08
heures 44 + Nous endormant, j’ai pu lui dire ce que
je comprends :
que mes centres d’intérêt ne soient pas les siens,
ne
l’intéressent pas, qu’elle me juge manipulé par
Ousmane ou
d’autres, que mon écriture soit les moulins de Don
Quichotte
tandis qu’elle travaille à nos ressources d’appoint
qui sont
décisives, ses soutiens personnalisés qui – selon ce
qu’elle
m’en rapporte – m’apprennent peut-être plus encore
qu’à
elle..., ce qu'elle me signifie ainsi a l’effet
bienfaisant de me faire relativiser ce sur quoi je
me love. Et ce petit matin où elle « administre »
nos
chiens, à tour de rôle en promenade jusqu’au Loch
puisque Fonzy
et Sam sont incompatibles, je vais à sa rencontre.
La rosée, le
brouillard aux lisières de haies, les ombres portées
des arbres du
chemin breton à ceux qui font la limite de nos prés,
les traits,
l’oblique, puis le V des traces d’avion… je lui dis
le vertige
que me donne son cher frère : pas d’amour, pas
d’amitié,
pas de projet, jamais... au passé, au présent, à
l’avenir…
elle me dit l’accompagner comme elle peut… je lui
dis combien je
le ressens, l’en approuve et me joins à elle, même
si…
beau-frère et mari… nous arrivons à tout nous dire,
sans
l’ostentation et le truchement d’une jeunesse que
nous avons
vécue à mes cinquante et soixante ans, la jeunesse
et les gestes,
la suite d’âme et d’amour, sans expression que la
réalité du
mouvement intérieur et la grâce de ressentir
ensemble ce mouvement. Lenteur et force de la
vérité, le sourire en conclusion, pas en ouverture,
et ne se voyant pas. L'amour. Grâce.
Les
textes pour aujourd’hui sont
ceux de la compassion absolue et du développement de
la beauté
humaine à proportion des soins de Dieu pour nous. La
nouvelle-née,
nos débuts : aucun
regard de pitié pour toi, personne pour te donner le
moindre de ces
soins, par compassion. On t’a jetée en plein champ,
avec dégoût,
le jour de ta naissance… Je t’ai dit : « Je veux que
tu vives ! ». Je t’ai fait croître comme l’herbe des
champs. Tu as poussé,
tu as grandi, tu es devenue femme… Le
texte est splendide, une initiation aux
transformations féminines, à
l’aboutissement de la beauté, j’essaierai ce soir de
lire cette
page à notre fille.
Je suis passé près de toi, et je t’ai vue : t avais
atteint
l’âge des amours. J’étendis sur toi le pan de mon
manteau et je
couvris ta nudité… Tu devins de plus en plus belle
et digne de la
royauté. Ta renommée
se répandit parmi les nations, à cause de ta beauté,
car elle
était parfaite. Oui,
mais le fait de qui ? de l’abandonnée de naissance ?
Ta
beauté, car elle était parfaite, grâce à ma
splendeur dont je
t’avais revêtue 1.
Notre création, jour après jour depuis l’origine de
tout, à
l’image et à la ressemblance
de Dieu. Et l’homme – homme et femme – comblé,
chute… tu
t’es fiée à la ta beauté, tu t’es prostituée en
usant de ta
renommée,
tu as prodigué tes faveurs à tout passant : tu as
été à
n’importe qui…
le drame, continu, contemporain, de la rédemption… je
me ressouviendrai de mon alliance, celle que j’ai conclue
au temps de ta jeunesse, et j’établirai pour toi une
alliance
éternelle… tu
n’oseras pas ouvrir la bouche quand je te
pardonnerai tout ce que
tu as fait. Explication
de ces noces : Dieu et l’humanité, par Jésus :
l‘indissolubilité du mariage, parabole de l’alliance
et de tout
optimisme. L’avenir, si accidenté et parfois
horrible ou idiot que
soit le présent, c’est l’alliance.
09
heures 30 + Départ de mes aimées et de mon cher
beau-frère, Arzon,
cours pour Duncan entrant en troisième et Marguerite
comme émule.
Avec épouse et fille, plus nos amis enseignants
affiliés à la
C.G.T. je crois bien être au coeur du mal-être des
sujets de notre
Education nationale. La S.N.C.F. et son P.D.G.
toujours aux manettes,
l’ami du directeur de Sciences
Po. rue Saint-Guillaume,
l’excellence à la Harvard, l’anglomanie et
l’inscription annuelle à quelques 14.000 euros sans
participation
au conseil d’administration, les
émules de l’erreur…
Air-France.KLM
incapable de paix intérieure entre direction et
salariés, qui sont,
l’avion étant ce qu’il est, des élites et des gens
conscients
de responsabilités vitales : notre entreprise, surtout,
incapable de se trouver des dirigeants en son propre
sein ou au moins
entre Européens. SPINETTA
qui la dirigeait bien, je crois, n’y revient pas
mais conseille le
démantèlement
de la S.N.C.F.
pour la quelle il n’a aucun affectus domini. Nos
faillites, le classement de Shangaï des
performances nationales pour l’éducation et la
formation de ce qui
doit nous suivre,
l’avertissement terrible du pont de Gênes. Où passe
l’argent ?
