Le dogme consiste dans le paragraphe 45 “par
l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux
apôtres Pierre et Paul, et par la Nôtre, Nous proclamons, déclarons
et définissons que c’est un dogme divinement révélé que Marie,
l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de
sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire
céleste.”
Constitution apostolique Munificentissimus
Deus du 1er novembre 1950
Sur la définition du dogme de l’Assomption – Pie XII
Sur la définition du dogme de l’Assomption – Pie XII
Donné à Rome, près de Saint-Pierre, l’année
du très saint Jubilé mil neuf cent cinquante,
le premier novembre, en la fête de tous les Saints
le premier novembre, en la fête de tous les Saints
A nos Vénérables Frères les Patriarches,
Primats, Archevêques, evêques et autres Ordinaires en paix et
communion avec le Siège apostolique, ainsi qu’à tout le clergé
et aux fidèles de l’univers catholique
Vénérables Frères,
Salut et Bénédiction apostolique !
1. Dans sa munificence, Dieu, qui peut tout, et
dont le plan providentiel est fait de sagesse et d’amour, adoucit
par un mystérieux dessein de sa pensée, les souffrances des peuples
et des individus en y entremêlant des joies, afin que par des
procédés divers et de diverses façons, toutes choses concourent au
bien de ceux qui l’aiment [1]
2. Notre pontificat, tout comme l’époque
actuelle, est accablé de multiples soucis, préoccupations et
angoisses causés par les très graves calamités et les déviations
de beaucoup d’hommes qui s’écartent de la vérité et de la
vertu. Cependant, c’est pour Nous une grande consolation de voir
des manifestations publiques et vivantes de la foi catholique, de
voir la piété envers la Vierge Marie, Mère de Dieu, en plein
essor, et croître chaque jour davantage, et offrir presque partout
des présages d’une vie meilleure et plus sainte. Il arrive de la
sorte que tandis que la Très Sainte Vierge remplit amoureusement ses
fonctions de mère en faveur des âmes rachetées par le sang du
Christ, les esprits et les coeurs des fils sont incités à
contempler avec plus de soin ses privilèges.
3. Dieu, en effet, qui, de toute éternité,
regarde la Vierge Marie avec une toute particulière complaisance
« dès que vint la plénitude des temps [2] »,
réalisa le dessein de sa Providence de façon que les privilèges et
les prérogatives dont il l’avait comblée avec une suprême
libéralité, resplendissent dans une parfaite harmonie. Que si
l’Eglise a toujours reconnu cette très grande libéralité et
cette parfaite harmonie des grâces, et si, au cours des siècles,
elle les a chaque jour explorées plus intimement, il était
cependant réservé à notre temps de mettre en plus grande lumière
le privilège de l’Assomption corporelle au ciel de la Vierge
Marie, Mère de Dieu.
4. Ce privilège resplendit jadis d’un nouvel
éclat lorsque Notre Prédécesseur d’immortelle mémoire, Pie IX,
définit solennellement le Dogme de l’Immaculée Conception de la
Mère de Dieu. Ces deux privilèges sont en effet très étroitement
liés. Par sa propre mort, le Christ a vaincu le péché et la mort,
et celui qui est surnaturellement régénéré par le baptême
triomphe par le même Christ du péché et de la mort. Toutefois, en
vertu d’une loi générale, Dieu ne veut pas accorder aux justes le
plein effet de la victoire sur la mort, sinon quand viendra la fin
des temps. C’est pourquoi, les corps même des justes sont dissous
après la mort, et ne seront réunis, chacun à sa propre âme
glorieuse qu’à la fin des temps.
5. Cependant, Dieu a voulu exempter de cette loi
universelle la Bienheureuse Vierge Marie. Grâce à un privilège
spécial, la Vierge Marie a vaincu le péché par son Immaculée
Conception, et de ce fait, elle n’a pas été sujette à la loi de
demeurer dans la corruption du tombeau, et elle ne dut pas non plus
attendre jusqu’à la fin du monde la rédemption de son corps.
6. C’est pourquoi, lorsqu’il fut
solennellement défini que la Vierge Marie, Mère de Dieu, a été
préservée dès sa conception de la tache originelle, les fidèles
furent remplis d’un plus grand espoir de voir définir le plus tôt
possible, par le suprême magistère de l’Eglise, le Dogme de
l’Assomption corporelle au ciel de la Vierge Marie.
7. En fait, on vit alors, non seulement les
simples fidèles, mais encore les représentants des nations et des
provinces ecclésiastiques, ainsi que de nombreux Pères du Concile
du Vatican, postuler instamment cette définition auprès du Siège
apostolique.
8. Au cours des siècles, ces pétitions et ces
voeux, loin de diminuer, ne firent que croître en nombre et en
instance. En effet, de pieuses croisades de prières furent
organisées à cette fin ; de nombreux et éminents théologiens
en firent l’objet de leurs études empressées et attentives, soit
en particulier, soit dans des Athénées ou Facultés
ecclésiastiques, soit d’autres Instituts destinés à
l’enseignement des sciences sacrées ; des Congrès mariaux
nationaux ou internationaux eurent lieu, en de nombreuses parties du
monde. Ces études et ces recherches mirent en meilleure lumière le
fait que, dans le dépôt de la foi chrétienne confié à l’Eglise,
était également contenu le Dogme de l’Assomption au ciel de la
Vierge Marie ; et généralement, il en résulta des pétitions
dans lesquelles on priait instamment le Saint-Siège de définir
solennellement cette vérité.9. Dans cette pieuse campagne, les
fidèles se montrèrent admirablement unis à leurs évêques,
lesquels adressèrent en nombre vraiment imposant des pétitions de
ce genre à cette Chaire de Saint-Pierre. Aussi, au moment de Notre
élévation au trône du Souverain Pontife, plusieurs milliers de ces
suppliques avaient été présentées au Siège apostolique de toutes
les régions de la terre et par des personnes de toutes les classes
sociales : par Nos chers Fils les cardinaux du Sacré-Collège,
par Nos vénérables Frères les archevêques et évêques, par les
diocèses et les paroisses.
10. En conséquence, tandis que Nous adressions à
Dieu de ferventes prières afin d’obtenir pour Notre âme la
lumière du Saint-Esprit en vue de la décision à prendre en une si
grave affaire, Nous édictâmes des règles spéciales, pour que
fussent entreprises dans un effort commun, des études plus
rigoureuses sur cette question et pour que, pendant ce temps, fussent
rassemblées et examinées avec soin toutes les pétitions concernant
l’Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge Marie [3].
11. Mais comme il s’agissait d’une chose
particulièrement grave et importante, Nous jugeâmes opportun de
demander directement et officiellement à tous les vénérables
Frères dans l’épiscopat de bien vouloir Nous exprimer ouvertement
chacun son sentiment à ce sujet. C’est pourquoi, le 1er mai de
l’année 1946, Nous leur adressâmes la lettre Deiparae Virginis
Mariae, dans laquelle se trouvait ce qui suit : « Est-ce
que vous, vénérable Frère, dans votre grande sagesse et prudence,
vous pensez que l’Assomption corporelle de la Bienheureuse Vierge
puisse être proposée et définie comme Dogme de foi et est-ce que
vous, votre clergé et vos fidèles, vous désirez cela ? »
12. Et ceux que « l’Esprit-Saint a établis
évêques pour gouverner l’Eglise de Dieu [4] »
donnèrent à l’une et à l’autre question une réponse presque
unanimement affirmative. Ce « singulier accord des évêques et
des fidèles catholiques [5] », qui estiment que
l’Assomption corporelle au ciel de la Mère de Dieu peut être
définie comme un Dogme de foi, comme il nous offre l’accord de
l’enseignement du magistère ordinaire de l’Eglise et de la foi
concordante du peuple chrétien — que le même magistère soutient
et dirige — manifeste donc par lui-même et d’une façon tout à
fait certaine, et exempte de toute erreur, que ce privilège est une
vérité révélée par Dieu et contenue dans le dépôt divin,
confié par le Christ à son Epouse, pour qu’elle le garde
fidèlement et le fasse connaître d’une façon infaillible [6],
le magistère de l’Eglise, non point certes par des moyens purement
humains, mais avec l’assistance de l’Esprit de vérité [7]
et à cause de cela sans commettre absolument aucune erreur, remplit
la mission qui lui a été confiée de conserver à travers tous les
siècles, dans leur pureté et leur intégrité, les vérités
révélées ; c’est pourquoi il les transmet, sans altération,
sans y rien ajouter, sans y rien supprimer. « En effet, comme
l’enseigne le Concile du Vatican, le Saint-Esprit ne fut pas promis
aux successeurs de Saint-Pierre pour que, Lui révélant, ils
enseignent une doctrine nouvelle, mais pour que, avec son assistance,
ils gardent religieusement et exposent fidèlement la révélation
transmise par les Apôtres, c’est-à-dire le dépôt de la
foi » [8]. C’est pourquoi, de l’accord universel, du
magistère ordinaire de l’Eglise, on tire un argument certain et
solide servant à établir que l’Assomption corporelle au ciel de
la Bienheureuse Vierge Marie — laquelle, en ce qui concerne la
« glorification » céleste elle-même du corps virginal
de la Mère de Dieu, ne pouvait être connue par les forces
naturelles d’aucune faculté de l’âme humaine — est une vérité
révélée par Dieu, et par conséquent elle doit être crue
fermement et fidèlement par tous les enfants de l’Eglise. Car,
ainsi que l’affirme le même Concile du Vatican, « on doit
croire de foi divine et catholique toutes les choses contenues dans
la parole de Dieu écrite ou transmise, et que l’Eglise propose à
notre foi par son magistère ordinaire ou universel, comme des
vérités révélées par Dieu [9] . »13. Des témoignages,
des indices, des traces multiples de cette foi commune de l’Eglise
ont apparu au cours des siècles, depuis l’antiquité, et cette
même foi s’est manifestée dans une lumière plus vive de jour en
jour.
14. En effet, sous la direction et la conduite de
leurs pasteurs, les fidèles ont appris par la Sainte Ecriture que la
Vierge Marie a mené au cours de son pèlerinage ici-bas, une vie de
soucis, d’angoisses et de souffrances ; ils ont su, de plus,
que s’est réalisée la prédiction du saint vieillard : qu’un
glaive acéré lui transperça le coeur au pied de la croix de son
divin Fils, notre Rédempteur. Les fidèles ont également admis sans
peine que l’admirable Mère de Dieu, à l’imitation de son Fils
unique, quitta cette vie. Mais cela ne les a aucunement empêchés de
croire et de professer ouvertement que son corps si saint ne fut
jamais soumis à la corruption du tombeau et que cet auguste
tabernacle du Verbe divin ne fût pas réduit en pourriture et en
poussière. Bien plus, éclairés par la grâce divine, et poussés
par leur piété envers Celle qui est la Mère de Dieu et aussi notre
très douce Mère, ils ont contemplé dans une lumière chaque jour
plus vive l’admirable harmonie et concordance des privilèges que
Dieu, dans son infinie Providence, a accordés à cette sainte
associée de notre Rédempteur, privilèges si élevés que nulle
autre créature, en dehors de Marie, sauf la nature humaine de
Jésus-Christ, n’atteignit jamais pareil sommet.
15. Cette même croyance est clairement attestée
par d’innombrables églises consacrées à Dieu en l’honneur de
la Vierge Marie dans son Assomption ; elle l’est aussi par les
images sacrées exposées dans les églises à la vénération des
fidèles et représentant aux yeux de tous ce singulier triomphe de
la Bienheureuse Vierge. En outre, des villes, des diocèses, des
régions furent placés sous la protection et le patronage spéciaux
de la Vierge, Mère de Dieu, élevée au ciel. Pareillement, des
Instituts religieux approuvés par l’Eglise furent créés, qui
portent le nom de ce privilège de Marie. On ne doit pas non plus
passer sous silence que dans le rosaire mariai, dont le Siège
apostolique recommande tant la récitation, est proposé à la
méditation un mystère ayant trait, comme chacun sait, à
l’Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge.
