mardi 4 avril 2017

Celui qui m'a envoyé est avec moi ; il ne m'a pas laissé seul - textes du jour


Mardi 4 Avril 2017

05 heures 33 + Levé depuis un demi-heure, grâce comme chez Cédric : expédier au plus tôt mon papier pour le Calame. Encore sous le choc et dans l’ambiance de l’extrême qualité du témoignage de VGE hier soir. Pouvoir être fier de notre président, et plus encore rétrospectivement. Mon propre parcours vis-à-vis de lui… – Textes du jour qui m’accompagneront tout aujourd’hui : le péché, en chemin, le peuple perdit courage, et la rédemption, Moïse fit un serpent de bronze et le dressa au sommet du mât. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il restait en vie. La croix, le tombeau… l’avenir, la suite, la vie. Celui qui m’a envoyé est avec moi : il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui agréable. L’obéissance ? littéralement pas tout à fait, mais notre recherche du plaisir de Dieu, du bonheur de Dieu, celui de réussir notre vie en nous confiant à Lui.

07 heures 50 + Expédié mon papier dont la confection par copie du mémoire que m’avait donné Mohamed Ould MAOULOUD mais qui était également sans que je le sache disponible sur le site de la CIJ, et le commentaire m’ont ce matin beaucoup intéressé. – Thé pour mon aimée. Mais à 07 heures 17, appel de notre trésor, voix prise, et ne se sentant pas bien, allant cependant en classe. Nous verrons à midi, en nous retrouvant pour la messe.

16 heures 49 + La messe à Saint-François-Xavier : j’y arrive juste pour m’agenouiller pendant l’Agnus Dei et communier. Marguerite s’esquive dès qu’elle a communié : tension de son horaire de classe, places à tables ou assises pour le pique-nique. Tout est fait pour décourager la pratique religieuse. Il faut même la signature des parents pour qu’elle participe vendredi prochain au chemin de croix… Retour difficile, somnolence à plusieurs reprises qui m’a quitté dès que je rejoins Edith, qui attendait Colombo devant la télévision, mais ce qui commence et que nous ne quittons pas est un « thriller » admirable, Obsession, que je n’avais jamais vu. Geneviève BUJOLD, que j’avais une première fois remarquée si intensément dans la guerre est finie, en 1966 (Vendôme, en stage à la sous-préfecture). Un an de plus que moi. VGE n’est pas abîmé, il est plus expressif, plus prenant à 91 ans qu’en 1974-1975 n’ayant pas encore 50 ans. Je m’assimile à ces deux destins, l’un de fiction, dramatique et émouvante, si cela nous arrivait, l’enlèvement de notre trésor, l’autre VGE que j’ai tant scruté sous son règne, et avant. Puis suivi ensuite. Lui ai écrit ce matin [1]

17 heures 48 + Prier… [2] images, anticipation, théologie de la crucifixion : horreur et lumière. Aujourd’hui, c’est rédemption et rayonnement. C’est la même dialectique que ces reconnaissances du Christ selon miracles ou dialogues, la Samaritaine, l’aveugle-né, Marthe et Marie à la mort de leur frère. Celles-ci ne commentent pas. La femme adultère ne fait entendre qu’une réponse banale, un constat à la demande du Christ : Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? – Personne, Seigneur.  – Moi non plus, je ne te condamne pas. Dialogue banal, dialectique efficace pour faire échapper la femme à la lapidation, aussi naturelle que celle de Daniel  piégeant les deux anciens. Mais de reconnaissances en profession de foi, en affirmation de plus en plus nette d’une souveraineté qui désarme les uns et attache les autres, voici Jésus disant tout, tout de Son identité mais en réaffirmant la relation à Sa mère. Le nom de Dieu donné à Moïse pour être rapporté aux Hébreux l’avait été sur la demande de ce dernier. Les Patriarches n’avaient pas demandé à Dieu Son nom. Les rencontres que fait le Christ « montant » à Jérusalem pour tout y subir Le font clairement identifier. Mais qu’est-ce qu’être le Fils de Dieu ? A Moïse, Yahvé avait dit : Je suis celui qui suis [3] . Le nom de Dieu, c’est Son être. Jésus spontanément Se définit par rapport à ses détracteurs. Je m’en vais, vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché… Si vous ne croyez pas que moi, JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés. Incompréhension totale : Toi, qui es-tu ? C’est une réponse apparemment indirecte : ce que je dis là, je le dis comme le Père me l’a enseigné, qui provoque quelques adhésions. Sur ces paroles de Jésus, beaucoup crurent en Lui. Or, quel était le développement, quelle était l’illustration de la divinité ? la mort ignominieuse mais annoncée comme un fait suprême de gloire : quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, (sans doute, le latin : tollere… tolle, tolle), alors vous comprendrez que moi, JE SUIS, et que je ne fais rien de moi-même. Absolue dépendance et plénitude d’être… dans cette succession d’attaques, de réponses, de dialogues, un crescendo de pression sur le Christ, sur Jésus, notre accompagnement se dit, se prie, se murmure, se constate dans les psaumes. Viens vite, réponds-moi ! … quand il apparaîtra dans sa gloire, il se tournera vers la prière du spolié, il n’aura pas méprisé sa prière… entendre la plainte des captifs et libérer ceux qui devaient mourir… Notre monde, notre pays, mes aimées, celles et ceux à qui je vais tout à l’heure adresser ce que j’ai en partage, prière et lecture, analyse maintenant de notre moment d’élection, espérance dans notre maturation nationale et européenne.

