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heures 58 + La messe... Zoé qui est restée coucher, est
avec Marguerite et
moi, au premier rang. Elle fera la procession de communion
avec le geste que je
lui montre, le rite d’un échange de signe de paix que je
lui explique
aussi : la salutation du Christ à ses disciples après la
Résurrection.
Ferveur inhabituelle qui m‘est donnée. Expérience
renouvelé du décalé si
souvent de la grâce, la demande que nous ne savons énoncer
ni
conceptualiser : nous rapprocher de Dieu, qu’Il veuille
bien nous y aider.
Notre messe ce matin est d’une intense proximité,
Marguerite et son amie y
contribuent, la mère dont Michel LE PIVAIN (ce sont ses
dernières messes avec
nous) célèbre : plus encore. L’aboutissement de ma
vie ainsi. Le prêtre à
l’autel sans servant de messe, les burettes, le calice,
les arrangements pour
l’offertoire puis le sacrifice. Mon
Seigneur et mon Dieu,
la
« formule » de Thomas qu’il nous est alors enseigné de
dire de cœur
et d’âme, à l’élévation : sans doute, un jour dont la date
ne m’est pas
donné, ni les circonstances, que celles très précises de
lieu. Premier aveu
ou ma première rencontre – explicite celle-là – avec Dieu,
au fond d’une
chapelle, qui devait à l’époque être davantage une salle,
aménagée à
Saint-Jean-de-Passy au bas de la rue Raynouard, qu’un
édifice ad hoc. Je ne
vois pratiquement rien, je suis en dixième : cinq-six ans,
l’hostie
montrée au plus haut, à bout de bras. Je n’avais
certainement pas une vocation
sacerdotale au sens strict, je cherchais la proximité la
plus grande avec Dieu
et pour un homme, quoi de plus vécu et tangible que de
célébrer la messe, et
aussi aller en mission mais au plus proche, dans nos
milieux de vie et de
ville, ce fut mon adolescence : oui, la France terre de
mission. Quant à
une vie religieuse en communauté, a posteriori elle
m’aurait brisé, exactement
comme toute hiérarchie conventuelle, cléricale et
administrative. C’est dans
l’administration que j’aurai été le moins bridé mais cela
m’a coûté une
quinzaine d’années de carrière et de points de retraite…
Lecture
de Paul aux Romains [1]:
le Christ qui, par
la toute-puissance du Père, est
ressuscité d’entre les morts. Il semble
que commence de s’élucider pour moi un énoncé qui ne m’a
jamais plu. Le Christ
ne doit pas sa Résurrection au Père. Il est Dieu, égal en
tout au Père, comme
l’Esprit-Saint égal en tout à Lui et au Père. Et pourtant
Il est mort. Je
commence de comprendre… qu’en tant qu’homme, Il était
mortel, et c’est en tant
qu’homme qu’Il fut mis à mort, quoiqu’au motif qu’Il se
disait fils de Dieu
(sans majuscule ou avec majuscule en hébreu ?). mais si –
homme – Il
ressuscite (le Credo dit
d’ailleurs : Il ressuscita, et
non pas : Il a été ressuscité), c’est bien parce qu’Il est
le Fils de
Dieu, le Fils unique, Sa relation à Son Père, est
d’ailleurs le propre de Sa
divinité : engendré, non pas créé. Le chemin de la pensée,
par la prière,
est là. Creuser aussi que la Résurrection, qui contient et
appelle toutes nos
résurrections particulières, toute la restauration du
vivant, est le fait de la
vie éternelle, aussi logique que surnaturel, mais ce n’est
pas à proprement
parler un miracle. Dieu ne se miracule pas Lui-même, ou
d’une Personne à
l’autre. Evidence qu’on ne pense le mystère que dans la
prière, bien plus
qu’une demande de comprendre, celle d’être reçu par Dieu
en posture de
contemplation, des éléments qu’Il donne à notre
intelligence, à notre mémoire,
s’il faut un « point de départ », un choix pour notre
entrée en
prière. Mais j’ai tellement l’expérience que la prière se
reçoit, sans
avertissement : il nous est donné d’y être. Visitation…
expérience
d’Ignace de LOYOLA qu’il me faut relire (cf. Jean
GOUVERNAIRE). Cf. aussi
comment Thomas d’AQUIN composait et pensait. Mercredi, MLP
(notre recteur, et
non la nouvelle députée) donne l’anecdote : Thomas priait
parfois des
heures, littéralement la tête dans le tabernacle.
