pour un prochain message, je
compile ce que j'ai reçu puis dialogué - avec vous, pas encore
assez nombreux - pendant l'incendie de Notre Dame de Paris, puis
à sa suite
mardi Saint
08 heures 37 + Il n'y a pas
de
communauté internationale, ni solidarité ni respect ni vraie
connaissance mutuelle des peules, des pays, des Etats, mais il
y a
une conscience universelle. Les signes se comprennent et se
mémorisent. Leurs effets, nous ne les savons que très tard, ou
jamais.
09
heures 28 + Notre fille, son humeur, ma chère femme : son
billet nocturne auquel je réponds, son inquiétude si
douloureuse
pour notre chienne à la torture. - Avec
fatalisme, tristesse et plus,
j’attends et escompte le moment où Marguerite
ne voudra plus être seule avec moi, ni faire avec moi, avec
nous ce
qu’elle préférera et fera avec d’autres, maintenant avec les
filles de son âge, bientôt avec des garçons ? Sa présence
naturelle, normale, communiante avec nous, ne sera plus la
norme. Sa
présence sera un cadeau, un cadeau rare. Ni elle ni ma chère
femme,
sa mère, ne s’apitoient, il n’y a que moi qui aurai pitié de
moi-même, je ne veux pas la pitié, qui est la totale
diminution, la
mutilation dans le regard et l’esprit d’autrui. Sauf… quand
l’autre nous relève. Il n’y a que le Christ qui le puisse
parfaitement, car le mouvement du coeur ne suffit pas, il faut
la
puissance, l’effectivité, donc la Résurrection.
Téléphone
avec Stéphanie RAVILLY, Lupa... pas de pronostic vital, Edith
y passe pour
quelques cachets. Les erreurs de transmission de la Sécu.
Notre
absorption par les tâches, mon papier oublié pour le
Calame. Les
restes de poulet enlevés par une dizaine de choucas, il en
reste
dans l’assiette mais au sol, attente de deux, que je vais
satisfaire en allant disposer ce qu’il reste sur la rambarde
du
balcon.
09
heures 42 + Ce sont les événements qui nous réunissent, nous
ne
nous rencontrons les uns les autres, même en amour, que par
les
événements qui sont bien plus que des circonstances, qui ont
leur
personnalité, les circonstances ne sont que paramètres,
ambiance
parfois, notre bâti sensitif. C’est encore plus dans
l’Histoire
d’un peuple, d’une nation. La France est un modèle, sinon le
modèle de cela. Nous sommes faits par les événements, plus que
par
des personnalités, si exceptionnelles et marquantes qu’elles
soient : précisément, elles ne sont telles et ne marquent que
par leur réponse aux événements. – Je n’écris
qu’inspiré, et n’ai jamais depuis mon enfance écrit qu’ainsi :
mes narrations dont j’ai la mémoire, pas le texte, sur le
cinéma,
sur… la cathédrale, et aux « camps de Compiègne », le
culte et l’amour des cathédrales qui nous furent donnés par le
Père LAMANDE. En classe d’instruction religieuse, en 7ème,
consigne de fermer, tous, les yeux quelques minutes. Exercice
pendant
lequel, au tableau, à la craie, à main levée, avec les
couleurs,
il dessinait la rosace d’une cathédrale, la rosace occidentale
de
toute cathédrale.
10
heures 14 + Je travaille bien, assis le long du paysage des
montagnes, abrité du froid par la vitre. Grâce, plus
saisissante
que la danse la plus parfaite qui suppose son, musique et
couleur
même si ce doit être le blanc : un skieur descendant la piste
du
slalom, application et plénitude des virages, rythme comme
noté sur
une portée, la limite de tout en dessin, en trajectoire, en
vitesse
sans excès que la répétition, comme une épousaille. Papier
pour la nouvelle ère mauritanienne qui ne durera pas, je
rappelle
l’origine et ce qu’était, ce que doit être le commandement
politique là-bas où la capitale n’est plus sous tente, mais en
béton bon marché, là où l’on n’était que cinq mille, que
dix-douze milles : c’étaient aussi mon temps, mes vingt-cinq
ans et Moktar Ould Daddah me reçut comme un étudiant, un jeune
cadet à qui il accorda aussitôt et totalement sa confiance.
Quand
j’écris et travaille pour la Mauritanie, j’ai toujours cet
âge,
et – dans l’âme – le même partenaire et modèle.
14
heures 20 + Flot
de condoléances et de textes, chacun beau et intéressant.
