Lundi 3 Avril 2017
19
heures 44 + Demain, BFM/TV, les onze candidats ensemble, quelques minutes
chacun. Je fais demain la synthèse de ce que j’observe te pense, mais on est au
comble de la dérive. Le choix d’une ou d’un président de la République est un
choix de personne, ni de valeurs ni de programme, étant évidemment admis qu’on
juge une personne publique à ce qu’elle dit d’elle-même et à ce qu’elle nous
propose. Mais une sorte de concours à qui répondra le mieux à des colles, dont
la plupart ne correspondent pas aux prérogatives et compétences présidentielles,
selon l’esprit de notre Constitution. Très certainement, la plupart des
candidats pensent qu’il aura un maintien meilleur que les autres et se fera
remarquer favorablement. Quant au public, c’est certainement l’attente de
pugilats, l’essentiel étant de voir ou pas FILLON reprendre de l’ascendant
parmi ses concurrents au point de n’être plus que programme et expérience, et
MACRON se montrer précis et combatif. Si j’avais été candidat, j’aurai quant à
moi récusé l’exercice et n’y aurait pas participé, exposant que ces épreuves
théoriques ne traitent que des sujets définis par les médias et ne permettent
pas un débat sur quelques sujets dont dépend tout le reste, un débat entre les
concurrents pour définir ce qui est important. Surtout un tel exercice ne peut
absolument pas montrer ce qu’il nous faut le plus : la capacité a
entrainer un pays, à le galvaniser, à établir une confiance entre les Français
et leurs dirigeants. Ce ne sont pas des petits segments de discours et des QCM
qui nous permettront demain soir de le discerner. J’attends l’exercice
vrai : chacun ayant du temps et de l’image à égalité des autres, et en
faisant ce qu’il veut, ou ce qu’elle veut. – Les sondages enregistrent l’effet
des images, particulièrement MELENCHON (progressant de 19 points en un mois),
mais plus encore une perplexité jamais à tel point : 41% des électeurs ne
sont pas encore déterminés…
Gravissime :
la Guyane. Nous allons la perdre. Jusqu’à présent, quoique ce soit en soi
« déjà » dramatique, nous perdions de emplois, puis des
industries : il apparaît que l’avenir du nucléaire français dépend de nos
erreurs, pas seulement budgétaires, pour l’E.P.R. et notamment celui de
Flamanville. Le nucléaire, dernier fleuron à être englouti dans notre
impéritie, plus de plan national, plus de solidarité entre grandes entreprises,
plus de stratégies industrielles ni commerciales à l’échelle nationale et en
cultivant la priorité européenne. Maintenant, nous allons perdre du territoire,
nos assises stratégiques mondiales à évidemment mettre à la disposition du
dessein européen (le domaine du Pacifique, le domaine des Caraïbes). FM aurait
dit : on ne peut aller à la conquête de la Lune à partir de bidonvilles.
Tous les moyens de chantage pour les Guyanais et d’immixtion étrangère :
Etats-Unis et Brésil. Dialogue de sourds, un milliard ou deux milliards, la
question me semble plus vaste. Nous ne sommes pas seuls dans cette situation
stratégique : la Grande-Bretagne a ses terrains d’essai en Australie,
comme nous dans le Pacifique, la Russie a ses dispositifs spatiaux et
nucléaires au Kazakhstan. Mais chacune des deux est assurée de son site. Nous,
pas. Je n’ai pas de solution, sinon que nous n’avons pas vraiment une présence
très forte et très humaine en Amérique centrale et équatoriale. Et que nous ne
pouvons tenir (comme en Afrique) qu’en mutualisant avec nos partenaires
européens… – Moment de respiration à « notre » plage, déserte,
lumineuse, sans vraies couleurs…
Prier…
l’aventure qui tournait au drame et qui est si banale, les puissants se servent
des pauvres : celle de Suzanne sauvée par l’un des surdoués (comme
l’avaient été dans leur temps Joseph puis Moïse) de ce peuple exilé à
Babylone : Daniel. Le récit détaillé est très littéraire, a inspiré nombre
de peintres, le lire cependant dans la suite des enseignements de ces
jours-ci : Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, Jésus maître de la Vie,
Jésus garant de la Résurrection, la sienne selon l’Ecriture, la nôtre selon Lui
[1]. La femme et les
hommes, une compréhension profonde de Jésus, ni sexiste, ni féministe, mais de
l’état de nos sociétés, des hiérarchies accaparant le droit. La scène est
fermement située dans une ambiance de prière, celle du Christ, de silence, dont
se dégage une intense autorité : Jésus
s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout
le peuple venait à Lui, il s’assit et se mit à enseigner. Rupture : les scribes et les pharisiens lui amènent une femme
qu’on avait surprise en situation d’adultère… Ils parlaient ainsi pour le
mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du
doigt, il écrivait sur le sol. Daniel
sauve Suzanne en confondant ses bourreaux, ils mentent et vivent exactement le
contraire de ce qu’ils prétendent. Jésus sauve l’adultère en montrant qui le
commet bien davantage. Pas de miracle, mais la théologie du péché dite avec
douceur : va et désormais ne pèche plus. L’ensemble des Evangiles montre une exceptionnelle capacité dialectique de Jésus, imbattable face au
Mauvais, face aux hiérarques et même face à Ses disciples si souvent en
contresens. – Je lis Daniel en y cherchant ce que je n’ai pas encore remarqué
dans mes lectures précédents, l’interpellation ce soir de Notre Seigneur et
Sauveur, de mon Compagnon, du Compagnon de chacune/chacun de nous. Un milieu
aisé, une femme comblée, belle, bien mariée, riche. On ne parle pas d’enfants.
Le mari de Suzanne est important, les juges que se sont donnés les exilés
fréquentent la maison. Table ouverte, prestige et réception. Suzanne n’a
d’intimité que dans le jardin. Lorsque le peuple s’était retiré, vers midi,
Suzanne entrait dans le jardin de son mari, et s’y promenait. Suzanne, comme Esther, la solitude, le
dilemme. Elle choisit de ne pas céder. Elle st convaincu de honte : oui,
elle a des enfants. Elle se présenta avec ses parents, et tous ses proches,
Tous les siens, ainsi que tous ceux qui la voyaient. L’option de Suzanne, même et surtout au prix de sa réputation
personnelle, plutôt que de pécher aux yeux du Seigneur. L’envoûtement cesse soudainement : la prière de l’innocence qui
ne demande pas même le salut, mais seulement la considération de Dieu : tu
sais qu’ils ont porté contre moi un faux témoignage… Le Seigneur entendit sa
voix. Comme on la conduisait à la mort, Dieu éveilla l’esprit de sainteté chez
un tout jeune garçon nommé Daniel. Lui
aussi, comme la condamnée, a de la voix. Je suis innocent de la mort de
cette femme. Echo, la foule forçant
Pilate à crucifier le Christ, écriteau à l’appui : que son sang
retombe sur nous et sur nos enfants. La
responsabilité : personne ne t’a condamnée ? Responsabilité et péché me paraissent les deux grandes interrogations,
sans doute est-ce la même … en politique… en relation aux autres, à Dieu.
23
heures 01 + Fr3 : Giscard, de
vous à moi ***. Plus que passionnant tant l’on apprend, pas tant
factuellement que sensiblement, intérieurement : GISCARD d’ESTAING,
présenté et médité par lui-même, film réalisé par une Patricia . Un homme d’une
profonde sincérité, vraiment vivant. J’ai été pris et retenu de bout en bout.
Des images effrayantes de CHIRAC (JC) écoutant VGE à bord du Clemenceau, pour
une revue navale. Ce n’est pas même de la haine, c’est effrayant de distance et
de volonté de tuer (même attitude FF contre AJ). Les images de la conférence de
presse de sa démission. Les visages de JC à travers les décennies. Ce
« documentaire » me paraît écraser par avance en réflexion sur
nous-mêmes et sur l’exercice du pouvoir le débat avec les onze candidats
demain. Cela périme et vieillit par avance un MACRON qui jusqu’à présent n’a
rien à voir d’une épaisseur et d’une humanité. Propos de VGE sur la politique,
sur cette ambiance. Echanges entre FM et lui, à la demande de FM : la
bourgeoisie détruisant la France et qu’il faut détruire… L’exploit et l’exceptionnalité :
à près de 92 ans, sept entretiens de chaque fois une heure et demi à deux
heures, des récits étincelants pour les débats d’entre deux tours, son
appréciation assassine de BALLADUR, la relation avec DG et GP que j’avais
comprise depuis 1970, le vote blanc mais non dit en 1969, quantité de notations
passionnantes d’un homme vrai sur ce qu’a été son projet. Un homme de
gouvernement, pas un homme politique. Oui, j’ai été empoigné, suspendu. Je lui
écris demain. Sa définition in fine : le hasard. Son autoportrait avec une
grande profondeur, le calme à proportion de la force des événements. Les larmes
aux yeux du 19 Mai 1981, le croquis de FM en retard d’un quart d’heure pas
rasé, arrivant de je ne sais pas… les deux bonheurs ans sa vie : les
Finances, la Convention pour l’Europe. Croix de guerre. – Le paradoxe a déjà
été dit : une telle facilité, une telle esthétique de la communication et
le fiasco quand vient l’affaire des diamants, sans doute vengeance directe de
BOKASSA qu’il vient de faire renverser. C'est pendant ces années d'exercice de la fonction présidentielle, que j'ai commencé d'enlaidir.
On nous passe maintenant quelque chose sur
MACRON : 10 couvertures de VSD et 4 de Match en moins d’un an, surexposé,
puis Brigitte et leur différence d’âge. Et du CHIRAC qu’on essaye de poser en
homme de vie profonde… Très présent et
inaccessible.
La
campagne présidentielle progressivement apparaît clairement pour ce qu’elle
est, totalement « à côté », mais à cette occasion, il est probable
que nous allons commencer de réfléchir nationalement : ce qu’est le
pouvoir, ce que nous sommes, comment devenir vraiment. Une voix que je
n’identifie pas, puisque je suis redescendu de notre lieu-télévision à ma
table, prier encore, et demain avant l’aube boucler ma copie pour le Calame. La
solitude du pouvoir, peut-être mais cela ne nous regarde pas, si l’impétrant
s’appuie sur nous, il ne sera pas seul. N revanche, depuis des années, les
Français mal dirigés dans leurs entreprises, dans leur Etat (le seul point qui
tient probablement est notre démocratie locale, en tous cas le pouvoir y est
saisissable). Nous allons réfléchir, peut-être pendant tous ces cinq ans. Cette
voix « off » dit bien ce que nous observons tous : l’art
d’arriver mais pas celui d’exercer.
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