Ces
témoignages que je dois rendre, ils sont des
« comptes-rendus » de
rencontre, et je comprends dans cette église et aux côtés
de notre fille, que
c’est ainsi que doivent être mes mémoires, en tout cas
leur version par
priorité. Les faits au sens le plus vrai, ce qui m’a
atteint, ce sont les
rencontres, des rencontres. Donc tout simplement, ce que
j’ai à écrire, c’est une vie de
rencontres. Ma
mémoire de chacune de celles qui me restent, l’ordre
chronologique au moins
dans la présentation aboutie, et quand j’en aurai
l’archive, donner en annexe,
le journal de l’époque. Mais chaque rencontre, sans donner
celles qui ont suivi
avec la même personne. La philosophie éventuellement dite
pour l’ensemble de
ces suites. Oui… mais dans l’immédiat, dès que je
disposerai de ces heures
d’affilée, tous préalables enfin traités (urgences de
gestion, les
contraventions qui pèsent lourd et que j’ai négligé de
contester ou de payer
sur le champ… mes listes de médias pour la notoriété de
mon livre, puisque la
promotion n’est pas faite par mon éditeur, simple
fabricant… le relevé des
adresses internet des anciens de l’E.N.A. pour une
sensibilisation à mon livre
et surtout connaître ce que notre formation depuis la
fondation de l’Ecole a
produit comme conscience et volonté de l’Etat et de la
France…), dès cela, mon
essai tel qu’il se suffise pour dire l’essentiel si ce
sont mes derniers mots.
21
heures 49 + Politique… l’épreuve du feu. EM au moins à sa
troisième phrase de
mépris, non contrôlée, après Josselin et les Comores,
l’incubateur de start-up
de NIEL : les
gens qui
réussissent et les gens qui ne sont rien.
Justement, je sous-titrais mon futur livre-conclusion de
vie : sauf que
je n’ai rien été. Ce
manque de contrôle de soi est sidérant, au sens littéral.
NS faisait grossier,
tandis qu’EM se révèle alors même qu’il est si difficile à
pénétrer psychologiquement.
– Très triste, un pouvoir critiquable pas seulement pour
sa démarche, mais pour
l’esprit de son animateur principal. Les faits se
corrigent, la faute d’esprit
et de cœur ?
Le
sommet du G 5 (les pays du Sahel, dont ma chère
Mauritanie) : MoAA à la
droite de EM. Toujours ce regard de notre nouveau
président, si fixe, si froid,
si couleur crevasse glacée. Et le dictateur mauritanien en
train de changer pour
une posture nationaliste, d’ailleurs anti-France, le
drapeau national et de se
faire autoriser par referendum dans treize jours à violer
Constitution et
serment constitutionnel pour être réélu une 3ème
fois…
Je
ne sens nullement mes espérances et vœux démentis par les
faits, je n’attends
pas des actuels qu’ils se réalisent, mais l’espoir est
tenace : je veux la
bonne surprise, et puis je cherche le bout du fil de la
pelote… J’ai pitié de
nous.
