07
heures 15 + Mes contacts et
circulaires : si je m’y étais pris sérieusement, il y a un
an…internet
ouvre toutes les relations possibles, ainsi les
organigrammes à Strasbourg, ou
le portrait de Louis FEUVRIER et de sa ville. Je me mets à
ces circulaires et
contacts, pendant que je serai à Strasbourg. Un mois de
campagne virtuelle, ce
me paraît possible et je « surviens » alors que tous les
candidats-machines sont dans le désordre, sauf sans doute le
FN, beaucoup trop
assuré, et MACRON tout autant, en sus : illuminé. Un réseau
qui collationnerait
sur internet les adresses… je ne l’ai pas. Le site ? en
souffrance
puisque… N’importe, continuer et tenter. D’ici dimanche
soir, tout en
participant à nos préparatifs d’absence et aux bagages, le
livre, les notes de
bas de page. Maintenant et par fidélité : quelques pages sur
Pierre
ARPAILLANGE, le dernier des portraits dans ce chapitre que
je dis conclusif.
Textes
du jour… [1]suite
de la lecture de
la Genèse. Elle est à approfondir et relire. Rivalité
possible de l’homme avec
Dieu et que craindrait Dieu : l’arbre de vie, mis hors
d’atteinte d’Adam
en excluant celui-ci du jardin…Le texte est bien plus
initiatique qu’il y
apparaît, si l’on n’y demeure pas. Je le veux surtout en
accompagnement
spirituel, le prier d’abord, le recevoir ensuite, l’analyser
enfin pour avancer
à Dieu et non pour quelque savoir ésotérique. Ce qui me
remettrait exactement
dans la situation qui provoqua l’exclusion de nos ancêtres
dans le péché et
l’erreur. – Accompagnement de la liturgie pour mon
entreprise : la
multiplication des pains, la version de Marc n’évoque pas
les poissons, mais
c’est à partir de très peu que quatre mille personnes sont
nourries.
Redondance du chiffre : 7. Les pains, les corbeilles.
D’autres versions
synoptiques avancent le chiffre 12, et un disciple
nommément :
André ? fait la recension. Les trois jours… la veille au
tombeau.
Le
feu ranimé. La nuit qui commence à tourner au gris, encore
couleur cendre.
Prier pour mes aimées et toutes celles et ceux dont Dieu
maintient en moi la
mémoire et la tendresse, vivants et morts.
07
heures 41 + Si vite se lève jour… action, souvenirs,
politique, fondation
familale : chacun son tour. Ne pas alourdir celles et ceux
qui commencent…
mes dettes de reconnaissance, celles et ceux qui m’ont
honoré de leur rencontre,
de leur accueil. Dieu veuille nous bénir tous. Et pour mon
bonheur et ma paix,
spécialement soient bénies mes aimées, et ensuite se
pressent en moi tant de
visages. Les réflexions de plus plus nombreuses, toujours
profondes et de plus
en plus aigües : notre fille.
10
heures 18 + Beaucoup avancé PA [2].
Je
m’interromps : les devoirs pratiques : cartons de Noël,
valises,
porte-bagages sur le toit de la Zafira, fermeture de notre
portail.
14
heures 05 + . . . non sans mal. Posé la clé de la Zafira sur mon bonnet, et le
bonnet sur notre muret à l’arrondi devant nos chambres.
J’oublie, recherche de
la clé, Edith manque p… les plombs. Je retrouve..., La
fermeture du portail de
plus en plus faussée. Installé le « cercueil » sur la Zafira, mais je
ne sais comment…. il manque une des quatre fixations, nous
pouvons certainement
rouler sans, mais… Marguerite chez Zoé R. : s’accorder sur
les horaires.
