soir du mardi 7 Novembre
23 heures 23 + Journée apaisante.
Cela ne m’avait pas été donné depuis des semaines et séries
de circonstances, toutes agréables ou bien ajustées. Et ce
soir, source et appel de réflexions : commentaires de
psychiatres et généralistes autour du livre de Flavie
FLAMENT et du film qu’elle a ainsi inspirée [1].
La mémoire auto-biographique et la mémoire traumatique, la
seconde enfouissant des événements insupportables qui ne
peuvent s’évoquer qu’avec une aide extérieure, et beaucoup
plus tard. Mise par sa propre mère à la disposition de David
HAMILTON pour les photos du genre mondialement connu dans
les années 1970, elle se fait violer et ne parvient pas à se
faire entendre de sa mère quand elle veut ne pas continuer à
aller chez le photographe. La mère, gratifiée au possible et
triomphante que sa fille soit modèle pour une telle
notoriété. J’apprends donc le prix qui fut payé pour ces
photos de charme si charmantes… je dois avoir à l’époque
acheté la dizaine d’albums existant.. Nous n’avons regardé
qu’évasivement le film (Jean-Pierre LEAUD dans le rôle du
père… méconnaissable, vieillard crasseux aux cheveux longs
et gris, le visage comme un masque de mort, alors qu’il a
tout juste un an de moins que moi : détruit donc par la
précocité de sa carrière et du choix de TRUFFAUT,
précisément pour l’interpréter lui-même… 28 Mai 1944) mais
en revanche suivi avec grand intérêt le débat : l’auteure,
femme de médias, à présent 45 ans. Son ressenti, la sidération, la dissociation, ces
paroles qui ne peuvent se dire que par un truchement… Le Dr. GOURION : me
dire par la représentation, par les rencontres., le Dr. POMMEREAU de
Bordeaux, hospitalier. Raconter la vérité donne le
vertige au moment de parler. On va bousculer l’ordre établi. …
Vertige : je vais parler, souffrance dont je serai
responsable… Transformer la violence en engagement… Faire de
la violence de l’engagement, de la créativité alors que je
suis une femme. Belle
de visage, manifestement équilibrée, de métier même, FF
change complètement de physionomie et plusieurs selon les
moments des dialogues et ceux surtout de son vécu, ainsi
rappelé. Il me semble que m’est tendue maintenant une clé
d’énormément de mes propres comportements et directions
depuis mon adolescence. A réfléchir plus tard, pour
éventuellement la faire fonctionner, les traumatismes qui
expliquent et conduisent.
mercredi 8 Novembre
Acheté chez Emmaüs (deux euros) un livre de
Bruno LE MAIRE pour lequel je n’avais pas a priori de
sympathie (l’allure de sa candidature à la primaire de
droite, sa direction du cabinet de Dominique de VILLEPIN ?
Premier ministre en 2005-2007). Je dois confesser que le
livre est passionnant, bien écrit, avec des pages
particulièrement justes, ainsi cette évocation de François
MITTERRAND [2]
. C’est différent du texte de Bernard CAZENEUVE, puisque la
situation de l’auteur relativement à l’avenir n’est pas du
tout comparable, mais ces deux témoignages sur l’exercice
vécu du pouvoir politique, amène à s’interroger sur le déni
de nos personnes publiques dans l’opinion générale,
particulièrement entretenu par les médias dont l’usage
gouvernemental, s’est totalement perdu. Il y a, parmi nous
et ces temps-ci, des personnalités de valeur, de compétence,
de liberté mentale et
d’honnêteté, mais – faute d’une animation correspondant au
vœu fondateur, celui du général de GAULLE, et aux
disposition de l’article 5 de la Constitution [3],
perdu de vue, notamment ces six derniers mois au prix de
mises en scène technicolor des années 50, de la confection
d’une anthologie de discours longs et verbeux, de
l’accaparement de l’exécutif et du législatif par le
président de la République – ces bonnes volontés qui ne sont
pas qu’ambitions, sont méconnues et ne laissent qu’un
sillage, empêchées de fonder ou de réparer pérennement. Le
service public et le dévouement à l’Etat ne sont plus les
valeurs en exergue des études qui jadis ont fait notre
vivier et notre armature. L’ambiance où l’excellence est
prétendue et l’individualisme encensé est à l’argent, la
notoriété, au seul visible. L’Etat finit par fonctionner
malgré son chef… depuis une vingtaine d’années. Pourtant, en
toutes générations, la ressource humaine demeure et
peut-être même augmente d’un souci et d’une connaissance qui
sont nouveaux de notre environnement technologique et
international. – Les variations depuis dix ans à propos de
notre équipement en électricité nucléaire sont lamentables