21
heures 42 + Prier [2]…
l’évangile déjà prié et commenté avec notre recteur à sept
mercredi, entendu ce
matin… texte abrupt. De relation que selon Dieu puisque qui vous accueille m’accueille ; et
qui m’accueille
accueille Celui qui m’a envoyé. Les
conseils de Jésus à ses disciples sont donc ceux d’un
dépouillement total, d’une
rupture de toutes attaches les plus chères, légitimes et
intimes, mais pour une
totalité qui nous les rendra encore claires et fortes. Le
Christ parle de la
croix propre à chacun, et pas – dans ce passage – de
prendre la sienne,
impossible pour qui n’st le Fils de Dieu. La vie humaine
du Christ, ces trois ans
surtout de son ministère public, pas seulement la pitié
des foules, mais
constamment à Son esprit, puisque sans cesse Il en
rappelle à Ses disciples, la
perspective : la mort, le supplice, et avec tant
d’instance que Pierre et les
autres veulent conjurer le sort. Oubliant la Résurrection
qui est, en réalité,
la vraie perspective de tout, pour le Fils de l’homme
comme pour chacun de
nous. Résurrection figurée à proportion du don consenti :
récompense
de juste, récompense
de prophète… Qui
a trouvé sa vie la perdra ;
qui a perdu sa vie à cause de moi la perdre.
La perdre à cause de Lui, pas à cause de nous-mêmes et de
nos impérities. Il
est vrai que la cure de nous-mêmes est de se raccrocher au
Christ. Celui-ci –
enseignement de Paul – ne meurt pas à la vie, mais au
péché. Dialectique du
baptême et de la résurrection. Et ce que nous lisons de
l’Ancien Testament est
une énième annonciation, une énième fécondité contre toute
nature : elle
n’a pas de fils, et son mari est âgé – A cette même époque,
au temps fixé pour
la naissance, tu tiendras un fils dans tes bras. Délicatesse mutuelle, la riche Sunamite qui
accueille Elisée puis lui
installe une chambre de passage, préparée en permanence
pour lui : faisons-lui
une petite chambre sur la terrasse ; nous y mettrons u lit,
une table, un
siège et une lampe, et quand il viendra chez nous, il pourra
s’y retirer. A la
manière d’Abraham, elle a reconnu, d’intuition,
qui elle accueille : je sais que celui qui s’arrête
toujours chez nous
est un saint homme de Dieu.
Hier
soir, la seconde édition du gala annuel de l’école de
danse de Marguerite,
techniquement et visuellement moins bien que les
précédents. Plus qu’une seule
étoile mais un garçon, de plus en plus en évidence d’un
immense talent et de l’avenir
qui va avec. Douze ans... Peu de photos. et pas bonnes,
mais les visages aux jumelles (l’an
prochain, un télé-objectif et une reprise de la vidéo.
bien vite tant notre
fille change et rapidement, presque d’une semaine à
l’autre). Henri, heureux,
vivant, souriant dans les premiers tableaux, le bonheur de
danser, l’empathie
certainement avec les spectateurs, il se sait porté, il
n’en est que plus
aérien, ne touchant le sol que pour des postures
d’attention : royale. Mais
en fin de cycle, une tristesse, une fatigue, poignante
comme un doute. Les
visages en gros plan montrent une dépendance mutuelle des
danseurs, c’est poignant.
Plusieurs visages de filles, plus que des beautés, de
l’expression intense, l’expression
du vouloir-faire et du vouloir-être : je suis pris, jeux
de lèvres de l’une
d’elles. Les yeux de chacune jamais dans le lointain, ou
intérieurs ou attachés
à l’autre. Cinq garçons en tout, Henri donc, Tom, l’as du
hiphop : dans la
classe de Marguerite, chaleureux et vraiment un genre
crâne et dressé, trois
très jeunes garçonnets, un très jeune blond au regard bleu
et acéré mais doux
et attentif (pas le bleu de glace fixe d’EM), un jeune aux
cheveux très noirs
que j’ai félicité, après Henri, toujours quasi-fondant
sous les vœux et
compliments, je n’ai pas mémorisé son prénom. Oui, le
visage, les yeux, le
regard. Les filles bien plus dépendantes, appliquées et
craignant un peu. –
Front à front, Henri et Jeanne-Rose, partenaires depuis
leurs sept-huit
ans, en conclusion du tableau et de leur duo sous un pont de
Paris. Quelque chose
que je ne sais dire ni qualifier mais de très fort et vrai
entre eux, tout le
temps et qui s’est exprimé alors : émouvant, simple,
tellement expressif
de posture, de toucher, que le détail des regards ne se
cherchait ni ne se
voyait pour le tiers que j’ai été.
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