16. Mais cette foi des pasteurs de l’Eglise et
des fidèles s’est manifestée d’une façon universelle et plus
éclatante lorsque, depuis les temps anciens, en Orient, comme en
Occident, furent célébrées des solennités liturgiques en
l’honneur de l’Assomption. Les Pères et Docteurs de l’Eglise,
en effet, n’ont jamais manqué de puiser là un lumineux argument,
attendu que la liturgie sacrée, ainsi que tous le savent, « étant
aussi une profession des vérités célestes, soumises au magistère
suprême de l’Eglise, elle peut fournir des preuves et des
témoignages de grande valeur pour décider de quelque point
particulier de la doctrine chrétienne [10] ».
17. Dans les livres liturgiques où l’on trouve
la fête, soit de la Dormition, soit de l’Assomption de Sainte
Marie, il y a des expressions en quelque sorte concordantes pour
attester que lorsque la Sainte Vierge, Mère de Dieu, quitta cet exil
pour les demeures éternelles, il arriva pour son corps sacré, par
une disposition de la divine Providence, ce qui était en harmonie
avec sa dignité de Mère du Verbe incarné, et avec les autres
privilèges qui lui avaient été accordés. Ces expressions, pour en
donner un remarquable exemple, se lisent dans le Sacramentaire, que
Notre prédécesseur d’immortelle mémoire, Adrien I, envoya à
l’empereur Charlemagne. Il y est dit, en effet : « Vénérable
est pour nous, Seigneur, la fête de ce jour, en lequel la Sainte
Mère de Dieu subit la mort temporelle, mais cependant ne put être
humiliée par les liens de la mort, elle qui engendra de sa chair,
ton Fils, Notre-Seigneur [11]. »18. Ce qu’indique dans
sa sobriété verbale habituelle la liturgie romaine, est exprimé
avec plus de détails et de clarté dans les autres livres de
l’ancienne liturgie, tant orientale qu’occidentale. Le
Sacramentaire Gallican, pour apporter un seul exemple, qualifie ce
privilège de Marie d’« inexplicable mystère, d’autant
plus admirable qu’il est exceptionnel parmi les hommes, par
l’Assomption de la Vierge ». Et, dans la liturgie byzantine,
l’Assomption corporelle de la Vierge Marie est reliée plus d’une
fois, non seulement à la dignité de Mère de Dieu, mais encore à
ses autres privilèges, à un titre particulier à sa maternité
virginale, faveur qu’elle doit à un singulier dessein de la divine
Providence : « Dieu, le Roi de l’univers, t’a accordé
des choses qui dépassent la nature, car, de même qu’il te garda
vierge lorsque tu enfantas, de même il préserva ton corps de la
corruption du tombeau et le glorifia par une divine
translation » [12]
19. Cependant, le fait que le Siège apostolique,
héritier de la mission confiée au Prince des apôtres de confirmer
les frères dans la foi rendit, en vertu de son autorité, de plus en
plus solennelle cette fête, a porté l’esprit des fidèles à
considérer chaque jour davantage la grandeur du mystère qui était
commémoré. C’est pourquoi la fête de l’Assomption, du rang
honorable qu’elle obtint dès le commencement parmi les autres
fêtes mariales, fut élevée au rang des fêtes les plus solennelles
de tout le cycle liturgique. Et Notre prédécesseur, saint Serge I,
prescrivant la litanie ou procession stationale pour les quatre fêtes
mariales, énumère ensemble les fêtes de la Nativité, de
l’Annonciation, de la Purification et de la Dormition de la Vierge
Marie [13]. Plus tard, saint Léon IV eut à coeur de faire
célébrer encore avec plus de solennité la fête déjà établie
sous le titre d’Assomption de la Bienheureuse Mère de Dieu ;
à cet effet, il en institua la vigile, puis il prescrivit des
prières pour son octave ; et lui-même, heureux de profiter de
cette occasion, entouré d’une immense foule, tint à participer à
la célébration des solennités [14]. Enfin, on déduit très
clairement l’obligation, remontant à une date ancienne, de jeûner
la veille de cette solennité, des déclarations de Notre
prédécesseur saint Nicolas Ier, au sujet des principaux jeûnes
« que la Sainte Eglise romaine reçut en tradition et qu’elle
observe encore [15] ».
20. Vu que la liturgie catholique n’engendre pas
la foi catholique, mais plutôt en est la conséquence, et que, comme
les fruits d’un arbre, en proviennent les rites du culte sacré,
les Saints Pères et les grands Docteurs, à cause de cela même, n’y
puisèrent pas cette doctrine comme d’une source première dans les
homélies et discours qu’ils adressaient au peuple ; mais ils
en parlaient plutôt comme d’une chose déjà connue des fidèles
et par eux acceptée. Ils l’ont mise en plus grande lumière. Ils
en ont exposé le fait et le sens par des raisons plus profondes,
mettant surtout en un jour plus lumineux ce que les livres
liturgiques très souvent touchaient brièvement et succinctement :
à savoir que cette fête rappelait non seulement qu’il n’y eut
aucune corruption du corps inanimé de la Bienheureuse Vierge Marie,
mais encore son triomphe remporté sur la mort et sa
« glorification » céleste, à l’exemple de son Fils
unique Jésus-Christ.
21. C’est pourquoi saint Jean Damascène, qui
demeure parmi tant d’autres, le héraut par excellence de cette
vérité dans la tradition, lorsqu’il compare l’Assomption
corporelle de l’auguste Mère de Dieu avec tous les autres dons et
privilèges, proclame avec une puissante éloquence : « Il
fallait que Celle qui avait conservé sans tache sa virginité dans
l’enfantement, conservât son corps sans corruption même après la
mort. Il fallait que Celle qui avait porté le Créateur comme enfant
dans son sein, demeurât dans les divins tabernacles. Il fallait que
l’Epouse que le Père s’était unie habitât le séjour du ciel.
