Jésus vit un homme assis au bureau de la douane ; son nom était Matthieu. « Suis-moi », lui dit-il.
Il le vit non pas tant avec les yeux du corps qu’avec le regard
intérieur de sa miséricorde. ~ Il vit le publicain, et parce qu’il le
vit d’un regard qui prend pitié et qui choisit, il lui dit : « Suis-moi », c’est-à-dire imite-moi. En lui demandant de le suivre, il l’invitait moins à marcher derrière lui qu’à vivre comme lui ; car celui qui déclare demeurer dans le Christ doit marcher dans la voie où lui, Jésus, a marché. ~ Matthieu se leva et le suivit.
Rien d’étonnant que le publicain, au premier appel impérieux du
Seigneur, ait abandonné sa recherche de profits terrestres et que,
négligeant les biens temporels, il ait adhéré à celui qu’il voyait
dépourvu de toute richesse. C’est que le Seigneur qui l’appelait de
l’extérieur par sa parole le touchait au plus intime de son âme en y
répandant la lumière de la grâce spirituelle. Cette lumière devait faire
comprendre à Matthieu que celui qui l’appelait à quitter les biens
temporels sur la terre était en mesure de lui donner dans le ciel un
trésor incorruptible. ~
Comme Jésus était à table à la
maison, voilà que beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent
s’attabler avec lui et ses disciples. La conversion d’un seul
publicain ouvrit la voie de la pénitence et du pardon à beaucoup de
publicains et de pécheurs. ~ Beau présage en vérité : celui qui devait
être plus tard Apôtre et docteur parmi les païens entraîne à sa suite,
lors de sa conversion, tout un groupe de pécheurs sur le chemin du
salut ; et ce ministère de l’Évangile qu’il allait accomplir après avoir
progressé dans la vertu, il l’entreprend dès les premiers débuts de sa
foi. ~
Essayons de comprendre plus profondément l’événement relaté ici.
Matthieu n’a pas seulement offert au Seigneur un repas corporel dans sa
demeure terrestre, mais il lui a bien davantage préparé un festin dans
la maison de son cœur par sa foi et son amour ; comme en témoigne celui
qui a dit : Voici que je me tiens à la porte, et je frappe : si
quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je
prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. ~ Nous ouvrons notre
porte pour le recevoir à l’appel de sa voix lorsque nous donnons notre
libre assentiment à ses avertissements intérieurs ou extérieurs et quand
nous mettons à exécution ce que nous avons compris que nous devions
faire. Et il entre pour manger, lui avec nous et nous avec lui, parce
qu’il habite dans le cœur de ses élus, par la grâce de son amour ; ainsi
il les nourrit sans cesse par la lumière de sa présence afin qu’ils
élèvent progressivement leurs désirs, et lui-même se nourrit de leur
zèle pour le ciel comme de la plus délicieuse nourriture.
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