dimanche 2 juillet 2017

tu tiendras un fils dans tes bras - textes du jour

Dimanche 2 Juillet 2017

17 heures 58 + La messe... Zoé qui est restée coucher, est avec Marguerite et moi, au premier rang. Elle fera la procession de communion avec le geste que je lui montre, le rite d’un échange de signe de paix que je lui explique aussi : la salutation du Christ à ses disciples après la Résurrection. Ferveur inhabituelle qui m‘est donnée. Expérience renouvelé du décalé si souvent de la grâce, la demande que nous ne savons énoncer ni conceptualiser : nous rapprocher de Dieu, qu’Il veuille bien nous y aider. Notre messe ce matin est d’une intense proximité, Marguerite et son amie y contribuent, la mère dont Michel LE PIVAIN (ce sont ses dernières messes avec nous) célèbre : plus encore.  L’aboutissement de ma vie ainsi. Le prêtre à l’autel sans servant de messe, les burettes, le calice, les arrangements pour l’offertoire puis le sacrifice. Mon Seigneur et mon Dieu, la « formule » de Thomas qu’il nous est alors enseigné de dire de cœur et d’âme, à l’élévation : sans doute, un jour dont la date ne m’est pas donné, ni les circonstances, que celles très précises de lieu. Premier aveu ou ma première rencontre – explicite celle-là – avec Dieu, au fond d’une chapelle, qui devait à l’époque être davantage une salle, aménagée à Saint-Jean-de-Passy au bas de la rue Raynouard, qu’un édifice ad hoc. Je ne vois pratiquement rien, je suis en dixième : cinq-six ans, l’hostie montrée au plus haut, à bout de bras. Je n’avais certainement pas une vocation sacerdotale au sens strict, je cherchais la proximité la plus grande avec Dieu et pour un homme, quoi de plus vécu et tangible que de célébrer la messe, et aussi aller en mission mais au plus proche, dans nos milieux de vie et de ville, ce fut mon adolescence : oui, la France terre de mission. Quant à une vie religieuse en communauté, a posteriori elle m’aurait brisé, exactement comme toute hiérarchie conventuelle, cléricale et administrative. C’est dans l’administration que j’aurai été le moins bridé mais cela m’a coûté une quinzaine d’années de carrière et de points de retraite…
 Lecture de Paul aux Romains [1]: le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. Il semble que commence de s’élucider pour moi un énoncé qui ne m’a jamais plu. Le Christ ne doit pas sa Résurrection au Père. Il est Dieu, égal en tout au Père, comme l’Esprit-Saint égal en tout à Lui et au Père. Et pourtant Il est mort. Je commence de comprendre… qu’en tant qu’homme, Il était mortel, et c’est en tant qu’homme qu’Il fut mis à mort, quoiqu’au motif qu’Il se disait fils de Dieu (sans majuscule ou avec majuscule en hébreu ?). mais si – homme – Il ressuscite (le Credo dit d’ailleurs : Il ressuscita, et non pas : Il a été ressuscité), c’est bien parce qu’Il est le Fils de Dieu, le Fils unique, Sa relation à Son Père, est d’ailleurs le propre de Sa divinité : engendré, non pas créé. Le chemin de la pensée, par la prière, est là. Creuser aussi que la Résurrection, qui contient et appelle toutes nos résurrections particulières, toute la restauration du vivant, est le fait de la vie éternelle, aussi logique que surnaturel, mais ce n’est pas à proprement parler un miracle. Dieu ne se miracule pas Lui-même, ou d’une Personne à l’autre. Evidence qu’on ne pense le mystère que dans la prière, bien plus qu’une demande de comprendre, celle d’être reçu par Dieu en posture de contemplation, des éléments qu’Il donne à notre intelligence, à notre mémoire, s’il faut un « point de départ », un choix pour notre entrée en prière. Mais j’ai tellement l’expérience que la prière se reçoit, sans avertissement : il nous est donné d’y être. Visitation… expérience d’Ignace de LOYOLA qu’il me faut relire (cf. Jean GOUVERNAIRE). Cf. aussi comment Thomas d’AQUIN composait et pensait. Mercredi, MLP (notre recteur, et non la nouvelle députée) donne l’anecdote : Thomas priait parfois des heures, littéralement la tête dans le tabernacle.
Ces témoignages que je dois rendre, ils sont des « comptes-rendus » de rencontre, et je comprends dans cette église et aux côtés de notre fille, que c’est ainsi que doivent être mes mémoires, en tout cas leur version par priorité. Les faits au sens le plus vrai, ce qui m’a atteint, ce sont les rencontres, des rencontres. Donc tout simplement, ce que j’ai à écrire, c’est une vie de rencontres. Ma mémoire de chacune de celles qui me restent, l’ordre chronologique au moins dans la présentation aboutie, et quand j’en aurai l’archive, donner en annexe, le journal de l’époque. Mais chaque rencontre, sans donner celles qui ont suivi avec la même personne. La philosophie éventuellement dite pour l’ensemble de ces suites. Oui… mais dans l’immédiat, dès que je disposerai de ces heures d’affilée, tous préalables enfin traités (urgences de gestion, les contraventions qui pèsent lourd et que j’ai négligé de contester ou de payer sur le champ… mes listes de médias pour la notoriété de mon livre, puisque la promotion n’est pas faite par mon éditeur, simple fabricant… le relevé des adresses internet des anciens de l’E.N.A. pour une sensibilisation à mon livre et surtout connaître ce que notre formation depuis la fondation de l’Ecole a produit comme conscience et volonté de l’Etat et de la France…), dès cela, mon essai tel qu’il se suffise pour dire l’essentiel si ce sont mes derniers mots.