Accord
sur le fait que la croix au-desssus du maître-autel ne soit
pas
tombée, est décisif. Accord général sur l’union, le
consensus,
la ferveur que produit ce drame. Reconnaissance que le
monument-cathédrale est ce qui, en tout siècle, y compris le
nôtre
si incroyant, si cynique vis-à-vis de l’Église, si laïc, si
peu
humaniste, dit (encore davantage que : signifie) le plus la
France, notre pays. Honneur que notre pays à chacun soit la
France.
Et que celle-ci garde les promesses de son baptême, mais
sans plus
en faire obligation civique. Hier soir, est une preuve de ce
que nous
sommes, foi et peuple. – Salut,
l’archer ! Marguerite
reçoit la fléchette, le slalom d’hier après-midi. Maintenant
de
flèche en flèche. Brouillard par endroits et moments. Le
ciel blanc
comme la montagne.
Notre trésor repartie pour ce second cours du jour : achat de
bonbons, anniversaire du « mono. ».
Dialogue
au téléphone avec ma femme précieuse. Lupa et son martyre. Pas
question de laisser tomber, reprendre probablement tous les
examens.
Comment allons-nous tenir : 800 euros pour l’aspergillose qui
a repris, parallèlement à ces terribles démangeaisons.
Progrès !
l’an dernier, maison de Val-Thorens et des guides : internet
gratuit et illimité. Cette année, un quart d’heure seulement
de
gratuit. Sous-traitance à une société. La puissance publique
en
s’absentant réduit et renchérit la satisfaction des besoins.
En
l’occurrence, ici, cela ne fonctionne pas.
Fatigué :
je m’octroie une sieste. Ce que je veux écrire, une nouvelle
lettre (à suite) pour notre fille. Ces jours-ci… Leur
fils
va
venir, s’enrichissant et que je porte chaque jour. . . . Je
tombe
de sommeil, le temps n’empire pas.
EM
a reçu hier soir une très, très grande chance. Il doit
refondre,
reprendre totalement son texte, oubliant toute manœuvre
combinée
depuis des semaines. Une phrase d’actualité à ce qui était
prêt
et sans doute enregistré à l’instant même où prit le feu, ne
suscitera aucune empathie. Or, il la lui faut. Il ne l’eût
(son
adolescence de théâtre et le couple-structure qui s’en suivit)
qu’en « animant » les obsèques de Johnny HALLIDAY. Il
ne s’agit pas de son programmes, recélant à son habitude de
tout
prendre, le « grand débat national », mais de nous, des
Français qui doivent enfin avoir prise sur lui. Et mériter la
France qui n’est pas à transformer ou adapter. Son image a de
nouveau été saluée par le monde entier.
21 heures 45 + Marguerite,
côte-à-côte
sur
le canapé, me demande le nombre de vues de mes blogs, je n’en
sais
et m’interroge sur les fichiers blancs que je crée. Elle :
462 abonnés sur instagram
Elle consulte
les
programmes
de Cinéville
à Vannes,
deux séances
le lundi de notre retour, le
bonheur... Un
bon lit devant
l’écran géant,
les acteurs
à côté de moi, l’auteur aussi, de la nourriture. Tes
camarades au collège ?
J’ai
créé
une religion, elles m’ont suivi, on en a marre de ne pas
comprendre
ce qu’elle raconte, on va lire les
bouquins.
Je
vais l’accompagner,
la voiturer mais
il m’est interdit
de voir le film, même assis éloigné d’elle. Même
de jamais le voir. Mécanisme
mental ? Tintin,
ma
génération
et l’inimitié
avec Spirou,
avec les
lecteurs
de Spirou :
quelle méconnaissance, alors !
autant que celle Scouts
de France pour
les Coeurs
vaillants.
Nos
années 50, les
siennes :
Harry
Potter et
After.
22
heures 18 + Pendant deux
mois,
j’interrogeais
systématiquement :
vous participez au « grand débat national » ?
Aujourd’hui
et je continuerai
quelque temps, c’est Notre
Dame.
Marguerite :
on n’en parle
pas
en cours. Edith
me
rapporte que le
débat écarte le religieux.
Insoutenable, EM, selon
les
lettres
quotidiennes
que je
reçois de la presse française :
comment sortir du grand débat, projets pour
la démocratie (donc octroyée
et à l’échelle
qu’il décide,
souverainement).
