06
heures 36 + Epuisé, écoeuré… mais je retrouve le chemin.
Les
textes du jour à mon lever et à l’ouverture de ce clavier.
Dix
semaines de travail, de dépense de moi-même et
d’acharnement avec
des moments de bonheur
et de lumière, ce presbytère qui ne m’était rien et qui
m’a totalement occupé, en ouvrir les volets chaque matin,
très
tôt au début de l’exercice, puis plus rituellement, et
hier soir,
le dénouement… le visage d’une Eglise qui n’est plus
l’Église,
et qui est – comme me le téléphonait
il y a quinze jours ou trois semaines, PLB sans se rendre
compte
qu’il avouait la monstruosité
– une organisation, croyant
affirmer l’essentiel.
J’avais répondu : ce n’est pas un régiment, et la seconde
conversation
avait
été plus amène : j’en
avais même été attendri.
Le truc a resservi
hier soir et tant d’autres, que je raconterai. Ces
jours-ci, deux
lettres conclusives,
l’une
au pape et que je porte depuis deux ou trois ans
(et pour laquelle je vais appeler au partage et à la
réflexion, le
cher PB qui l’attend),
et l’autre
à EM… Et désormais les urgences, nécessaires
à traiter
pour
notre
bien commun familial, puis le travail d’écriture et le
soin de
notre propriété. Des chantiers, certes, des devoirs mais
m’ouvrir
à l’air simple de la grâce et de chaque jour. Recevoir
ainsi un
repos.
La
grâce de Notre Seigneur a été encore plus abondante, avec
la foi,
et avec l’amour qui est dans le Christ Jésus
1
. Ce que depuis plusieurs mois, j’ai commencé de
recevoir :
conscience d’une « voix » intérieure me guidant et à
laquelle il est bon de me soumettre, le mot n’est pas
juste, qu’il
est bon de suivre
que je n’avais jamais fait auparavant, des erreurs, peut-être
lourdes que j’ai ainsi commises et toujours à mon
détriment. J’ai
été mon mauvais serviteur, mais maintenant j’ai identifié
« ce » qui est peut-être mon « ange gardien »…
ma chère femme l’est aussi, dans ses colères et mes
répliques,
tant elle me voit épuisé et d’une certaine façon piétiné.
Qu’elle se rassure, même battu, je ne suis pas humilié
intérieurement et – selon l’exemple de toute la vie de ma
précise et admirable mère – ma dignité,
celle de tout être vivant, reste. Garder
sa dignité, c’est faire œuvre d’humanité et
d’universalité :
le bien commun, la lumière du vivant, nous en avons chacun
la garde,
le dépôt et aussi le devoir de la promouvoir et de la
mettre au
service du tout de la Création. Vraie…
Seconde grâce plus, immédiate et circonstancielle : ces
dix
semaines commencées dans la certitude
et la flamme
du combat, des compagnes
et compagnons, et avec un objet
devenu vivant et familier, ont abouti à une fatigue qui
n’a jamais
été détresse,
ont été une expérience, après plusieurs autres dans ma
vie, de
l’impuissance absolue, mais surtout me font arriver à ce
surplomb
magnifique de tout un paysage,
ma vie entière : ce qui était devenu un carcan est en
réalité
une chrysalide, et j’en sors, grâce à Dieu, grâce au
paroxysme
d’hier soir. Tu
m’apprends le chemin de la vie : devant ta face,
débordement
de joie ! A ta droite éternité de délices.
Intense mémento des vivants et des morts, celles
et ceux que j’ai rencontrés,
que j’ai aimés,
et qui sont passés
sur l’autre versant, celles
et ceux qui
m’ont été
proches,
familiers, délicats ou parfois hostiles qui ont marché
avec moi,
ces dix semaines, les emmener,
comme peut-être à cette heure ils
m’emmènent,
dans cette prière, dans cet indice du bonheur et de
l’amour. Le
jugement sur autrui est en soi une erreur, bien sûr
commencer par
soi-même, mais juger est surtout manquer de connaître : enlève
d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras
clair pour enlever la paille qui est dans l’oeil de ton
frère.
La parabole
est précédée d’un des leit-motiv de Paul VI, la conscience
bien
formée. Le
disciple
n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé,
chacun sera comme son maître.
Conscience et intelligence libérées, disponible pour tout,
analyse
et action, prière surtout, alors je peux vivre, respirer,
porter
même mais sans asphyxie, ni pleur, ni devenir
insupportable à qui
m’aime ou qui aurait confiance en moi. J’ai
dit au Seigneur :
Tu es mon Dieu! Seigneur, mon partage et ma coupe : de toi
dépend mon sort.
07
heures 20 + Maintenant les oiseaux et il fait soudain
clair. Le lever
de ce jour a été médiocre, naturel, simple, pas
admirable :
leçon. Soixante-seize
pour apprendre à vivre, à être heureux, à prendre/recevoir
la
main de qui m’aime ou, plus lointaine mais soudainement
présente,
à saisir car elle a besoin. Emilie, à qui peut-être
j’offre un
supplément de vie, au moment où elle est arrivée. La joie
si
précise que me donnent petites-nièces ou petits-neveux en
entamant
le dialogue avec moi, par-delà ma fratrie. Et Marguerite,
hier, à
la grand-messe de rentrée à Saint-François-Xavier, venant
me
rejoindre pour que la liturgie et la prière soient notre
côte-à-côte. - Tôt
hier soir, la pleine lune.
07
heures 50 + Cette intuition de ma nouvelle conscience, à
suivre pour
le plus petit, le moindre des mouvements ou attraits : la
balance intérieure, l’avertissement. Même
la nuit, mon coeur m’avertit. Je garde le Seigneur devant
moi sans
relâche.
1- 1ère lettre de Paul à Timothée
I 1 à 14 ; psaume XVI ; évangile selon saint Luc VI 39 à 42
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