LETTRE DE SAINT FULGENCE DE RUSPE
La
Sainte Trinité, Dieu unique du nouveau et de l'ancien Testament,
prescrivait à nos pères de lui offrir en sacrifice la chair des
animaux. Ces animaux préfiguraient l'offrande très agréable de ce
sacrifice que l'unique Fils de Dieu devait offrir miséricordieusement
pour nous, en immolant sa chair.
C'est lui, en effet,
selon l'enseignement de l'Apôtre, qui s'est livré pour nous en
offrant à Dieu le sacrifice qui pouvait lui plaire. C'est lui,
vrai Dieu et vrai grand prêtre, qui pour nous est entré une
fois pour toutes dans le sanctuaire en répandant non pas le sang des
animaux, mais son propre sang. C'est ce que préfigurait le
grand prêtre juif quand il entrait dans le sanctuaire, chaque année,
en répandant le sang.
C'est donc lui qui, en lui seul, a
présenté tout ce qu'il savait être nécessaire de réaliser pour
notre rédemption. Oui, il était à la fois le prêtre et le
sacrifice, à la fois Dieu et le temple. Prêtre dont la médiation
nous réconcilie ; sacrifice qui opère la réconciliation ; temple
dans lequel se fait notre réconciliation ; Dieu avec qui nous sommes
réconciliés. Il est à lui seul le prêtre, le sacrifice et le
temple, car, étant Dieu, il est tout cela selon la condition de
serviteur. Mais il n'est pas Dieu à lui seul, car il l'est avec le
Père et l'Esprit Saint selon la condition de Dieu. ~
Tu
dois donc croire très fermement et sans aucune hésitation que
l'unique Verbe de Dieu lui-même s'est offert pour nous à Dieu en
sacrifice capable de lui plaire. C'est à Lui, avec le Père et
l'Esprit Saint, que les patriarches, les prophètes et les prêtres,
au temps de l'ancienne Alliance, offraient des animaux en sacrifice ;
et c'est à lui, avec le Père et l'Esprit Saint qui ont avec lui une
même divinité, que la sainte Église catholique, dans le monde
entier, ne cesse d'offrir le sacrifice du pain et du vin, dans la foi
et la charité.
La chair de ces animaux immolés jadis
préfigurait la chair du Christ que lui-même, étranger au péché,
offrirait pour nos péchés, elle préfigurait le sang qu'il
répandrait pour le pardon de nos péchés. Mais dans notre sacrifice
il y a l'action de grâce et la mémoire de la chair du Christ qu'il
a offerte pour nous, et du sang que lui-même, Dieu, a répandu pour
nous. Saint Paul, dans les Actes des Apôtres, dit à ce sujet :
Veillez sur vous-mêmes et sur tout le troupeau où l'Esprit
Saint vous a placés comme responsables pour être les pasteurs de
l'Église de Dieu, qu'il a acquise par son sang.
Les
sacrifices d'autrefois symbolisaient donc d'une manière figurative
ce que nous aurions à donner. Dans le sacrifice d'aujourd'hui nous
est montré clairement ce qui nous a déjà été donné. Les
sacrifices d'autrefois annonçaient à l'avance que le Fils de Dieu
serait mis à mort pour les impies. Le sacrifice d'aujourd'hui
annonce qu'il a été mis à mort pour les impies. Saint Paul nous
l'atteste : Le Christ, alors que nous n'étions encore capables
de rien, au temps fixé par Dieu, est mort pour les impies que nous
étions. Et encore : Quand nous étions encore ses ennemis, Dieu nous
a réconciliés avec lui par la mort de son Fils.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire