par Rabie
Fares 31 mars 2023, 10 h 40 min Commentaires fermés sur
Le mois du Ramadan : “Le printemps de la Foi“
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Avec l’avènement du mois béni du Ramadan, doté d’une place
particulière dans l’esprit des musulmans, nos cœurs frémissent
de joie au retentissement de nos âmes. Le Ramadan marque une rupture
temporelle et psychologique. Les rythmes de vie sont bouleversés,
les habitudes bousculées, la conscience éveillée.
Le prophète (pbsl) décrit la formidable ambiance qui règne dans
le ciel à l’annonce de l’arrivée de ce « Printemps de
la Foi » :
« Lorsqu’arrive
la première nuit du mois de Ramadan, Allah ordonne à son Paradis :
Prépare-toi et embellis-toi pour Mes serviteurs qui viendront
bientôt dans Ma demeure et Ma générosité se reposer des peines du
bas monde » [Hadith rapporté par Al Bayhaki].
L’heure est à la concurrence loyale dans le bien. Le prophète
(pbsl) encourage les croyants à redoubler d’efforts pour profiter
pleinement des cascades de la clémence divine :
« Le Ramadan est
venu à vous ! C’est un mois de bénédiction. Allah vous enveloppe
de paix et fait descendre la miséricorde. Il décharge des fautes et
Il exauce les demandes. Allah vous regarde rivaliser d’ardeur dans
ce but et Il se vante de vous auprès de Ses anges. Montrez à Allah
le meilleur de vous-mêmes, car est bien malheureux celui qui est
privé de la miséricorde d’Allah, Puissant et Majestueux ! ».
[Hadith rapporté par Al Bayhaki].
Dans les tourments de la vie, le souffle de l’âme s’étouffe
et la foi se dégrade. Le désarroi gagne les consciences et les
frustrations hantent en silence nombre de personnes.Insuffler un
nouveau souffle à une spiritualité consumée devient pressant.
Renouveler « le pacte de la Foi » se pose avec
acuité.
Pour apprivoiser ces angoisses, la station du Ramadan vient
ravitailler notre conscience, affectée par l’oubli et usée par
l’insouciance. Le Ramadan restitue à l’âme son bonheur
intérieur, perdu dans les ambiguïtés du quotidien. Notre ego
enchaîné par les passions inachevées est dans un état
d’emprisonnement permanent dans ses besoins incessants.
S’en libérer est un combat intérieur (Jihad Nafs) quotidien,
qui consiste à lutter contre les suggestions négatives de son ego
et à s’affranchir de la domination de ses désirs ! Durant ce
mois, l’âme extorque sa « liberté conditionnelle ». Ainsi,
l’âme dépasse l’emprise du corps et profite pleinement de sa
nourriture spirituelle appétissante, rythmée par des journées de
jeûne et des nuits de dévotion (prières, invocations, charité,
lecture du Coran).
Au moment du jeûne, le croyant manifeste une volonté éclatante
de supporter la soif alors que l’eau rafraîchissante est à sa
portée et de résister à la faim alors que la nourriture délicieuse
est devant lui. C’est la vraie traduction de l’endurance, dont le
prophète (pbsl) en parle : « Le jeûne est la
moitié de la Patience ».
Ce geste symbolique de dominer son ego et d’abandonner une
partie de ses instincts les plus naturels à la recherche de
l’agrément divin, reflète l’amour inextricable pour Allah et
traduit le gain de la volonté sur la procrastination. C’est
pourquoi, le jeûne demeure un secret entre le croyant et son
seigneur : Allah a dit : « Tout ce que fait le fils d’Adam
est pour lui-même sauf le jeûne, il est pour Moi et c’est Moi qui
en donne la récompense. » [Hadith reconnu authentique à
l’unanimité]
Assurément, loin de se réduire à l’abstinence alimentaire, le
jeûne du mois du Ramadan est une excellente école humaine et
spirituelle, qui nous apprend la patience, la persévérance, la
générosité, l’altruisme, la compassion, la solidarité,
l’humilité.
Le prophète (pbsl) a dit : « C’est le
mois de la patience, et la récompense de la patience est le Paradis.
C’est le mois du don. C’est un mois dans lequel les ressources du
croyant augmentent. Un mois dont le début est miséricorde, dont le
milieu est pardon, et la fin affranchissement du feu de l’Enfer ».
La portée spirituelle du Ramadan convie notre conscience à
jeûner au même titre que notre estomac. Éviter d’écouter sa
colère ! Maîtriser sa langue de la médisance et du mensonge !
Protéger son regard ! Dire « Halte » à toute
source de tentation !
Le prophète (pbsl) clarifie le sens profond du jeûne en disant :
« Celui qui n’abandonne
pas le mensonge et d’agir en mentant, Allah n’a pas besoin qu’il
délaisse sa nourriture et sa boisson » et il dit
également : « Combien de jeûneurs ne récoltent
de leur jeûne que la faim et la soif ! »
[Hadith rapporté par Al Bayhaki].