Je la reprends pour la messe de six heures à Vannes, demain,
et préviens MLP
(recteur) que nous ne serons de nouveau participants que le
dimanche 26. – Avant de
terminer mon évocation de PA, prier… [3] « journée
mondiale des malades », l’Eglise pour la mémoire des
apparitions à Lourdes
nous propose un miracle du même ordre que la multiplication
des pains (je dois
noter qu’ils
avaient aussi quelques
petits poissons que Jésus bénit et fit aussi distribuer). Les noces de Cana et l’eau changée en vin : le
pain et le vin,
le « matériau » de la mémoire et du sacrement. Message de
Lourdes : Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas
encore
venue. – Tout ce qu’Il vous dira, faites-le. Marie a doublement une autorité propre. Invitée pour
elle-même (la
mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au
mariage avec ses
disciples), elle peut
donner des ordres
aux serviteurs. Elle comprend son divin Fils, a foi en Lui
au point quelle va
Lui faire devancer Son heure. Cana est un « hors
programme ». Jésus
ne fait pas à moitié, le vin nouveau est exceptionnel. Tout
le monde sert
le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on
ap^porte le moins
bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. La succession des miracles, le commencement des
signes que Jésus
accomplit, est à
l’initiative de Sa mère.
La multiplication des pains est à l’initiative du Christ,
qui manifeste pour
nous un esprit très pratique :, J’ai de la compassion
pour cette
foule, car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi,
et n’ont rien à
manger. Si je les renvoie chez eux, à jeun ils vont défaillir
en chemin, et
certains d’entre eux sont venus de loin.
Oui, Seigneur !
16
heures 28 + Voici venue l’heure du partage, après que j’ai
conclu mon livre par
une dernière intercalaire : l’ancien garde des Sceaux le
plus récent de « mes »
morts et ce qu’il m’inspire encore outre-tombe [4].
La foi qui m’est
donnée, et l’espérance qui en découle et qui l’atteste ne
m’attriste pas au contraire
pour cette forme d’écriture posthume. Je la crois notre
jeunesse, parce que c’est
le meilleur de nous-même et c’est cela qui est actuel et qui
permet la
substance de demain. – Travaillé toutes ces semaines avec wikipédia, comme l’on
vérifie orthographe et conjugaison sur les logiciels
d’aujourd’hui et les Larousse de toutes
décennies. Oui, je suis fils d’Adam : alors, le
Seigneur Dieu le
renvoya du jardin d’Eden, pour qu’il travaille la terre d’où
il avait été tiré.
Avais-je, auparavant, lu
un tel récit, de
tels dialogues ?un tel affrontement avec Dieu ? mais Jésus
appelle à lui ses disciples et leur dit : « J’ai de la
compassion
pour cette foule… et sa
mère dit à
ceux qui servaient : « tout ce qu’il vous dira, faites-le ». Ainsi, j’apprends et
reçois d’aller au
silence de la prière, de l’adoration, de la gratitude.
[1]
- Genèse III 9 à 24 ; psaume XC ; évangile selon
saint Marc VIII
1 à 10
[2] - Nous nous
étions lus mutuellement dans Le Monde
à l’époque où l’animait Jacques Fauvet. Je découvrais avec
d’autres, dont
Robert Badinter, qu’un éminent magistrat s’opposait à la
nouvelle politique
pénale qu’instaurait Jean Lecanuet, le garde des Sceaux de
Valéry Giscard
d’Estaing, nouvellement élu à la présidence de la
République, et avec de très
forts arguments de droit et d’équité. Nous combattions
dans le même sens, mais
Pierre Arpaillange à propos seulement d’une des politiques
du nouveau
septennat : décisive, puisqu’il s’agissait des libertés
publiques.
C’était encore un nouveau
septennat que le second
mandat accordé à François Mitterrand. J’avais manqué
l’investiture socialiste
dans ce Haut-Doubs où je crapahutais aussi souvent que,
depuis l’automne de
1980, me le permettaient mes affectations à l’étranger.
L’heure était à la
« société civile », concept sinon réalité sociologiques.
J’aurais été
élu, épaulé comme je l’étais par le maire de Frasne,
rayonnant responsable de
la section socialiste locale. Un autre destin qui eût été
le mien ?
rétrospectivement, je ne parviens pas à l’imaginer.