Insensé,
n’ ayant
plus que trois ans de mandat, affirmer :
nous rebâtirons,
tâche
de plusieurs
décennies.
mercredi Saint
07
heures 17 + Couchés à minuit à peine passée, éveillé puis
rendormi avant six heures, le temps de nouveau au beau, j’irai
à
la remontée mécanique la moins difficile à atteindre, pour
avoir
une vue générale, au mois une fois pendant notre séjour. Les
tâches et les projets. Tâches, Malick. Projets, écrire ma
lettre à
Marguerite, ce que je nore et vis avec elle.Textes du jour, la
version de Matthieu pour la rencontre de Judas avec son
destin. Et
Isaïe anticipe le procès de Jésus. Demain, la messe chrismale,
le
sacerdoce tellement en question dans son état pratique de vie,
et
dans le péché d’addiction de certains de ceux qui en sont
revêtus. Notre Dame de Paris incendiée et sauvée en plus
grande
partie – héroïsme e savoir-faire de nos pompiers – va-t-elle
rester au centre de nos pesés et les éclairer. Le cours
quotidien
centré sur EM pour notre vie nationale va-t-il reprendre ?
tandis
qu’inexorablement avec le brexit
et ces élections européennes dévoyées, nous verrons couler une
Europe réduite à sa seule organisation et à son seul moulinage
de
textes : squelette rongé par les huis-clos gouvernementaux et
la seule capacité actuelle des Etats : réglementation, ce qui
n’imagine ni ne protège rien. Désespérer ? Oui, à court
terme, mais à log terme, ce qui est évident, nécessaire,
indispensable ne peut pas ne pas se réaliser, se faire et déjà
s’ambitionner.
10
heures 19 + Marguerite depuis plus d’une heure sur les pentes,
nouvelles pistes à chaque cours, ressource de Val Thorens. Les
choucas nourris, nombreux, solidaires, aucune bataille et
appel au
repas par l’un d’eux. Une présence sympathique. - Je recueille
ce que j’ai reçu puis dialogué à propos de Notre Dame de Paris
en feu. Ni la croix d’autel ni la flèche n’ont de valeur
ancestrale, la flèche date de VIOLLET-LEDUC et ses anges de
bronze
venaient d’en être enlevé, les vitraux, le grand-orgue
semblent
ne pas avoir souffert. Malgré son âge ou à cause de
celui-ci,le
bâtiment en tant que tel a bien plus et bien résisté que nos
immeubles de maintenant. L’événement va faire date mondiale et
nationale : la pérennité de l’image de la France ne se fonde
plus que sur ses monuments, sauf notre action au Sahel et la
velléité
légitime de FH en 2013 pour la Syrie, nous ne marquons plus
par une
imagination et des initiatives refaisant l’entreprise et
l’Union
européennes, nous ne nous distinguons pas de la veulerie des
Européens face à la Chine, peut-être même sommes-nous en tête,
nous n’avons pas saisi le défi iranien, notre
désindustrialisation
continue (Smart, l’A380, telle papeterie, Alstom/Siemens pas
réglé), nous persistons dans le transport routier, nous ne
sommes
dirigés avec résolution et selon des perspectives, nous sommes
en
queue en droits de l’homme (liberté de manifester… depuis
Novembre 2018) et en accueil des immigrants (pas de pavillon
pour les
O.N.G., des bateaux de guerre et d’interception pour les
Libyens à
charge pour eux de ramener les évadés… plus de 16.000 ces
temps-ci)et notre monocratie ne correspond à aucune tradition
française, sauf la première version du Second Empire et Vichy,
et
certainement pas au legs gaullien et à l’esprit de la
Cinquième
République. Mais la France, telle quelle à l’instant (18
heures
50, le lundi Saint) du feu (et de la dernière main à
l’allocution
d’EM) a fait consensus chez les siens et dans le monde. Son
Etat ne
sait plus négocier les marchés publics depuis une vingtaine
d’années, le chantier de Notre Dame va dégénérer, les
générosités de bonne publicité pour ARNAUD, PINAULT et Total,
pour Pékin aussi ne suffiront sans doute pas, mais l’usage ne
sera
pas adroit ni sans corruption, de tels marchés ! Et – je me
répète – il va y avoir les prétentions à faire mieux qu’au
XIIème siècle, et plus adapté à notre époque. Sans pitié.
Sans
égard pour l’effort des Français quand ils ont participé au
« grand débat national », mais en étant de plus en plus
sceptiques sur la sincérité à venir du Président et de ses
acolytes, sans souci d’une communication digne de cet effort
et de
ces attentes, et précautionneuse vis-à-vis des « lanceurs
d’alarme » qu’ont été et demeurent les « gilets
jaunes », voici qu’EM laisse connaître par bribes ses
« propositions » pour (se) sortir de la « crise des
gilets jaunes ». Ce sont celles d’un aveugle qui n’a rien
oublié, rien appris (les émigrés de retour en France en
1814-1815). La question générale est celle de son exercice non
démocratique, non délibératif, non participatif de notre
pouvoir
d’État, au même degré que celle de l’injustice sociale et
fiscale. Réduire le nombre de parlementaires, c’est éloigner
encore plus les élus de leurs électeurs, c’est trafiquer le
concours des circonscriptions même si après FERRAND (et moi, Le
Monde en Août 1975), il commence d’être reconnu que
les
Français pourraient être libres de moduler limites et
compétences
de leurs collectivités locales, « à la carte ».
