dix-huit ans de la vie politique dont douze ans de gouvernement à l’un des postes les plus actifs et importants. Tout peut donc arriver, même le bien. Mais ou bien ce sera le fruit de hasards très bienveillants (la carrière d’EM en est faite, et son talent a été de s’en saisir chaque fois sans cependant s’y confondre ou s’en laisser absorbé) ou il y a un secret, que je ne discerne pas et qui n’est certainement ni de l’ordre du complot ni de l’ordre d’une équipe occulte.
Les poubelles, le ciel, le gravier, un colimaçon chemine, je lui ai évité le reste de la traversée qu’il avait déjà faite à moitié de notre petite chaussée de campagne… marcher tous les jours à cette heure… continuer d’écrire en politique ? in petto certes ou pour quelques amis et relations, sans doute, mais sans médias ni notoriété, sans support qu’une fabrication matérielle de livres non promus, ce sera sans effet. La correspondance vers le nouveau prince, pas davantage même si, par nature et selon mon travers, je le ferai. Exister ? par l’écriture ? très peu de chances de faire quelque chose de bien et d’être remarqué par un véritable éditeur. Je vais le tenter, mais sans attendre d’autre récompense que… selon la prière scoute. L’idée que j’ai eue d’un roman inspiré par Ousmane, puis la Mauritanie, puis « mon moine » de Solesmes et enfin la lumineuse et simple figure de Moktar Ould DADDAH, n’est pas immédiatement adéquate. Ecrire au contraire une certaine totalisation de ma vie, sans que ce soient des mémoires, mais qui disent mon expérience et mon ressenti au moment où tout s’achève pour le moment terrestre, donc revenir paisiblement à maintenant que j’en ai vécu une, qu’est-ce que la vie ? Je pensais rendre compte de « mon » ambassade au Kazakhstan en coincidence avec l’exposition censément universelle là-bas, sur le thème de l’écologie et de l’environnement : cela me demandera un travail de plusieurs mois et je n’aurai pas d’éditeur. Je vais essayer de placer un papier à la revue Défense nationale, le livre viendra plus tard si un jour ? je suis « lancé » en édition.
Le jour devient une journée, ma chère femme levée, son thé servi il y a plus d’une heure, les chiens, filles et garçons, sortis progressivement, la chatoune sur son toit, les chèvres elles aussi dehors, il n’y a plus que les poissons rouges à nourrir. Tout à l’heure, Marguerite à aller chercher au bas de la rue Thiers, en bordure ou presque de l’entrée du Golfe, de l’eau, de quelques bateaux jusqu’à la porte Saint-Vincent-Ferrier… et je regrette alors de n’ « avoir » pas plusieurs enfants, des garçons aussi, un remuement de vies, de libertés, un cotoiement… ma chère femme, je le constate chaque fois qu’il y a du nombre autour d’elle, les amies de notre fille, est transformée. Et son don pour les soutiens scolaires en même temps que son acuité en discernement de politique économique et financement.
Prier…  il en est toujours temps, Dieu n’est pas tant promesse que présence, la promesse est garantie et perpétuation de présence, l’Eucharistie est décisive. Cet Evangile, vous l’avez reçu, c’est par lui que vous tenez bon, c’est par lui que vous serez sauvés… Le cœur de tout l’enseignement, de tout l’Evangile : le Christ est mort pour nos péchés, conformément aux Ecritures, et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour, conformément aux Ecritures, il est apparu… [9] Et le Christ Lui-même, donnant Ses sources… les paroles que je vous, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres et nous conviant à prendre le relais, de même que nous continuons la Création (c’est certainement l’excellent aspect de notre priser de conscience écologique et « environnementale » depuis René DUMONT, à l’élection présidentielle de 1974, quoiqu’elle soit encore trop anthropocentrique et n’associe pas encore assez tout le vivant à la sauvegarde et à l’épanouissement du vivant… mais, au moins en recherche et en pensée nous sommes sur la bonne voie) : celui qui croit en moi fera les oeuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père, et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Providentiel, très marquant, Philippe l’un des Douze et remarqué par Jean, sa vocation particulière [10] qui introduit celle de Nathanaël, la vision promise à ce dernier, et fait apparaître pour la première fois, la locution Fils de l’homme, son rôle dans la multiplication des pains [11]et dans le texte d’aujourd’hui, sa question donnant au Christ l’occasion de la réponse la moins dogmatique et la plus pratique sur Son identité et Sa relation au Père : Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. – Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Mais c’est Thomas qui a suscité la profession de Jésus : je suis la Voie, la Vérité, la Vie, à laquelle il répondra, éperdu quand le Ressuscité revient comme exprès pour lui : Mon Seigneur ! et mon Dieu ! Dieu nous fait parler, vivre, écrire (pour certains), respirer… puis aboutir en Lui. Il m’est donné d’en être assuré, et quand – comme avant-hier – je suis de nouveau à bout selon les apparences de l’échec en tout, et selon les rappels de la santé et de l’âge, à l’instant le plus juste du besoin le plus ressenti, la grâce est là, perceptible, totalisante.



