Saint
Timothée et saint Tite, compagnons de voyage et amis de saint Paul, furent
choisis par l’Apôtre pour gouverner, l’un l’Église d’Éphèse et l’autre l’Église
de Crète. Autrefois, le premier était fêté le 24 janvier et le second le 4
janvier.
T
|
imothée, né à Lystres d’un
père païen, fut, avec sa mère (Eunice) et sa grand-mère (Loïs), juives et
croyantes, converti par saint Paul qui, sur la recommandation des prophètes de
la communauté de Lystres, le prit comme compagnon de voyage. Saint Paul lui
confia des missions près des communautés (Thessalonique, Macédoine, Corinthe) et
l’utilisa comme secrétaire pour rédiger les épîtres.
Après
avoir partagé sa première captivité, il accompagna saint Paul jusqu’à ce que
celui-ci lui demandât de rester à Éphèse dont il fut le premier évêque. Le
corps de saint Timothée fut enterré près de celui de saint Jean, à Éphèse, où
il resta jusqu’à ce qu’on le transportât à Constantinople (356).
T
|
ite né dans le paganisme,
aurait été, selon une ancienne tradition, de parents nobles, de la race royale
de Minos, roi de Crète. Cette même tradition ajoute qu’il aurait fait de
solides études en lettres profanes quand il aurait entendu une voix mystérieuse
lui ordonnant de quitter son pays et de sauver son âme, ajoutant que la science
profane des Grecs lui serait peu utile pour son salut. Il aurait attendu un an
au bout duquel la même voix lui aurait dit de lire les Écritures des Hébreux.
Son
oncle, proconsul de Crète, ayant appris la naissance du Messie d’Israël,
l’aurait envoyé à Jérusalem où il aurait connu le Seigneur qui l’aurait compté
parmi ses soixante-douze disciples. Témoin de la vie publique de Jésus, de sa
Passion, de sa Résurrection et de son Ascension, il aurait été consacré par les
Apôtres et adjoint à saint Paul.
Plus
probablement, on pense que Tite, né païen, fut converti par saint Paul qui,
quatorze ans plus tard, l’ayant rencontré à Antioche, l’emmène jusqu’à
Jérusalem où il assiste au fameux « concile » qui rejette la circoncision des
païens. A partir de ce moment là, il accompagne saint Paul dans ses voyages et
lui sert de messager, singulièrement vers les communautés de Corinthe et
d’Éphèse.
Après
la première captivité de saint Paul, il aborda en Crète avec l’Apôtre qui l’y
laissa jusqu’à ce qu’il l’envoie en Dalmatie. Après le martyre de saint Paul,
Tite revint en Crète où, disent les byzantins, il mourut dans un âge très
avancé (quatre-vingt-quatorze ans). Le corps de saint Tite resta dans la
cathédrale de Gortyne jusqu’à ce que la cité fût détruite par les musulmans
(823) ; on ne retrouva que la tête de Tite qui fut transportée à Venise où elle
est vénérée à Saint Marc.
Pour approfondir, lire la Catéchèse du Pape Benoît XVI :
Sources principales : missel.free.fr ; vatican.va (« Rév. x gpm »).
BENOÎT
XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi
13 décembre 2006
Timothée et Tite, les plus proches collaborateurs de Paul
Chers frères et soeurs,
Après avoir longuement parlé du grand Apôtre Paul, nous prenons aujourd'hui en considération ses deux collaborateurs les plus proches: Timothée et Tite. C'est à eux que sont adressées trois Lettres traditionnellement attribuées à Paul, dont deux sont destinées à Timothée et une à Tite.
Timothée est un nom grec et signifie "qui honore Dieu". Alors que dans les Actes, Luc le mentionne six fois, dans ses Lettres, Paul fait référence à lui au moins à dix-sept reprises (on le trouve en plus une fois dans la Lettre aux Hébreux). On en déduit qu'il jouissait d'une grande considération aux yeux de Paul, même si Luc ne considère pas utile de nous raconter tout ce qui le concerne. En effet, l'Apôtre le chargea de missions importantes et vit en lui comme un alter ego, ainsi qu'il ressort du grand éloge qu'il en fait dans la Lettre aux Philippiens: "Je n'ai en effet personne d'autre (isópsychon) qui partage véritablement avec moi le souci de ce qui vous concerne" (2, 20).
Timothée était né à Lystres (environ 200 km au nord-ouest de Tarse) d'une mère juive et d'un père païen (cf. Ac 16, 1). Le fait que sa mère ait contracté un mariage mixte et n'ait pas fait circoncire son fils laisse penser que Timothée a grandi dans une famille qui n'était pas strictement observante, même s'il est dit qu'il connaissait l'Ecriture dès l'enfance (cf. 2 Tm 3, 15). Le nom de sa mère, Eunikè, est parvenu jusqu'à nous, ainsi que le nom de sa grand-mère, Loïs (cf. 2 Tm 1, 5). Lorsque Paul passa par Lystres au début du deuxième voyage missionnaire, il choisit Timothée comme compagnon, car "à Lystres et à Iconium, il était estimé des frères" (Ac 16, 2), mais il le fit circoncire "pour tenir compte des juifs de la région" (Ac 16, 3). Avec Paul et Silas, Timothée traverse l'Asie mineure jusqu'à Troas, d'où il passe en Macédoine. Nous sommes en outre informés qu'à Philippes, où Paul et Silas furent visés par l'accusation de troubler l'ordre public et furent emprisonnés pour s'être opposés à l'exploitation d'une jeune fille comme voyante de la part de plusieurs individus sans scrupules (cf. Ac 16, 16-40), Timothée fut épargné. Ensuite, lorsque Paul fut contraint de poursuivre jusqu'à Athènes, Timothée le rejoignit dans cette ville et, de là, il fut envoyé à la jeune Eglise de Thessalonique pour avoir de ses nouvelles et pour la confirmer dans la foi (cf. 1 Th 3, 1-2). Il retrouva ensuite l'Apôtre à Corinthe, lui apportant de bonnes nouvelles sur les Thessaloniciens et collaborant avec lui à l'évangélisation de cette ville (cf. 2 Co 1, 19).
Nous retrouvons Timothée à Ephèse au cours du troisième voyage missionnaire de Paul. C'est probablement de là que l'Apôtre écrivit à Philémon et aux Philippiens, et dans ces deux lettres, Timothée apparaît comme le co-expéditeur (cf. Phm 1; Ph 1, 1). D'Ephèse, Paul l'envoya en Macédoine avec un certain Eraste (cf. Ac 19, 22) et, ensuite, également à Corinthe, avec la tâche d'y apporter une lettre, dans laquelle il recommandait aux Corinthiens de lui faire bon accueil (cf. 1 Co 4, 17; 16, 10-11). Nous le retrouvons encore comme co-expéditeur de la deuxième Lettre aux Corinthiens, et quand, de Corinthe, Paul écrit la Lettre aux Romains, il y unit, avec ceux des autres, les saluts de Timothée (cf. Rm 16, 21). De Corinthe, le disciple repartit pour rejoindre Troas sur la rive asiatique de la Mer Egée et y attendre l'Apôtre qui se dirigeait vers Jérusalem, en conclusion de son troisième voyage missionnaire (cf. Ac 20, 4). A partir de ce moment, les sources antiques ne nous réservent plus qu'une brève référence à la biographie de Timothée, dans la Lettre aux Hébreux où on lit: "Sachez que notre frère Timothée est libéré. J'irai vous voir avec lui s'il vient assez vite" (13, 23). En conclusion, nous pouvons dire que la figure de Timothée est présentée comme celle d'un pasteur de grand relief. Selon l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe, écrite postérieurement, Timothée fut le premier Evêque d'Ephèse (cf. 3, 4). Plusieurs de ses reliques se trouvent depuis 1239 en Italie, dans la cathédrale de Termoli, dans le Molise, provenant de Constantinople.
Quant à la figure de Tite, dont le nom est d'origine latine, nous savons qu'il était grec de naissance, c'est-à-dire païen (cf. Gal 2, 3). Paul le conduisit avec lui à Jérusalem pour participer au Concile apostolique, dans lequel fut solennellement acceptée la prédication de l'Evangile aux païens, sans les contraintes de la loi mosaïque. Dans la Lettre qui lui est adressée, l'Apôtre fait son éloge, le définissant comme son "véritable enfant selon la foi qui nous est commune" (Tt 1, 4). Après le départ de Timothée de Corinthe, Paul y envoya Tite avec la tâche de reconduire cette communauté indocile à l'obéissance. Tite ramena la paix entre l'Eglise de Corinthe et l'Apôtre, qui écrivit à celle-ci en ces termes: "Pourtant, le Dieu qui réconforte les humbles nous a réconfortés par la venue de Tite, et non seulement par sa venue, mais par le réconfort qu'il avait trouvé chez vous: il nous a fait part de votre grand désir de nous revoir, de votre désolation, de votre amour ardent pour moi... En plus de ce réconfort, nous nous sommes réjouis encore bien davantage à voir la joie de Tite: son esprit a été pleinement tranquillisé par vous tous" (2 Co 7, 6-7.13). Tite fut ensuite envoyé encore une fois à Corinthe par Paul - qui le qualifie comme "mon compagnon et mon collaborateur" (2 Co 8, 23) - pour y organiser la conclusion des collectes en faveur des chrétiens de Jérusalem (cf. 2 Co 8, 6). Des nouvelles supplémentaires provenant des Lettres pastorales le qualifient d'Evêque de Crète (cf. Tt 1, 5), d'où sur l'invitation de Paul, il rejoint l'Apôtre à Nicopolis en Epire (cf. Tt 3, 12). Il se rendit ensuite également en Dalmatie (cf. 2 Tm 4, 10). Nous ne possédons pas d'autres informations sur les déplacements successifs de Tite et sur sa mort.
En conclusion, si nous considérons de manière unitaire les deux figures de Timothée et de Tite, nous nous rendons compte de plusieurs données très significatives. La plus importante est que Paul s'appuya sur des collaborateurs dans l'accomplissement de ses missions. Il reste certainement l'Apôtre par antonomase, fondateur et pasteur de nombreuses Eglises. Il apparaît toutefois évident qu'il ne faisait pas tout tout seul, mais qu'il s'appuyait sur des personnes de confiance qui partageaient ses peines et ses responsabilités. Une autre observation concerne la disponibilité de ces collaborateurs. Les sources concernant Timothée et Tite mettent bien en lumière leur promptitude à assumer des charges diverses, consistant souvent à représenter Paul également en des occasions difficiles. En un mot, ils nous enseignent à servir l'Evangile avec générosité, sachant que cela comporte également un service à l'Eglise elle-même. Recueillons enfin la recommandation que l'Apôtre Paul fait à Tite, dans la lettre qui lui est adressée: "Voilà une parole sûre, et je veux que tu t'en portes garant, afin que ceux qui ont mis leur foi en Dieu s'efforcent d'être au premier rang pour faire le bien" (Tt 3, 8). A travers notre engagement concret, nous devons et nous pouvons découvrir la vérité de ces paroles, et, précisément en ce temps de l'Avent, être nous aussi riches de bonnes oeuvres et ouvrir ainsi les portes du monde au Christ, notre Sauveur.
