19 heures 40 + La nuit noire, les chiens silencieux, l’attente de ma chère femme retour de conseil de classe à Guéhenno. Promenade canine une grade heure au coucher du soleil, le contre-jour, les arbres dépouillés en ligne, faisant ici l’horizon, des constructions, des bâtis, tous horizontaux, le plan de la ria du Penerf, la ligne de l’autre rive, puis les nuages tantôt en couverture de toute la terre ou en paysage ciselé, fin. Lenteur souveraine de ces nuages et assemblages, dérivant à peine. Tous les jours, le même trajet, la méditation au bord de l’eau, la marée, jamais la même ambiance, les mêmes couleurs, le paysage si vivant qu’il n’est jamais ressemblant. Pas d’images saisies, j’en suis interdit depuis une semaine, je serai récompensé de mon attente quand je pourrai acquérir le petit semblable de mon appareil volé, mais le trésor en mémoire de celui-ci me reviendra-t-il jamais ? Et mes notes de ce groupe de parole, mensuel, auquel je tiens absolument : groupe d’écoute de particulier accueil puisque nous vivons les variantes de la même « chose ».
Les déplacements et rangements hier matin pour accueillir notre nouvelle machine à laver la vaisselle : bienheureux. J’exploite maintenant cette invite à du rangement plus définitif : retrouvailles de photos dont je n’avais plus la mémoire, mais incidemment, en identifiant des images, interrogation google d’Edith : père de dix enfants, officier supérieur passé de la planification des enseignements à Coëtquidan, Cyril BOURDEAU de FONTENAY mort en Septembre à 42 ans. Notre émotion. Souvent, il y a dix ans eux chez nous pour un repas, et nous laissant trois de leurs filles, plage et pyjama-parties, Marguerite, trois-quatre ans, et nous chez eux, le trampolin, le hameau, une vraie paix ensemble. Nous écrivons demain, et reprenons langue.
Bonheur de retrouver les textes du jour, d’y entrer, de m’y asseoir en attente et en disponibilité intérieures. Notre Dieu et Seigneur, le Fils de l’homme restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui. Pourquoi un tel rayonnement ? La belle-mère de Pierre rétablie en famille, des malades, la consultation en dispensaire, Jésus à tous, mais maintenant une autre échelle, la terreur de la lèpre. Le dialogue fulgurant : si tu le veux, tu peux me purifier… Je le veux, sois purifié. … Saisi de compassion, Jésus étendit la main… A l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié. La scène si scénique justement. Jésus pratique, respectueux des rites, recommandant leur respect, bon Juif s’il en fut, mais la sensation que provoque le nouveau témoin, le missionnaire 1 change toutes les dimensions. Nous sommes devenus les compagnons du Christ, si du moins nous maintenons fermement, jusqu’à la fin, notre engagement premier.
Politique… le désastre, des élections au Parlement, une Grande-Bretagne redevenue ductile et personne en face ni des Anglais ni des électeurs. Le grand débat national : d’abord une idée collective, des gilets jaunes passant de revendications pratiques, sectorielles mais ayant posant déjà une question de gouvernement, les solidarités rurales, l’aménagement du territoire, la compréhension des conditions de vie pour énoncer le vrai de la démocratie : participer aux décisions. Il en ressort 10 milliards de concessions et la participation à un débat vite devenu la semaine dernière une consultation à l’impact non défini. Et puis depuis Bourgtehoulde, c’est d’une manière nouvelle, la harangue du chef en milieu de cercle, tandis que persistent les répliques ne disant pas une belle âme… Cependant la journée du mardi est maintenant présente comme un chef d’oeuvre de communication et des retrouvailles d’EM avec les Français. Des ouvertures sur la vitesse limitée à 80 : l’octroi, un arrangement obtenu par la ministre des Transports pour un rabais des péages d’autoroute en faveur des passages fréquents. Les discussions et commentaires montrent que les maires et élus départementaux, pas consultés, pourraient retrouver leur compétence d’antan et une pression de vraie de l’État aurait obtenu davantage des concessionnaires. On reste dans le pelliculaire, l’événement a été le coup de g… de LARCHER, pas tenu au courant de la « lettre aux Français » et avertissant que la démocratie représentative cela va des assemblées nationales aux conseils municipaux, et ce soir vœux aux armées, déploration des morts de toutes armes, et l’on présente comme une initiative extraordinaire de plaider pour des opérations plus étroites entre les armées européennes : plus de soixante ans après l’échec de la Communauté européenne de défense C.E.D. et toujours rien sur le nucléaire.