Supprimer l’Ecole nationale d’administration pour lui préférer
la méritocratie, c’est n’avoir aucune expérience de la
notation
dans la fonction publique et des possibles favoritismes et
cooptations, n’avoir pas compris la réforme de 1945 (DEBRE et
DG)
pour un recrutement commun à tous les ministères de leurs
cadres,
et répondre dans les deux cas, avec la pire démagogie, aux
rumeurs
et clichés si mal informés courant sus aux parlementaires et
aux
« énarques ». Enfin, c’est le refus obstiné du
referendum réglant notre vie nationale et les questions
difficiles,
selon l’esprit de notre Cinquième République, longtemps mal
comprise et maintenant au rancart, et selon la pratique du
général
de GAULLE, exemplaire de démocratie. Que va être la version
officielle de la lecture par le seul EM de nos contributions
et
souhaits, exprimés pendant trois mois, censément sans tabou et
tout
étant sur la table ? Quand les gens d’idéal et approuvant
une radicale novation de notre vie publique, qui ont formé la
majorité présidentielle à l’Assemblée nationale (il faudra
pointer les anciens et les nouveaux parmi les élus LREM de
Juin
2017), vont-ils comprendre l’immoralité de leur élu et la
trahison des motifs qui l’avaient amené à lui et à le
soutenir ?
L’ »affaire Benalla » a maintenant près d’un an :
autant que les « gilets jaunes », elle a révélé
celui qui nous gouverne (mettant à néant la fonction arbitrale
et
de continuité dévolue au président de la République, de tout
autre sorte que le Premier ministre et le gouvernement selon
l’article
5 de notre Constitution).
11
heures 10 + Prier… 1
la trahison de Judas, telle que perçue par les tiers, nous est
donnée par Matthieu très différemment de Luc. Personne, à la
dernière Cène, ne sent coupable parce qu’aucun n’a le projet
de
trahit le Maître, sauf si Judas joue la comédie et en
vérifiant la
chronologie : quand s’est-il entendu avec les ennemis de
Jésus. Vérification : oui, c’est avant le dernier repas,
auquel Judas a le culot de participer mais pas d’y amener les
soldats. Les trente pièces d’argent (variantes de la
traduction)
sont le dixième de l’évaluation par le même Judas (trésorier
des Apôtres et du Seigneur) du parfum répandu par Marie sur
les
pieds du Christ. Judas
cherchait
une occasion favorable pour le livrer… L’un
de vous va me livrer… Profondément attristés, ils se mirent à
lui demander, chacun à son tour : serait-ce moi ? Comme
s’ils ne le savaient pas… et Judas qui le sait (libre
détermination que la sienne selon Matthieu, forme de vocation
tardive et spéciale selon Luc, dépendance de Judas dès qu’il
est
désigné par le Christ, abandonné pour l’épreuve comme l’est
Job, à la suite du pari de Satan avec Dieu) n’y manque pas :
ne pas se faire repérer... Judas,
celui qui le livrait, prit la parole : « Est-ce moi ?
Seigneur ». – Jésus lui répond : « C’est
toi-même qui l’as dit ». Cette manière de
répondre, à toutes les interrogations, sont un renvoi à
nous-mêmes
et à notre liberté de mettre à mort notre Sauveur. Isaïe
présente
Celui-ci de manière ambivalente : le parfait disciple, la
victime qui espère. Premier rôle, il est caractérisé par
l’écoute. Il veille mon
oreille pour qu’en disciple, j’écoute… le langage des
disciples, pour que je puisse d’une parole soutenir celui qui
est
épuisé. Deuxième rôle, le
serviteur souffrant, docile et confiant. Je
ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé… Il est
proche
celui qui me justifie… Voilà le Seigneur, mon Dieu, il prend
ma
défense. Qui donc me condamnera ? Et pourtant, Il
est
condamné. Mon Dieu, mon
Dieu,
pourquoi m’as-tu abandonné ? La totalité, le plus
douloureux de la condition humaine ainsi assumée et
l’incarnation
du Fils de Dieu démontrée, irréfutablement.
1- Isaïe L 4 à
9 ; psaume LXIX ; évangile selon saint Matthieu XXVI 14 à 25
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