* * *
Je suis heureux de vous accueillir, chers pèlerins francophones. Je salue
particulièrement les jeunes de Treillières et les pèlerins de La Réunion. Que
le temps de l'Avent vous permette de préparer vos cœurs à la venue du Sauveur,
pour en témoigner généreusement parmi vos frères !
© Copyright 2006 - Libreria
Editrice Vaticana
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi
28 janvier 2009
Chers Frères et Sœurs,
Considérons aujourd’hui les Lettres Pastorales de saint Paul. Elles étaient adressées à des Pasteurs de l'Église: deux à Timothée et une à Tite, ses proches collaborateurs qu’il a aimés comme des fils très chers et à qui il a confié des missions importantes et délicates. Ces lettres évoquent une situation ecclésiale différente de celle qu’a connue directement Paul: de nouveaux contextes culturels et des doctrines erronées surgissent. L’auteur des Lettres les affronte en rappelant qu’il faut faire une lecture intelligente des Écritures et se référer sans cesse au «dépôt» transmis par les générations précédentes. Écriture et Tradition sont le «fondement solide posé par Dieu» (2 Tm 2,19). Il faut donc être «attaché à la parole sûre et conforme à la doctrine» (Tt 1,9). À la base de tout il y a la foi dans la révélation historique de la bonté de Dieu.
La communauté chrétienne se présente comme enracinée sur les points essentiels de la foi qui ici est synonyme de «vérité». Elle est ouverte à l’universel et elle prie pour tous les hommes afin qu’ils parviennent à la connaissance de la vérité. Dans ces Lettres apparaît pour la première fois le triple ministère d’évêque, de prêtre et de diacre. L'Église est comme une maison familiale, la «maison de Dieu», dont l’épiscope est le père. Prions saint Paul pour que nous puissions toujours plus être perçus comme membres de la «famille de Dieu».
* * *
Je salue avec affection les pèlerins de la paroisse Sainte-Croix et les
jeunes de l’externat «Saint-Joseph» d’Ollioules. Je vous souhaite d’être
pleinement concitoyens des saints et familiers de Dieu. Avec ma Bénédiction
apostolique! Synthèse de la catéchèse du Saint-Père, Texte intégral en 2e partie (source : free.fr)
Le 28 janvier 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - A l'occasion de l'audience générale, Benoît XVI a
abordé la vision théologique des dernière Epîtres de Paul, appelées pastorales
car adressées à Timothée et à Tite, qui étaient ses collaborateurs. Ces textes,
a-t-il expliqué, évoquent l'existence "de certaines doctrines erronées,
telle celle prétendant que le mariage était une mauvaise chose. Ce thème est
actuel car certains lisent aujourd'hui l'Ecriture comme objet de curiosité
historique et non comme expression de l'Esprit, dans laquelle nous ressentons
la voix du Seigneur et reconnaissons sa présence historique". Face à
ses doctrines, Paul a affirmé la nécessité de considérer l'Ecriture comme
inspirée et provenant du Saint Esprit, parlant à son sujet du "bon dépôt"
qui garantit "la tradition de la foi apostolique". Celle-ci
doit être gardée "avec l'aide de l'Esprit qui nous habite" et
qui "constitue le critère de fidélité à l'annonce évangélique".
Puis Benoît XVI a rappelé que le sens d'universalité du salut, qui implique que Dieu appelle chaque homme à se sauver et à parvenir à la connaissance de la vérité, est fort et déterminant dans les écrits pauliniens. Ces épîtres offrent "une réflexion sur la structure ministérielle de l'Eglise, présentant pour la première fois la triple articulation évêque, prêtre et diacre. L'essentiel de la structure catholique réside dans l'Ecriture et la Tradition, l'Ecriture et l'annonce, qui la caractérisent au plan doctrinal. A celle-ci s'ajoute une structure personnelle dans les successeurs des Apôtres, témoins de l'annonce apostolique".
S'arrêtant alors sur la figure de l'évêque, Benoît XVI a rappelé que dans l'Epître à Timothée il est en particulier "considéré comme le père de la communauté chrétienne. L'idée d'Eglise comme Maison de Dieu, qui trouve ses racines dans l'Ancien Testament, est reformulée dans l'Epître aux hébreux, tandis que celle aux Ephésiens affirme qu'aucun chrétien n'est étranger ou hôte, mais concitoyen des saints et fils de la Maison de Dieu. Prions donc le Seigneur afin que nous autres chrétiens puissions toujours nous distinguer dans la société comme des membres de la famille de Dieu. Prions aussi -a conclu le Pape- afin que les pasteurs de l'Eglise soient toujours paternels, forts et ouverts à la fois, dans la construction de la Maison de Dieu qu'est la communauté ecclésiale".