21 heures 49 + Politique… l’épreuve du feu. EM au moins à sa troisième phrase de mépris, non contrôlée, après Josselin et les Comores, l’incubateur de start-up de NIEL : les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. Justement, je sous-titrais mon futur livre-conclusion de vie : sauf que je n’ai rien été. Ce manque de contrôle de soi est sidérant, au sens littéral. NS faisait grossier, tandis qu’EM se révèle alors même qu’il est si difficile à pénétrer psychologiquement. – Très triste, un pouvoir critiquable pas seulement pour sa démarche, mais pour l’esprit de son animateur principal. Les faits se corrigent, la faute d’esprit et de cœur ?
Le sommet du G 5 (les pays du Sahel, dont ma chère Mauritanie) : MoAA à la droite de EM. Toujours ce regard de notre nouveau président, si fixe, si froid, si couleur crevasse glacée. Et le dictateur mauritanien en train de changer pour une posture nationaliste, d’ailleurs anti-France, le drapeau national et de se faire autoriser par referendum dans treize jours à violer Constitution et serment constitutionnel pour être réélu une 3ème fois…
Je ne sens nullement mes espérances et vœux démentis par les faits, je n’attends pas des actuels qu’ils se réalisent, mais l’espoir est tenace : je veux la bonne surprise, et puis je cherche le bout du fil de la pelote… J’ai pitié de nous.
21 heures 42 + Prier [2]… l’évangile déjà prié et commenté avec notre recteur à sept mercredi, entendu ce matin… texte abrupt. De relation que selon Dieu puisque qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. Les conseils de Jésus à ses disciples sont donc ceux d’un dépouillement total, d’une rupture de toutes attaches les plus chères, légitimes et intimes, mais pour une totalité qui nous les rendra encore claires et fortes. Le Christ parle de la croix propre à chacun, et pas – dans ce passage – de prendre la sienne, impossible pour qui n’st le Fils de Dieu. La vie humaine du Christ, ces trois ans surtout de son ministère public, pas seulement la pitié des foules, mais constamment à Son esprit, puisque sans cesse Il en rappelle à Ses disciples, la perspective : la mort, le supplice, et avec tant d’instance que Pierre et les autres veulent conjurer le sort. Oubliant la Résurrection qui est, en réalité, la vraie perspective de tout, pour le Fils de l’homme comme pour chacun de nous. Résurrection figurée à proportion du don consenti : récompense de juste, récompense de prophèteQui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la perdre. La perdre à cause de Lui, pas à cause de nous-mêmes et de nos impérities. Il est vrai que la cure de nous-mêmes est de se raccrocher au Christ. Celui-ci – enseignement de Paul – ne meurt pas à la vie, mais au péché. Dialectique du baptême et de la résurrection. Et ce que nous lisons de l’Ancien Testament est une énième annonciation, une énième fécondité contre toute nature : elle n’a pas de fils, et son mari est âgé – A cette même époque, au temps fixé pour la naissance, tu tiendras un fils dans tes bras. Délicatesse mutuelle, la riche Sunamite qui accueille Elisée puis lui installe une chambre de passage, préparée en permanence pour lui : faisons-lui une petite chambre sur la terrasse ; nous y mettrons u lit, une table, un siège et une lampe, et quand il viendra chez nous, il pourra s’y retirer. A la manière d’Abraham, elle a reconnu, d’intuition, qui elle accueille : je sais que celui qui s’arrête toujours chez nous est un saint homme de Dieu.
Hier soir, la seconde édition du gala annuel de l’école de danse de Marguerite, techniquement et visuellement moins bien que les précédents. Plus qu’une seule étoile mais un garçon, de plus en plus en évidence d’un immense talent et de l’avenir qui va avec. Douze ans... Peu de photos. et pas bonnes, mais les visages aux jumelles (l’an prochain, un télé-objectif et une reprise de la vidéo. bien vite tant notre fille change et rapidement, presque d’une semaine à l’autre). Henri, heureux, vivant, souriant dans les premiers tableaux, le bonheur de danser, l’empathie certainement avec les spectateurs, il se sait porté, il n’en est que plus aérien, ne touchant le sol que pour des postures d’attention : royale. Mais en fin de cycle, une tristesse, une fatigue, poignante comme un doute. Les visages en gros plan montrent une dépendance mutuelle des danseurs, c’est poignant. Plusieurs visages de filles, plus que des beautés, de l’expression intense, l’expression du vouloir-faire et du vouloir-être : je suis pris, jeux de lèvres de l’une d’elles. Les yeux de chacune jamais dans le lointain, ou intérieurs ou attachés à l’autre. Cinq garçons en tout, Henri donc, Tom, l’as du hiphop : dans la classe de Marguerite, chaleureux et vraiment un genre crâne et dressé, trois très jeunes garçonnets, un très jeune blond au regard bleu et acéré mais doux et attentif (pas le bleu de glace fixe d’EM), un jeune aux cheveux très noirs que j’ai félicité, après Henri, toujours quasi-fondant sous les vœux et compliments, je n’ai pas mémorisé son prénom. Oui, le visage, les yeux, le regard. Les filles bien plus dépendantes, appliquées et craignant un peu. – Front à front, Henri et Jeanne-Rose, partenaires depuis leurs sept-huit ans, en conclusion du tableau et de leur duo sous un pont de Paris. Quelque chose que je ne sais dire ni qualifier mais de très fort et vrai entre eux, tout le temps et qui s’est exprimé alors : émouvant, simple, tellement expressif de posture, de toucher, que le détail des regards ne se cherchait ni ne se voyait pour le tiers que j’ai été.



[1] - Paul aux Romains I 3 à 11
[2] - 2ème Rois IV 8 à 16 ; psaume LXXXIX ;  Paul aux Romains VI 3 à 11 ; évangile selon saint Matthieu X 37 à 42

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