Lundi 1er Mai 2017
Prier ce soir, en ce temps-ci qui
ne me semble plus mien, en ce moment-ci de ma vie que je
sens finissante, sans cafard ni joie : la réalité
tranquille, si tranquille mais dont les sons et les couleurs
qui certainement existent, ne me touchent pas. – Tout à
l’heure, Marguerite déguisée en « licorne » et à l’écran les demoiselles de
Rochefort (Jean DEMY . 1967 – France 5) : je ne l’avais pas vu à
l’époque ; décalage fantastique pas seulement avec
maintenant mais pour l’année où ce fut en salles. Un an
avant Mai 68, en pleine guerre du Vietnam et tandis que les
opposants de gauche et l’ensemble des syndicats ont déjà
failli l’emporter aux élections législatives : le chromo, le
sur-coloriage, la mièvrerie de l’attente amoureuse et de la
déception. Ce que d’ailleurs – juste – je vivais à mes 23
ans… l’évoquer me fait à présent sourire (presque : le passé
n'arrive plus à être présent). Les repères changent
tellement, ont tellement changé. Et dans sept soirs, à cette
heure-ci, les dés car c’en sont, auront roulé. Je suis
fasciné par ce passage, évident, d’une époque à l’autre,
dans notre vie nationale, dans ma propre existence. Je me demande si je ne suis pas mort, en off, un chef d’œuvre
( ?) de Jean RENOIR [1].
Etre sorti de son temps auquel un autre a été substitué…
La saint-Joseph. Joseph, qui au
Christ a donné son nom de famille, fils de David [2]. Le martyre d’Etienne :
ils virent que son visage était comme celui d’un ange. Les effets de nombre,
de foules, d’ensemble. Tous ceux qui siégeaient au
Conseil suprême avaient les yeux fixés sur Etienne… Jésus
avait rassasié cinq mille homme, et ses disciples l’avaient vu
marcher sur la mer. Le lendemain, la foule restée sur l’autre
rive se rendit compte qu’il n’y avait eu là qu’une barque, et
que Jésus n’y était pas monté avec ses disciples, qui étaient
partis sans lui. Le
tombeau vide, les linges pliés, roulés, avec soin, mais
Lui ? le fantastique qui n’est pas déchiffré. Sans doute,
suis-je ce soir et ces jours-ci, invité à déchiffrer, à
comprendre pas tant pour continuer et continuer quoi, que
pour répondre au dessein de Dieu. Je suis en train de saisir
comment et pourquoi le Christ fut obéissant à ce dessein.
C’est bien autre chose que de l’obéissance ou de la
soumission, c’est vraiment une question d’être et donc de
vie. La foule et son manque de Dieu. Quand la foule vit
que Jésus n’était pas là, les gens montèrent dans les barques
et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus. Alors le dialogue
décisif : que devons-nous faire pour travailler aux
œuvres de Dieu ? – L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en
celui qu’il a envoyé.
Majuscules partout… L’énigme de la France d’aujourd’hui,
dans une semaine, un inconnu, sauf sa notoriété fulgurante,
à notre tête, pour cinq… dix ans… J’accepte le dépaysement
total : ces paysages et mouvements de la politique que j’ai
suivis depuis mes dix ans jusqu’à ces jours-ci… comme ces
peintures sur vitrines, la montre et le calendrier ont
changé, en quelques instants, au chiffon, c’est effacé. – La
vérité, ce soir, le premier martyr, son procès calqué sur
celui de son Maître : cet individu ne cesse de proférer
des paroles contre le Lieu saint et contre la Loi. Nous
l’avons entendu affirmer que ce Jésus, le Nazaréen, détruirait
le Lieu saint et changerait les coutumes que Moïse nous a
transmises. Et nous et
moi, dans le mystère – aussi – de la nouvelle époque, la
toute nouvelle époque : j’ai choisi la voie de la
fidélité, je m’ajuste à tes décisions. Ainsi soit-il !
[1]
- La règle du jeu . Jean RENOIR, 1939 . Arte .20 heures
50 – la tuerie de chasse, le couple enlacé trouvé par
hasard aux jumelles . c’est assommant, les
gens sincères (…) quelques mois,
ensuite… la vraie tuerie, une des héroïnes, authentique
autrichienne, épouse du viec-chancelier réfiugié en
France puis en Amérique latin, à l’Anschluss et se
suicidant – Stefam ZWEIG, idem à Pétropolis (Brésil)
7
[2]
- Actes des Apôtres VI 8 à
15 ; psaume CXIX ; évangile selon saint Jean VI 22 à 29
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