Aux marchés ? Aux banques ? Cette consigne,
paraît-il,
donnée il y a quelques-uns au conducteurs de TGV:
ralentir et
laisser le convoi sur son erre entre tel et tel
kilomètres entre
Marseille ? et Montpellier ? puisque les caténaires
sur-usés ne sont pas remplacés. Une victime,
heureusement… le
ministre de l’Intérieur italien faisant la bamboche
en Sicile
tandis que se décrète le deuil national. Nous avons
vécu cela, la
canicule de 2003 et le ministre de la Santé en
chemise de
décontraction,
les
morts en maison de retraite ou à domicile plus
visité.
Le clergé pédophile certes, et pour
moins qu’une
infinitésimale part de son ensemble… les politiques,
la piscine de
Brégançon, caprice de la « première dame » puisque
le
président pratique la mer quant à lui… mais l’image
est là,
nous sommes une époque de pub., de com. et d’images
pour prendre
les abréviations. L’austérité seule est supportable
quand il
s’agit de celles et ceux que nous voyons au pinacle
et qui ne
démontrent, pour beaucoup d’entre eux que l’art de
parvenir ou
de se maintenir, si rarement celui de nous faire
participer, celui de
faire fructifier nos patrimoine. Mes amis P., les
parents de la
délicieuse amie de Marguerite, votant EM l’an
dernier et ne
comprenant pas ce hyatus entre l’intelligence et le
refus de le
choisir… hier soir, l’aveu : je le subis comme j’ai
subi
chacun des autres. - Aux
Etats-Unis, une contagion qui commence : la
spectaculaire
contestation du président régnant par les plus hauts
responsables
de naguère ou de maintenant, astreints ou ayant été
astreints au
« secret-défense », et voici que ressurgit la
circonstance terrible de la traque et de
l’élimination de BEN
LADEN. Brûlis devant la maison, depuis quatre jours
persistent odeur
(pas désagréable) et fumée, fumerolles, sorte de
rumeur de la
cendre… Réponse quotidienne si je vais la voir, la
beauté tout autour, la beauté tout près. Ce qui rend
insupportable
la dureté, le scandale, l’injustice… en
surimpression
quotidienne. La pureté de la beauté en lumière, tout
à l’heure,
si
je vais au-devant de ma chère femme, nos
prés, puis
le survivant des deux chênes morts, paysage
résumé à mes yeux depuis mon clavier et les
accumulations de ma
table...
les
deux chênes foudroyés, peut-être à la Libération… et
devenus, donc, nus, et
l’un qui s’est abattu quand coïncidèrent dans ma
propre vie la
chirurgie sur mon corps et la consommation en mon
coeur d’une
séparation, dont je ne savais pas qu’un jour elle me
serait
expliquée par un chant de reconnaissance. La vie
sait se
récapituler. Mais aussi se prépare...
Marguerite et les traits fins, ajustés, disant la
vérité de son
visage : devant la glace, la voici, ce
matin, elle
s’est habillée de rouge, hier c’était du blanc. La
jeune fille,
la jeune femme que Dieu décrit et raconte à
Ezéchiel. Le cher
Emmanuel D., un revenant, pour vanter un livre qu’il
me dit
d’exception, et à comprendre ce qu’il rapporte, je
le crois :
religieux, Frère Prêcheur, il découvre que
l’évangile serait un
livre à propager comme un roman… mon initiation à la
beauté qui
fut, après les paysages et avant les paysages, le
corps féminin pas
à prendre mais à voir, se fit par le Cantique
des cantiques,
quatorze-quinze ans. Aujourd’hui Ezéchiel, celui
aussi qui raconte
la résurrection des morts par milliers dans
la vallée que le Seigneur lui montre. Chair et vie
éternelle, le
travail de « mon » exemplaire Michèle T. auquel elle
s’adonne sans joie. Un livre comme un roman, suggère
Emmanuel D.…
mais l’évangile selon saint Jean, le suspense à
chaque étape,
chaque jour, la haine des hiérarchies, la
progression insistante et
inquiétant de la révélation d’une identité qui va
bouleverser.
En lui adressant le petit livre des pensées
quotidiennes, tirées du
fonds de Jean LAPLACE, lui recommandant ces deux
heures de lecture
d’affilée, Jean d’un seul souffle.
1- Ezékiel XVI 1 à 63 ; cantique
selon Isaïe XII 2 à 6 passim ; évangile selon saint Matthieu
XIX 3 à 12
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