Samedi 20 Janvier 2018
21 heures 33 +
Quel chef d’Etat
aujourd’hui quand il est à l’étranger, y séjourne vraiment,
parle avec tout le
monde : prisons de femmes, foyer d’enfance, clergé, autorités
politiques ? et attire des centaines de milliers de personnes
à qui il
s’adresse en plein air ? et quatre-vingt-un ans et un mois.
Cherchant une
indication sur l’état de santé du pape, je ne trouve que des
dépêches
anciennes, et l’image catastrophique de sa descente d’avion à
Santiago-du-Chili
ne tient pas devant tout ce que je vois ensuite, parti ainsi à
la lecture et au
collationnement de ses discours et rencontres au Chili et au
Pérou. Je suis
alors émerveillé : qualité de chaque intervention, mais sur
avec les
jeunes, les enfants et en prison de femme. La considération du
chef de l’Eglise
pour des pays regardés si souvent pour les grandes
« puissances »
comme lointain et
secondaires. Or, ils
gardent en mémoire et dans leur veine l’éclat de civilisations
exceptionnelles,
pré-hispaniques. Or, la climatologie, les engagements sur
l’environnement, mais
aussi la bio-diversité et – ce dont on parle si peu – la
diversité ethnique, ce
sont l’Amazonie, les Andes. Rappelé trop vite du Brésil, je
n’ai pu faire ce
voyage chez les Incas, combien je le regrette. Evidemment, nos
gouvernants
européens d’aujourd’hui, jamais en plein air et ne traitant
qu’au petit point
sont incapables de cette vision et de cette respiration. En
Amérique latine, il y eut DG en 1964 et
auparavant JFK… depuis ?
Paul BOCUSE tandis
que j’allais
poster ma lettre à VGE [1]:
le potage VGE aux
truffes. La naissance du GAULT-et-MILLAU. Carrière à la
française et telle
qu’il devrait en renaître. Fondée sur un savoir-faire
excellemment de
nous ; héritage plus de tradition et de manière que d’argent.
Indépendance
jusqu’à ces dernières années (ouverture du capital à Natixis). Rayonnement et forme de
bonheur.
Vraiment ouverte
cette semaine
par les deux manières du PR et du PM de tenter de résoudre des
impasses de
plusieurs décennies, la question des relations de l’Etat, en
comportement
et en délibération avec les associations, avec les bonnes
volontés, avec les
impatients autant concrets qu’utopique, est posée. J’essaye
d’en écrire à
Bernard CAZENEUVE dont la suite de carrière pourrait, s’il
devient
propagandiste d’une réinvention de la démocratie et de la
participation [2],
ressembler à mon cher
MJ. Et demain, peut-être à Edouard PHILIPPE mais sous un autre
point de vue que
celui du terrain, de la « démocratie vivante » prêchée en
forme
d’énergie personnelle : le point de vue de la relation
gouvernant-gouvernés, et comment nouer bien plus qu’un
dialogue, l’œuvre
commune ?
Prier… le Christ
et le faisceau
des divers préjugés contre lui, mais celui de la famille
atteste ainsi son
incarnation, son enracinement dans une histoire villageoise :
la foule
se rassembla, si bien qu’il n’était même pas possible de manger.
Les gens de
chez lui, l’apprenant, vinrent pour le saisir, car ils
affirmaient : « Il
a perdu la tête ». [3] La terrible rupture qui
émancipe cependant
David et le conduit à exercer le pouvoir par élection
populaire, doublant l’onction
d’ordre de Dieu : la mort de Saül et de Jonathan au cours
d’une affreuse
bataille. La « lamentation » de David est – aussi – un des
chefs d’œuvre
de la littérature universelle : Jonathan, transpercé sur
les hauteurs !
J’ai le cœur serré à cause de toi, mon frère Jonathan. Tu étais
plein d’affection
pour moi, et ton amitié pour moi était une merveille plus grande
que l’amour
des femmes ! Trouvaille
et
délicatesse à l’endroit de celles-ci : filles d’Israël,
pleurez sur Saül :
il vous revêtait de pourpre somptueuse et rehaussait de joyaux
d’or vos vêtements…
Jésus, portant Sa croix et
montant vers
le Golgotha, rencontrant les femmes de Jérusalem.
Densité de ces
heures. Cette
femme au cabinet de kinésithérapie : le tapis roulant, le vélo
d’appartement,
son effort, seconde fois que je la rencontre ainsi. Je la
félicite : votre
mari et vos enfants doivent être fiers de vous ! Je n’ai pas
de mari, je n’ai
pas d’enfants, je ne marchais plus il y a six mois,
intervention lombaire, et
maintenant. Nicole… Ce
compagnon d’june dialectique qui nous est commune, alacrité,
affinités, et le
voici sans ressort ni goût. Chaque mort, chaque dépression
diffère
suivant chacun de nous, on n souffre pas comme autrui, mais on
souffre. Ce soir,
cette caissière de magasin Lidl,
sourire en fin de journée, connaissance de la « chaîne », du
métier
mais aussi de ce que chacun des salariés peut apporter à
l’ambiance générale. Santé
de nos deux plus petits de taille : piroplasmose pour Andy,
mais
diagnostiquée à temps ? Lola indemne. – Je voudrais ne pas
m’arrêter,
prier…mais dormir, pas mal à rédiger et réfléchir demain. Etre
aussi,
maintenant, un moment avec ma chère femme pour le film qu’elle
regarde. Notre
fille, ses deux chats, Harry Potter. Le pape François et la
grâce pontificale
depuis quarante ans des concours de foule et d’une écoute
mondiale quand se
déplace, apparaît le successeur de Pierre. Mais, nous, est-ce
que nous suivons ?
les disciples suivirent et firent la contagion. Nous…
[1]
- à Valéry Giscard
d’Etaing
Edith, ma femme, et
moi, très peinés pour
vous au départ bien précoce de l’une de vos filles.
Combien chacun de vos
enfants vous ont été précieux, et sont restés fidèles
alliés, pas seulement
dans votre personnelle, mais publique. Ce fut une belle
novation, jamais
renouvelée, dont vous nous avez gratifiés.
Vœux donc attristés, en vous remerciant
pour ce que vous m’avez
écrit – le 30 Novembre – à propos de « l’affaire
Boulin », et que je
garde pour moi.
Je me permets de
revenir vers vous, au
risque de vous lasser, sur la nécessité de plusieurs
livres, que sous êtes seul
à pouvoir nous donner :
1° vos entretiens
avec le général de
Gaulle en tant que son ministre des Finances et des
Affaires économiques,
2° un récit de votre
entrée en politique
et de votre parcours et de votre travail, puis de votre
engagement, cela de
votre élection en 1956 jusqu’à 1974, parcours de si
forte expérience et aussi
de mise au net de convictions alors peu organisées dans
la sphère politique
avec autant de cohérence, modernité, raison, Europe ;
3° et enfin, votre
regard sur le monde
actuel, et notamment sur le traitement des enjeux et
objets économiques et
financiers. Les contextes varient de génération en
génération, il y a les chocs
(vous avez conduit nos réponses à partir de 1973), et il
y a la manière. Et
maintenant, il y a l’absence si regrettable de l’Europe
pour l’imagination de
tout.
votre lettre du 1er
Décembre
m’a beaucoup touché et je vous en remercie.
Selon ce que vous
avez mis en place dans
l’esprit public – le goût de la mesure et le don de la
patience, rares chez un
homme de gouvernement et de décision – il me semble que
ces temps-ci vous
pouvez contribuer à ce que nous avancions vers une
démocratie renouvelée,
d’autres mœurs certes, mais une relation latente entre
d’autres éléments que
les pouvoirs publics constitutionnels. Ceux-ci sont
accaparés par un seul
homme, n’ayant pas compris le génie de la Cinquième
République, distinction des
fonctions, responsabilité présidentielle insigne
d’animer, d’arbitrer et pas du
tout de gouverner. L’expression détestable, aujourd’hui
courante, de
« couple exécutif ». Il est vrai qu’est apparu dans
l’énoncé de la
décision et des perspectives à propos de
Notre-Dame-des-Landes, un nouvel homme
politique, posé, sensible et voyant les ensembles.
Ce qu’il me semble
votre propre
expérience et pouvoir constituer l’apport que nous
attendons, c’est le
discernement des forces à associer : elles ne sont plus
des institutions
ou des partis, c’est la relation entre l’Etat, les
associations, les
entreprises. Ce n’est pas écrit, cela n’a plus aucun
terrain de rencontre sauf
les réunions diverses organisées par le gouvernement,
dans l’urgence. Il n’y a
plus la politique, les vues, ni les ressorts d’antan
pour ce qu’on appelait l’Aménagement
du territoire. Il n’y a plus le Plan et ses commissions,
votations,
concertations : société, public, privé, finances et
inventions techniques.
Ce qui est latent dans les conflits en cours et que
montrent bien l’aéroport du
Grand-Ouest ou Calais, mais nous aurons de plus en plus
à trouver et imaginer
dans des cas à nouveau emblématiques : Fessenheim, ou
selon des
aliénations du patrimoine national en industrie et en
intelligence, c’est
l’association de ce qui est vivant. L’Etat n’est plus
qu’un des acteurs, il y a
d’autres entités, dont – je le redis – les entreprises
(avec leur conduite
intérieure à revoir pour que les salariés et les
syndicats puissent vraiment
co-diriger avec les directions et le capital), les
associations, tout ce qui
est d’initiative des personnes.
Faire se conjuguer
ces forces vives. Et
plus encore pousser à ce qu’il en existe de plus en
plus.
La dérive de nos
institutions et de notre
vie politique empêche aujourd’hui la participation,
l’imagination du plus grand
nombre. Il faut en retrouver le chemin, en organiser la
floraison.
Expérimenté et
libre, n’ayant
actuellement que des responsabilités morales, vous êtes
– je le crois – seul à
pouvoir penser, dire et susciter ce mouvement. Le
propager, même en répondre.
Si ce doit être ensuite une des manières du Parti
socialiste né à nouveau, tant
mieux. Mais faites, dites et réfléchissez maintenant.
Votre compétence et votre
tranquillité d’esprit avaient déjà marqué ces cinq ans
derniers. Votre loyauté
et votre mesure vous ont fait, ces mois-ci, entrer dans
l’opinion
générale : média, livre, présence. Répondre d’une
manière neuve aux enjeux
actuels que personne ne sait bien identifier, ni encore
moins affronter et
résoudre, accentuera votre démarche pour le bien commun.
Donnera à penser que
nous pouvons compter sur vous, maintenant et plus encore
pour l’avenir.
[3]
- 2ème livre de Samuel I 1 à 29 ; psaume
LXXX ; évangile
selon saint Marc III 20.21
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