mercredi 8 novembre 2017

celui qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient, ne peut être mon disciple - textes du jour


soir du mardi 7 Novembre

23 heures 23 + Journée apaisante. Cela ne m’avait pas été donné depuis des semaines et séries de circonstances, toutes agréables ou bien ajustées. Et ce soir, source et appel de réflexions : commentaires de psychiatres et généralistes autour du livre de Flavie FLAMENT et du film qu’elle a ainsi inspirée [1]. La mémoire auto-biographique et la mémoire traumatique, la seconde enfouissant des événements insupportables qui ne peuvent s’évoquer qu’avec une aide extérieure, et beaucoup plus tard. Mise par sa propre mère à la disposition de David HAMILTON pour les photos du genre mondialement connu dans les années 1970, elle se fait violer et ne parvient pas à se faire entendre de sa mère quand elle veut ne pas continuer à aller chez le photographe. La mère, gratifiée au possible et triomphante que sa fille soit modèle pour une telle notoriété. J’apprends donc le prix qui fut payé pour ces photos de charme si charmantes… je dois avoir à l’époque acheté la dizaine d’albums existant.. Nous n’avons regardé qu’évasivement le film (Jean-Pierre LEAUD dans le rôle du père… méconnaissable, vieillard crasseux aux cheveux longs et gris, le visage comme un masque de mort, alors qu’il a tout juste un an de moins que moi : détruit donc par la précocité de sa carrière et du choix de TRUFFAUT, précisément pour l’interpréter lui-même… 28 Mai 1944) mais en revanche suivi avec grand intérêt le débat : l’auteure, femme de médias, à présent 45 ans. Son ressenti, la sidération, la dissociation, ces paroles qui ne peuvent se dire que par un truchement… Le Dr. GOURION : me dire par la représentation, par les rencontres., le Dr. POMMEREAU de Bordeaux, hospitalier. Raconter la vérité donne le vertige au moment de parler. On va bousculer l’ordre établi. … Vertige : je vais parler, souffrance dont je serai responsable… Transformer la violence en engagement… Faire de la violence de l’engagement, de la créativité alors que je suis une femme. Belle de visage, manifestement équilibrée, de métier même, FF change complètement de physionomie et plusieurs selon les moments des dialogues et ceux surtout de son vécu, ainsi rappelé. Il me semble que m’est tendue maintenant une clé d’énormément de mes propres comportements et directions depuis mon adolescence. A réfléchir plus tard, pour éventuellement la faire fonctionner, les traumatismes qui expliquent et conduisent.


 mercredi 8 Novembre

Acheté chez Emmaüs (deux euros) un livre de Bruno LE MAIRE pour lequel je n’avais pas a priori de sympathie (l’allure de sa candidature à la primaire de droite, sa direction du cabinet de Dominique de VILLEPIN ? Premier ministre en 2005-2007). Je dois confesser que le livre est passionnant, bien écrit, avec des pages particulièrement justes, ainsi cette évocation de François MITTERRAND [2] . C’est différent du texte de Bernard CAZENEUVE, puisque la situation de l’auteur relativement à l’avenir n’est pas du tout comparable, mais ces deux témoignages sur l’exercice vécu du pouvoir politique, amène à s’interroger sur le déni de nos personnes publiques dans l’opinion générale, particulièrement entretenu par les médias dont l’usage gouvernemental, s’est totalement perdu. Il y a, parmi nous et ces temps-ci, des personnalités de valeur, de compétence, de liberté mentale  et d’honnêteté, mais – faute d’une animation correspondant au vœu fondateur, celui du général de GAULLE, et aux disposition de l’article 5 de la Constitution [3], perdu de vue, notamment ces six derniers mois au prix de mises en scène technicolor des années 50, de la confection d’une anthologie de discours longs et verbeux, de l’accaparement de l’exécutif et du législatif par le président de la République – ces bonnes volontés qui ne sont pas qu’ambitions, sont méconnues et ne laissent qu’un sillage, empêchées de fonder ou de réparer pérennement. Le service public et le dévouement à l’Etat ne sont plus les valeurs en exergue des études qui jadis ont fait notre vivier et notre armature. L’ambiance où l’excellence est prétendue et l’individualisme encensé est à l’argent, la notoriété, au seul visible. L’Etat finit par fonctionner malgré son chef… depuis une vingtaine d’années. Pourtant, en toutes générations, la ressource humaine demeure et peut-être même augmente d’un souci et d’une connaissance qui sont nouveaux de notre environnement technologique et international. – Les variations depuis dix ans à propos de notre équipement en électricité nucléaire sont lamentables et font mésestimer ce qui a fait notre indépendance énergétique et notre avance depuis le premier choc  pétrolier (rapport MONTJOIE), tandis que manifestement nous n’avons toujours pas l’intéressement financiers aux productions domestiques, que nous renonçons aux prospections du gaz de schistes (en prenant évidemment les précautions de bon sens), que nous n’avons toujours pas une capacité propre à nous équiper en éoliennes. Oui, c’est lamentable Les palinodies fiscales en matière de taxation des dividendes puis des bénéfices de 540 ou 460 grandes entreprises, nominalement énumérées, sont aussi lamentables. Lamentables encore, ces successions dans nos choix de point d’appui, sans concertation européenne, au Proche-Orient : Qatar, puis Arabie saoudite, puis maintenant Emirats arabes unis, selon les successions présidentielles, dilapident l’acquis que nous avions depuis la fin de la guerre d’Algérie, les déclarations du général de GAULLE en 1967 et de Michel JOBERT en 1973. Le Louvre à Dubaï, fort bien mais sans un discours sur « nos religions ». rappelant les suffisances et ignorances du discours prononcé par Nicolas SARKOZY à Dakar. D’ailleurs pour l’inaugurer, il eût été juste et habile de le faire à trois : EM, FH et NS à égalité au pupitre et au podium. Un pays sans continuité n’a pas de poids. 


 Prier… en ce temps-là, de grandes foules faisaient route avec Jésus [4] - ce qui fait juste suite à un repas pris par Jésus un jour de sabbat chez l’un des notables pharisiens [5] au cours duquel le Christ donne une parabole sur le choix des places, puis apostrophe son hôte sur le choix des invités et conclut par une autre parabole sur un banquet refusé par ceux pour qui il avait été préparé. Jésus attire manifestement, de même qu’il avait enthousiasmé l’un des convives. A ces fidèles et disciples en puissance, il met la dragée très haute tout en mettant le choix au rang d’un banal discernement… et de la simple prudence : quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? …  Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ?  Hors que demande Jésus : celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. ? Paul explicite ce dépouillement, lui aussi d’ordre prudentiel : n’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel.




[1] - France 3 . 20 heures 55 . drame de Magaly RICHARD-SERRANO . débat à 22 heures 25

[2] - Mardi 10 Mai (2011) – Paris . François Mitterrand est désormais si intimement lié à notre histoire que l’anniversaire de son élection ne donne plus lieu à aucun commentaire sur son bilan. Le positif, le négatif, peu importe : chacun a son avis sur la question. Il a imposé aux Français sa présence, deux septennats durant ces deux septennats, avec une habileté sans pareille, il a épousé le temps de la France, qui ne suit pas la logique des minutes et des heures, mais réagit aux soubresauts médiatiques, aux impatiences, aux colères, et retourne parfois à la lenteur de ses fleuves. Se confondant avec la mentalité française, il aurait pu perdre sa singularité, pourtant par ce moyen il est parvenu  sa stature, et à briller, jusque dans sa noirceur. Il aura été un des grains de sable plus clairs du sablier français. Un jour, il est venu à Normale sup’.Il était déjà sur le ppint de mourir. Avec mes amis, nous avons vu entrer dans le hall un tout petit homme au visage parcheminé, le regard aigu, qui disparaissait presque sous un imperméable trois fois trop grand pour lui. Il aurait pu être ridicule. Il était tout simplemenr majestueux. Il arrivait à donner ce sentiment de traîner derrière lui le poids du pouvoir, des siècles, de la France, de la maladie et de la mort.Bruno LE MAIRE,  Jours de pouvoir  (Gallimard . Janvier 2013 . 427 pages) .p. 224


[3] - Article 5  - Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, lefonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'Etat.Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités.
 
[4] - Paul aux Romains XIII 8 à 10 ; psaume CXII ; évangile selon saint Luc XIV 25 à 33

[5] - évangile selon saint Luc XV 1 à 24

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