J’entrepris de rencontrer
les ministres nouveaux, nommés au même titre de cette
« société
civile », c’est-à-dire sans étiquette ni appartenance
politique. J’avais
cru qu’Hubert Currien serait Premier ministre et l’avais
recommandé par écrit
au Président, tout en dressant pour mon « candidat » un
inventaire
des travaux et des précautions. Nous ne nous rencontrâmes
qu’à Baïkonour quatre
ans plus tard et tentâmes chacun, mais ensemble,
d’ébaucher une coopération
directe – c’est-à-dire sans le truchement ni le contrôle
de Moscou – en matière
spatiale. Notre propre ambassade là-bas, tenue par Pierre
Morel, fut à l’époque
plus efficace que les Russes eux-mêmes pour maintenir les
liens et sujétions de
l’ancien empire. Roger Fauroux me reçut, aussi
agréablement qu’est le bureau,
sur jardin magnifique, du ministre de l’Industrie. Restait
Pierre Arpaillange.
Il me donna sa soirée, elle ne fut décisive que sur le
plan de l’amitié et de
l’estime mutuelle. Moment totalement imprévisible, aussi
marquant que le fut
plus tard une autre soirée celle-là avec Gérard
Mestrallet. Dans les deux cas
j’étais demandeur d’emploi, mais ne l’ai-je pas été toute
ma vie, et encore
maintenant ? est-ce d’ailleurs aux hommes plutôt qu’à Dieu
que nous devons,
surtout raisonnablement, demander notre plein emploi selon
des ressources qu’Il
est seul à connaître, en tant que notre Créateur ? Dans
les deux cas, j’ai
appris la solitude de tut exercivce du pouvoir et donc les
besoins qui en
résultent. Ce sont ces besoins que j’eusse aimé, au cours
de ma vie, tant que
je fus en pleine capacité d’activités, contribuer à
combler chez ces
demandeurs. La relation entre des demandes…
Le bureau du garde des Sceaux est
probablement le plus
beau et le plus grand de ceux par lesquels l’Etat se
solennise. Les rayonnage
de bibliothèque, les boiseries, je n’ai plus mémoire que
de ces couleurs
continûment ambrées, les jardins jouxtant ceux du Ritz. Le
Conseil
constitutionnel, pour son président, est à l’étage. Le
ministre des Affaires
Etrangères n’est pas de plain-pied et la succession des
salles de réception
impressionne davantage
que l’espace de
travail du maître des lieux et de notre réseau
diplomatique. L’Elysée vaut par
celui qui y réside et y reçoit. A défaut criant du général
de Gaulle que je
n’ai jamais rencontré pour n’en avoir jamais exposé la
demande, je fus gratifié
d’honneur par François Mitterrand.
Du président régnant, Pierre
Arpaillange ne me parle
pas. C’est la fin de la journée, le mois d’Août décline
déjà en sorte que la
pièce immense en clair obscur et donc propice à la
confidence est plus lumineux
que les porte-fenêtres ouvrant sur le crépuscule. Nous
nous félicitons
mutuellement de nos articles respectifs, d’il y a dix ou
quinze ans déjà. Le
ministre semble très jeune, le front grand, lumineux,
pensif certes mais sans
peser pour qui le regarde. La voix est douce. Parler
maintenant de quoi ?
nous avons le commun souci que le pays reprenne un cours
tranquille : les
électeurs l’ont vouluplus encore qu’une réinstallation de
quelque parti que ce
soit. Avec le recul de trente ans ou presque à présent,
l’été de 1988 est un
instant de réflexion et de sérénité pour la France, la
sagesse nationale
qu’incarne désormais manifestement François Mitterrand,
sans ostentation ni
abus des médias, est déjà spirituelle. Les derniers de ses
vœux aux Français le
confirmeront, nous ne les exaucerons pas et n’en finissons
pas den pâtir.
