SERMON DE SAINT AUGUSTIN SUR LES PASTEURS
Vous n'avez pas ramené la brebis égarée, ~ cherché celle qui était perdue.
C'est ainsi que nous pouvons nous trouver exposés à la violence des
bandits et aux dents des loups furieux, et nous vous demandons de prier
pour nous quand nous sommes exposés à ces dangers. Et les brebis sont
rétives. Car lorsqu'on cherche celles qui sont égarées, elles disent
qu'elles sont devenues étrangères en s'égarant et en se perdant : «
Pourquoi nous appelez-vous ? Pourquoi nous cherchez-vous ? » Comme si la
raison pour laquelle nous les appelons et les cherchons n'était pas
justement qu'elles sont égarées et qu'elles se perdent ! « Si je suis
égarée, dit-elle, si je suis près de mourir, pourquoi m'appelles-tu ?
Pourquoi me cherches-tu ? » C'est parce que tu es égarée que je veux te
rappeler ; parce que tu vas à ta perte, que je veux te trouver. « C'est
ainsi que je veux m'égarer, c'est ainsi que je veux périr. »
C'est ainsi que tu veux t'égarer, c'est ainsi que tu veux périr ? Raison
de plus pour que je ne le veuille pas. Oui, j'ose le dire : je suis
importun. J'entends l'Apôtre me dire : Annonce la parole, insiste à temps et à contre-temps. À
temps envers qui ? À contre-temps envers qui ? À temps envers ceux qui
veulent, à contre-temps envers ceux qui ne veulent pas. Oui, je suis
importun, j'ose dire : « Tu veux t'égarer, tu veux périr ; moi, je ne
veux pas ». Et finalement, celui qui ne veut pas, c'est celui qui me
fait peur. Si je voulais, voici ce qu'il me dirait, voici ce qu'il me
reprocherait : Vous n'avez pas ramené la brebis égarée et vous n'avez pas cherché celle qui était perdue. Est-ce que je te craindrai davantage que lui ? Nous aurons tous à comparaître devant le tribunal du Christ. ~
Je rappellerai la brebis égarée, je chercherai la brebis perdue. Que tu
le veuilles ou non, je le ferai. Et si, dans ma recherche, les buissons
des forêts me déchirent, je me ferai tout petit ; je secouerai toutes
les haies ; autant que le Seigneur redoutable me donnera de forces, je
parcourrai toute la campagne. Je rappellerai la brebis égarée, je
chercherai la brebis perdue. Si tu ne veux pas que je souffre, ne
t'égare pas, ne te perds pas. Peu importe que je m'attriste de ton
égarement et de ta perte. Je crains, si je ne m'occupe pas de toi, de te
tuer, même toi qui es fort. Regarde en effet la suite du texte : Et celle qui était forte, vous l'avez accablée.
Si je ne m'occupe pas de celui qui est égaré et qui se perd, c'est que
je me réjouirai de voir celui qui est fort s'égarer et périr.
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