Il fallait que Celle qui avait vu son Fils sur la croix et avait
échappé au glaive de douleur en le mettant au monde, l’avait reçu
en son sein, le contemplât encore siégeant avec son Père. Il
fallait que la Mère de Dieu possédât tout ce qui appartient à son
Fils et qu’elle fût honorée par toute créature comme la Mère de
Dieu et sa servante [16] ».
22. Cette voix de saint Jean Damascène répond
fidèlement à celle des autres qui soutiennent la même doctrine.
Car on trouve des déclarations non moins claires et exactes dans
tous ces discours que les Pères de la même époque ou de la
précédente ont tenus généralement à l’occasion de cette fête.
C’est pourquoi, pour en venir à d’autres exemples, saint Germain
de Constantinople estimait que l’incorruption du corps de la Vierge
Marie, Mère de Dieu, et son élévation au ciel, non seulement
convenaient à sa maternité divine, mais encore à la sainteté
particulière de son corps virginal : « Tu apparais, comme
il est écrit, en splendeur ; et ton corps virginal est
entièrement saint, entièrement chaste, entièrement la demeure de
Dieu ; de sorte que, de ce fait, il est ensuite exempt de tomber
en poussière ; transformé dans son humanité en une sublime
vie d’incorruptibilité, vivant lui-même et très glorieux,
intact, et participant de la vie parfaite [17] ». Un autre
écrivain des plus anciens déclare : « A titre donc de
très glorieuse Mère du Christ, le Sauveur notre Dieu, Auteur de la
vie et de l’immortalité, elle est vivifiée, dans une
incorruptibilité éternelle de son corps, par Celui-là même qui
l’a ressuscitée du tombeau et l’a élevée jusqu’à lui, comme
lui seul la connaît [18] ».
23. Comme cette fête liturgique se célébrait
chaque jour en plus de lieux et avec une piété plus considérable,
les pasteurs de l’Eglise et les orateurs sacrés, d’un nombre
toujours croissant, estimèrent qu’il était de leur devoir
d’exposer clairement et ouvertement le mystère que rappelle cette
fête et de déclarer qu’il est très lié avec les autres vérités
révélées.24. Parmi les théologiens scolastiques, il n’en manqua
pas qui, voulant approfondir les vérités divinement révélées et
désirant offrir cet accord parfait qui se trouve entre la raison
théologique et la foi catholique, pensèrent qu’il fallait
reconnaître que ce privilège de l’Assomption de la Vierge Marie
s’accorde d’une façon admirable avec les vérités divines que
nous livrent les Saintes Lettres.
25. En partant de là par voie de raisonnement,
ils ont présenté des arguments variés qui éclairent ce privilège
marial, et le premier, pour ainsi dire, de ces arguments,
déclaraient-ils, est le fait que Jésus-Christ, à cause de sa piété
à l’égard de sa Mère, a voulu l’élever au ciel. Et la force
de ces arguments s’appuyait sur l’incomparable dignité de sa
maternité divine et de toutes les grâces qui en découlent, à
savoir : sa sainteté insigne qui surpasse la sainteté de tous
les hommes et des anges : l’intime union de la Mère avec son
Fils, et ce sentiment d’amour privilégié dont le Fils honorait sa
très digne Mère.
26. Souvent ainsi, des théologiens et des
orateurs sacrés se présentent qui, suivant les traces des Saints
Pères [19], pour illustrer leur foi en l’Assomption, usant
d’une certaine liberté, rapportent des événements et des paroles
qu’ils empruntent aux Saintes Lettres. Pour Nous en tenir à
quelques citations qui sont sur ce sujet le plus souvent employées,
il y a des orateurs qui citent la parole du psalmiste :
« Lève-toi, Seigneur, au lieu de ton repos, toi et l’arche
de ta majesté [20] ; et ils envisagent l’« Arche
d’alliance » faite de bois incorruptible et placée dans le
temple de Dieu, comme une image du corps très pur de la Vierge
Marie, gardé exempt de toute corruption du sépulcre et élevé à
une telle gloire dans le ciel. De la même façon, en traitant de
cette question, ils décrivent la Reine entrant triomphalement dans
la cour des cieux et siégeant à la droite du divin
Rédempteur [21] ; ainsi ils présentent l’Epouse du
Cantique « qui monte du désert comme une colonne de fumée
exhalant la myrrhe et l’encens » pour ceindre la
couronne [22]. Ils proposent ce qui précède comme des images
de cette Reine du ciel, cette Epouse céleste qui, en union avec son
Epoux divin, est élevée à la cour des cieux.
27. Et de plus, les Docteurs scolastiques, non
seulement dans les diverses figures de l’Ancien Testament, mais
aussi dans cette Femme revêtue de soleil que contempla l’Apôtre
Jean dans l’île de Patmos [23], ont vu l’indication de
l’Assomption de la Vierge Mère de Dieu. De même, des passages du
Nouveau Testament, ils ont proposé avec un soin particulier à leur
considération ces mots : « Salut pleine de grâce, le
Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes [24],
alors qu’ils voyaient dans le mystère de l’Assomption le
complément de cette surabondante grâce accordée à la Bienheureuse
Vierge, et cette bénédiction unique en opposition avec la
malédiction d’Eve.
28. C’est pourquoi, au début de la théologie
scolastique, cet homme très pieux, Amédée, évêque de Lausanne,
affirme que la chair de la Vierge Marie est restée sans corruption —
car on ne peut croire que son corps ait vu la corruption —
puisqu’il a, en effet, été uni de nouveau à son âme et
conjointement avec elle, dans la cour céleste, couronné de la
gloire d’En-Haut. « Elle était, en effet, pleine de grâce
et bénie entre les femmes [25]. » Seule, elle a mérité
de concevoir le vrai Dieu de vrai Dieu, que vierge elle a mis au
monde, que vierge, elle a allaité, le pressant sur son sein, et
qu’elle a servi en toute chose d’une sainte obéissance [26].