22 heures 03 + . . . je reviens à hier soir, cette octogénaire à tignasse rousse, heureuse d’être en scène, répliquant avec plus que de l’esprit, un objet qu’elle apporte de son passé : elle sort de son sac le pain qu’elle a chipée au restaurant à son voisin. Le vécu, et non pas l’imaginaire du vécu. Il faut dire les choses, la vérité. … Déjà racontée en 2000, cette histoire, un dialogue, deux hommes, l’un religieux, l’autre athée. Mais comment ? Tu pries ? Oui, je remercie Dieu parce qu’Il m ‘a mis à cette place-là, et pas à ceelle du Kapo. Et du SS … Ma souffrance la plus grande, c’est la disparition de cette culture, la culture de la Mittel Europa. Son père… revu quand les kommandos se croisent fortuitement, ils s’étreignent, elle est traitée de p… et battue presqu’à mort. Il a le temps de lui mettre dans la main un oignon. Plus tard, on lui apporte un mot de lui, mais je l’ai perdu, je n sais où je l’ai perdu, et je ne me souviens plus ce qu’il y avait dedans… Le travail à la route vers le crématoire n° 5. La nuit du 4 Août 1944, ils ont liquidé tous les tziganes, nous les enviions car on les avait laissés en famille : 3 à 4.000. On était prévu pour survivre six mois. Il fallait survivre jour après jour. La libération de Theresienstadt (je l’ai « visité »), le plus horrible possible parce qu’il paraît un parc avec des pavillons arborés, en Tchéquie aujourd’hui. Les Russes ne voulaient pas que les Juifs partent avec les autres vers l’Ouest. Nous ne partirons pas s’ils ne partent avec nous. Je ne voulais pas rentrer. Celui qui devait rentrer, c’était mon père. Deux cercles dans ma famille. Ceux qui ne savaient pas, ne rien dire. Face à ces frères et sœurs, oncles et tantes, ma mère. Fuite, et j’ai fui mentalement, je n’ai pas été la bonne personne j’aurais du être, j’étais insupportable, je ne pouvais plus coucher dans un lit, ni me réjouir d’une naissance, de voir un bébé… ceux de Birkenau c’est ceux-là. Le retour, pour moi, cela a été une horreur. On n’a rien fait pour les Juifs. Elle explose contre DG. Maintenant… pas religieuse, pas de foi, éventuellement une petite cérémonie funéraire sur sa tombe, mais il n’y a rien. Le monde qui nous attend va être terrible. J’en ai marre d’être protégée par des gouvernements, je veux être libre comme tout le monde.
C’est à ce point qu’elle me bouleverse et me convainc. L’État d’Israël, une nécessité, un acquis, une protection. Qu’est-ce qu’être Juif, qu’est-ce qu’avoir été déporté, que ressent un Juif ? Le demander à MMR, à PS ? Oui, sans doute, mais la vérité pour comprendre et savoir, il faut entrer dans la peau, le corps, l’âme d’un Juif. Pas un pélerinage, pas une enquête intime, mais devenir Juif, car c’est la question d’humanité. Le rapport de l’humanité avec certaines et certains. Ce n’est pas ce qu’elle développe, mais ce qu’elle suggère si fortement. Sans doute, ce serait pas analogie, le voyage dans l’âme et le corps de l’ancien esclave, ces minorités, etc. Je me suis senti au seuil d’une autre entrée dans beaucoup de mes analyses sur Israël, sur la Palestine. Mais du coup, pour le peuple de la foi monothéiste, de la transmission, de l’identité, apparaît une responsabilité sacramentelle : un tel malheur collectif vécu individuellement, la Bible si manifestement désignant le peuple élu. Celui-ci alors a une responsabilité morale mondiale pour que change notre société, nos sociétés, toutes nos relations humaines et internationales. Je ne sais pas restituer ce qui a été hier soir si émotif, mais me faisant regarder ces quatre-vingt dernières années d’une autre manière.
22 heures 42 + Off… depuis la télévision que ma chère femme regarde dans la mezzanine. Les tours de passe-passe, joués par EM personnellement, la contrainte sur les élus de la majorité pour finalement faire « passer » une loi qui n’impose rien à Monsanto et n’explicite pas l’interdiction du glyphosate en 2021. - Un paysan srilankais. Maintenant, je regarde passer ma vie, je ne sers plus à rien. Le Sri-Lanka, seul pays au monde à interdire totalement le glyphosate (depuis 2015) et puis des accommodements : permis pour le thé et le caoutchouc. Chez BARTHES, deux "chanteurs d'oiseaux" : ils savent de leur enfance buissonnière en baie de Somme,imiter près de cinq cent oiseaux. Commencement avec les goëlands qui tournaient au tour du chanteur. En période de chasse, les chasseurs s'y trompent. L'imitation du rossignol. Qui l'emportera ?
1- lettre aux Hébreux III 7 à
14 ; psaume XCV ; évangile selon saint Marc I 40 à 45
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