Le téléphone, le garde des Sceaux
ne me fait aucun
signe pour que je me retire, je vais simplement aux
murs-bibliothèques. La
conversation dure, elle n’est pas anodine. J’apprends donc
que Pierre Joxe,
ministre de l’Intérieur – je le rencontrerai plusieurs
fois quand il sera à la
Défense et moi, notre ambassadeur au Kazakhstan, choses
hors du sujet dont je
souhaite vous convaincre mais que je raconterai bientôt
par un autre livre –
lui propose par qui remplacer le directeur de son cabinet,
lequel vient de
faire défaut. Je ne l’ai pas suivie, mais une grève du
personnel pénitentiaire
trouble cet été, celui du retour au pouvoir de l’ancienne
équipe, celui de
l’accession au pouvoir du nouveau ministre. Le seul sujet
qui passionne Pierre
Arpaillange, d’ailleurs nommé pour cela, est la réforme du
Code pénal, et
principalement la procédure pénale. C’est la militance de
sa vie. Profondément
sensible, évaluant la misère et les nécessités, les
faisant siennes, et croyant
que le droit, la jurisprudence, les comportement de
l’institution et des
personnels judiciaires peuvent y remédier, il veut
aboutir, et en paraît seul
capable, parce qu’il en la science et aussi la pratique.
Le ministre de la
Police et le Parti socialiste, plus dominant que depuis
longtemps et comme il
ne le sera jamais plus, imposeraient donc au ministre son
premier
collaborateur. Pierre Arpaillange écoute – ce que je ne
peux entendre – et répond,
embarrassé. Je me décide, l’instant est maintenant.
Nous rasseyons de part et d’autre
de sa table de
travail. Il a besoin d’un directeur de son cabinet,
celui-ci va lui être imposé.
Solution de rechange ? je me propose, c’est l’effusion, il
est tiré
d’affaires. Sans doute, n’ai-je aucune expérience ni d’un
cabinet ministériel,
ni d’un conflit grave avec du personnel aux tâches et
responsabilités très
sensibles. En sus, l’opinion publique est en haleine et la
hiérarchie
socialiste ne prise pas du tout les novices en politique,
les personnalités –
précisément des personnalités par elles-mêmes et ne devant
rien à aucun
appareil – dites « issues de la société civile ». ce ne
sera pas
facile mais d’évidence nous allons travailler avec bonheur
et amitié ensemble.
Il me remercie, me remercie, c’est lui le débiteur, il est
sauvé. Quelle
simplicité de sa part. Nous quittons la place Vendôme dans
la voiture de sa
fonction, faisons étape impasse La Fontaine pour qu’il
rejoigne appartement et
épouse, il en a besoin, si simple, quotidien alors que son
portefeuille est
l’un des plus lourd au gouvernement, et la voiture
continue jusqu’où j’habite,
entre autres, quand je suis à Paris où, en propre comme
encore maintenant, je
ne possède rien, sauf longtemps et merveilleusement,
l’accueil de ma mère. Je
suiséberlué, confiant, heureux. Bifurcation totale, métier
nouveau, agrégatif
de droit public, le Conseil d’Etat ensuite, fin des
ambassades où, n’étant pas
de la Carrière, je ne peux aboutir.
L’Elysée, quelques lignes confiées
à la porterie pour
Jean-Louis Bianco, le secrétaire général de la présidence
de la République, le
« feu vert » du Président pour notre combinaison. Un
bristol me
revient aussitôt. C’est d’accord et cela intéresse. Le
garde des Sceaux me
reçoit à nouveau, dans son oficialité – je vous raconte
cela comme une
expérience, une leçon de choses : l’isolement et
l’improvisation pour qui
est censément, vu ou entendu de l’extérieur, au pouvoir.
Le savoir ou le
comprendre devrait nous rendre admiratifs, et surtout nous
emplir de la
certitude que sans soutien populaire, le pouvoir ne peut
s’exercer. Ce
verbe-même montre l’artifice obligé des postures de tout
gouvernant. C’est une
épreuve psychologique à laquelle ne peut répondre la seule
ingéniosité. Je ne
suis pas sûr que la qualité de l’entourage et des
collaborateurs suffise. La
certitude doit être intime. Jean-Marcel Jeanneney, que je
n’ai connu, qu’après
l’épreuve, celle-ci durable mais au décor et aux scenarii
très changeants, a
été un homme de certitude. Son collaborateur et favori
d’origine, aussi. Les
autres, émules, adversaires ou serviteurs, le ressentent,
l’employeur suprême
qu’est le président de la République, dans notre système,
plus encore. Pierre
Arpaillange est vulnérable, inébranlable pour les sujets
de fond, moins quand,
déjeunant à la table du Premier Ministre, le jeudi suivant
notre premier
vendredi, il est apostrophé par Michel Rocard, devant des
tiers d’importance.
Lapidaire et impossible à discuter : il y a déjà un fou à
la Justice, au
gouvernement, il ne peut y en avoir deux. Le soir,
longuement, j’entends au
téléphone mon nouvel ami, encore plus embarrassé que la
semaine précédente
quand le ministre de l’Intérieur l’avait mis sous
pression. Je comprends, nous
renonçons, je ne suivrai ni la nomination de mon
successeur (mentalement, huit
jours, je dirigeais déjà, de l’aveu du garde des Sceaux,
son cabinet) ni les
péripéties parlementaires de la réforme du Code de
procédure pénale. Nos
carrières professionnelles continueront. Nous sommes
vis-à-vis, quatre ans plus
tard, au dîner d’Etat à l’Elysée en l’honneur de Nursultan
Nazarbaev. Il me dit
son émotion, pas tant de me revoir, mais que je lui ai si
complètement pardonné
cette conjoncture. Ne l’avons-nous pas manqué ensemble,
n’étions-nous pas
ensemble manipulés par la même machine, et n’y ai-je pas
gagné son
amitié ? Nous sommes heureux, pas d’être à cette belle
table et au grand
endroit, mais de nous revoir.
Nous ne nous reverrons plus jamais
mais autre chose
commence dès mon retour en France. Nous nous téléphonons
souvent, il en a pris
d’abord l’initiative, les papiers qui me sont encore
publiés, quoique plus au Monde, puis ceux
dont nous prenons
l’habitude que je les lui envoie… il opine, il a
l’expérience, la connaissance
de presque tout, je lui soumets des rédactions à soutenir
devant le Conseil
d’Etat, puis devant la Cour européenne des droits de
l’homme. Il s’agit du
revirement de ma carrière, il s’agit d’abus de procédure
que subit en des
domaines professionnels divers ma chère femme, il s’agit
de réfugiés politiques
chez nous. Il approuve, conseille, me donne ou nous donne
raison. Bien
davantage que de l’emporter, ce qui ne m’arrivera que
rarement ou seulement
pour la forme, sans reconstitution de quoi que ce soit,
les marques de son
estime à écouter ou lire mes rédactions me comblent.
J’apprends aussi de lui – comme d’un vice-président
honoraire du
Conseil d’Etat qui me
permettra de le visiter et de l’interroger sur les grandes
fonctions de notre
pays – ce qui fait la chair de notre organisation
politique et administrative.
Le récit de certaines montées en puissance puis au
pinacle, je le reçois de
deux mémoires et témoignages constitués dans le premier
plan de notre Etats.
C’est édifiant. Je suis passé d’une interrogation, d’une
enquête ayant un héros
pour phare et critère d’évakuation des événements et
personnes qui m’étaient
expliqués en 1969-1972, à d’autres, actuelles et qu’il
faudrait – au point où
nous avons chuté – mener à l’échelon national. Comment
sont animées nos institutions ?
qui en a l’esprit ?
[3]
- Isaïe LXVI 10 à 14 ; cantique de Judith XIII
18.19 ; évangile
selon saint Jean II 1 à 11
[4] - D’une longue
adolescence à cette semi-vieillesse de maintenant, je suis
passé ainsi d’une
interrogation, d’une enquête ayant un héros pour phare et
critère d’évaluation
des événements et personnes qui m’étaient expliqués en
1969-1972, à d’autres
questions et investigations, et qu’il faudrait – au point
où nous avons chuté –
mener à l’échelon national. Comment sont animées nos
institutions ? qui en
a l’esprit ? Nous avons ainsi vécu de 1995 à 2017. Puis,
il s’est
éteint : je projetais depuis plusieurs mois de lui faire
part de ma
tentative, au téléphone puis avec du papier, par la poste.
Je ne l’ai pas fait.
Si souvent, je remets et si souvent, je ne conclus pas, ou
je manque à qui
m’attend ou à qui m’a confié de faire et d’être. Il ne m’a
jamais déçu, surtout
lorsqu’à nos débuts, il fut empêché de nous offrir l’un à
l’autre quelques
années qui eussent été fortes, pour le bien commun du pays
affectionné, et pour
le quotidien du travail.
Nous étions devenus compagnons.
Sans plus nous
rencontrer ni nous voir, nous partageons la vie l’un de
l’autre. Je sais ses
enfants, inquiétude et fierté, il sait notre fille.
L’affection fait désormais
notre conversation. La leçon est simple. Un destin n’est
pas accompli selon des
promotions et la dévolution de très grandes fonctions.
Nous apportons – ce qui
ne se mesure que qualitativement, donc sans étalon – par
notre effort accordé à
celui d’autres et selon nos registres et nos âges. Il y a
les attaches aux
propriétés et lieux d’héritage ou d’enfance, il y a la
discrétion mais surtout
l’appui déécisif de la vie en couple, il y a le chagrin
quand va mal le pays ou
que se produisent des imposteurs, il y a la joie d’être
contemporains et de se
rencontrer. Son livre, acheté de justesse chez Julliard,
boulevard
Saint-Germain, avant d’aller à lui, place Vendôme, est
égaré dans son départ de
là-bas dont je n’ai mémorisé ni la date ni à qui il
transmit le portefeuille.
Il le fait refaire en fac-similé puisque l’ouvrage est
épuisé. Michel Jobert
avait reçu de moi son dernier livre ; trop las pour me le
dédicacer
aussitôt, ce fut perdu et c’est épuisé. Sans savoir que
c’était une de nos
dernières conversations, je rendis à Maurice Couve de
Murville les lettres que
lui adressait le général de Gaulle. Avant sa mort – il
brûla tout, m’a-t-on
dit : mère et fille que je vins interroger sur la face
cachée du grand
ministre. Quant à son livre, il était épuisé chez Plon, et
sur ses étagères, on
ne le trouva plus si tant est qu’on l’y ait cherché. Un
témoin décisif de notre
temps n’a laissé à ses enfants que des cartes de visite,
classées
alphabétiquement. Alter ego de Raoul Dautry, directeur du
cabinet de Pierre
Laval à Vichy, conseiller de tous après-guerre. « Le plus
important
banquier d'investissement du monde occidental » selon Fortune n’a pas deux pages de notice
biographique chez wikipédia et le
plus photogénique des
présentateurs actuels pour le « journal télévisé » d’un de
nos
médias, laisse sans éditeur le recueil des autobiographies
rapportées à leur
ouvrage, place Vendôme, la succession de nos ministres de
la Justice. Quoique
j’en évoque ici, mais pour mieux vous rendre les personnes
envers qui j’ai
dette et reconnaissance, je ne crois pas aux reliques, je
crois à ce que font
ou ont tenté de faire certains. Chez ceux-là tels qu’ils
se sont laissés
rencontrer par moi qui le leur demandais, je trouve la
passion de notre pays et
l’humilité devant l’outil que les circonstances,
l’éducation, les études mais
surtout le choix que souvent leurs contemporains fit
d’eux. Une élection
présidentielle devrait cette substance et attester
d’épaisseurs personnelles.
Pour avoir tant commis de plan de vie, d’écrits à
commettre – ce fut l’emploi
de son temps par Amiel, le diariste au stade suprême – je
ne crois plus aux programmes.
Je crois à la disponibilité vis-à-vis de l’Esprit qui
parle par autrui et par
les circonstances. Il y faut être attentif comme à
l’audition, en concert,
d’une œuvre qu’on n’a jamais entendue.
C’est parce qu’arrive, dans ma
vie, l’heure de témoigner,
que je veux le faire en termes les plus actuels et d’une
façon la plus
contagieuse, la plus multipliée. En quelques pages écrites
comme je l’ai pu,
mais très souvent inspiré bien plus fortement que si je
composais de sang-froid
et par logique, je viens de vous dire la substance de ce
témoignage. Reste à le
transmettre, vous pouvez m’y aider.
Ibidem,
samedi 11 février 2017 . 15 heures 57 à 16 heures 26
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