29. Parmi les saints écrivains qui, à cette
époque, se sont servis des textes et de diverses similitudes ou
analogies des Saintes Ecritures pour illustrer ou confirmer la
doctrine de l’Assomption, objet d’une pieuse croyance, le Docteur
évangélique saint Antoine de Padoue occupe une place à part. C’est
lui, en effet, qui, le jour de l’Assomption, expliquait ces paroles
du Prophète Isaïe : « Je glorifierai le lieu où
reposent mes pieds [27] », affirma d’une façon certaine
que le divin Rédempteur a orné de la plus haute gloire sa Mère
très chère, dont il avait pris sa chair d’homme. « Par là,
vous savez clairement, dit-il, que la Bienheureuse Vierge dans son
corps, où fut le lieu où reposèrent les pieds du Seigneur, a été
élevée (au ciel). » C’est pourquoi le Psalmiste sacré
écrit : « Lève-toi, Seigneur, au lieu de ton repos, toi,
et l’arche de ta majesté. » De la même façon, comme il
l’affirme lui-même, que Jésus-Christ est ressuscité en
triomphant de la mort, et monté à la droite de son Père, ainsi
pareillement « est ressuscitée aussi l’Arche de sa
sanctification lorsqu’en ce jour, la Vierge Mère a été élevée
dans la demeure céleste [28] ».
30. Au moyen âge, alors que la théologie
scolastique était dans tout son éclat, saint Albert le Grand, après
avoir réuni, pour en établir la preuve, divers arguments fondés
sur les Saintes Lettres, les textes de la tradition ancienne et enfin
la liturgie et le raisonnement théologique, comme on dit, conclut
ainsi : « Pour toutes ces raisons, et ces témoignages qui
font autorité, il est clair que la Bienheureuse Mère de Dieu a été
élevée en âme et en corps au-dessus des choeurs des anges. Et nous
croyons que cela est vrai de toutes façons [29] ». Dans
le sermon qu’il prononça le saint jour de l’Annonciation de la
Bienheureuse Vierge Marie, en expliquant ces paroles de l’Ange la
saluant : « Ave, gratia plena »…, le Docteur
universel, comparant à Eve la Très Sainte Vierge, soutient
clairement et expressément qu’elle fut exempte de la quadruple
malédiction qui frappa Eve [30].
31. Le Docteur angélique, à la suite de son
remarquable Maître, bien qu’il n’ait jamais traité expressément
la question, chaque fois cependant qu’incidemment il y touche,
maintient constamment en union avec l’Eglise catholique que le
corps de Marie a été élevé au ciel avec son âme [31].
32. Le Docteur séraphique, entre beaucoup
d’autres, se déclare dans le même sens. Pour lui, il est tout à
fait certain que Dieu, de la même façon qu’il a gardé Marie, la
Très Sainte, exempte de la violation de son intégrité virginale et
de sa pureté virginale, soit quand elle a conçu, soit quand elle
enfanta, ainsi Dieu n’a pas permis en aucune façon que son corps
fût réduit à la corruption ou réduit en cendres [32]. En
interprétant ces paroles de la Sainte Ecriture et les appliquant en
un certain sens accomodatice à la Bienheureuse Vierge : Quae
est ista, quae ascendit de deserto, deliciis affluens, innixa super
dilectum suum. « Quelle est celle-ci qui monte du désert,
pleine de délices, appuyée sur son bien-aimé [33] ? »,
il raisonne ainsi : « De là encore, il résulte qu’elle
s’y trouve en corps… Car, en effet, sa béatitude ne serait pas
consommée si elle ne s’y trouvait pas en personne, mais c’est
l’union (du corps et de l’âme) qui la constitue ; il est
évident qu’en tant que suivant cette union, c’est-à-dire en son
corps et en son âme, elle s’y trouve : sans quoi, elle
n’aurait pas la jouissance béatifique achevée [34]. »
33. A une époque plus tardive de la théologie
scolastique, soit au XVe siècle, saint Bernardin de Sienne,
reprenant d’une manière générale, et étudiant de nouveau avec
soin tout ce que les théologiens du Moyen Age avaient déclaré et
discuté sur cette question, ne se contenta pas de rapporter les
principales considérations que les docteurs du temps passé avaient
proposées, mais il en ajouta de nouvelles. A savoir la ressemblance
de la divine Mère et de son divin Fils pour ce qui touche à la
noblesse et à la dignité de l’âme et du corps — à cause de
cette ressemblance, nous ne pouvons pas même penser que la Reine du
Ciel soit séparée du Roi du Ciel — demande que Marie « ne
puisse se trouver que là où est le Christ [35] », et,
d’autre part, il est conforme à la raison et convenable que de
même que pour l’homme, ainsi le corps et l’âme de la femme
arrivent à la gloire éternelle dans le ciel ; et, enfin,
puisque l’Eglise n’a jamais recherché les restes de la
Bienheureuse Vierge et ne les a jamais proposés au culte du peuple.
Il y a là un argument qu’on peut offrir, « comme une preuve
sensible [36] ».
