COMMENTAIRE DE SAINT JEAN FISHER SUR LES PSAUMES
Dieu a délivré le peuple d'Israël de la servitude d'Égypte en
multipliant les signes et les prodiges. Il leur a fait traverser la Mer
Rouge à pied sec ; au désert, il les a nourris d'aliments célestes, la
manne et les cailles ; comme ils souffraient de la soif, il a tiré du
rocher très dur une source intarissable ; il les a rendus victorieux de
tous les ennemis qui leur faisaient la guerre ; il a fait reculer pour
quelque temps les flots du Jourdain, à contre-courant ; il leur a
partagé et distribué la terre promise selon le nombre des tribus et des
familles. Alors qu'il leur avait montré son amour en les comblant de
bienfaits, ces hommes ingrats, comme s'ils avaient tout oublié,
abandonnèrent et rejetèrent le culte de Dieu en s'attachant plus d'une
fois au crime mortel de l'idolâtrie.
Puis nous-mêmes, quand nous étions païens, nous étions entraînés vers les idoles muettes. Mais Dieu nous a retranchés de l'olivier sauvage du paganisme, et nous a, contrairement à notre nature, greffés sur l'olivier franc du peuple d'Israël et nous a unis à ses racines et à sa sève, c'est-à-dire à sa grâce. Enfin, il
n'a pas refusé son propre Fils, il l'a livré pour nous tous, en
sacrifice et oblation présentés à Dieu comme un parfum d'agréable odeur,
afin de nous racheter de toute iniquité et de purifier un peuple qui
lui plaise.
Tous ces faits ne sont pas seulement des preuves, mais des signes
absolument certains de son immense amour et de sa bienveillance envers
nous. Mais nous sommes infiniment ingrats, nous dépassons toutes les
bornes de l'ingratitude, nous ne tenons pas compte de son amour, nous
méconnaissons l'immensité de ses bienfaits, nous négligeons l'auteur et
le dispensateur de tant de biens, nous le traitons pour ainsi dire avec
mépris. Et une si remarquable miséricorde offerte inlassablement aux
pécheurs ne nous pousse pas à régler notre vie et nos mœurs conformément
à sa loi très sainte !
Tout cela, qui est écrit pour les générations futures, afin d'en
perpétuer la mémoire, mérite bien que tous les chrétiens de l'avenir, en
reconnaissant toute la bonté de Dieu pour nous, ne cessent jamais de
célébrer ses louanges.
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