[1] - pp. 19 à 21

[2] - pp. 24.25

[3] - pp. 26 à 30

[4] - Lorsqu’un Etat membre votera contre un nouveau projet, il ne pourra pas bloquer les autres dans son avancée. Il ne s’y joindra tout simplement pas pour ce qui le concerne  (pp. 240-241)

[5] - Révolution
Affronter la réalité du monde
I – Ce que je suis
II – Ce que je crois
III – Ce que nous sommes
IV – La grande transformation
V – La France que nous voulons
VI – Investir dans notre avenir
VII – Produire en France et sauver la planète
VIII – Eduquer tous nos enfants
IX – Pouvoir vivre de son travail
X – Faire plus pour ceux qui ont moins
XI – Réconcilier les France
XII – Vouloir la France
XIII – Protéger les Français
XIV – Maîtriser notre destin
XV – Refonder l’Europe
XVI – Rendre le pouvoir à ceux qui font
Chacun d’entre nous est le fruit de son histoire

[6] - Après la présidentielle, comment ?
            présentation :  pour quoi ?   page 8  

            établir la démocratie     page 27 
29 . la liberté du vote
32 . le contrôle des électeurs sur leurs élus
35 . la parole et la décision au peuple
38 . revenir à l’ancienne durée du mandat présidentiel
40 . libérer les candidatures à l’élection présidentielle
44 . abandonner les leurres et faire confiance au fond

            cultiver notre bien commun     page 52  
61 . le creuset d’un service national universel garçons et filles
65 . le civisme et le patriotisme des cadres de la nation
67 . la réappropriation de notre patrimoine
70 . la mise  en œuvre de notre épargne propre
73 . le rétablissement de la planification dite souple à la française
75 . l’intelligence de nos acquis

            vivre un patriotisme européen   page 81    
88 . confirmer les fondateurs
94 .  inventer maintenant la démocratie entre nous, citoyens européens
99 . nous défendre
104 . nous imposer
110 . accepter notre consistance et notre endroit
114 . vivre une France agrandie, multiple, cohérente
   
           réfléchir en famille     page 119      
121 . nous ne jouons plus collectif
128 . nos ensembles, quelle que soit leur fin, ont oublié leur vertu fondatrice
134 . des modèles survivent mais n’aboutissent pas assez
139 . seul, un projet fédère et organise
142 . le hors-sol est stérile s’il n’est pas entretenu
145 . la considération mutuelle est le meilleur matériau de construction 

6°            respirer chacun de nos jours   page 150
152 . échanger
158 . fonctionner
162 . appartenir
165 . travailler                                          
170 . aimer
175 . prier

      conclusion testament d’un encore vivant grâce à d’autres que lui   page 180
187 . Moktar Ould Daddah
192 . Maurice Couve de Murville
198 . Jacques Fauvet
204 .  René Andrieu
207 . Michel Jobert
216 . Pierre Bérégovoy
219 . Pierre Messmer
224 . Jean-Marcel Jeanneney
230 . Jean Charbonnel
224 . Pierre Arpaillange

[7] - Je crois surtout que l’organisation territoriale doit être conçue à partir des propositions du terrain. Pensons aux récentes initiatives visant à fusionner les deux départements de l’ancienne région Alsace, ou à créer une Assemblée de Bretagne afin d’obtenir une collectivité unique sur ce territoire. Prenons l’exemple aussi du département du Rhône et de la métropole de Lyon. Nos territoires ont des idées qui permettent de mieux articuler les compétences et de faire des économies. Il nous faut savoir les écouter et les entendre. Je sais que je brise là quelques tabous (la formule fut pendant cinq ans celle de Nicolas Sarkozy)… Dans ce domaine, comme dans beaucoup d’autres, je suis pour la France des acteurs de terrain. p. 167

[8] - Je propose le lancement, dans toute l’Union européenne, dès la fin des élections allemandes à l’automne 2017, de conventions démocratiques. Pendant six à dix mois, dans chaque Etat, selon des modalités ouvertes, laissant la place aux choix des gouvernements et des collectivités, serait organisé un débat européen sur le contenu de l’action de l’Union, sur les politiques qu’elle mène, sur les priorités qu’elle doit avoir. En se nourrissant de ces débats, les gouvernements européens élaboreraient une feuille de route brève, avec quelques défis communs et des actions précises, traçant les priorités d’action de l’Union et leur calendrier de mise en œuvre pour les cinq ou dix années à venir. Chaque Etat ferait ensuite valider politiquement ce « projet pour l’Europe » selon sa tradition démocratique. Pour les pays qui organiseront un referendum, une campagne coordonnée doit être organisée, pour créer un débat démocratique à l’échelle européenne. L’Europe serait ainsi relégitimée. Le débat démocratique serait ravivé. Les peuples ne seraient pas tenus à l’écart. (p. 240)
[9] -  1ère lettre de Paul aux Corinthiens XV 1 à 8 ; psaume XIX ; évangile selon saint Jean XIV 6 à 14

[10] - évangile selon saint Jean I 43

[11] - ibid. VI 5

Aucun commentaire: