mardi 6 septembre 2022

« Cette parole est dure » - commentaire de saint Bernard

 

SERMON DE SAINT BERNARD



Nous le lisons dans l'Évangile : lorsque le Seigneur s'est mis à prêcher et, sous le mystère de son corps donné en nourriture, à instruire ses disciples sur la nécessité de participer à ses souffrances, certains ont dit : Cette parole est dure, et dès lors ils cessèrent de l'accompagner. Mais comme Jésus demandait à ses disciples si eux aussi voulaient le quitter, ils répondirent : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.

De même, je vous le dis, frères, jusqu'aujourd'hui il est manifeste pour certains que les paroles de Jésus sont esprit et vie ; aussi marchent-ils à sa suite. Mais à d'autres elles paraissent dures, si bien qu'ils cherchent ailleurs une misérable consolation. C'est qu'en effet la Sagesse élève la voix sur les places ; et plus précisément sur la route large et spacieuse qui conduit à la mort, pour rappeler ceux qui s'y sont engagés.

Par ailleurs, quarante ans, dit le psaume, je me suis tenu proche de cette génération, et j'ai dit : ce peuple a toujours le cœur égaré. Et dans un autre psaume : Une fois Dieu a parlé. Une fois, oui, parce que toujours. Sa Parole est unique, en effet, parce qu'elle est sans interruption, continue et perpétuelle.

Il rappelle les pécheurs à leur cœur, il les reprend sur l'égarement de leur cœur, puisque c'est là qu'il habite, lui, là qu'il parle. Et c'est ainsi qu'il accomplit ce qu'il a annoncé par le prophète : Parlez au cœur de Jérusalem.

Vous voyez, frères, combien l'avertissement du prophète concerne notre salut, afin que si aujourd'hui nous entendons sa voix, nous n'endurcissions pas nos cœurs. Et dans l'Évangile vous lisez presque les mêmes paroles que chez le prophète. Dans l'Évangile le Seigneur dit : Mes brebis entendent ma voix. Et David dans le psaume : Vous, son peuple (c'est-à-dire assurément celui du Seigneur), vous, les brebis de son pâturage, si aujourd'hui vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs.

Écoute encore comment le prophète Habaquq, loin de négliger la réprimande du Seigneur, s'en préoccupe au contraire avec grand soin. Il dit en effet : Je tiendrai bon à mon poste de garde, je resterai debout sur les retranchements. Je guetterai pour voir ce qu'il dira contre moi et ce que je répondrai au rappel à l'ordre. Nous aussi, frères, je vous en supplie, tenons-nous à notre poste de garde, car c'est l'heure du combat.

Dans notre cœur, là où le Christ fait sa demeure, conduisons-nous avec jugement et intelligence, de manière à ne pas mettre notre confiance dans notre propre vie et à ne pas prendre appui sur un fragile rempart.


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