HOMÉLIE DU IVe SIÈCLE
« Visite ta vigne, protège-la »
Dieu, jadis, a livré ouvertement Jérusalem à ses ennemis, dans sa colère contre les Juifs ; ceux qui le haïssaient les ont dominés,
et il n’y a plus eu de fête ni de sacrifice. C’est ainsi qu’il s’irrite
contre une âme qui transgresse son commandement, et qu’il la livre à
ses ennemis, les démons et les mauvais désirs ; car, en l’égarant, ils
l’ont totalement détruite. ~
Ainsi qu’une maison, si son maître ne l’habite plus, s’enfonce dans les
ténèbres, le mépris et la ruine, se remplit de crasse et d’ordures ; de
même, l’âme qui est délaissée par son Maître que le chœur des Anges
accompagne, est remplie par les ténèbres du péché, la honte des mauvais
désirs et un complet mépris.
Malheur à la route où personne ne marche plus, où la voix de l’homme ne
se fait plus entendre ! Elle devient un repaire de bêtes fauves. Malheur
à l’âme, si le Seigneur n’y marche plus, et si la voix n’en fait pas
fuir les bêtes fauves de la méchanceté spirituelle ! Malheur à la maison
que son maître n’habite plus ! Malheur à la terre qui n’a plus de
cultivateur pour la travailler ! Malheur au navire, s’il n’a plus de
pilote, car il se perd, emporté par les flots et la tempête ! Malheur à
l’âme, si elle n’a plus en elle le vrai pilote, le Christ, car, livrée
sur la mer à la cruauté des ténèbres, ballottée par les flots de
passions, secouée par les esprits mauvais, elle trouve finalement sa
perte.
Malheur à l’âme, si elle n’a pas le Christ pour la cultiver
attentivement, afin qu’elle puisse produire les fruits savoureux de
l’Esprit ! Car, abandonnée, remplie de ronces et de chardons, elle n’a
de fruits que pour le feu. Malheur à l’âme, si elle n’a pas son Maître,
le Christ, habitant en elle ! Car, déserte, elle est remplie par la
puanteur des passions et elle devient l’auberge du vice.
Quand le cultivateur entreprend de travailler la terre, il doit prendre
les outils et les vêtements appropriés à son travail. Il en va de même
du Christ, ce roi céleste et ce cultivateur véritable ; lorsqu’il est
venu vers l’humanité rendue déserte par le vice, il a revêtu un corps et
porté sa croix en guise d’instrument, il a travaillé l’âme désolée, il a
arraché les ronces et les chardons des esprits mauvais, il a déraciné
l’ivraie du péché et brûlé toute la paille de ses iniquités. Et
lorsqu’il l’a ainsi travaillée par le bois de la croix, il y a planté le
jardin magnifique de l’Esprit qui produit toutes sortes de fruits
délicieux et désirables pour le Maître qui est Dieu.
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