vendredi 27 septembre 2019
10 heures 22 +
Semi-grasse matinée et je m’étais couché tôt. Pas ouvert
la télévision depuis le départ de ma chère femme.
Appréciation personnelle des « événements », source : les
titres des « news-letters » diverses auxquelles je suis
abonné. – Eveil laborieux et dans la détresse : la
vieillesse, se vivant en pleine conscience, est un
extraordinaire matériau d’observation de la vie et de
soi-même, ce que n’est pas la jeunesse, un moment, des
jours, des années, de lutte et de combat dont les buts
sont divers mais sans doute de racine unique : notre
dignité, notre âme prenant enfin le dessus, explicitement.
Mais aussi en être, s’en croire victime : diminution, de
l’élan surtout, du goût. Et voici, à l’ouverture de ce
clavier, message de Gilbert L., rencontre intense et mouvement de sa part à la
suite de deux de nos groupes de parole, puis disparition
et silence : beaucoup de temps. 2 Merci Bertrand
pour ta foi, tes révoltes, tes élans , tes espoirs. Tu es
plein d’une vie émouvante. Gilbert. Leçon forte et explicite : je tombe dans pire
que la mort : le néant si j’estime tout selon moi, ainsi
ce que j’ai à faire aujourd’hui, dossier-affiche pour
notre réunion familiale, nécrologie de JC, puis cet
entraînement à un concours de lieutenants-pompiers en note
administrative, et ces mercredi matin à catéchiser des
12-13 ans à Saint-François-Xavier, le poids visuel et
psychologique de notre encombrement en tout dans notre
maison… je tombe de faiblesse, sans plus aucun ressort.
Mais si – merci, Gilbert cher – je considère ce que
j’apporte à autrui, ce qu’autrui peut attendre ou
souhaiter de moi, si je me comprends moi-même comme au
service d’autrui, rencontrés ou alliés pour toujours, mes
aimées, si je reçois cette forte évidence du chemin de
Dieu par des circonstances, des mots, des instants les
plus petits, apparemment, si je suis l’outil de la vie, et
non pas un profiteur épuisé et dilapideur, prodigue de la
vie, alors toute force et tout joyeux devoir au travail me
reviennent. Intensément. Donner, témoigner, écouter pour
donner et transmettre.
11 heures 13 + Voulant le citer pour l’ambiance
autour de JC, je relis le courriel d’Hélène : la chute, cordialement, me glace. A
première lecture, je ne l’avais pas même « « vu ». – Prier … profession
de foi de Pierre, collective, déjà l’Église 3.
Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ?
- Le Christ, le Messie de Dieu. Ce n’est pas encore : tu es le Fils du
Dieu vivant, ou la profession de Marthe accueillant Jésus
trois jours après la mort de son frère. Les circonstances
sont capitales : Jésus, priant, suscite périodiquement la
curiosité, l’interrogation de Ses disciples. Ils Le
cherchent à l’aube, ils entendent Son silence extérieur,
ils Le voient, pas le visage de la Transfiguration, mais
un visage exceptionnel. Jésus remarque leur entourage,
leur cercle, leur perplexité. Une autre fois, il répondra
à leur demande : apprends-nous à prier. Maintenant, c’est l’épreuve. Et qu’ont-ils
comme éléments pour répondre à leur Maître ? « seulement »
de vivre avec Lui. Les intenses moments de foule ou de
dialogue quand se font les miracles ne leur sont pas
propres et les évangélistes ne rapportent pas de réactions
les distinguant. Jésus leur tend la perche : au dire, des
foules qui suis-je ? Pierre tombe juste pourtant, assez juste : Jésus, avec
autorité (comme
si constamment, Il n’en avait pas?), leur défendit
vivement de le dire à personne. Et cette autorité-même n’est pas nécessaire,
car il leur prédit l’affreux et l’incroyable, un
dénouement dépassant tout : Il faut que le
Fils de l’homme
(cette appellation, ce titre : être le fils, le produit de
Sa créature ! l’homme qu’Il adopte tellement, dont Il a
tellement pris la nature, et tout, qu’Il se qualifie par
rapport à celui-ci, et non par rapport à Lui-même, au
Père, à Dieu trois fois Un) souffre beaucoup, qu’il soit
rejeté par les anciens, les grands-prêtres et les scribes,
qu’il soit tué, et que, le troisième, il ressuscite. Et aucun des disciples, pas même Pierre ne
demande pourquoi cette horreur et comment : cette
résurrection ? Il faut que… Eline D. reprend toujours : j’ai besoin de… ce qui est ici éclairant. Tout travail avec Dieu, selon Lui et pour Lui,
la reconstruction du Temple et l’objet, la fin de
celle-ci : la gloire future de cette
Maison surpassera la première et dans ce lieu, je vous
ferai don de la paix. … Au travail, je suis avec vous… Mon
Esprit se tient au milieu de vous… Courage, Josué… courage
tout le peuple du pays ! Discours d’Aggée, le prophète devant une
désolation totale : reste-t-il encore parmi vous
quelqu’un qui ait vu cette Maison dans sa gloire
première ? Eh bien ! Qu’est-ce que vous voyez maintenant ?
N’est-elle pas devant vous réduite à rien ?
12 heures 36 + L’insistance
du prophète Aggée : Rendez votre coeur attentif à vos chemins… , le message d’Olha 4…
Et
maintenant, ma mémoire de Jacques CHIRAC. Je
pleure, sans doute autrement et plus que beaucoup de
Françaises et de Français. Pourquoi ? Parce que cet homme
a fait partie de ma vie, une vie d’analyse politique par
amour de notre pays (qu’il avait certainement lui aussi,
et EM a vu très juste : Nous, Français,
perdons un homme d’État que nous aimions autant qu’il nous
aimait, c’est même
essentiel et le plus vrai hommage qui puisse lui être
rendu, car cela peut … ? tout contre-balancer), parce que
je l’ai rencontré, toujours seul à seul, une seule fois en
réunion (la réception à l’Hôtel de Ville du président du
Kazakhstan quand j’y ouvrais notre ambassade, fin
Septembre 1992, et son discours, lu, était très bien, je
l’en félicitais, ce furent d’ailleurs mes dernières
paroles verbales à son endroit), parce que c’était un
homme dont la mémoire particulière que j’ai et garderai de
lui n’est qu’entre lui et nous, même si maintenant
j’essaye de la dire et de la faire partager. Elle va à
l’encontre des clichés, des hommages de maintenant et
n’est pas non plus celle des combats qu’il mena ou qui
furent menés contre lui. Je pleure quelqu’un que j’ai connu, vraiment,
même si ma vue et mon expérience de lui, sont partiels :
je n’ai jamais travaillé ni avec lui ni pour lui, je n’ai
pas été de son entourage. La dialectique peut se résumer
ainsi : il me remarqua au combat (alors que la plupart des
politiques ne me remarquèrent qu’en me lisant dans Le Monde, notamment : Mars 1972 à Avril 1982), c’était
ma tentative de succéder dans le Haut-Doubs à Edgar FAURE
quittant par sécurité la députation pour le Sénat, ce
qu’il faillit manquer, l’automne de 1980. J’eus presque
aussitôt : Février 1981 à choisir entre lui, une
candidature sous son étiquette à Thionville et contre la
gauche pour les législatives à venir, de date inconnue
puisque dépendant de la présidentielle dont nous étions à
quatre mois, et François MITTERRAND. J’avais choisi FM
depuis Juin 1977 et avant, depuis que je l’avais
vu/entendu à la télévision, en Avril 1966, aux côtés de
« mon » préfet, maître de mon stage ENA à Blois. Choisi en
ce sens que je ne partageais pas la haine méprisante des
« gaullistes » pour lui. J’étais à de GAULLE depuis mes
quinze ans, ceux du retour au pouvoir de celui-ci et
jusqu’aujourd’hui (l’homme du 18 Juin a conduit ma vie et
mon intelligence de la chose publique et de notre pays),
mais après lui ou en dehors de lui, ce serait FM que je
préfèrerai et que je préfère encore. Je refusai donc. Deux
entretiens déjà auparavant. Il avait son candidat
« indépendant » à Pontarlier, choisi par raccroc, médiocre
mais bon camarade qui, élu en Novembre 1980, a du rester
dans la place jusqu’il y a peu (2012 ou même 2017). Pierre
MESSMER, fréquenté depuis sa tentative d’Avril 1974 vers
l’Elysée depuis Matignon, m’avait dit que je ne pouvais
rester seulement en écriture, professionnellement j’étais
attaché puis conseiller commercial près nos ambassades, et
alors à Munich (consulat général), très proche de la
France. Il me pressentit pour Verdun, j’eusse accepté
(PETAIN aussi) mais quelqu’un d’autre vint et PM n’était
que relatif au RPR. Je n’aimais pas (alors) Valéry GISCARD
d’ESTAING, qu’à tort je jugeais depuis 1966, l’anti-de
GAULLE, comme l’immense majorité des « gaullistes » qui
diminua à son élection (Jacques FAUVET entre les deux
tours les qualifia : ce ne sera pas une ruée, ce
sera une ruée sauvage). JC sut, son comportement le plus magistral
avec la « prise » de l’Hôtel-de-Ville de Paris (élection
pourtant créée par VGE et réservée à d’ORNANO, manque
total de discernement), prendre un mouvement qui avait
toujours eu la culture du chef et venait de tomber en
déshérence, mais entreprit sa quête du pouvoir (la
politique, comme cela a été remarqué hier, selon je ne
sais plu quelle dépêche, a un caractère exceptionnel en
France, au contraire de tout autre pays, et sans doute
est-ce notre trait le plus monarchisant, pas la personne
du roi ou son sacré, mais la noblesse du métier au regard
de toutes autres catégories d’emploi et de vocation chez
nous) dans la haine, et celle-ci, dirigée contre VGE, puis
contre FM, ne le quitta jamais. C’était sans doute son
ressort, détester qui est à la place qu’il brigue, pas du
tout – je le crois – par conscience d’une supériorité (VE…
EM…), mais simplement par trajectoire, par conséquence des
opportunités l’ayant placé dans la course, sur la cendrée.
Suivant intensément notre vie politique, depuis mon retour
de quinze mois de service national en Mauritanie, et selon
DG et les éphémérides électoraux, sociaux,
gouvernementaux, je ne le remarquais qu’en fin de la
campagne de 1974. Ministre de l’Intérieur, carte jeune et
maîtresse de Georges POMPIDOU tentant son va-tout pour une
réélection anticipée suffisamment pour que la maladie ne
l’ait pas trop diminué encore. Il avait gagné une
popularité propre en étant ministre de l’Agriculture, y
apprenant une façon de séduction et de proximité qu’il
garda toujours : gouaille et familiarité, photogénique et
chaleureuse à l’antenne. La haine ne venait sans doute pas
de son tréfonds, mais d’un couple qui prétendit le
« formater » sinon le « robotiser », Pierre JUILLET et
Marie-France GARAUD. Un homme sous influence… et écrivant
peu par lui-même… ses Mémoires, et chacun de ses livres…
avec parfois le retournement provoqué par une emprise
passagère : Philippe de SAINT-ROBERT (gaulliste intégral,
plume et discernement exemplaires, mais triste et parfois
médisant, Michel JOBERT me le rappela, à mon endroit) pour
« l’appel de Cochin ». Il avait également inspiré GP lui
faisant citer Kiel
et Tanger
devant un aréopage rue Saint-Guillaume. Haine des deux
compères contre Jacques CHABAN-DELMAS, plus rayonnant que
Georges POMPIDOU leur maître, puis haine de VGE nourrie et
argumentée par sa collaboration avec celui-ci mais en
sous-ordre (Premier ministre). Je n’aimais pas, alors, VGE
mais en 1978 je pris parti pour lui, contre la haine des
« gaullistes » et du R.P.R. Je ne sus que beaucoup plus
tard , par le très généreux Jean CHARBONNEL, la genèse qui me manquait.
Celui-ci élu dans la vague imprévue mais magnifique de
Novembre 1962, à la suite du referendum sur l’élection du
président de la République, désormais au suffrage
universel direct, parraina de Brive-la-Gaillarde à Ussel,
le « jeune loup ». GP en avait lancé beaucoup à l’assaut
du Massif Central tenu depuis près d’un siècle par les
radicaux. JC était alors d’amours et de comportements
d’extrême-droite, en relation indirecte avec les généraux
putschistes emprisonnés à Tulle. Il aura l’honnêteté de
bien dire qu’il était « fana-mili » pendant la guerre
d’Algérie. Auditeur à la
Cour des comptes à sa sortie de l’E.N.A. et au cabinet du
Premier ministre, dans des circonstances que je ne sais
pas, mais l’Auvergne peut-être (mot de COUVE de MURVILLE
sous VGE : trop d’Auvergnats à se succéder au pouvoir), il
séduisit POMPIDOU par une prise de notes en réunion, une
mise au net et des photocopies en sorte que la ou les
pages étaient sur le bureau du Premier ministre, son
arrivée le lendemain matin (je ne sais comment je l’ai
appris, mais bien des vies « notoires » commencent par ce
genre de toutes petites circonstances et par un rapport
pratique avec un puissant). Ensuite, un rôle : secrétaire
d’État à l’Emploi, donc subordonné à Jean-Marcel JEANNENEY
qui m’en dit du bien trente ou quarante ans plus tard. Un
rôle en Mai 1968, des relations avec la C.G.T., un
revolver dans la main, tandis que se préparèrent les
négociations rue de Grenelle, au ministère des Affaires
sociales ? l’homme de POMPIDOU évincé de Matignon, pour
piéger la formation du gouvernement MCM, recommandations
de GP à Alexandre PARODI, vice-président du Conseil
d’État : refuser le ministère du Travail et des Affaires
sociales.
L’homme
qui me reçoit à l’Hôtel de Ville, en plein ma campagne
pontissalienne, aux frais mesurés mais excédant mes
émoluments, est plus que chaleureux, nous parlons de
confiance, il va dans un angle de son vaste bureau,
dissimulé par un lourd rideau, coffre-fort, liasses de
billets le bourrant et me donne 80.000 francs, même si un jour vous
me traitez de tout, de « va-de-la-gueule », je n’en
parlerai jamais. Je remarque la belle photo de Georges
POMPIDOU, portrait devant un monument aux morts pendant sa
propre campagne de 1969 qui sera sa photographie pour les
dossiers de presse, sur fond noir, le contexte effacé, et
évidemment celle du Général, à la Ville de Paris,
compagnon de la Libération. Il n’en a pas une pour
lui-même ni de DG ni de GP, les proches des deux grands
personnages n’ont pas pensé en demander une dédicacée.
Chez aucun des anciens ministres de DG, je n’en ai vue. Il
m’en fait choisir une de lui qu’il dédicace très
chaleureusement. Est-ce à cette première rencontre qu’il
m‘interroge sur sa candidature à la très prochaine
élection présidentielle ? Je lui réponds de laisser courir
Michel DEBRE, il ne court aucun risque et ce sera
honorable. Nous nous revoyons une seconde fois avant le
dénouement : 2,7 % des suffrages exprimés, mais dans les
villages où le contact s’est noué, je suis parfois en tête
devant les deux conseillers généraux rivalisant pour la
place. Je quitte Pontarlier avant les résultats du vote,
en publiant que les électeurs sont majeurs et décideront
sans recommandation pour le second tour. A quatre heures
du matin, je suis déjà dans le midi (Saint-Tropez que
j’affectionne et où je passe quelques jours avant de
regagner mon poste bavarois, dont je m’étais mis en congé
pour un mois), JC m’appelle au téléphone : pour une
première et en solitaire, c’est très bien. La bataille est
au couteau, communiquez que vous soutenez… Impossible,
Monsieur le Premier ministre, j’ai dit que je ne donnerai
pas de consigne. Il
semble ne pas m’en vouloir puisque nous nous revoyons (à
ma demande?) en Février. Je continue alors de rencontrer
FM, seul à seul, rue de Bièvre puis rue de Solférino qui
s’inaugure. Nous apprenons l’un de l’autre, Michel JOBERT
(qui n’a pu recueillir les 500 parrainages!) et moi que nous
faisons le même pari et la même alliance : FM et je porte
à celui-ci deux idées que nous mettons au point et qui
seront prises : quitte à « supprimer » les préfets, leur
titre, dire comme à la Libération ou en 1968, quelques
minutes du 30 Mai, commissaire de la République. Et
marquer la rupture en politique étrangère ou une autre
manière d’être et de faire : le ministère des Relations
extérieures. A l’Hôtel de Ville, le maire et Jacques
TOUBON, l’homme du parti. Thionville, mais je ne veux pas
combattre la gauche surtout si elle est communiste. Je
suis envoyé faire connaissance avec Alain JUPPE, rue de
Tilsitt. C’est de là que j’assiste au lancement officiel
de la campagne de JC.
Nous
correspondons beaucoup quand la mairie de Paris s’oppose à
l’Elysée sur une exposition universelle pour le
bicentenaire de la Révolution : JC calcule les dépenses
incombant à la Ville, j'essaye de l'amener, sur ce point
précis, à FM. Le ton est souvent à la confidence, mais
nous n’allons nous revoir – je suis rarement à Paris
puisqu’affecté à l’étranger, Grèce, Brésil – qu’à
l’Elysée. J’attends d’être reçu par Jean-Louis BIANCO avec
qui FM ayant recommencé à me recevoir à partir de Janvier
1983, m’a mis en relation qui sera durable, pas efficace
mais très informative. Et voici le Premier ministre, JC,
montant l’escalier, apparaissant, venant pour le Président
de la République : il me voit et s’écrie, vous : ici ! Je
n’ai pas l’esprit de répliquer : mais vous aussi. De là,
sans doute, le fossé, le mur. Un aparte en Septembre 1993,
je l’ai déjà dit. Je suis « viré » de « mon » ambassade
d’Almaty et du Quai d’Orsay (je n’y étais que détaché et à
un très mauvais grade, malgré des promesse de BRERGOVOY et
de DUMAS, mais ce ne sont pas les ministres qui règlent
les carrières, surtout là…), et je deviens demandeur,
d’autant que mon administration d’origine (la Direction
des Relations économiques extérieures au ministère de
l’Economie et des Finances) me répudie, que le « privé »,
banques ou avocats, ne me considèrent que si j’apporte du
chiffre et beaucoup. Hâte pour m’exclure, crainte que la
gauche gagne la présidentielle et que je revienne en cour.
Donc, JC : je parviens à l’approcher lors d’une réception
dont une relation amicale (QUENTIN, plume de JC alors et
candidat à la succession de LIPKOWSKI à Royan) me ménage
l’entrée. A parte aisé et sympathique avec le président de
la République : oui pour vous recevoir, voyez avec
VILLEPIN. Sept ou huit ans plus tard, je sus par Bertrand
LANDRIEU, préfet de la Manche, rencontré à la Trappe de
Bricquebec, et dirigeant désormais le cabinet à l’Elysée,
que DdeV, secrétaire général, avait systématiquement
détruit mes correspondances vers JC. Je tentais même – , ce me semblait,
sans emploi, et probablement
contraint de vendre mon seul bien immobilier, acquis à
l’instant de m‘envoler en Asie centrale (Juillet 1992),
vie ou mort ou presque ? - de faire passer une lettre par
Claude CHIRAC. J’attendis plusieurs heures sa sortie, un
soir, rue de l’Elysée, mais sans qu’elle apparaisse. La
lettre fut pour son chauffeur.
Jugement
politique. Critique. Il a introduit la haine en politique,
par pour les idées mais pour les personnes, pour le tenant
du pouvoir, son pouvoir en brigue et en avenir. Peut-être
initialement instillé par Marie-France GARAUD et Pierre
JUILLET, mais avérée et structurelle ensuite. Le discours
du Vel’ d’Hiv. effaçant à l’immense joie des vraies
ennemis du général de GAULLE et de tout le gaullisme en
fondation, en histoire, en gestes, en restructuration du
pays et de notre figure nationale, a été négocié avec les
représentants de la « communauté juive » avant l’élection
présidentielle et pour la gagner. La reprise des essais
nucléaires français, dont Pierre BEREGOVOY à si juste
titre avait déclaré le moratoire, se fait à l’anniversaire
d’Hiroshima : culture du Président et de ses proches ! La
suppression du service national, dont je prêche sans
succès depuis des années le rétablissement et l’extension
aux filles, prive la France d’un outil de cohésion
essentiel et exemplaire. Enfin, erreur majeure ayant fondé
toutes les dérives présidentialistes de ces vingt ans,
avoir accepté la réduction à cinq ans du mandat
présidentiel puis, sans davantage de divination ou de
simple examen, la dépendance désormais de l’élection
législative vis-à-vis de la présidentielle par l’inversion
des calendriers, en considérant une situation fortuite.
Chacune de ces fautes, très difficilement réparables, me
faitt juger que JC a été le plus nuisible de nos
présidents de la République. Il était à le veille de nous
faire réintégrer l’O.T.A.N, quand il manqua la dissolution
d’Avril 1997. Alors, comme le soir du referendum de Mai
2005 sur « la constitution pour l’Europe », il achève son
œuvre de destruction en ne démissionnant pas, donc en
éludant la responsabilité populaire du président de la
République, disposition mentale essentielle de nos
institutions et facteur-clé de notre démocratie, sur le
plan national. De lui et de VILLPIN, ministre pompeux des
Affaires Etrangères en Conseil de sécurité, nous
tiendrions au moins d’être resté à l’écart de l’invasion
de l’Irak par l’Amérique sans mandat des Nations-Unies. Je
ne crois pas à cette version ; de surcroît, DdeV a été
très maladroit avec Colin POWEL qui était, au fond de
lui-même, une « colombe ». La chance a voulu pour la
France notamment que les deux inspecteurs, l’un suédois,
l’autre égyptien, chargé explicitement de découvrir à
Bagdad ou dans tout l’Irak, les armes de destruction
massive qui motiveraient le mandat international sohaité à
Washington, aient le courage (sans doute au risque de leur
vie) de faire un rapport au Conseil de sécurité, concluant
clairement par la négative. Nous n’eûmes donc pas à voter.
L’Elysée avait fait savoir en début d’après-midi de ce
vendredi-là si tendu que – contrairement à l’attitude que
prenait notre ministre des Affaires étrangères à New-York
– la France n’opposerait pas de veto à la résolution
américaine.
Resquiescat
in pace. De très loin, le meilleur livre sur Jacques
CHIRAC est celui de mon condisciple Bernard BILLAUD au
cabinet du maire, où Jean GUITTON prenant celui-ci pour le
sauveur en puissance de la France (chrétienne), l’avait
introduit après l’avoir discerné à notre ambassade près le
Saint-Siège. Bernard dit excellemment comment évolua et
apparut JC à mesure des circonstances et de l’entrée en
influence de Edouard BALLADUR. L’audience puis la messe
privée de Jean Paul II : récit saisissant, l’ennui
affiché, la désinvolture du futur président français,
pourtant préféré à Rome à V.G.E., l’avortement légalisé,
refsué d’audience quant à lui. Il l’attendait, il en était
sûr à l’été de 1995, l’ambassade dans l’Église, parmi les
cardinaux qu’il connaissait tous, la Villa Bonaparte. JC
ne l’y nomma pas. D’un
Chirac l’autre.
Voilà.
Président de la République, on peut beaucoup défaire.
Succès incontestable : avoir su maintenir pendant quarante
ans une même image très favorable d’empathie et de
sincérité. Aucun avant lui et depuis lui, n’y est parvenu.
Au total, l’homme était mystérieux et secret : ses
engouements, les « affaires », ses liaisons qui firent la
méchanceté sinon la haine de Bernadette. Mystère de ses
structures mentales et spirituelles. Aurai-je pu en
approcher en travaillant avec lui, ce que je n’eusse pas
refusé, quand plus rien d‘autres ne me fut à portée, moins
qu proposé : peut-être … Ceci est mon témoignage, sans
doute pas généralisable, sur la personne. En revanche,
certain et argumenté sur la malfaisance politique, sur nos
structures nationales. Exception, son discours sur le
drame dans une de nos banlieues. Villiers-le-Bel, Novembre
2005.
1- Aggée
I 1 à 8 ; psaume CXLIX ; évangile selon saint Luc IX 7 à 9
3-
Aggée 15 à II 9 ; psaume XLIII ; évangile selon saint Luc IX
18 à 22
4- Le 27/09/2019 à 12:11,
: Bonjour Bertrand, le
mardi à 10h30. J'ai un rendez-vous à l'AMISEP Place
Libération. Il s'agit de logement et je le vois déjà,
mais je ne vais m'installer qu'après le 4 octobre.
C'est quelque chose de bien !!! et je veux que vous
sois heureux avec nous !!! Bonne journée.Olha
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