Il rappelle à maintes reprises cette dimension du « jeûne
de l’esprit », en disant :
« Quand l’un
de vous jeûne, qu’il s’abstienne de dire des paroles obscènes
et d’élever la voix. Si quelqu’un l’insulte ou le provoque au
combat, qu’il se contente de répondre :
“Je suis en état de jeûne.” »
[hadith reconnu authentique à l’unanimité].
Dès lors, le Ramadan, avec la rupture psychologique qu’elle
génère, devrait être un tremplin pour réformer sa vie à l’aune
des principes spirituelles et amorcer un dialogue serein et franc
avec soi. Le Prophète évoque cette ambiance spirituelle propice à
« l’introspection », en disant :
« Lorsque
vient le mois de Ramadan, on appelle : » O toi qui veut faire du
bien, accours ! O toi qui veut faire du mal, cesse ! Cet appel est
renouvelé chaque soir ».
Un voyage spirituel à la profondeur de son intériorité, permet
de se réconcilier avec l’originalité de son être. Se regarder
dans le miroir de sa conscience. Inspecter son intériorité. Faire
le constat de ses négligences. Faire le compte de ses qualités.
Avoir le courage d’affronter ses défauts. Prendre le temps pour
ménager l’espace de son intériorité.
Tout en ayant la modestie nécessaire pour rechercher le soutien
du Très Haut. Le Prophète (pbsl) a dit : « Celui
qui jeûne le mois de Ramadan avec foi en comptant sur la récompense
divine, ses péchés lui seront pardonnés. »
[Rapporté par Al Boukhari et Mouslim].
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Tout en étant une excellente occasion de fortifier sa foi, le
Ramadan est également un moment adéquat pour resserrer les liens
familiaux. Se regrouper au moment de rompre le jeûne, grands et
petits, autour de la même table est une image éloquente de la
proximité familiale. Ainsi, la famille solidaire qui vit au même
rythme retrouve son unité perdue et embrasse l’esprit des valeurs
familiales de partage, que beaucoup oublient au cours de l’année.
Face à la privation temporelle ravivée par la sensation de la
faim, devrait nous rappeler la misère des malheureux et la précarité
des plus démunis, tout en réfléchissant sur des bienfaits qu’Allah
nous prodigue.
Comment débuter ce mois du Ramadan sans penser aux images
épouvantables qui nous proviennent de la Corne de l’Afrique
orientale et plus particulièrement la Somalie, l’Ethiopie et le
Kenya. Des millions de ventres creux dans le monde, qui entendent les
cris de leur estomac au quotidien sans trouver un morceau de pain qui
calmerait leur faim, ni une goutte d’eau qui pourrait assouvir leur
soif. Sans oublier, la situation désastreuse de l’autre côté de
la méditerranée, du Maghreb au Yémen, où de nombreuses personnes
fuient leurs demeures et vivent au rythme de la peur et la
souffrance.
On rapporte que le prophète Joseph (pbsl) jeûnait fréquemment
alors même qu’il contrôlait les réserves du pays et était le
ministre du budget de l’Etat de l’époque. On l’a interrogé à
ce propos et il a répondu en disant : « Je crains, si je
suis rassasié, d’oublier la faim des pauvres ».
Le prophète (pbsl) est le modèle de la générosité disait
: « La meilleure charité est celle
accomplie pendant le mois de Ramadan. » [Rapporté
par At-tirmidhî].
Lorsqu’il arrivât le Mois du Ramadan, le prophète devenait
tellement généreux, qu’Ibn ’Abbâs a dit à son égard :
« Le Prophète d’Allah était le plus généreux des
hommes, et particulièrement au mois de Ramadân, lorsque le
rencontrait l’Ange Gabriel avec la révélation et lui enseignait
le Coran. Sa générosité était ininterrompue comme le souffle
continu du vent bénéfique. » [Hadith rapporté par Al
Bukhârî.].
Enfin, le mois du Ramadan est le mois du Coran par excellence.
Allah a dit :
« (Ces jours sont) le mois
de Ramadân au cours duquel le Coran a été descendu comme guide
pour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du
discernement ». Sa compagnie quotidienne s’impose, en
insistant sur l’approfondissement spirituel dans méditation de ses
versets et l’incarnation de ses valeurs, sans négliger bien
entendu sa lecture et son apprentissage.
En résumé, le Ramadan n’est pas un moment d’oisiveté et de
passivité. Il s’agit, bien au contraire, d’un moment capital
pour faire le bilan de ses œuvres et se libérer de son animalité
pour gagner en humanité. L’éveil de la conscience est le but
ultime de ce mois sacré, exprimé en ses versets :
« Ô
croyants ! Nous vous avons prescrit le jeûne (Al-Siyam) comme
nous l’avons prescrit à ceux d’avant vous, ainsi atteindrez-vous
la piété ».