et font mésestimer ce qui a fait notre indépendance
énergétique et notre avance depuis le premier choc pétrolier (rapport
MONTJOIE), tandis que manifestement nous n’avons toujours
pas l’intéressement financiers aux productions domestiques,
que nous renonçons aux prospections du gaz de schistes (en
prenant évidemment les précautions de bon sens), que nous
n’avons toujours pas une capacité propre à nous équiper en
éoliennes. Oui, c’est lamentable Les palinodies fiscales en
matière de taxation des dividendes puis des bénéfices de 540
ou 460 grandes entreprises, nominalement énumérées, sont
aussi lamentables. Lamentables encore, ces successions dans
nos choix de point d’appui, sans concertation européenne, au
Proche-Orient : Qatar, puis Arabie saoudite, puis maintenant
Emirats arabes unis, selon les successions présidentielles,
dilapident l’acquis que nous avions depuis la fin de la
guerre d’Algérie, les déclarations du général de GAULLE en
1967 et de Michel JOBERT en 1973. Le Louvre à Dubaï, fort
bien mais sans un discours sur « nos religions ». rappelant
les suffisances et ignorances du discours prononcé par
Nicolas SARKOZY à Dakar. D’ailleurs pour l’inaugurer, il eût
été juste et habile de le faire à trois : EM, FH et NS à
égalité au pupitre et au podium. Un pays sans continuité n’a
pas de poids.
Prier… en ce temps-là, de grandes foules
faisaient route avec Jésus [4]
- ce qui fait juste
suite à un repas pris par Jésus un jour de sabbat chez
l’un des notables pharisiens [5]
au cours duquel le Christ donne une parabole sur le choix
des places, puis apostrophe son hôte sur le choix des
invités et conclut par une autre parabole sur un banquet
refusé par ceux pour qui il avait été préparé. Jésus attire
manifestement, de même qu’il avait enthousiasmé l’un des
convives. A ces fidèles et disciples en puissance, il met la
dragée très haute tout en mettant le choix au rang d’un
banal discernement… et
de la simple prudence : quel est celui d’entre vous
qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour
calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au
bout ? … Et quel est
le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence
par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes,
affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ? Hors que demande Jésus :
celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui
appartient ne peut pas être mon disciple. ? Paul explicite ce
dépouillement, lui aussi d’ordre prudentiel : n’ayez de
dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel.
[1] - France 3 . 20 heures 55 . drame de Magaly
RICHARD-SERRANO . débat à 22 heures 25
[2] - Mardi 10 Mai (2011) –
Paris . François Mitterrand est désormais si intimement
lié à notre histoire que l’anniversaire de son élection ne
donne plus lieu à aucun commentaire sur son bilan. Le
positif, le négatif, peu importe : chacun a son avis sur
la question. Il a imposé aux Français sa présence, deux
septennats durant ces deux septennats, avec une habileté
sans pareille, il a épousé le temps de la France, qui ne
suit pas la logique des minutes et des heures, mais réagit
aux soubresauts médiatiques, aux impatiences, aux colères,
et retourne parfois à la lenteur de ses fleuves. Se
confondant avec la mentalité française, il aurait pu
perdre sa singularité, pourtant par ce moyen il est
parvenu sa
stature, et à briller, jusque dans sa noirceur. Il aura
été un des grains de sable plus clairs du sablier
français. Un jour, il est venu à Normale sup’.Il était
déjà sur le ppint de mourir. Avec mes amis, nous avons vu
entrer dans le hall un tout petit homme au visage
parcheminé, le regard aigu, qui disparaissait presque sous
un imperméable trois fois trop grand pour lui. Il aurait
pu être ridicule. Il était tout simplemenr majestueux. Il
arrivait à donner ce sentiment de traîner derrière lui le
poids du pouvoir, des siècles, de la France, de la maladie
et de la mort. – Bruno LE MAIRE, Jours de pouvoir (Gallimard . Janvier
2013 . 427 pages) .p. 224
[3] - Article 5 - Le Président de la
République veille au respect de la Constitution. Il
assure, par son arbitrage, lefonctionnement
régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de
l'Etat.Il est le
garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du
territoire et du respect des traités.
[4] - Paul aux Romains XIII 8 à 10 ;
psaume CXII ; évangile selon saint Luc XIV 25 à 33
[5] - évangile selon saint Luc XV 1 à
24
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