18 heures 44 + Je veux analyser cette campagne et notre situation de l’unique point de vue politique et procédural, sans aller au diagnostic sur notre économie, notre société et les circonstances intérieures et internationales dans lesquelles nos esprits vont former leur décision et leur vote.

                                         Emmanuel MACRON : EM – Benoît HAMON : BH – Jean-Luc MELENCHON : JLM – François FILLON : FF – Marine LE PEN : MLP – de GAULLE : DG – François MITTERRAND : FM – Jacques CHIRAC : JC – Nicolas SARKOZY : NS.

D’abord, il nous faut reconnaître – si nous avons une mémoire de plus de quelques années – que cette élection-ci est exceptionnelle. Elle est précédée d’une campagne d’un an au moins : ouverte qu’elle a été par la dissidence d’un ministre du président sortant (EM fondant un mouvement politique et recueillant immédiatement des adhésions dans la jeunesse et un fort accompagnement médiatique, aujourd’hui ces adhésions viennent de la « classe politique » et les médias sont plus insidieux) et marquée par quatre faits. Les primaires dans la droite gouvernementale et parlementaire, se disant d’ailleurs la droite et le centre, ce que ne fait pas le Front national, tenant uniquement à son nom, et les primaires au Parti socialiste. Cette campagne et ces façons de cribler les candidatures sont nouvelles : l’auto-proclamation d’un jeune ministre qu’on aurait pu croire une créature du Président sortant, la renonciation de celui-ci, la dissymétrie des primaires puisqu’à droite l’engagement de soutenir le vainqueur a été respecté malgré la terrible surprise que ce vainqueur s’est avéré enchaîné par un passif judiciaire généralement disqualifiant, ce qui eût pu légitimer la transgression du pacte de soutien, tandis qu’au Parti socialiste, le ministre dissident rallie autant d’opportunistes de la droite et du centre que des renégats d’étiquette originellement socialiste. Jamais, la mise en place des candidats n’avait été aussi accidentée. En 1965, le suspense tenait à la candidature ou pas du Général et aux conditions dans lesquelles pouvait se faire l’unité de la gauche. Cette fois-ci, c’est tout le contraire, FH qui aurait pu entretenir le suspense jusqu’au 17 Mars a abattu les cartes dès le 13 Octobre, affaiblissant davantage encore nos institutions, qui n’ont plus de chef que légal, mais guère légitime ni politique. En 1969, tout avait laissé prévoir dès la succession ouverte le trio qui se plaça : POMPIDOU briguant la place depuis 1965, les communistes assez forts pour se passer d’unité et les socialistes montrant déjà ce que 2002 et 2017 confirment, ne pouvant gagner s’ils n’ont un représentant charismatique. Le vrai mérite de BH est réduit à peu par le bagout de JLM. 1974 et 1988 ont les victoires de l’habileté. 1981 et 2012 ont été celles de la lassitude vis-à-vis du sortant. Cette campagne ne crée pas de suspense, mais de l’inconnu.
Le paradoxe tient à l’insistance des médias et des commentateurs sur les programmes alors que les candidats ne se présentent qu’en réaction à un danger, la victoire de MLP. La situation du pays qui est pour moi caractérisée par la brade de notre patrimoine et le manque de relance et de novation européennes n’est pas analysée. Le candidat le plus « programmatique » semble disqualifié par l’éclosion des affaires le concernant lui et les siens, et de ses mises en examen. Les médias avaient été ignorés carrément par DG en 1965, au moins pour le premier tour (pour le second, il y eut la trouvaille d’Etienne BURIN des ROZIERS, faire parle le Général selon les questions des Français). Ils n’ont pas été dominants ensuite. On vota selon l’observation du comportement des candidats : la sérénité de FM en 1988, l’énergie de NS en 2007. Au total, peu de texte depuis 1965 : FM et DG n’avaient pas produit de livre ad hoc, les livres de GP ont été posthumes, même s’ils avaient été rédigés pendant sa « traversée du désert » (du moment où Maurice COUVE de MURVILLE avait reçu Matignon en Juillet 1968 jusqu’à sa propre élection présidentielle). Des livres en 2007, en 2012, maintenant mais sans impact : EM porduit un livre vendu à 200.000 exemplaires dès l’automne, et on persiste à s’interroger et à l’interroger sur son programme. L’idée d’un programme s’imposant au candidat et adopté par son parti, domina l’élection de 1974 et celle de 1981. Les programmes sont depuis 1995, compris, propres aux candidats.
