Mercredi 24 Janvier 2018
Hier soir,
retour en gare de Vannes à 22 heures 28. Quoique j’avais
une prise de courant et une table à écrire, j’étais trop
fatigué et ensommeillé pour tenir mon journal, peu nourri
pendant mes deux jours franciliens. Edith m’attendait et
dès notre arrivée, pris ensemble par des productions de
Claude LANZMANN, autour de la shoah : Arte, suite de les quatre sœurs
dont ma chère femme me donne une bribe : atroce. MENGELE
ou un autre expérimente un nouveau-né privé de nourriture,
notamment du lait maternel, sa mère la poitrine bandée… au
bout de dix jours, quelqu’un lui passe de la morphine pour
que meurt enfin son fils. Plus tard, vie « refaite », elle
hurle à l’accouchement quand les sages-femmes lui enlèvent
son « nouveau » fils, le passé horrifique revenu. Nous
suivons ensemble le second film, l’ensemble étant tiré
d’heures et heures d’enregistrement de ce génie du
témoignage. Une des gloires française, après l’atrocité,
pas seulement de notre défaite et de notre occupation,
souvent personnelle et donc perverse ou au contraire
fondatrice (le
silence de la mer), invasive à tous égards,
mais de notre relation intime avec la shoah, est bien que
la mémoire de cela soit particulièrement – mais dans deux
genres totalement différents – maintenue active par deux
Français : KLARSFELD et sa femme, née allemande, LANZMANN
donc, disciple (en sus) de SARTRE.
Benjamin
MURMELSTEIN, numéro trois dans la hiérarchie rabbinnale à
Vienne en 1938 prend le risque autant physique que moral
de faire le lien entre sa communauté et EICHMAN, c’est lui
qui s’appelle – par dérision – le dernier des
injustes. Sa confession bien après guerre et
curieusement à Rome où il réside, sans aller à Jérusalem
où il aurait pu émigrer dès 1938, est extraordinairement
suggestive et riche de faits et d’observations que je
n’avais jamais entendus. L’essentiel est qu’à l’époque de
l’Anschluss et de la « nuit de cristal », la « solution
finale » n’est nullement envisagée. Il s’agit de pousser
les Juifs à émigrer en Israël, ce qui suppose l’accord des
Anglais, le plus souvent refusé, ou en Amérique du sud,
plus encore qu’aux Etats-Unis, mais moyennant l’abandon de
leurs biens matériels, un très lourd quitus fiscal et
enfin un « graissage » de la patte unique : celle de
EICHMAN. En ce sens, MIURMELSTEIN s’insurge contre le
réquisitoire d’HERZOG au procès de Tel-Aviv, insuffisant
et partiel selon lui, n’expliquant pas l’homme qui ne fut
pas seulement ni principalement celui d’Auschwitz. Ce
n’est pas tant l’organisateur et le fonctionnaires aux
statistiques, qu’un vraiment un pilleur, un
maître-chanteur. La fameuse nuit du 10 Novembre 1938 est à
dessein ce jour-là : un anniversaire, une vengeance, car
les nazis analyse la défaite allemande de 1918, moins comme
une trahison de l’intérieur, qu’un véritable coup d’Etat
des Juifs, renversant le régime le 10 Novembre 1918.
Evocation de la splendide synagogue principale de Vienne,
construite à la mauresque. Moment très beau du
documentaire : le chant ouvrant le Yom Kippour et que me paraît non
seulement d’une indicible beauté, mais assez analogue à
certain chant du Coran, quoiqu’en beaucoup
plus coloré, mais surtout d’une grande profondeur
psychologique et théologique : nos péchés sont effacés par
Dieu au début de cette fête et de la période qu’elle
ouvre, ce qui nous libère et nous permet tout l’itinéraire
à Dieu, c’est chanté d’un trait, le « cantor » en chape
blanche, sur ses vêtements de ville (cravate visible),
voix magnifique. Je n’ai aucune idée de la religion juive
d’aujourd’hui, de sa pratique, de sa liturgie. Avec qui
les dialoguer, les apprendre ? car lire, en ce domaine,
est partiel, insuffisant. Sans doute, puis-je savoir la
relation aujourd’hui, en textes retenus, entre notre
Ancien Testament et la Thora, mais sera-ce décisif ? je ne
le crois pas. – En « creux », ce que j’avais ressenti
pendant tout mon temps de Vienne (Octobre 1988, la pièce
de Thomas BERNHARDT commence d’être jouée jusqu’en Juin
1992, la campagne pour le traité de Maastricht),
s’approfondit : les Juifs manquent aujourd’hui à
l’équilibre de l’Europe centrale de l’Est. Il faudrait
aussi, mais cela sans doute a été fait, mettre en relation
l’attitude de l’Etat d’Israël envers son environnement
ethnique et démographique avec la provenance des vagues
d’immigrants.
22 heures 16 +
France-Infos.
tandis que je vais reprendre Marguerite à la salle des
fêtes de notre village : galette des rois pour les
bénévoles de notre ensemble inter-paroissiale : chorales,
lecteurs, fleuristes et servantes d’assemblée. Une
cinquantaine de personnes selon notre fille. Davos, EM : la
France est de retour.
L’expression passe toutes bornes. Résultats économiques de
2017 : un peu plus de 15.000 chômeurs de moins, une
croissance « à la hausse » avec 0,3 ou 5 % et des
poussières. Cette page d’Astérix, un centurion est
convaincu d’avoir enfin bu de la potion magique et essaye
sa force : il passe d’un menhir ou tout comme à des
pierres moindres jusqu’à quelque chose du volume d’une
boule de pétanque, la brandit à deux mains, il est le plus
fort du monde. Comment ne se trouve-t-il personne pour
d’une phrase rabattre le caquet présidentiel. J’essaierai
de convaincre Gérard LARCHER, le président du Sénat
d’élever un mur contre la floraison de projets
constitutionnels d’EM. Le travail de celui-ci doit être
(son devoir) est d’assurer notre continuité, le maintien
de notre patrimoine, d’inspirer en français la reprise
européenne et de nous donner des repères. Le plaidoyer
pour une mondialisation vertueuse nous montre deux
choses : un chef d’Etat ne plaide pas, il écoute, il
ordonne, personne à supplier et d’autre part la
mondialisation en soit n’est pas vertueuse, seule la
puissance financière s’empare de tout, et enlève à l’idéal
démocratique, s’il persiste, ses outils que sont les
Etats, le droit. Contagion de la théorie économique mais
mépris de l’idéal démocratique. Le démarrage de la
campagne présidentielle en Russie… surtout pas de
contagion. – La honte au Proche-Orient. Nous laissons
bombarder les Kurdes à qui nous devons, au sol où personne
des Occidentaux n’est allé, la victoire sur Daech. C’est
la légion Condor et la non-intervention dans la guerre
d’Espagne. Le seul peuple qui nous soit favorable et qui
pense comme nous.
Prier ...
l’Eglise nous donne un parallèle que les deux textes
semblent ne pas cultiver [1] :
la parabole du semeur donné à une foule considérable et
depuis une barque au bord de la mer de Galilée et le « recadrage »
de David : parmi tout le temps où j’étais un
voyageur parmi tous les fils d’Israël, ai-je demandé à un
seul des juges que j’avais institués pasteurs de mon
peuple Israël : « Pourquoi ne m’avez-vous pas bâti une
maison de cèdre ? » … Le Seigneur t’annonce qu’il te fera
lui-même une maison…. Je te susciterai dans ta
descendance, un successeur qui naîtra de toi, et je
rendrai stable sa royauté. Deux leçons : Dieu parmi nous, itinérant avec
les Hébreux selon l’arche d’Alliance, et aujourd’hui
présent dans l’Eucharistie, au tabernacle de nos
cathédrales, chapelles et églises diverses. Et la
maison, au sens d’une lignée familiale royale, elle
aussi instituée et maintenue par Dieu. Un Dieu de
prédilection, destinant son élu : c’est moi qui
t’ai pris au pâturage derrière le troupeau (toujours le
renversement des hiérarchies, les premiers et les
derniers, le fort et le faible, le petit et le grand) pour
que tu sois le chef de mon peuple Israël. Un Dieu paternel et
de tendresse : moi, je serai pour lui un père et
lui sera pour moi un fils. Un Dieu qui fonde : je fixerai en ce lieu
mon peuple, je l’y planterai… Ta maison et ta royauté
subsisteront toujours devant moi, ton trône sera stable
pour toujours. Quant
au divin semeur, la destination est universelle mais la
fondation dépend du terrain (ainsi que la maison bâtie
sur le roc ou sur le sable, autre parabole). Il y a
ceux qui ont reçu la semence dans la bonne terre : ceux-là
entendent la Parole, ils l’accueillent, et ils portent du
fruit. La maison
de David, l’Eglise, chacun de nous.
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