Texte intégral de la catéchèse
Chers frères et sœurs,
Les dernières Lettres des écrits épistolaires pauliniens, dont je voudrais parler aujourd'hui, sont appelées Lettres pastorales, car elles ont été envoyées à des figures individuelles de pasteurs de l'Église : deux à Timothée, et une à Tite, collaborateurs étroits de saint Paul. Chez Timothée, l'apôtre voyait presque un alter ego ; en effet, il lui confia des missions importantes (en Macédoine : cf. Ac 19, 22 ; à Thessalonique : cf. 1 Ts 3, 6-7 ; à Corinthe : cf. 1 Co 4, 17 ; 16, 10-11), puis il écrivit à son propos un éloge flatteur : « Je n'ai vraiment personne qui saura comme lui s'intéresser d'un cœur sincère à votre situation » (Ph 2, 20). Selon l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe de Césarée, du IVe siècle, Timothée fut ensuite le premier évêque d'Éphèse (cf. 3, 4). Quant à Tite, lui aussi devait avoir été très cher à l'apôtre, qui le définit explicitement « plus empressé que jamais... mon associé et coopérateur » (2 Co 8 ; 17.23), et même « mon véritable enfant en notre foi commune » (Tt 1, 4). Il avait été chargé de quelques missions très délicates dans l'Église de Corinthe, dont le résultat réconforta Paul (cf. 2 Co 7, 6-7.13 ; 8, 6). Par la suite, selon ce qui nous a été transmis, Tite rejoignit Paul à Nicopolis, en Épire, en Grèce (cf. Tt 3, 12) puis fut envoyé par lui en Dalmatie (cf. 2 Tm 4, 10). Selon la Lettre qui lui est adressée, il résulte ensuite avoir été Évêque de Crête (cf. Tt 1, 5).
Les Lettres adressées à ces deux pasteurs occupent une place tout à fait particulière au sein du Nouveau Testament. La majorité des exégètes est aujourd'hui d'avis que les Lettres n'auraient pas été écrites par Paul lui-même, mais que leur origine se trouverait dans l'« école de Paul », et refléterait son héritage pour une nouvelle génération, en intégrant sans doute quelque bref écrit, ou parole de l'Apôtre lui-même. Par exemple, certaines paroles de la seconde Lettre à Timothée apparaissent tellement authentiques qu'elles ne peuvent venir que du cœur et de la bouche de l'Apôtre.
La situation ecclésiale qui ressort de ces Lettres est sans aucun doute différente de celle des années centrales de la vie de Paul. A présent, rétrospectivement, celui-ci se définit lui-même comme « héraut, apôtre et maître » des païens dans la foi et dans la vérité (cf. 1 Tm 2, 7 ; 2 Tm 1, 11) ; il se présente comme quelqu'un qui a obtenu la miséricorde, car - ainsi écrit-t-il - « en moi le premier, Jésus Christ manifestât toute sa patience faisant de moi un exemple pour ceux qui doivent croire en lui en vue de la vie éternelle » (1 Tm 1, 16). Il est donc essentiel que ce soit réellement en Paul, persécuteur converti par la présence du Ressuscité, qu'apparaisse la magnanimité du Seigneur pour nous encourager, pour nous pousser à espérer et à avoir confiance dans la miséricorde du Seigneur qui, en dépit de notre petitesse, peut faire de grandes choses. Outre les années centrales de la vie de Paul, il faut également considérer les nouveaux contextes culturels présupposés ici. En effet, on fait allusion à l'apparition d'enseignements qu'il faut considérer entièrement erronés et faux (cf. 1 Tm 4, 1-2 ; 2 Tm 3, 1-5), comme ceux des personnes qui prétendaient que le mariage n'était pas bon (cf. 1 Tm 4, 3a). Nous voyons combien cette préoccupation est moderne, car aujourd'hui aussi, on lit parfois l'Écriture comme un objet de curiosité historique et non pas comme la parole de l'Esprit Saint, dans laquelle nous pouvons entendre la voix même du Seigneur et connaître sa présence dans l'histoire. Nous pourrions dire que, avec cette brève liste d'erreurs présentes dans les trois Lettres, sont anticipés certains traits de l'orientation successive erronée qui est connue sous le nom de gnosticisme (cf. 1 Tm 2, 5-6 ; 2 Tm 3, 6-8).
L'auteur répond à ces doctrines par deux rappels fondamentaux. L'un consiste à renvoyer à une lecture spirituelle des Saintes Écritures (cf. 2 Tm 3, 14-17), c'est-à-dire à une lecture qui les considère réellement comme « inspirées » et provenant de l'Esprit Saint, pour qu'elles puissent « procurer la sagesse qui conduit au salut ». On lit l'Écriture de manière juste en se plaçant dans un dialogue avec l'Esprit Saint, afin d'en tirer une lumière « pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice » (2 Tm 3, 16). En ce sens la Lettre ajoute : « ainsi l'homme de Dieu se trouve-t-il accompli, équipé pour toute œuvre bonne » (2 Tm 3, 17). L'autre appel consiste à évoquer le bon « dépôt » (parathéke) : c'est un mot spécifique des Lettres pastorales par lequel est indiquée la tradition de la foi apostolique qu'il faut conserver avec l'aide de l'Esprit Saint qui habite en nous. Ce « dépôt » doit donc être considéré comme la somme de la Tradition apostolique et comme le critère de fidélité à l'annonce de l'Évangile. Et nous devons ici avoir à l'esprit que dans les Lettres pastorales comme dans tout le Nouveau Testament, le terme « Écritures » signifie explicitement l'Ancien Testament, parce que les écrits du Nouveau Testament, ou bien n'existaient pas encore, ou ne faisaient pas encore partie d'un canon des Écritures. Donc, la Tradition de l'annonce apostolique, ce « dépôt », est la clé de lecture pour comprendre l'Écriture, le Nouveau Testament. En ce sens, Écriture et Tradition, Écriture et annonce apostolique comme clé de lecture sont rapprochées et se confondent presque, pour former ensemble les « solides fondations posées par Dieu » (2 Tm 2, 19). L'annonce apostolique, c'est-à-dire la Tradition, est nécessaire pour entrer dans la compréhension de l'Écriture et y saisir la voix du Christ. Il faut en effet être « attaché à l'enseignement sûr, conforme à la doctrine » (Tt 1, 9). A la base de tout, il y a justement la foi dans la révélation historique de la bonté de Dieu, qui en Jésus Christ a manifesté concrètement son « amour pour les hommes », un amour qui dans le texte original grec est qualifié de manière significative comme filanthropía (Tt 3, 4 ; cf. 2 Tm 1, 9-10) ; Dieu aime l'humanité.
Dans l'ensemble, on voit bien que la communauté chrétienne se configure progressivement en termes très nets, selon une identité qui non seulement prend ses distances avec des interprétations incongrues, mais surtout affirme son propre ancrage sur les points essentiels de la foi, qui est ici synonyme de « vérité » (1 Tm 2, 4.7 ; 4, 3 ; 6, 5 ; 2 Tm 2, 15.18.25 ; 3, 7.8 ; 4, 4 ; Tt 1, 1.14). Dans la foi apparaît la vérité essentielle de qui nous sommes, de qui est Dieu, de comment nous devons vivre. Et de cette vérité (la vérité de la foi) l'Église est définie comme la « colonne et support » (1 Tm 3, 15). Quoi qu'il en soit, elle reste une communauté ouverte, au souffle universel, qui prie pour tous les hommes de tout ordre et degré, pour qu'ils parviennent à la connaissance de la vérité : Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité », parce que « le Christ Jésus s'est livré en rançon pour tous » (1 Tm 2, 4-5). Par conséquent, le sens de l'universalité, même si les communautés sont encore petites, est fort et déterminant pour ces Lettres. En outre cette communauté chrétienne « n'outrage personne » et « témoigne à tous les hommes une parfaite douceur » (Tt 3, 2). Telle est la première composante importante de ces Lettres : l'universalité et la foi comme vérité, comme clé de lecture de l'Écriture Sainte, de l'Ancien Testament et ainsi se dessine une unité d'annonce et d'Écriture et une foi vivante ouverte à tous et témoin de l'amour de Dieu pour tous.
Une autre composante typique de ces Lettres est leur réflexion sur la structure ministérielle de l'Église. Ce sont elles qui pour la première fois présentent la triple subdivision d'épiscopes, presbytres et diacres (cf. 1 Tm 3, 1-13 ; 4, 13 ; 2 Tm 1, 6 ; Tt 1, 5-9). Nous pouvons observer dans les Lettres pastorales la confluence de deux structures ministérielles différentes et ainsi la constitution de la forme définitive du ministère de l'Église. Dans les Lettres pauliniennes des années centrales de sa vie, Paul parle d'« épiscopes » (Ph 1, 1), et de « diacres » ; c'est la structure typique de l'Église qui s'est formée à l'époque dans le monde païen. Mais la figure de l'apôtre lui-même demeure toutefois dominante et ce n'est donc que peu à peu que se développent les autres ministères.
Si, comme on l'a dit, dans les Églises formées dans le monde païen nous avons des épiscopes et des diacres, et non des prêtres, dans les Églises formées dans le monde judéo-chrétien les prêtres sont la structure dominante. A la fin, dans les Lettres pastorales, les deux structures s'unissent : à présent apparaît « l'épiscope », (l'évêque) (cf. 1 Tm 3, 2 ; Tt 1, 7), toujours au singulier, accompagné par l'article déterminatif « l'épiscope ». Et à côté de « l'épiscope », nous trouvons les prêtres et les diacres. La figure de l'Apôtre est toujours encore déterminante, mais les trois Lettres, comme je l'ai déjà dit, ne sont plus adressées à une communauté, mais à des personnes : Timothée et Tite, qui, d'une part, apparaissent comme des évêques et, de l'autre, commencent à prendre la place de l'Apôtre.
On remarque ainsi, à son début, la réalité qui, plus tard, s'appellera « succession apostolique ». Paul dit sur un ton d'une grande solennité à Timothée : « Ne néglige pas le don de Dieu qui est en toi, ce don que tu as reçu grâce à l'intervention des prophètes, quand l'assemblée des Anciens a imposé les mains sur toi » (1 Tm 4, 14). Nous pouvons dire que dans ces mots apparaît également à son début le caractère sacramentel du ministère. Et ainsi, nous avons l'essentiel de la structure catholique : Écriture et Tradition, Écriture et annonce, forment un ensemble, mais à cette structure, pour ainsi dire doctrinale, doit s'ajouter la structure personnelle, les successeurs des Apôtres, comme témoins de l'annonce apostolique.
Il est enfin important de noter que dans ces Lettres, l'Église se comprend elle-même en termes très humains, en analogie avec la maison et la famille. En particulier, dans 1 Tm 3, 2-7, on peut lire des instructions très détaillées sur l'épiscope, comme celles-ci : il doit être « irréprochable, époux d'une seule femme, homme mesuré, raisonnable et réfléchi, ouvrant sa maison à tous, capable d'enseigner, ni buveur ni violent, mais plein de sérénité, pacifique et désintéressé. Il faut qu'il mène bien sa propre famille, qu'il se fasse écouter et respecter par ses enfants. Car un homme qui ne sait pas mener sa propre famille, comment pourrait-il prendre en charge une Église de Dieu ? [...] Il faut aussi que les gens du dehors portent sur lui un bon témoignage ». On doit ici surtout remarquer l'aptitude importante à l'enseignement (cf. aussi 1 Tm 5, 17), dont on trouve également des échos dans d'autres passages (cf. 1 Tm 6, 2c ; 2 Tm 3, 10 ; Tt 2, 1), et ensuite une caractéristique personnelle particulière, celle de la « paternité ». L'épiscope est en effet considéré comme le père de la communauté chrétienne (cf. également 1 Tm 3, 15). Du reste, l'idée de l'Église comme « maison de Dieu » plonge ses racines dans l'Ancien Testament (cf. Nb 12, 7) et se trouve reformulée dans He 3, 2.6, alors qu'ailleurs on peut lire que tous les chrétiens ne sont plus des étrangers ni des invités, mais des concitoyens des saints et des membres de la maison de Dieu (cf. Ep 2, 19).
Prions le Seigneur et saint Paul pour que nous aussi, en tant que chrétiens, nous puissions toujours plus nous caractériser, en relation avec la société dans laquelle nous vivons, comme des membres de la « famille de Dieu ». Et prions également afin que les pasteurs de l'Église acquièrent toujours plus des sentiments paternels, à la fois tendres et forts, dans l'édification de la maison de Dieu, de la communauté, de l'Église.(ZF09012803)
Puis Benoît XVI a rappelé que le sens d'universalité du salut, qui implique que Dieu appelle chaque homme à se sauver et à parvenir à la connaissance de la vérité, est fort et déterminant dans les écrits pauliniens. Ces épîtres offrent "une réflexion sur la structure ministérielle de l'Eglise, présentant pour la première fois la triple articulation évêque, prêtre et diacre. L'essentiel de la structure catholique réside dans l'Ecriture et la Tradition, l'Ecriture et l'annonce, qui la caractérisent au plan doctrinal. A celle-ci s'ajoute une structure personnelle dans les successeurs des Apôtres, témoins de l'annonce apostolique".
S'arrêtant alors sur la figure de l'évêque, Benoît XVI a rappelé que dans l'Epître à Timothée il est en particulier "considéré comme le père de la communauté chrétienne. L'idée d'Eglise comme Maison de Dieu, qui trouve ses racines dans l'Ancien Testament, est reformulée dans l'Epître aux hébreux, tandis que celle aux Ephésiens affirme qu'aucun chrétien n'est étranger ou hôte, mais concitoyen des saints et fils de la Maison de Dieu. Prions donc le Seigneur afin que nous autres chrétiens puissions toujours nous distinguer dans la société comme des membres de la famille de Dieu. Prions aussi -a conclu le Pape- afin que les pasteurs de l'Eglise soient toujours paternels, forts et ouverts à la fois, dans la construction de la Maison de Dieu qu'est la communauté ecclésiale".
Texte intégral de la catéchèse
Chers frères et sœurs,
Les dernières Lettres des écrits épistolaires pauliniens, dont je voudrais parler aujourd'hui, sont appelées Lettres pastorales, car elles ont été envoyées à des figures individuelles de pasteurs de l'Église : deux à Timothée, et une à Tite, collaborateurs étroits de saint Paul. Chez Timothée, l'apôtre voyait presque un alter ego ; en effet, il lui confia des missions importantes (en Macédoine : cf. Ac 19, 22 ; à Thessalonique : cf. 1 Ts 3, 6-7 ; à Corinthe : cf. 1 Co 4, 17 ; 16, 10-11), puis il écrivit à son propos un éloge flatteur : « Je n'ai vraiment personne qui saura comme lui s'intéresser d'un cœur sincère à votre situation » (Ph 2, 20). Selon l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe de Césarée, du IVe siècle, Timothée fut ensuite le premier évêque d'Éphèse (cf. 3, 4). Quant à Tite, lui aussi devait avoir été très cher à l'apôtre, qui le définit explicitement « plus empressé que jamais... mon associé et coopérateur » (2 Co 8 ; 17.23), et même « mon véritable enfant en notre foi commune » (Tt 1, 4). Il avait été chargé de quelques missions très délicates dans l'Église de Corinthe, dont le résultat réconforta Paul (cf. 2 Co 7, 6-7.13 ; 8, 6). Par la suite, selon ce qui nous a été transmis, Tite rejoignit Paul à Nicopolis, en Épire, en Grèce (cf. Tt 3, 12) puis fut envoyé par lui en Dalmatie (cf. 2 Tm 4, 10). Selon la Lettre qui lui est adressée, il résulte ensuite avoir été Évêque de Crête (cf. Tt 1, 5).
Les Lettres adressées à ces deux pasteurs occupent une place tout à fait particulière au sein du Nouveau Testament. La majorité des exégètes est aujourd'hui d'avis que les Lettres n'auraient pas été écrites par Paul lui-même, mais que leur origine se trouverait dans l'« école de Paul », et refléterait son héritage pour une nouvelle génération, en intégrant sans doute quelque bref écrit, ou parole de l'Apôtre lui-même. Par exemple, certaines paroles de la seconde Lettre à Timothée apparaissent tellement authentiques qu'elles ne peuvent venir que du cœur et de la bouche de l'Apôtre.
La situation ecclésiale qui ressort de ces Lettres est sans aucun doute différente de celle des années centrales de la vie de Paul. A présent, rétrospectivement, celui-ci se définit lui-même comme « héraut, apôtre et maître » des païens dans la foi et dans la vérité (cf. 1 Tm 2, 7 ; 2 Tm 1, 11) ; il se présente comme quelqu'un qui a obtenu la miséricorde, car - ainsi écrit-t-il - « en moi le premier, Jésus Christ manifestât toute sa patience faisant de moi un exemple pour ceux qui doivent croire en lui en vue de la vie éternelle » (1 Tm 1, 16). Il est donc essentiel que ce soit réellement en Paul, persécuteur converti par la présence du Ressuscité, qu'apparaisse la magnanimité du Seigneur pour nous encourager, pour nous pousser à espérer et à avoir confiance dans la miséricorde du Seigneur qui, en dépit de notre petitesse, peut faire de grandes choses. Outre les années centrales de la vie de Paul, il faut également considérer les nouveaux contextes culturels présupposés ici. En effet, on fait allusion à l'apparition d'enseignements qu'il faut considérer entièrement erronés et faux (cf. 1 Tm 4, 1-2 ; 2 Tm 3, 1-5), comme ceux des personnes qui prétendaient que le mariage n'était pas bon (cf. 1 Tm 4, 3a). Nous voyons combien cette préoccupation est moderne, car aujourd'hui aussi, on lit parfois l'Écriture comme un objet de curiosité historique et non pas comme la parole de l'Esprit Saint, dans laquelle nous pouvons entendre la voix même du Seigneur et connaître sa présence dans l'histoire. Nous pourrions dire que, avec cette brève liste d'erreurs présentes dans les trois Lettres, sont anticipés certains traits de l'orientation successive erronée qui est connue sous le nom de gnosticisme (cf. 1 Tm 2, 5-6 ; 2 Tm 3, 6-8).
L'auteur répond à ces doctrines par deux rappels fondamentaux. L'un consiste à renvoyer à une lecture spirituelle des Saintes Écritures (cf. 2 Tm 3, 14-17), c'est-à-dire à une lecture qui les considère réellement comme « inspirées » et provenant de l'Esprit Saint, pour qu'elles puissent « procurer la sagesse qui conduit au salut ». On lit l'Écriture de manière juste en se plaçant dans un dialogue avec l'Esprit Saint, afin d'en tirer une lumière « pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice » (2 Tm 3, 16). En ce sens la Lettre ajoute : « ainsi l'homme de Dieu se trouve-t-il accompli, équipé pour toute œuvre bonne » (2 Tm 3, 17). L'autre appel consiste à évoquer le bon « dépôt » (parathéke) : c'est un mot spécifique des Lettres pastorales par lequel est indiquée la tradition de la foi apostolique qu'il faut conserver avec l'aide de l'Esprit Saint qui habite en nous. Ce « dépôt » doit donc être considéré comme la somme de la Tradition apostolique et comme le critère de fidélité à l'annonce de l'Évangile. Et nous devons ici avoir à l'esprit que dans les Lettres pastorales comme dans tout le Nouveau Testament, le terme « Écritures » signifie explicitement l'Ancien Testament, parce que les écrits du Nouveau Testament, ou bien n'existaient pas encore, ou ne faisaient pas encore partie d'un canon des Écritures. Donc, la Tradition de l'annonce apostolique, ce « dépôt », est la clé de lecture pour comprendre l'Écriture, le Nouveau Testament. En ce sens, Écriture et Tradition, Écriture et annonce apostolique comme clé de lecture sont rapprochées et se confondent presque, pour former ensemble les « solides fondations posées par Dieu » (2 Tm 2, 19). L'annonce apostolique, c'est-à-dire la Tradition, est nécessaire pour entrer dans la compréhension de l'Écriture et y saisir la voix du Christ. Il faut en effet être « attaché à l'enseignement sûr, conforme à la doctrine » (Tt 1, 9). A la base de tout, il y a justement la foi dans la révélation historique de la bonté de Dieu, qui en Jésus Christ a manifesté concrètement son « amour pour les hommes », un amour qui dans le texte original grec est qualifié de manière significative comme filanthropía (Tt 3, 4 ; cf. 2 Tm 1, 9-10) ; Dieu aime l'humanité.
Dans l'ensemble, on voit bien que la communauté chrétienne se configure progressivement en termes très nets, selon une identité qui non seulement prend ses distances avec des interprétations incongrues, mais surtout affirme son propre ancrage sur les points essentiels de la foi, qui est ici synonyme de « vérité » (1 Tm 2, 4.7 ; 4, 3 ; 6, 5 ; 2 Tm 2, 15.18.25 ; 3, 7.8 ; 4, 4 ; Tt 1, 1.14). Dans la foi apparaît la vérité essentielle de qui nous sommes, de qui est Dieu, de comment nous devons vivre. Et de cette vérité (la vérité de la foi) l'Église est définie comme la « colonne et support » (1 Tm 3, 15). Quoi qu'il en soit, elle reste une communauté ouverte, au souffle universel, qui prie pour tous les hommes de tout ordre et degré, pour qu'ils parviennent à la connaissance de la vérité : Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité », parce que « le Christ Jésus s'est livré en rançon pour tous » (1 Tm 2, 4-5). Par conséquent, le sens de l'universalité, même si les communautés sont encore petites, est fort et déterminant pour ces Lettres. En outre cette communauté chrétienne « n'outrage personne » et « témoigne à tous les hommes une parfaite douceur » (Tt 3, 2). Telle est la première composante importante de ces Lettres : l'universalité et la foi comme vérité, comme clé de lecture de l'Écriture Sainte, de l'Ancien Testament et ainsi se dessine une unité d'annonce et d'Écriture et une foi vivante ouverte à tous et témoin de l'amour de Dieu pour tous.
Une autre composante typique de ces Lettres est leur réflexion sur la structure ministérielle de l'Église. Ce sont elles qui pour la première fois présentent la triple subdivision d'épiscopes, presbytres et diacres (cf. 1 Tm 3, 1-13 ; 4, 13 ; 2 Tm 1, 6 ; Tt 1, 5-9). Nous pouvons observer dans les Lettres pastorales la confluence de deux structures ministérielles différentes et ainsi la constitution de la forme définitive du ministère de l'Église. Dans les Lettres pauliniennes des années centrales de sa vie, Paul parle d'« épiscopes » (Ph 1, 1), et de « diacres » ; c'est la structure typique de l'Église qui s'est formée à l'époque dans le monde païen. Mais la figure de l'apôtre lui-même demeure toutefois dominante et ce n'est donc que peu à peu que se développent les autres ministères.
Si, comme on l'a dit, dans les Églises formées dans le monde païen nous avons des épiscopes et des diacres, et non des prêtres, dans les Églises formées dans le monde judéo-chrétien les prêtres sont la structure dominante. A la fin, dans les Lettres pastorales, les deux structures s'unissent : à présent apparaît « l'épiscope », (l'évêque) (cf. 1 Tm 3, 2 ; Tt 1, 7), toujours au singulier, accompagné par l'article déterminatif « l'épiscope ». Et à côté de « l'épiscope », nous trouvons les prêtres et les diacres. La figure de l'Apôtre est toujours encore déterminante, mais les trois Lettres, comme je l'ai déjà dit, ne sont plus adressées à une communauté, mais à des personnes : Timothée et Tite, qui, d'une part, apparaissent comme des évêques et, de l'autre, commencent à prendre la place de l'Apôtre.
On remarque ainsi, à son début, la réalité qui, plus tard, s'appellera « succession apostolique ». Paul dit sur un ton d'une grande solennité à Timothée : « Ne néglige pas le don de Dieu qui est en toi, ce don que tu as reçu grâce à l'intervention des prophètes, quand l'assemblée des Anciens a imposé les mains sur toi » (1 Tm 4, 14). Nous pouvons dire que dans ces mots apparaît également à son début le caractère sacramentel du ministère. Et ainsi, nous avons l'essentiel de la structure catholique : Écriture et Tradition, Écriture et annonce, forment un ensemble, mais à cette structure, pour ainsi dire doctrinale, doit s'ajouter la structure personnelle, les successeurs des Apôtres, comme témoins de l'annonce apostolique.
Il est enfin important de noter que dans ces Lettres, l'Église se comprend elle-même en termes très humains, en analogie avec la maison et la famille. En particulier, dans 1 Tm 3, 2-7, on peut lire des instructions très détaillées sur l'épiscope, comme celles-ci : il doit être « irréprochable, époux d'une seule femme, homme mesuré, raisonnable et réfléchi, ouvrant sa maison à tous, capable d'enseigner, ni buveur ni violent, mais plein de sérénité, pacifique et désintéressé. Il faut qu'il mène bien sa propre famille, qu'il se fasse écouter et respecter par ses enfants. Car un homme qui ne sait pas mener sa propre famille, comment pourrait-il prendre en charge une Église de Dieu ? [...] Il faut aussi que les gens du dehors portent sur lui un bon témoignage ». On doit ici surtout remarquer l'aptitude importante à l'enseignement (cf. aussi 1 Tm 5, 17), dont on trouve également des échos dans d'autres passages (cf. 1 Tm 6, 2c ; 2 Tm 3, 10 ; Tt 2, 1), et ensuite une caractéristique personnelle particulière, celle de la « paternité ». L'épiscope est en effet considéré comme le père de la communauté chrétienne (cf. également 1 Tm 3, 15). Du reste, l'idée de l'Église comme « maison de Dieu » plonge ses racines dans l'Ancien Testament (cf. Nb 12, 7) et se trouve reformulée dans He 3, 2.6, alors qu'ailleurs on peut lire que tous les chrétiens ne sont plus des étrangers ni des invités, mais des concitoyens des saints et des membres de la maison de Dieu (cf. Ep 2, 19).
Prions le Seigneur et saint Paul pour que nous aussi, en tant que chrétiens, nous puissions toujours plus nous caractériser, en relation avec la société dans laquelle nous vivons, comme des membres de la « famille de Dieu ». Et prions également afin que les pasteurs de l'Église acquièrent toujours plus des sentiments paternels, à la fois tendres et forts, dans l'édification de la maison de Dieu, de la communauté, de l'Église.(ZF09012803)
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