Les médias font les questions et réponses quant aux textes, mais leurs vecteurs et le caractère des entreprises les produisant varient beaucoup et 2017 pourraient marquer, sans que ce soit encore net, l’entrée de médias moins disciplinés et moins identifiables, ce qui s’appelle les réseaux sociaux. Ils semblent s’être surtout mobilisés en défense de FF. Ceux que je reçois sont depuis que je les reçois, environ cinq ou six ans, à leur spécialité d’origine, l’observation des comportements et opérations de police, débats devant les tribunaux. Ils ne paraissent donc pas créer des dynamiques favorables ou nuisibles à tel candidat. Les médias audiovisuels ou écrits n’ont jusqu’à présent qu’enregistré nos perplexités.
Les médias font également le calendrier : très nettement avec les primaires, mais aussi avec les débats, non entre candidats, mais dégagés avec parcimonie par les interrogations orales subies côte à côte. Cinq il y a quinze jours et onze ce soir.
Les évolutions principales ne semblent dirigées ou provoquées que par des mouvements non quantifiables et no structurés : ceux de la conscience nationale. Des réflexions hors programme, hors calendrier se développent : l’exercice du pouvoir, ce qui fait l’autorité et la légitimité du Président ??? Je ne crois pas à une mobilisation électorale pour le premier tour, et les choix au second se feront tout différemment selon que MLP, conformément aux attentes, y est présente ou pas.
La certitude est l’apparence de l’échiquier politique a complètement changé. Les partis traditionnels sont à reconstituer : l’UMP et ses avatars, le PS principalement. Le PC a déjà perdu, au moins pour la présidentielle, son nom propre. Ces disparitions et ces états de ruines dans tous les azimuts.
Le débat de ce soir, certainement très difficile à organiser compte tenu de l’exhaustivité des invitations à y participer, est considéré par tous les candidats comme marquant : les « petits » pour acquérir quelque notoriété, les « grands » pour ne pas diminuer (EM), pour grandir (BH), pour s’imposer selon une nouvelle équation (JLM et FF). je suppose que MLP n’a aucune stratégie et se confie (à tort) sur la portance de la vague. Quant à moi, je vais particulièrement scruter EM. Nous avons à faire avec deux inconnus : EM en personnalité, en pratique et en possibilité parlementaire, MLP en capacité de femme d’Etat et non plus de personnage d’affiche. Le premier mentionnait la Guyane comme une île, à l’instar de la plupart des présentateurs de l’audio-visuel, et la seconde se trompe fréquemment dans ses démonstrations.
L’exceptionnalité la plus forte de cette élection est sans doute dans ces deux inconnues : le gagnant ou la gagnante auront-ils une majorité parlementaire, question ne se posant pas en 1969 et en 1974 ni même en 1995, sauf victoire de la gauche, et ne se posant plus depuis 2002 puisque les législatives étaient conformes, en bonne logique, au résultat de la présidentielle les précédant à peine. En 2017, l’élection présidentielle aura ses troisième et quatrième tours. Seconde inconnue : les deux candidats en tête des sondages ne sont pas de comportement présidentiel prévisible. MLP et EM ont un trait commun, leur élection,  changera tout par elle-même. Qu’est-ce que ce tout ?
Nous en oublions combien nous sommes en vase clos, l’image d’impuissance et de mutisme sur les grands sujets qui est devenue la nôtre.


[1] -lettre à Valéry Giscard d'Estaing, ancien président de la République . 1974-1981 . né à Coblence en 1926
hier soir, « Giscard, de vous à moi »… quel moment passionnant, passionné, quelles images (terribles pour Chirac : vous deux côte à côte de visage, à bord du Clemenceau pour la revue navale, puis pour la conférence de presse annonçant et commentant sa démission) mais surtout vous. Ce que vous dites, votre visage, une intense sérénité, beaucoup d’humour et de distinction pour ce qu’il suffit de faire supposer ou continuer.
J’ai été secoué et ma femme était admirative et constamment attentive.
Sur la relation avec Georges Pompidou – c’est lui qui vous a séparé du général de Gaulle et il ne pouvait supporter la différence physique et un autre prestige, à ces deux points de vue, il en était de même de lui à Couve de Murville – j’avais tout compris. Vous avez un peu dit sur vos rencontres avec Mitterrand  – non ce que vous pensez et avez pensé de lui, et qu’il sera intéressant de lire sous votre plume – et vous avez ouvert une piste considérable : le rôle de la bourgeoisie quand le pouvoir veut bouger et faire bouger, et cette commune expérience entre vous et votre successeur à laquelle il semble que ce dernier a tenu.
Sur la relation à de Gaulle, ainsi que je me suis souvent permis de vous en … supplier, vous avez à témoigner et à dire, à situer, à rendre compte. Vos notes d’audience en tant que ministre des Finances et l’ensemble de vos souvenirs : vous n’obéissez pas… il était d’une grande conscience professionnelle (20 minutes en 2012), sur le Général seront décisives pour une mémoire plus exacte de vous et de lui. Il est également important que par le témoignage d’un exercice, le sien (même si dans le Figaro de 1967…) et le vôtre, non plus en éphémérides mais en réflexion transposable à la critique de ce qu’il est advenu de la fonction présidentielle, vous contribuiez à une autre appréciation, par nos compatriotes, de cette fonction si cardinale. Et que vous les exhortiez à l’exigence et non à la tolérance.
Prolonger et développer aussi ces aperçus de définition sur la psycho-sociologie de la personne de droite, et par là reprendre ce que vous avez certainement tenté et dont vous aurez été un des prophètes, la péremption, la non-existence de certains clivages permettant une culture d’unisson, de consensus et donc de participation, en même temps que persisteront toujours des différences de regard et de réactions. Ce serait totalitaire ou méprisant que de les ignorer. Ce que vous-même n’avez pas fait, tant de nominations importantes, de personnes pourtant loin de vous. Je crois que l’un des concurrents d’aujourd’hui qui s’imagine sans le moindre précédent, ne comprend pas cela. L’écrire plus complètement et sans la perspective de certains écrits de 1980-1981 (deux Français sur trois), plonger en psychologie, en histoire, en relations avec les biens, les familles, les ascendances, ce serait bien. Et vous êtes le seul à pouvoir le faire, d’une manière qui ne l’a jamais été.
Mais au-delà de tout – du vote blanc et non du vote non, le 27 Avril 1969, et de tant d’éléments que vous avez apporté à ce que je croyais savoir et comprendre – c’est surtout vous dire mon admiration pour la clarté et le recul de vos dires hier soir. Une distance autant de vous-même, si pudique, mais aux émotions si sensibles, et finalement si communicantes (les images d’antan, votre adieu avant la chaise vide, ou votre vacillement de regard mais pas de silhouette lors de cette revue à la Bastille qui soudain a été vertigineuse), une distance vis-à-vis des événements. Une conscience de vous-même, de la France mieux que de notre pays, une lucidité sur les terreaux de la haine… oui, mais sachez que beaucoup, surtout s’ils savent encore mieux ou – très jeunes – découvrent, vous voient comme un très grand président, un homme de gouvernement sachant faire sentir aux interlocuteurs comme aux citoyens téléspectateurs qu’ils sont intelligents, un Français hors de pair : homme de proue. Merci pour ces heures d’entretien et aussi la performance physique : quel que soit l’âge, contagion et convictions ont leur force, et elles augmentent encore…
Mon éditeur, modeste mais rapide, vous adresse un livre que je viens de commettre. Je n’ai pu le dédicacer, mais toutes les pensées que vous savez, y sont

[2] - Nombres XXI 4 à 9 ; psaume CII ; évangile selon saint Jean VIII 21 à 30
[3] - Exode III 13.14

Aucun commentaire: