Val Thorens,
mardi 9
20
heures 56 + Je vais me coucher. Le début des
« restitutions » du grand débat est atterrant : EP
parle du besoin de transformation profonde de notre pays,
or ce que nous voulons c’est que nos gouvernants fassent
en sorte que nous restions de nous-mêmes, fiers de nos
acquis et de nos savoir-faire et être notamment dans les
institutions. Laïusser sur la démocratie participative en
plus de la démocratie représentative (du cours de capacité
en droit, bac + 1), diagnostiquer que les élus sont mis en
question, c’est de tromper complètement : c’est la
démocratie directe qui est voulue à tous les niveaux de la
vie et de la décision publiques, et surtout la mise en
question principale, c’est EM. Plus encore son « mode
opératoire » que le contenu de ses décisions et réformes.
Or, celui-ci est confirmé par EP comme l’acteur et le
décideur principal sinon unique de la suite. Le dogmatisme
de l’infaillibilité ou la servitude mentale : quelle
racine psychologique ? l’aspect noir de l’esprit français,
pis même que l’esprit de cour. C'est le président qui "fixera le
cap et annoncera l'ouverture de grands chantiers"...
le président de la
République, Emmanuel Macron, va prendre des décisions
immédiates qui seront « puissantes et concrètes » et
compte ouvrir de « grands chantiers ». Autre souci –
énorme – quand je recense pour MB les grands ports de la
planète, l’Asie domine, écrase, et il n’y a toujours pas
d’Europe, aucun projet de novation, inertie complète et
muette quant au brexit. Ce devient un crime
collectif devant l’Histoire et la simple considération des
nécessités et des urgences : crime de notre génération,
comme celle au pouvoir dans les années 1930 pour avoir
laissé prospérer HITLER. Et toujours la responsabilité des
chefs : les affreux discours d’insincérité, ces jours-ci,
pour que d’autorité soient analysées les propositions et
doléances de tant de bonnes volontés, celles qui se
dérangèrent, donnèrent du temps et de la confiance à ce
« grand débat national ».
Ibidem, mercredi
10
07 heures 43 +
Eveillé depuis une heure. Je sortais d’un rêve dont il
m’est tout resté. Lieux inconnus, des maisons
particulières, mitoyennes, une salle de réception ou de
restaurant de l’autre côté de la voie, un terrain vague
fermé de murs où je me trouve un moment isolé mais dont je
n’ai pas de peine à sortir. Je suis abordé par un petit
groupe que je rejoins et dont je devais faire partir, on
me montre deux papiers collés l’un sur l’autre, avec une
écriture que l’eau a estompée, et il y a une vignette
tricolore dessus, aussi. Est-ce une lettre qui m’est
destinée ? Il semble que nous ayons à commémorer quelque
chose. Le tout se passe sans vue ni perspectives, mais ces
arbres quelconques, cette allée, pas de circulation que
notre groupe ou quelques personnes sortant des maisons. Ce
m’est cependant familier, mais je n’identifie rien ni
personne.
A mon lever – grand
peine à me mettre debout puisque le matelas secondaire du
canapé-lit, est au sol – ce n’est pas le spectacle d’hier
à l’aube, le surlignage rose des crêtes, mais du flou,
quelques lambeaux de rose quand même, un cercle de nuages,
laissant quand même le « haut » du ciel libre. Puis, sur
la rambarde de notre balcon, des choucas : restes d’oeufs
durs et de tartes aux pommes.
Je mets dans la même
posture de responsabilité historique la France et l’Église
pour une époque qui a tant besoin de l’une et l’autre
ensemble . La boussole d’une liberté et d’une vision du
monde constructives, fortes d’expérience. Mais l’Église a,
comme toujours, son chef et celui-ci est particulièrement
bon, tout en ayant bien distingué ce qui est son mouvement
personnel et ce qui est vérité de foi (son entretien avec
les directeurs de revues jésuites en 2013), mais il n’est
pas relayé par les évêques et pas assez par les chrétiens,
au moins pour ce que je vis et ressens chez nous : ce qui
est aigu dans les documents du comité permanent de notre
épiscopat (la politique à l’automne de 2016 et le vœu d’un
débat entre tous les habitants de France, spontané et très
antérieur au « grand débat national » d’EM) ou dans la
prière répétée du pape (l’accueil de bien davantage
d’immigrés) n’est pas relayé. En chaire, le drame et le
scandale mis au jour de la pédophilie dans le clergé, n’a
commencé d’être évoqué mais jamais qualifié ni
explicitement nommé, qu’il y a un mois, et en tant que
souffrance de l’Église pour laquelle, etc. La France est
en situation inverse. La ressource humaine foisonne, elle
est mobilisée, elle analyse et comprend par elle-même,
tous mes bouts de conversation depuis que nous sommes
arrivés ici : l’authenticité de la montagne, de
l’altitude, du ciel libre et les fraternités de qui nous
accueillent, les moniteurs, les guides divers, les
employés de la maison de Val-Thorens, notre ami
François-Xavier et ses amis, la rue même, large et en
pente que regardent de partout les crêtes et la neige… et
c’est le chef qui est en défaut. Un extraordinaire
égotisme qui l’aveugle, au fond un enfant mal élevé qui a
été persuadé de naissance qu’il a raison. Objectif
ressassé par ses serviteurs : nous transformer. Avec
stupeur, je vois maintenant la page une du Monde
paru hier et daté d’aujourd’hui : comment le parti
d’Emmanuel Macron prépare la campagne présidentielle de 2022.
Les gilets jaunes occultés par les casseurs et le grand
débat national, celui-ci par les élections européennes, et
celles-ci par la prochaine élection présidentielle, dans
plus de trois ans, et entretemps les municipales. Aucun
approfondissement de la manière dont nous fonctionnons et
dont nous avons perverti nos institutions politiques
nationales, aucune réponse aux urgences absolues, dont le
brexit, dont le vol de nos patrimoines.
Restent nos
paysages, reste notre bon sens national, restent la
ferveur de notre messe dominicale célébrée avec retard
lundi et la vocation, le milieu familial, des héroïsmes
pendant la guerre aux frontières franco-suisses. Et puis
ces deux amis, aussitôt disponibles pour résoudre le cas
de mes amis ukrainiens. Mais la croyance générale, qui
absout toute responsabilité de ce qu’il se passe à nos
frontières, est que tout est calme (et fini) dans le
Donbass et en Crimée.
Prier est un don,
des retrouvailles. Des visages m‘accompagnent, des vies
apparemment terminées : mon cher André L. dont il faudra
que je je sache mieux la destinée terrestre, l’admirable
et magnifique Dom Amédée plus encore en habit de choeur
pour l’office du matin, quasiment de nuit, que dans son
antre aux murs garnis de ces dossiers mis à la poubelle
dès sa mort alors que je les eusse accueillis avec honneur
et bonheur (les archives caractérisent une civilisation,
une société, une communauté pas d’avenir ni d’imagination
sans mémoire), et mon lumineux Michel TdeP, enterré dans
des cycles qui n’étaient pas les siens, faute que ceux
auxquels il avait confié sa vocation aient eu quelque
intelligence des circonstances et de sa personnalité. Avec
eux, avec mes chers parents à qui j’ai entrepris d’écrire
(en danger de vie I – leur fils), avec ma
femme aimée, avec notre fille qui dort encore et a du
veiller, cet ordinateur et son I-phone jusqu’à passée une
heure de cette nuit, j’avance à votre autel, ô Seigneur.
La fournaise, le
cantique de Sidrac, Misac et Abdénago, l’ange les ayant
rejoints, fureur de Nabuchodonosor et profession de foi
finale : vous refusez de servir mes dieux et d’adorer
la statue d’or que j’ai fait ériger ? … Béni soit le Dieu de
Sidrac, Misac et Abdénago, qui a envoyé son ange et délivré
ses serviteurs ! Ils ont mis leur confiance en lui, et ils
ont désobéi à l’ordre du roi ; ils ont livré leur corps
plutôt que de servir et d’adorer un autre dieu que leur
Dieu. Dieu nous est personnel, et Se fait connaître
ainsi. Le Dieu de tes pères, mon Père… Le roi les
entendit chanter. Tout le rapport avec le puissant, le
dictateur, l’accapareur qu’établissent des saints, des
initiateurs, des martyrs ou prophètes du moment, parce que
fondés autrement que dans le moment. Le dialogue de Jésus
avec ceux des Juifs qui croyaient en lui 1… si
Dieu était votre père, vous m’aimeriez, car moi c’est de
Dieu que je suis sorti et que je viens… ma parole ne trouve
pas sa place en vous.
1- Daniel III 14 à 95 passim ; cantique ibid. III
52 à 56 ; évangile selon saint Jean VIII 31 à 42
20
heures 56 + Je vais me coucher. Le début des
« restitutions » du grand débat est atterrant : EP parle
du besoin de transformation profonde de notre pays, or ce
que nous voulons c’est que nos gouvernants fassent en
sorte que nous restions de nous-mêmes, fiers de nos acquis
et de nos savoir-faire et être notamment dans les
institutions. Laïusser sur la démocratie participative en
plus de la démocratie représentative (du cours de capacité
en droit, bac + 1), diagnostiquer que les élus sont mis en
question, c’est de tromper complètement : c’est la
démocratie directe qui est voulue à tous les niveaux de la
vie et de la décision publiques, et surtout la mise en
question principale, c’est EM. Plus encore son « mode
opératoire » que le contenu de ses décisions et réformes.
Or, celui-ci est confirmé par EP comme l’acteur et le
décideur principal sinon unique de la suite. Le dogmatisme
de l’infaillibilité ou la servitude mentale : quelle
racine psychologique ? l’aspect noir de l’esprit français,
pis même que l’esprit de cour. Autre souci – énorme –
quand je recense pour MB les grands ports de la planète,
l’Asie domine, écrase, et il n’y a toujours pas d’Europe,
aucun projet de novation, inertie complète et muette quant
au brexit. Ce devient un crime collectif devant
l’Histoire et la simple considération des nécessités et
des urgences : crime de notre génération, comme celle au
pouvoir dans les années 1930 pour avoir laissé prospérer
HITLER. Et toujours la responsabilité des chefs : les
affreux discours d’insincérité, ces jours-ci, pour que
d’autorité soient analysées les propositions et doléances
de tant de bonnes volontés, celles qui se dérangèrent,
donnèrent du temps et de la confiance à ce « grand débat
national ».
Ibidem, mercredi
10 Avril 2019
07 heures 43 +
Eveillé depuis une heure. Je sortais d’un rêve dont il
m’est tout resté. Lieux inconnus, des maisons
particulières, mitoyennes, une salle de réception ou de
restaurant de l’autre côté de la voie, un terrain vague
fermé de murs où je me trouve un moment isolé mais dont je
n’ai pas de peine à sortir. Je suis abordé par un petit
groupe que je rejoins et dont je devais faire partir, on
me montre deux papiers collés l’un sur l’autre, avec une
écriture que l’eau a estompée, et il y a une vignette
tricolore dessus, aussi. Est-ce une lettre qui m’est
destinée ? Il semble que nous ayons à commémorer quelque
chose. Le tout se passe sans vue ni perspectives, mais ces
arbres quelconques, cette allée, pas de circulation que
notre groupe ou quelques personnes sortant des maisons. Ce
m’est cependant familier, mais je n’identifie rien ni
personne.
A mon lever – grand
peine à me mettre debout puisque le matelas secondaire du
canapé-lit, est au sol – ce n’est pas le spectacle d’hier
à l’aube, le surlignage rose des crêtes, mais du flou,
quelques lambeaux de rose quand même, un cercle de nuages,
laissant quand même le « haut » du ciel libre. Puis, sur
la rambarde de notre balcon, des choucas : restes d’oeufs
durs et de tartes aux pommes.
