Saint Raphaël Kalinowski
est inscrit au calendrier des saints en date du 19 novembre car son « dies natalis » (15
novembre) tombait le jour de la commémoraison de tous les défunts de
l'Ordre du Carmel.
J
oseph Kalinowski naît à Vilna en
Lituanie le 1er septembre 1835 dans une famille catholique. Deuxième fils
d'André Kalinowski et de Joséphine Polonska ; sa maman meurt quelques
semaines après la naissance de Joseph. Le père de Joseph se marie en secondes
noces avec la sœur de sa première épouse qui lui donne trois enfants. Après
neuf ans de mariage, André Kalinowski perd sa seconde épouse. Il
contractera un troisième mariage avec Sophie Puttkamer de qui naîtront
quatre autres enfants. Cette troisième mère eut sur Joseph une grande
influence lorsque celui-ci fut éprouvé par une crise religieuse lors de ses
études à l'Académie militaire de Saint Pétersbourg. Il faut préciser ici
que la Pologne et la Lituanie étaient liées entre elles par une union fédérale
signée à Krewno en 1385. Opprimées par la Russie depuis 1772, les tsars
firent fermer les universités de Pologne et de Lituanie et les étudiants
étaient contraints d'étudier dans les universités de Russie. C'est ainsi
que Joseph s'orienta dans les sciences exactes à l'Ecole de Génie militaire
à Saint-Pétersbourg. Ses études terminées en 1857, il reçoit le grade
d'ingénieur-lieutenant ; il exerce pendant quelques temps sa
profession d'ingénieur dans une région solitaire de Russie, à Kursk. Par la
profonde solitude du lieu, par la lecture du livre des Confessions de Saint
Augustin et d'un petit livre de piété mariale, s'amorce chez lui une
profonde conversion. Il dira: « Je regarde la vie maintenant avec plus de calme, et ses plaisirs
ont perdu pour moi beaucoup de leurs charmes .»
Par la suite, il sera assigné à Brest en Pologne où il découvrira
la persécution que les tsars russes infligeaient aux catholiques de Pologne
et de Lituanie. Il fallait à tout prix « russifier ces peuples ». C'est ainsi que Joseph quitte
l'armée russe à laquelle il appartenait pour se consacrer à la défense de
sa nation. Il participe à l'Insurrection polonaise de janvier 1863 contre
la puissance militaire russe sachant d'emblée que cette insurrection ne
pouvait qu'échouer.
Le 24 mars 1864, Joseph est arrêté par le gouvernement russe et condamné à
mort mais sa peine est commuée à dix ans de travaux forcés en Sibérie. Le
29 juin 1864, avec plusieurs compatriotes, il quitte Vilna pour la Sibérie.
La déportation dure dix mois et est empreinte de grandes souffrances.
Joseph se comporte envers ses compagnons de misère avec une très grande
charité. Il puise la force de supporter les souffrances dans la prière. Il
écrira lui-même: « Le
monde peut me priver de tout, mais il me restera toujours un lieu caché qui
lui est inaccessible: la prière! En elle, on peut recueillir le passé, le
présent et l'avenir et les placer sous le signe de l'espérance. Oh Dieu,
quel grand trésor tu accordes à ceux qui espèrent en toi. »
C'est durant cette longue période d'exil en Sibérie qu'il se sent
appelé au sacerdoce. Après dix ans d'exil, Joseph est libéré le 2 février
1874. Il pouvait s'établir en Pologne mais n'avait pas le droit de
retourner en Lituanie, sa terre natale.
A son retour d'exil, Joseph Kalinowski, reconnu pour ses qualités
d'éducateur à la foi profonde, est sollicité pour devenir précepteur du
jeune prince Auguste Czartoryski, âgé de 16 ans. C'est à Cracovie en
Pologne à l'automne 1874 qu'il rencontre pour la première fois le prince
Auguste mais aussi sa tante, jadis princesse, devenue religieuse carmélite
déchaussée du nom de Marie-Xavière de Jésus. Or cette religieuse carmélite,
après avoir sollicité pendant longtemps la prière dans d'autres monastères
afin que le Seigneur envoie celui qui favoriserait le développement de
l'Ordre du Carmel en Pologne, reconnaît en Joseph Kalinowski la personne
toute désignée pour cette mission. Il fallait donc prier dorénavant pour la
vocation au Carmel de Joseph K.
Pendant un peu plus de deux ans, Joseph s'occupe de l'éducation du
prince Auguste à Paris. A l'automne 1876, il avoue dans une lettre adressée
à sa famille, son désir profond de se consacrer au Seigneur dans l'Ordre du
Carmel. L'été 1877, il prend congé du jeune prince Auguste et se rend en
Autriche à Linz pour rencontrer le provincial des Carmes Déchaux de la
province austro-hongroise à laquelle était rattaché l'unique couvent
carmélitain de Pologne à Czerna près de Cracovie.
Le 15 juillet 1877, Joseph Kalinowski entre au noviciat des Carmes
Déchaux à Grantz en Autriche; il est âgé de 42 ans. On lui donne le nom de
Raphaël de Saint Joseph. Il prononce ses premiers vœux le 26 novembre 1878
et est envoyé au couvent de Raab en Hongrie pour y effectuer ses études de
philosophie et de théologie.
Le 27 novembre 1881, il prononce ses vœux solennels et est envoyé en
Pologne au couvent de Czerna. Il sera ordonné prêtre en 1882 à l'âge de 46
ans. Dès l'année 1883, il devient prieur de ce couvent. C'est de la
communauté de Czerna que refleurira le Carmel masculin en Pologne.
Le ministère du père Raphaël de Saint Joseph sera des plus féconds.
Vicaire provincial et visiteur des monastères de carmélites, il sera leur
confesseur et leur directeur spirituel. De plus il est le promoteur de deux
fondations de monastères de carmélites dont un en Ukraine. Encouragé par le
père général de l'Ordre du Carmel, le père Gotti, il fonde un couvent
masculin à Wadowice et un petit séminaire dont le but est de former des
garçons qui ont un attrait vocationnel pour le Carmel. Son ministère
rejoint aussi les fidèles laïcs en organisant le Tiers-Ordre séculier et la
Confraternité du Carmel. Il aura aussi le souci de recouvrer les archives
conventuelles du passé, dispersées lors des suppressions des monastères. De
nombreux documents relatant l'histoire des anciens couvents seront
retrouvés et publiés sous le titre: « Chroniques Carmélitaines ». Plusieurs ouvrages
carmélitains seront aussi publiés grâce à son initiative.
Le père Raphaël de Saint Joseph sera le « restaurateur du Carmel polonais
» non seulement par ses fondations et initiatives diverses contribuant à
l'essor du Carmel en Pologne mais surtout par sa vie d'union à Dieu,
soutenue par l'oraison, le recueillement, le silence et l'austérité de vie.
Il dira lui-même: « Notre
tâche principale au Carmel est de converser avec Dieu en toutes nos
actions. »
Il meurt à l'âge de 72 ans au couvent de Wadowice le 15 novembre 1907, jour
de la commémoraison de tous les défunts de l'Ordre du Carmel.
Rafał Kalinowski
fut béatifié à Cracovie le 22 juin 1983 et canonisé à Rome le 17 novembre
1992
par Saint Jean Paul II (Karol
Józef Wojtyła, 1978-2005), pape originaire de la
ville de Wadowice où mourut le père Rafał.
Source principale : lecarmel.org/saints/ (« Rév. x gpm »).
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