34. En des temps plus récents, ces déclarations
des Saints Pères et Docteurs que nous avons rapportées furent d’un
usage commun. Embrassant cette unanimité des chrétiens dans la
tradition des siècles antérieurs, saint Robert Bellarmin s’écrie :
« Et qui pourrait croire, je vous prie, que l’arche de la
sainteté, la demeure du Verbe, le temple de l’Esprit-Saint se soit
écroulé ? Mon âme répugne franchement même à penser que
cette chair virginale qui a engendré Dieu, lui a donné le jour, l’a
allaité, l’a porté, ou soit tombée en cendres ou ait été
livrée à la pâture des vers [37]. »
35. De la même façon, saint François de Sales,
après avoir soutenu qu’on ne peut mettre en doute que Jésus-Christ
a accompli à la perfection le commandement divin qui prescrit aux
fils d’honorer leurs parents, se pose cette question : « Qui
est l’enfant qui ne ressuscitast sa bonne mère s’il pouvoit et
ne la mist en paradis après qu’elle seroit décédée [38] ? »
Et saint Alphonse écrit : « Jésus n’a pas voulu que le
corps de Marie se corrompît après sa mort, car c’eût été un
objet de honte pour lui si sa chair virginale était tombée en
pourriture, cette chair dont lui-même avait pris la sienne [39]. »
36. Mais comme ce mystère, objet de la
célébration de cette fête, se trouvait déjà mis en lumière, il
ne manqua pas de Docteurs qui, plutôt que de se servir des arguments
théologiques qui démontrent qu’il convient absolument et qu’il
est logique de croire à l’Assomption au ciel de la Bienheureuse
Vierge Marie en son corps, tournaient leur esprit et leur coeur à la
foi de l’Eglise, Epouse mystique du Christ qui n’a ni tache ni
ride [40], et que l’Apôtre appelle « la colonne et la
base de la vérité [41] » ; appuyés sur cette foi
commune, ils pensaient que l’opinion contraire était téméraire
pour ne pas dire hérétique. Du moins, saint Pierre Canisius, comme
tant d’autres, après avoir déclaré que le mot même d’Assomption
signifie « glorification » non seulement de l’âme,
mais encore du corps, et que l’Eglise, déjà au cours de nombreux
siècles, vénère et célèbre avec solennité ce mystère mariai de
l’Assomption, remarque ce qui suit : « Ce sentiment
prévaut déjà depuis des siècles ; il est ancré au coeur des
pieux fidèles et confié ainsi à toute l’Eglise. Par conséquent,
on ne doit pas supporter d’entendre ceux qui nient que le corps de
Marie a été élevé dans le ciel, mais on doit les siffler, à
l’occasion, comme des gens trop entêtés, et par ailleurs
téméraires, et comme des gens imbus d’un esprit plus hérétique
que catholique [42] ».
37. A la même époque, le Docteur excellent qui
professait cette règle en marialogie que « les mystères de
grâce opérés par Dieu dans la Vierge ne doivent pas se mesurer aux
règles ordinaires, mais à la toute-puissance divine, étant
supposée la convenance de ce dont il s’agit et que cela ne soit
pas en contradiction avec les Saintes Ecritures ou inconciliable avec
le texte sacré [43] », en ce qui concerne le mystère de
l’Assomption, fort de la foi commune de l’Eglise tout entière,
il pouvait conclure que ce mystère doit être cru avec la même
fermeté d’âme que l’Immaculée Conception de la Bienheureuse
Vierge Marie, et déjà il affirmait que ces vérités pouvaient être
définies.
38. Tous ces arguments et considérations des
Saints Pères et des théologiens s’appuient sur les Saintes
Lettres comme sur leur premier fondement. Celles-ci nous proposent,
comme sous nos yeux, l’auguste Mère de Dieu dans l’union la plus
étroite avec son divin Fils et partageant toujours son sort. C’est
pourquoi il est impossible de considérer Celle qui a conçu le
Christ, l’a mis au monde, nourri de son lait, porté dans ses bras
et serré sur son sein, séparée de lui, après cette vie terrestre,
sinon dans son âme, du moins dans son corps. Puisque notre
Rédempteur est le Fils de Marie, il ne pouvait certainement pas, lui
qui fut l’observateur de la loi divine le plus parfait, ne pas
honorer, avec son Père éternel, sa Mère très aimée. Or, il
pouvait la parer d’un si grand honneur qu’il la garderait exempte
de la corruption du tombeau. Il faut donc croire que c’est ce qu’il
a fait en réalité.
39. Il faut surtout se souvenir que, depuis le IIe
siècle, les Saints Pères proposent la Vierge Marie comme une Eve
nouvelle en face du nouvel Adam et, si elle lui est soumise, elle lui
est étroitement unie dans cette lutte contre l’ennemi infernal,
lutte qui devait, ainsi que l’annonçait le protévangile [44],
aboutir à une complète victoire sur le péché et la mort, qui sont
toujours liés l’un à l’autre dans les écrits de l’Apôtre
des Nations [45]. C’est pourquoi, de même que la glorieuse
Résurrection du Christ fut la partie essentielle de cette victoire
et comme son suprême trophée, ainsi le combat commun de la
Bienheureuse Vierge et de son Fils devait se terminer par la
« glorification » de son corps virginal ; car, comme
le dit ce même Apôtre, « lorsque ce corps mortel aura revêtu
l’immortalité, alors s’accomplira la parole qui est écrite :
la mort a été engloutie dans sa victoire [46] ».
40. C’est pourquoi l’auguste Mère de Dieu,
unie de toute éternité à Jésus-Christ, d’une manière
mystérieuse, par « un même et unique décret [47] »
de prédestination, immaculée dans sa conception, Vierge très pure
dans sa divine Maternité, généreuse associée du Divin Rédempteur
qui remporta un complet triomphe du péché et de ses suites, a enfin
obtenu comme suprême couronnement de ses privilèges d’être
gardée intacte de la corruption du sépulcre, en sorte que, comme
son Fils, déjà auparavant, après sa victoire sur la mort, elle fut
élevée dans son corps et dans son âme, à la gloire suprême du
ciel où Reine, elle resplendirait à la droite de son fils, Roi
immortel des siècles. [48] ».
41. Alors, puisque l’Eglise universelle, en
laquelle vit l’Esprit de vérité, cet Esprit qui la dirige
infailliblement pour parfaire la connaissance des vérités révélées,
a manifesté de multiples façons sa foi au cours des siècles, et
puisque les évêques du monde entier, d’un sentiment presque
unanime, demandent que soit définie, comme dogme de foi divine et
catholique, la vérité de l’Assomption au ciel de la Bienheureuse
Vierge Marie — vérité qui s’appuie sur les Saintes Lettres et
ancrée profondément dans l’âme des fidèles, approuvée depuis
la plus haute antiquité par le culte de l’Eglise, en parfait
accord avec les autres vérités révélées, démontrée et
expliquée par l’étude, la science et la sagesse des théologiens,
— nous pensons que le moment, fixé par le dessein de Dieu dans sa
Providence, est maintenant arrivé où nous devons déclarer
solennellement cet insigne privilège de la Vierge Marie.
42. Nous, qui avons confié Notre pontificat au
patronage particulier de la Très Sainte Vierge, vers qui Nous Nous
réfugions en tant de vicissitudes des plus tristes réalités, Nous
qui avons consacré à son Coeur Immaculé le genre humain tout
entier en une cérémonie publique, et qui avons éprouvé souvent sa
très puissante assistance, Nous avons une entière confiance que
cette proclamation et définition solennelle de son Assomption
apportera un profit non négligeable à la société humaine, car
elle tournera à la gloire de la Très Sainte Trinité à laquelle la
Vierge Mère de Dieu est unie par des liens tout particuliers. Il
faut, en effet, espérer que tous les fidèles seront portés à une
piété plus grande envers leur céleste Mère ; que les âmes
de tous ceux qui se glorifient du nom de chrétiens, seront poussées
au désir de participer à l’unité du Corps mystique de
Jésus-Christ et d’augmenter leur amour envers Celle qui, à
l’égard de tous les membres de cet auguste corps, garde un coeur
maternel. Et il faut également espérer que ceux qui méditent les
glorieux exemples de Marie se persuaderont de plus en plus de quelle
grande valeur est la vie humaine si elle est entièrement vouée à
l’accomplissement de la volonté du Père céleste et au bien à
procurer au prochain ; que, alors que les inventions du
« matérialisme » et la corruption des moeurs qui en
découle menacent de submerger l’existence de la vertu et, en
excitant les guerres, de perdre les vies humaines, sera manifesté le
plus clairement possible, en pleine lumière, aux yeux de tous, à
quel but sublime sont destinés notre âme et notre, corps ; et
enfin que la foi de l’Assomption céleste de Marie dans son corps
rendra plus ferme notre foi en notre propre résurrection, et la
rendra plus active.
43. Ce Nous est une très grande joie que cet
événement solennel arrive, par un dessein de la Providence de Dieu,
alors que l’Année Sainte suit son cours, car ainsi nous pouvons,
pendant la célébration du très grand Jubilé, orner le front de la
Vierge Mère de Dieu de ce brillant joyau et laisser un souvenir plus
durable que l’airain de Notre piété très ardente envers la Mère
de Dieu.
44. C’est pourquoi, après avoir adressé à
Dieu d’incessantes et suppliantes prières, et invoqué les
lumières de l’Esprit de vérité, pour la gloire du Dieu
Tout-Puissant, qui prodigua sa particulière bienveillance à la
Vierge Marie, pour l’honneur de son Fils, Roi immortel des siècles
et vainqueur de la mort et du péché, pour accroître la gloire de
son auguste Mère et pour la joie et l’exultation de l’Eglise
tout entière, par l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des
bienheureux apôtres Pierre et Paul, et par la Nôtre, Nous
proclamons, déclarons et définissons que c’est un dogme
divinement révélé que Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours
Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en
âme et en corps à la gloire céleste.
45. C’est pourquoi, si quelqu’un — ce qu’à
Dieu ne plaise — osait volontairement nier ou mettre en doute ce
que Nous avons défini, qu’il sache qu’il a fait complètement
défection dans la foi divine et catholique.
46. Et pour que Notre définition de l’Assomption
au ciel de la Vierge Marie dans son corps parvienne à la
connaissance de l’Eglise universelle, Nous voulons que Nos lettres
apostoliques présentes demeurent pour en perpétuer la mémoire,
ordonnant que les copies qui en seront faites, ou même les
exemplaires qui en seront imprimés, contresignés de la main d’un
notaire public, et munis du sceau d’une personne constituée en
dignité ecclésiastique, obtiennent foi absolument auprès de tous,
comme le feraient les présentes Lettres elles-mêmes si elles
étaient exhibées ou montrées.
47. Qu’il ne soit permis à qui que ce soit de
détruire ou d’attaquer ou contredire, par une audacieuse témérité,
cet écrit de Notre déclaration, décision et définition. Si
quelqu’un avait la présomption d’y attenter, qu’il sache qu’il
encourrait l’indignation du Dieu Tout-Puissant et des bienheureux
apôtres Pierre et Paul.
48. Donné à Rome, près de Saint-Pierre, l’année
du très saint Jubilé mil neuf cent cinquante, le premier novembre,
en la fête de tous les Saints, de Notre pontificat la douzième
année.
Pie XII, Pape.
Notes
[1]Rom 8, 28.
[2] Gal 4, 4.
[3]Cf. Hentrich-Von Moos, Petitiones de Assumptione corporea B. Virginis Mariae in Caelum definienda ad S. Sedem delatae, 2 volumes, Typis Polyglottis Vaticanis, 1942.
[4] Act 20, 28.
[5]Bulle Ineffabilis Deus, Acta Pii IX, pars 1 , Vol. 1, p. 615.
[6]Concile du Vatican, Constitution Dei Filius, c. 4.
[7]Jean 14, 26.
[8]Concile du Vatican, Constitution Pastor Aeternus, c. 4.
[9]Ibid., Dei Filius, c. III.
[10]Encyclique Mediator Dei, Acta Apostolicae Sedis, XXXIX, 541.
[11]Sacramentorum Gregorianum.
[12]Menaei Totius Anni.
[13]Liber Pontificalis.
[14]Ibid.
[15]Responsa Nicolai Papae I ad Consulta Bulgarorum.
[16]S. Jean Damascène, Encomium in Dormitionem Dei Genitricis Semperque Virginis Mariae, hom. II, n. 14 ; cf. également ibid., n. 3.
[17]S. Germain de Constantinople, In sanctae Dei Genitricis Dormitionem, sermon I.
[18]Encomium in Dormitionem Sanctissimae Dominae Nostrate Deiparae Semperque Virginis Mariae, attribué à S. Modeste de Jérusalem, n. 14.
[19]Cf. S. Jean Damascène, op. cit., Hom. II, n. 11 ; et aussi l’Encomium attribué à saint Modeste.
[20]Ps. 131, 8.
[21]Ps. 44, 10 -14ff.
[22]Cant 3, 6 ; cf. 4, 8 ; 6, 9.
[23]Ap 12, 1 et seq., IV.
[24]Luc 1, 23.
[25]Luc 1, 28.
[26]Amédée de Lausanne, De Beatae Virginis Obitu, Assumptione in Caelum Exaltatione ad Filii Dexteram.
[27]Is 61,13.
[28]S. Antoine de Padoue, Sermones dominicales et in solemnitatibus, In Assumptione S. Mariae Virginis sermo.
[29]S. Albert le Grand, Mariale, q. 132.
[30]S. Albert le Grand, Sermones de Sanctis, sermon XV in Annuntiatione B. Mariae ; cf- également Mariale, q. 132.
[31]St. Thomas d’Aquin, Summa Theol., I, lla ; q. 27, a. 1 ; q. 83, a. 5, ad 8 ; Expositio Salutationis Angelicae ; In Symb. Apostolorum Expositio, a. S ; In IV Sent., d. 12, q. 1, a. 3, sol. 3 ; d. 43, q. 1, a. 3, sol. 1, 2.
[32]S. Bonaventure, De Nativitate B. Mariae Virginis, Sermon V.
[33]Cant 8, 5.
[34]S. Bonaventure, De Assumptione B. Mariae Virginis, sermon 1.
[35]S. Bernardin de Sienne, in Assumptione Beatae Mariae Virginis, sermon 11.
[36]Ibid.
[37]S. Robert Bellarmin, Contiones habitae Lovanii, n. 40, De Assumptione B. Mariae Virginis.
[38]Œuvres de S. François de Sales, sermon pour la fête de l’Assomption.
[39]S. Alphonse de Liguori, Les Gloires de Marie, Part. 2, d. 1.
[40]Eph 5, 27.
[41]I Tim 3, 15.
[42]S. Pierre Canisius, De Maria Virgine.
[43]Suarez, In Tertiam Partem D. Thomae, q.27, a. 2, disp. 3, seq. 5, n. 31.
[44]Gen 3, 15.
[45]Rom 5-6 ; I Cor. 15, 21-26, 54-57.
[46]I Cor 15, 54.
[47]Bulle Ineffabilis Deus, doc. cit., p. 599.
[48]I Tim 1, 17.
[2] Gal 4, 4.
[3]Cf. Hentrich-Von Moos, Petitiones de Assumptione corporea B. Virginis Mariae in Caelum definienda ad S. Sedem delatae, 2 volumes, Typis Polyglottis Vaticanis, 1942.
[4] Act 20, 28.
[5]Bulle Ineffabilis Deus, Acta Pii IX, pars 1 , Vol. 1, p. 615.
[6]Concile du Vatican, Constitution Dei Filius, c. 4.
[7]Jean 14, 26.
[8]Concile du Vatican, Constitution Pastor Aeternus, c. 4.
[9]Ibid., Dei Filius, c. III.
[10]Encyclique Mediator Dei, Acta Apostolicae Sedis, XXXIX, 541.
[11]Sacramentorum Gregorianum.
[12]Menaei Totius Anni.
[13]Liber Pontificalis.
[14]Ibid.
[15]Responsa Nicolai Papae I ad Consulta Bulgarorum.
[16]S. Jean Damascène, Encomium in Dormitionem Dei Genitricis Semperque Virginis Mariae, hom. II, n. 14 ; cf. également ibid., n. 3.
[17]S. Germain de Constantinople, In sanctae Dei Genitricis Dormitionem, sermon I.
[18]Encomium in Dormitionem Sanctissimae Dominae Nostrate Deiparae Semperque Virginis Mariae, attribué à S. Modeste de Jérusalem, n. 14.
[19]Cf. S. Jean Damascène, op. cit., Hom. II, n. 11 ; et aussi l’Encomium attribué à saint Modeste.
[20]Ps. 131, 8.
[21]Ps. 44, 10 -14ff.
[22]Cant 3, 6 ; cf. 4, 8 ; 6, 9.
[23]Ap 12, 1 et seq., IV.
[24]Luc 1, 23.
[25]Luc 1, 28.
[26]Amédée de Lausanne, De Beatae Virginis Obitu, Assumptione in Caelum Exaltatione ad Filii Dexteram.
[27]Is 61,13.
[28]S. Antoine de Padoue, Sermones dominicales et in solemnitatibus, In Assumptione S. Mariae Virginis sermo.
[29]S. Albert le Grand, Mariale, q. 132.
[30]S. Albert le Grand, Sermones de Sanctis, sermon XV in Annuntiatione B. Mariae ; cf- également Mariale, q. 132.
[31]St. Thomas d’Aquin, Summa Theol., I, lla ; q. 27, a. 1 ; q. 83, a. 5, ad 8 ; Expositio Salutationis Angelicae ; In Symb. Apostolorum Expositio, a. S ; In IV Sent., d. 12, q. 1, a. 3, sol. 3 ; d. 43, q. 1, a. 3, sol. 1, 2.
[32]S. Bonaventure, De Nativitate B. Mariae Virginis, Sermon V.
[33]Cant 8, 5.
[34]S. Bonaventure, De Assumptione B. Mariae Virginis, sermon 1.
[35]S. Bernardin de Sienne, in Assumptione Beatae Mariae Virginis, sermon 11.
[36]Ibid.
[37]S. Robert Bellarmin, Contiones habitae Lovanii, n. 40, De Assumptione B. Mariae Virginis.
[38]Œuvres de S. François de Sales, sermon pour la fête de l’Assomption.
[39]S. Alphonse de Liguori, Les Gloires de Marie, Part. 2, d. 1.
[40]Eph 5, 27.
[41]I Tim 3, 15.
[42]S. Pierre Canisius, De Maria Virgine.
[43]Suarez, In Tertiam Partem D. Thomae, q.27, a. 2, disp. 3, seq. 5, n. 31.
[44]Gen 3, 15.
[45]Rom 5-6 ; I Cor. 15, 21-26, 54-57.
[46]I Cor 15, 54.
[47]Bulle Ineffabilis Deus, doc. cit., p. 599.
[48]I Tim 1, 17.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire