18 heures 38 + Je crois sortir de
ma tristesse aux multiples causes en ayant identifié ce qui
les résume. CLEMENCEAU : une idée me pousse comme un boulet.
Je ne veux pas voir la perte de mon pays. Le 27 Avril 1969
commence sinon ma vie politique – je n’en ai finalement
jamais eue au sens habituel du terme (profession élu,
gouvernant, éditorialiste) – du moins ma réflexion sur le
présent et l’avenir de notre pays. Cet anniversaire
aujourd’hui est explicatif. Une application de nos
institutions selon le legs du général de GAULLE (DG) et un
développement des orientations, notamment européennes et
sociale des onze ans de son « règne » nous auraient amené
ailleurs qu’à cette tombée, pas prévisible à ce point, de la
France dans un piège diabolique. L’argent contre le peuple.
L’argent et son candidat parfaitement identifié, mais à
l’histoire personnelle et politique encore mystérieuse
puisqu’il est sans précédent dans notre histoire qu’un
inconnu de pas de quarante ans, soit porté au pouvoir en
quelques mois après une mise en selle et en scène de si peu
de temps. Et le peuple qui ne trouve depuis dimanche soir
que sa plus mauvaise représentation possible, mais sa
représentation quand même. Constat, la perplexité de toutes
celles et ceux que j’interroge depuis dimanche. Certitude,
le vote blanc sans valeur légale, l’abstention sans quorum
de participation au scrutin faute duquel celui-ci est
invalidé et on recommence tout, n’empêcheront pas la
victoire d’Emmanuel MACRON (EM). En revanche, le vote pour
Marine LE PEN (MLP) est la seule manière, sinon de le
vaincre, du moins de le combattre. Ce qui est « diabolique »
c’est que le cours de tout ce qui a dégoûté les Français et
détruit leur patrimoine industriel, rural et intellectuel,
les dépossède et les réduit à un simple marché de
consommateurs solvables, n’est pas du tout le déshonneur de
beaucoup de leurs dirigeants politiques, mais bien l’absente
de conduite d’une politique économique et sociale réellement
soucieuse de notre pays. L’élection d’EM sera l’accentuation
du cours de ces dix ans, avec la parure de l’intelligence,
de la jeunesse le temps de cette campagne. La magie est
totale car depuis vingt ans, le Front national est
diabolisé, ce qui signifie avec la disqualification autant
de la droite version UMP-RPR, etc… incarnée
presqu’accidentellement par François FILLON (FF) que d’une
gauche intéressante et radicale, celle menée depuis 2012 par
le Jean-Luc MELENCHON (JLM – dont les voix si elles avaient
été renforcées, en candidature unique de la gauche, par
celles obtenues par Benoît HAMON BH l’auraient placé en tête
du 1er tour…) qu’EM pour beaucoup n’a pas ou plus
d’opposition légitime. Une élection sans alternative ? une
démocratie sans opposition ? voilà où nous en serions !
Piège voulu et manigancé de longue date ? je ne le crois
pas. Chance insolente après tant d’autres depuis à peine un
an, d’EM ? je ne le crois pas non plus. La vérité est à
mi-chemin. Depuis un an, cette candidature d’EM proche
d’aboutir à l’Elysée a été voulue, organisée, financée. Elle
est l’aboutissement d’une domestication du pays, avec comme
moyen principal le dévoiement de nos élites politiques,
économiques, médiatiques depuis des années : Mammon, et
comme stratégie : détruire et le droit du travail et la vie
syndicale. C’est pour moi, à mes 74 ans, un nouveau départ à
zéro, comme le fut à
mes 26 ans, le départ de DG. Mon enquête puis mes prises de
position, disposant assez vite d’une exceptionnelle tribune,
ont déterminé ma vie et ma carrière professionnelle fut
toujours seconde. J’espérais, à l’occasion de cette campagne
présidentielle, acquérir de nouveau une position. Je m’y
suis mal pris. Je crois ce soir avoir digéré cet échec, il
ne restera de ma tentative que l’existence physique d’un
livre inconnaissable par le grand public. Ce peut être un
jour une référence. Pour l’immédiat, je repars à zéro. J’ai
fait (rencontrant, écrivant, publiant quand cela me fut
donné) ce que j’ai pu pendant près de cinquante ans. Je vais
faire maintenant ce que je peux et pourrai.
Aujourd’hui, pas seulement cet
anniversaire du départ de DG, mais celui de la mort du cher
Denis M. – religieux et prêtres dans ma vie, une grosse
rédaction que j’essaierai de faire avant l’étape ultime,
même si dans l’état actuel je n’ai aucune possibilité
d’édition ni de communication, pour cela et pour tant
d’autres sujets. Prêtre séculier, né en 1931, recruté et
ordonné (Avril 1956) dans ces époques où la ressource
sacerdotale, dans le Morbihan notamment était surabondante.
Ce soir, un an juste : sa mort stupidement accidentelle dans
la maison de retraite diocésaine, à laquelle il finissait de
consentir et où je le visitais régulièrement, après que nous
l’ayons pendant une vingtaine d’années reçu chez nous, et
qu’il eût communié notre fille pour ses premières fois.
Témoignage apparemment sobre et sans trace, pourtant…
J’étais donc à Saint-Joachim ce matin, pour la messe, le
déjeuner, rencontrer le Père PONDARD, son parcours marqué
par l’Occupation et la Libération, éclairé par la fidélité
de sa famille…, puis le Père Joseph MARKER, pratiqué aux
côtés de Denis M. l’Outre-Mer, l’aumônerie militaire, une
force de vie encore démontrée ce matin par un joli de tour
de chant à l’occasion de l’apéritif festif de chaque dernier
jeudi du mois et sa mémoire de Marguerite…, avec des moments
de hasard, le Père Raphaël LE PRIOL, sans lien avec Clovis,
un physique et voix à la GABIN, sa critique du livre du Père
Simon BARON (on ne parle pas ainsi de ses parents…) et le
Père Pierre ALLAIN, inconnu jusqu’aujourd’hui et à
l’affectivité débordante. Toujours le témoignage de cette
communauté de vieillards, de semi-diminués mentaux et
pourtant qui concélèbre…Chacun une bribe d’histoire, mais
aussi un terroir précis, une relation au pays breton en
culture ou en langue, mais aussi l’analyse de notre élection
présidentielle, les réminiscences aussi des crises de
l’Eglise, les prêtres-ouvriers, la « droitisation » de la
nouvelle génération de prêtres et de fidèles. Du bon sens,
de la tranquillité, de l’espérance forme achevée de la
confiance. Je donnerai cela, un peu plus tard, en notes à ce
journal, un peu plus tard. Commencée dans la tristesse, dans
la sensation aussi de peser à mes aimées, cette journée se
continue avec une lumière qui ne baisse pas encore. Je sais
et ressens la compagnie de Dieu, du Fils de Dieu fait homme,
les textes d’après la Résurrection me prennent, m’émeuvent,
m’enchantent de proximité, de vérité depuis mon adolescence.
Plus encore et ce soir, je sais et ressens la puissance de
l’Esprit Saint. L’écouter bonnement, simplement, sans aucun
projet : mourir ce soir ou dans vingt ans, à la disposition
de Dieu en Le priant que ce soit pour le bonheur de deux de
Ses filles qu’Il m’a confiées, ma chère femme et notre
trésor de fille.
Prier ainsi et de nouveau selon les
textes reçus ce matin à Saint-Joachim [1].
Malheur sur malheur
pour le juste, mais le Seigneur chaque fois le délivre. … Le
Seigneur affronte les méchants pour effacer de la terre leur
mémoire. Le Seigneur entend ceux qui l’appellent : de toutes
leurs angoisses, Il les délivre. L’évangile pour
aujourd’hui donne le témoignage de Jean Baptiste, dont
originellement saint Jean – le disciple que Jésus
aimait – était avait
été proche… C’est la situation déjà que dénoncé Josué à
Moïse et que plus tard les Apôtres diront à Jésus : il y a
des concurrents, des recéleurs qui, illégitimement, font
comme toi. Le Précurseur parle alors comme le Christ, mais à
propos de Celui-ci. C’est la confession trinitaire. Le
Père aime le Fils et il a tout remis dans sa main. Celui qui
croit au Fils a la vie éternelle. C’est aussi la force du
témoignage-même : celui qui vient du ciel est au-dessus
de tous, il témoigne de ce qu’il a vu et entendu, et personne
ne reçoit son témoignage. Mais celui qui reçoit son témoignage
certifie par là que Dieu est vrai. Les Apôtres, harcelés
depuis la Pentecôte et parce que leur prédication est d’une
contagion exceptionnelle. Nous sommes les témoins de
tout cela, avec l’Esprit Saint que Dieu a donné à ceux qui lui
obéissent.
Addendum d’hier pour cette
réflexion d’aujourd’hui : les séquences à Amiens chez Whirlpool. Clarté biblique… la
réplique d’EM : la délocalisation, impossible à empêcher,
liberté d’entreprendre, la transgresser réduirait à rien la
propension de l’investissement étranger à venir chez nous.
Tant de sophismes en une seule affirmation. La liberté
d’entreprendre est à distinguer de celle de détruire en se
séparant arbitrairement des compagnons de route et des
éléments d’une entreprise profitable. Jean-Pierre RAFFARIN,
de retour de Chine, il y a peut-être dix ans maintenant,
soutenait qu’il nous fallait aligner le droit du travail sur
le minimum chinois pour attirer chez nous les capitaux de
l’immense pays. Il faut absolument réfléchir sur les
circonstances de chacun des démantèlements de notre
industrie depuis l’été de 1985 (Thomson et son imagerie
médicale). Un des traits fréquents, tenant à cette mendicité
de l’investissement étranger, dès les années 1970 (Ford
arbitrant l’élection
partielle : Bordeaux ou la Lorraine, entre Jacques
CHABAN-DELMAS, Premier ministre en exercice, et Jean-Jacques
SERVAN-SCHREIBER abandonnant l’Express pour entrer en
politique), est qu’une capacité française historique est
rachetée à une époque, puis abandonnée à une autre : ainsi
le site d’Amiens centenaire. L’électro-ménager, et
auparavant Continental. Il nous faudrait une
veille permanente. Cela avait été tenté à partir de 1995,
l’intelligence économique. Paradoxalement, ASSELINEAU,
chargé de cela rue de Bercy, soit dans la plus forte
position d’un réseau interministériel dirigée par Matignon
depuis le S.G.D.N. aux Invalides, n’a pas du tout centré sa
campagne sur sa propre expérience, à moins que le poste il
ne l’ait pas vraiment occupé. Il faillit m’être proposé en
2006-2007, et je l’eusse accepté, cela me faisait sortir de
ma retraite forcée, et me donnait une expérience à laquelle
j’étais très préparé par presque toute ma carrière
professionnelle. Une veille et une mémoire : le
démantèlement d’Alstom en deux ans, et sa disparition du
vouloir français… et ainsi de suite. Les comportements
d’impuissance gouvernementale et de trahison des dirigeants
concernés, fonctionnaires « défroqués ».
Commentaire sur la confrontation
d’hier après-midi entre EM et MLP. Le FN occupe les
positions du PC, mais celles-ci sociologiquement n’existent
plus : il n’y a plus dz classe ouvrière ni d’ouvriers
puisqu’il n’y a plus d’industrie. Donc, le fond de commerce
n’est plus qu’apparent. On nous dira bientôt qu’il n’y a
plus de peuple. Confrontation évidemment atterrante puisque
MLP n’est qu’actrice, sans texte ni expérience, faute sans
doute d’approfondissement personnel de ce que seraient les
dossiers à traiter et les décisions à prendre si elle est
élue. Et EM se révèle très peu présente et attractif dans ce
genre de débat. En sus, ce qui n’est pas très remarqué, il a
le souffle court, le poumon sans profondeur ni puissance. On
se lassera vite de lui, même la Bourse enthousiaste lundi
matin. De même, on ceinturera aisément MLP au Parlement et
dans la rue, dès que seront en cause nos libertés
fondamentales. Mais ce qui me fait choisir, c’est que MLP ne
peut être qu’éphémère et que son élection fera se ressaisir
la France intelligente et civique. Tandis que celle d’EM
endormira et bénéficierait du soutien de puissances
considérables (que je n'aime pas). Pour la première fois,
depuis le début de la République en 1870-1871, il est
probable que – comme pendant les trois premiers quarts de
notre XIXème siècle – c’est la rue qui va avoir le dernier
mot, et pas à long terme. Mais tout cela aurait pu être
évité : de l'inconnu, de la souffrance, du temps perdu et
toujours pas d'Europe puisque pas de cohérence française
Prier pour son pays… l’Ancien
Testament n’est qu’une longue prière, le plus souvent très
confiante, d’un peuple pour lui-même, prenant Dieu à témoin
d’une existence qu’il Lui doit.– Ce matin, rencontre, moi au
chocolat que m’offre l’hôpital après une prise de sang, et
lui sans consommation apparente. Songeur. Je suis toujours
songeur, seul. Mais vous avez femme et enfants ? Oui. Il a
les yeux de René ANDRIEU. Il est cheminot, il se prénomme
Jean-Jacques. Comme… il était aiguilleur, non : pas
communiste, centre gauche. DG… son retour en 1958, pas bien
beau, ni la suite. Je retiens son épaisseur, sa vérité et
qu’il ne sait pas quoi faire ni être le 7 Mai. Il conclut
qu’il y a à faire localement, les associations, l’entreprise
locale, la démocratie locale. Donc pas ou plus de politique.
Je ne le désapprouve. Je lui donne mon adresse internet,
sans – comme toujours – lui demander la sienne : le laisser
libre. Ainsi, n’ai-je jamais été rappelé, alors que j’eusse
tant aimé, jeune femme communicante, artiste ayant quelque
chose à dire, etc… et lui. Quittant notre hôpital pour
Saint-Joachim, je le double, il me dit : je marche. Je dis
son prénom et mon salut.
21
heures 30 + BFM/TV, MLP longue, lisant, commune, banale,
sans proposition. Analyse qui a sa vérité, vg. sur l’Europe
et dite à l’Outre-Mer (précisément si soutenu par
Bruxelles), elle réclame la démocratie, et elle est
incapable d’appeler à l’élection directe du président de
l’Union. Demain, j’écris à chacun des deux. Quelle punition
pour notre pays que de n’avoir à choisir qu’entre EM et MLP.. Nous avons manqué à nous-mêmes
depuis des années.
22 heures 53 + Commentaires divers,
analyses du Monde, attitude de Martine AUBRY qui
avait, la première, appelé à voter Jacques CHIRAC (JC) en
2002. Evidence que si le PS en tant que tel appelle à voter
EM, il sort de l’Histoire. Constatation aussi après
l’euphorie de dimanche soir autour d’EM, que le candidat
n’est pas bien bon, et gaffe, pas seulement Whirlpool, mais c’est moi qui donne le tempo. Trouble général pour un
report des voix. En ce sens, EM – surhabile et chanceux de
la fondation de son mouvement il y a un an au soir du
premier tour – est en train de manquer la suite, que
finalement il soit élu ou pas. Il sera plombé par les
abstentions, les nuls (étant en fait des blancs). Même
élu,il sera minoritaire. Enfin, contexte guère commenté :
les marchés dont nous ne sommes pas encore émancipés.
[1]
- Actes des Apôtres V 27 à
33 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Jean III 31 à 36
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