Je mets dans la même
posture de responsabilité historique la France et l’Église
pour une époque qui a tant besoin de l’une et l’autre
ensemble . La boussole d’une liberté et d’une vision du
monde constructives, fortes d’expérience. Mais l’Église a,
comme toujours, son chef et celui-ci est particulièrement
bon, tout en ayant bien distingué ce qui est son mouvement
personnel et ce qui est vérité de foi (son entretien avec
les directeurs de revues jésuites en 2013), mais il n’est
pas relayé par les évêques et pas assez par les chrétiens,
au moins pour ce que je vis et ressens chez nous : ce qui
est aigu dans les documents du comité permanent de notre
épiscopat (la politique à l’automne de 2016 et le vœu d’un
débat entre tous les habitants de France, spontané et très
antérieur au « grand débat national » d’EM) ou dans la
prière répétée du pape (l’accueil de bien davantage
d’immigrés) n’est pas relayé. En chaire, le drame et le
scandale mis au jour de la pédophilie dans le clergé, n’a
commencé d’être évoqué mais jamais qualifié ni
explicitement nommé, qu’il y a un mois, et en tant que
souffrance de l’Église pour laquelle, etc. La France est
en situation inverse. La ressource humaine foisonne, elle
est mobilisée, elle analyse et comprend par elle-même,
tous mes bouts de conversation depuis que nous sommes
arrivés ici : l’authenticité de la montagne, de
l’altitude, du ciel libre et les fraternités de qui nous
accueillent, les moniteurs, les guides divers, les
employés de la maison de Val-Thorens, notre ami
François-Xavier et ses amis, la rue même, large et en
pente que regardent de partout les crêtes et la neige… et
c’est le chef qui est en défaut. Un extraordinaire
égotisme qui l’aveugle, au fond un enfant mal élevé qui a
été persuadé de naissance qu’il a raison. Objectif
ressassé par ses serviteurs : nous transformer. Avec
stupeur, je vois maintenant la page une du Monde paru hier
et daté d’aujourd’hui : comment le parti d’Emmanuel
Macron prépare la campagne présidentielle de 2022. Les
gilets jaunes occultés par les casseurs et le grand débat
national, celui-ci par les élections européennes, et
celles-ci par la prochaine élection présidentielle, dans
plus de trois ans, et entretemps les municipales. Aucun
approfondissement de la manière dont nous fonctionnons et
dont nous avons perverti nos institutions politiques
nationales, aucune réponse aux urgences absolues, dont le
brexit, dont le vol de nos patrimoines.
Restent nos
paysages, reste notre bon sens national, restent la
ferveur de notre messe dominicale célébrée avec retard
lundi et la vocation, le milieu familial, des héroismes
pendant la guerre aux frontières franco-suisses. Et puis
ces deux amis, aussitôt disponibles pour résoudre le cas
de mes amis ukrainiens. Mais la croyance générale, qui
absout toute responsabilité de ce qu’il se passe à nos
frontières, est que tout est calme (et fini) dans le
Donbass et en Crimée.
Prier est un don,
des retrouvailles. Des visages m‘accompagnent, des vies
apparemment terminées : mon cher André L. dont il faudra
que je je sache mieux la destinée terrestre, l’admirable
et magnifique Dom Amédée plus encore en habit de choeur
pour l’office du matin, quasiment de nuit, que dans son
antre aux murs garnis de ces dossiers mis à la poubelle
dès sa mort alors que je les eusse accueillis avec honneur
et bonheur (les archives caractérisent une civilisation,
une société, une communauté pas d’avenir ni d’imagination
sans mémoire), et mon lumineux Michel TdeP, enterré dans
des cycles qui n’étaient pas les siens, faute que ceux
auxquels il avait confié sa vocation aient eu quelque
intelligence des circonstances et de sa personnalité. Avec
eux, avec mes chers parents à qui j’ai entrepris d’écrire
(en danger de vie I – leur fils), avec ma
femme aimée, avec notre fille qui dort encore et a du
veiller, cet ordinateur et son I-phone jusqu’à passée une
heure de cette nuit, j’avance à votre autel, ô Seigneur.
La fournaise, le
cantique de Sidrac, Misac et Abdénago, l’ange les ayant
rejoints, fureur de Nabuchodonosor et profession de foi
finale : vous refusez de servir mes dieux et d’adorer
la statue d’or que j’ai fait ériger ? … Béni soit le Dieu de
Sidrac, Misac et Abdénago, qui a envoyé son ange et délivré
ses serviteurs ! Ils ont mis leur confiance en lui, et ils
ont désobéi à l’ordre du roi ; ils ont livré leur corps
plutôt que de servir et d’adorer un autre dieu que leur
Dieu. Dieu nous est personnel, et Se fait connaître
ainsi. Le Dieu de tes pères, mon Père… Le roi les
entendit chanter. Tout le rapport avec le puissant, le
dictateur, l’accapareur qu’établissent des saints, des
initiateurs, des martyrs ou prophètes du moment, parce que
fondés autrement que dans le moment. Le dialogue de Jésus
avec ceux des Juifs qui croyaient en lui 1… si
Dieu était votre père, vous m’aimeriez, car moi c’est de
Dieu que je suis sorti et que je viens… ma parole ne trouve
pas sa place en vous.
1- Daniel III 14 à 95 passim ; cantique ibid. III
52 à 56 ; évangile selon saint Jean VIII 31 à 42
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