mardi 29 janvier 2019
09
heures 16 + Toujours terrassé par la vacuité, l’échec,
l’impuissance
que m’inspire le bilan que je ressasse
de ce que j’ai fait de mon existence. Positif, mais
peut-être
emportant
tout, la foi qui m’a toujours habité, foi en Dieu… et les
rencontres, tant et tant de beauté, de vie, de monde,
d’histoire
dans ces rencontres de tous genres et à toutes dates dans
ma
vie. Et la rencontre-vie qu’est notre mariage chaque jour,
chaque
nuit, et la rencontre-vie qu’a été la naissance et qu’est
l’accompagnement de notre fille. Accompagnement que nous
lui
donnons avec tant de bonheur, accompagnement de présence,
d’amour,
de fraternité qu’elle nous donne et que je ressent
tellement,
tellement. La voilà depuis une grande heure dans la suite
de ses
examens. - Prier… 1
la lettre aux Hébreux, c’est bien la théologie du Christ,
grand-prêtre et médiateur, c’est l’explication et la vie
d’une
liturgie dépassant et prenant tout. Et ce qui n’est pas
accessoire, les psaumes sont marqués comme la prophétie de
Jésus :
tu n’as pas accepté sacrifice ni
offrande, mais tu m'as formé un corps. Tu n'as pas agréé les
holocaustes ni les sacrifices pour le péché ; alors, j'ai
dit : me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta
volonté. Honneur qui nous est fait :
la
fraternité d’adoption. Celui
qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un
frère, une
soeur, une mère.
Réplique d’EM depuis
le
Caire à l’appel des gilets jaunes qu’il n’avait sans doute pas
encore lu. Un mépris, un cynisme inouï, une provocation
claire.
Dans un pays ensanglanté, emprisonné, qu’il visite pour une
raison odieuse : contrôler les flux de migrants en
Méditerranée, et toujours commerce extérieur ou haute
diplomatie,
en solo, jamais en concertation européenne (comment peut-on
lui
attribuer une pensée, un label européens?), voici que devant
son
hôte-dictateur et le parterre de nos journalistes, il commente
nos
manifestations, elles ont bien lieu et quatorze morts, mais
qui ne
sont pas le fait de la police. Et toujours sa seule passion
glaciale,
la logique, démontrer. Démontrer l’inanité de notre non-vie
politique, l’inanité des manifestations, tandis qu’un
non-parti,
une machine à voter au Palais-Bourbon commence aujourd’hui de
discuter la loi anticasseur. La garde des Sceaux, lugubre,
caricaturales de vieillesse, qui a osé mettre en garde une
commission d’enquête parlementaire sur BENALLA, ses pratiques
personnelles, et celles de l’Elysée en matière de gestion et
de
recrutement de personnels, au motif que ce serait attentatoire
à la
séparation des pouvoirs…
J’entre dans
l’affaire
GHOSN en prenant déjà langue avec notre ambassade à Tokyo.
Physiquement, je
vais mieux :
fièvre, sueurs, faiblesse ne sont pas « là » pour ce
moment du matin.
12 heures 39 +
Exception, pas
de rencontre au laboratoire de Chubert, sauf les retrouvailles
de
l’une des secrétaires, vraiment en forme jolie et apaisante. -
Je
vais proposer deux cent euros, l‘oubli de ‘incident ainsi que
ma
non-intervention contre leur piscine, s’ils me déposent, au
pare-brise de l’une de nos voitures mon porte-document e son
contenu.
14
heures 40 + Ecrit à Marie-Françoise pour le lui donner en
arrivant
à notre chapelet 2.
17 heures 04 + Edith
partie au
Lidl de Muzillac
dès
mon arrivée. J’essaye de réorganiser ma bibliothèque latérale
avant la nuit : davantage d’aise et de présentation pour le
retour de notre fille demain. Midi, je persévère dans mon idée
d’acheter le retour de mon porte-document, et dépose la lettre
demain matin en partant au foin et au collège…
1-
lettre aux Hébreux X 1 à 10 ; psaume XL ;
évangile selon saint Marc III 31 à 35
2- Oui, votre belle lettre et tout ce que vous m’y
avez confié, en sus de la confidence de vos intenses et
permanents chagrins, m’a beaucoup touché. Beaucoup de
noblesse et beaucoup de coeur.
Et maintenant évoquer avec vous nos jours de Lourdes, et
sachant vos splendides yeux bleus . manteau de la Vierge .
regardant mon visage qui fut beau naguère. C’est le
présent qui comble et qui magnifie, rend chaleureux et
secourable notre souvenir du passé, notre mobilisation du
passé, la mobilisation de notre passé comme
ré-accompagnement et reviviscence.
Donc, Lourdes avec notre fille de quatorze ans… tout le
mercredi 26 dans le train avec deux changements, paisible,
lecture, quelque chose de Jean Guitton donnant le
catéchisme à sa manière, un livre raté et d’ailleurs peu
apprécié de l’épiscopat à l’époque, contemplation de notre
Grand Ouest, maisons, paysages, noms des gares. Foyer
familial des Dominicaines de la Présentation, en face de
la gare, accueil chaleureux, respectueux et priant,
commode. Le jeudi 27, longue marche avec erreurs de chemin
malgré diverses balisages en direction de la Grotte.
Autrefois, avec une communauté route en 1960 et service en
piscines, puis avec ma troupe scoute l’été de 1964, puis
avec une amie dont je ne parvenais pas à susciter la
réciprocité de mes sentiments amoureux, l’été de 1968…
l’ensemble grotte-processions-piscines impressionnant et
édifiant, mais une ambiance autour, trop commerciale. Et
en vie spirituelle, peu de dévotion mariale alors (il y a
fallu le chapelet, commencé d’être pratique chaque fois
que je prends le volant depuis l’automne de 2015).
De l’espace certes, le Gave, le fond de montagnes hautes,
des arbres, la verdure malgré l’hiver, pas grand monde et
la laideur de l’ensemble grotte-basilique en altitude
au-dessus. Matériau de la grotte faisant béton à la
manière du rocher aux singes du zoo de Vincennes.
Evidemment, la statue que n’a jamais appréciée Bernadette.
Et pourtant… des heures magnifiques, ressourçantes,
emplissantes, vibratiles et heureuses. La densité palpable
sensoriellement : étrange sensation… la densité de la
prière, de la ferveur, donc la messe à la grotte, la
présence autour de la grotte et le long du Gave devenant
autant d’instants de prière, d’action de grâces, de
présence à Dieu, de dialogue avec la Vierge. Deux grands
moments. Après la messe, jeudi et vendredi : la piscine.
Je porte en moi plusieurs grands malades. Processus simple
mais inoubliable : l’attente entre hommes, silence. Se
déshabiller, être couvert pour le bas-ventre par un tissus
noir et humide. La plongée pas longue, l’aspersion de la
tête, les invocations. La première fois, dans le
vestiaire, première rencontre un Juif américain et son
fils. Les hospitaliers, trois, chacun intéressant,
exemplaire. L’autre moment a été un renouvellement
permanent : des rencontres de toutes personnes, la Corée,
l’Afrique noire, le Québec, etc. langage et regard
communs. La foi.
Grande rencontre, préparée par un livre d’époque, trouvée
en édition originale chez Emmaüs, la première enquête qui
suscita félicitations et approbation de Pie IX. Bernadette
qui n’a jamais été guérie, qui a continué d’aller à la
Grotte, après qu’aient cessé les apparitions, et suprême
humilité – certainement pas malgré elle, au plus
spirituel, au contraire – canonisée seulement soixante ans
après alors que le monde et l’Église doivent tout Lourdes
et ses miracles… à son sens spirituel, à sa disponibilité
et au choix d’elle personnellement que fit Marie pour
confirmer le magnifique et évident dogme de l’Immaculée
Conception. J’ai été séduit par Bernadette et le demeure.
Notre fille a surtout regardé, prié, acheté des cierges,
nous nous sommes encore plus confiés l’un à l’autre,
notamment pour mon état de santé, très médicamenté. Ce
pélerinage était en partie pour réaliser un vœu fait
d’aller de Lisieux à Lourdes, et aussi de contribuer à la
béatification de Mère Yvonne-Aimée, si je recevais un
enfant de mon sang. C’était problématique alors : ablation
de la prostate, mariage et désir d’enfant avec ma compagne
et future femme pas vraiment décidé. Et puis… procréation
médicale assistée, succès du premier coup, ma femme la
plus âgée du groupe de trente, elle et une autre femme
très jeune, seules exaucées. Mariage le 18 Juin 2004, et
naissance le 22 Novembre suivant : anniversaire de
naissance du général de Gaulle (auquel je suis
particulièrement attaché) et de la libération de
Strasbourg en 1918 et à un jour près en 1944, ma femme
alsacienne et de Strasbourg.
Heures de marche aller et retour dans la vieille ville,
belles le soir. Longue marche pour aller à un Mac Do.
selon le souhait de Marguerite. Longs moments dans la
salle résumant et présentant les miracles reconnus,
quelques 70, mais certainement il y en a eu dix ou cent
fois plus. Maison d’enfance de Bernadette dans le vieux
Lourdes. Rencontres chez les Dominicaines : un jeune
couple turinois et leur fille, des Français d’outre-Mer
(Wallis-et-Futuna), un homme encore jeune en discernement
d’une possible vocation sacerdotale ou religieuse.
Retour tout vendredi par les mêmes trains et changement à
Bordeaux et à Nantes. Je lis alors ce livre de 1869 sur
Notre Dame de Lourdes.
Difficile de tout communiquer, mais tout reste et respire
en moi. Et je le suppose en Marguerite, selon le point de
sa propre vie… Nous n’en avons pas encore reparlé.
Mercredi 9 Janvier dernier, je laisse sur le toit de notre
voiture mon porte-document afin d’avoir les mains libres
et assurer deux de nos chiens à l’intérieur. J’ai démarré
oubliant le toit. C’est tombé sur la petite route menant
chez nous, un seul passant : un voisin nous haïssant,
ayant fait fusiller cinq de nos chiens et empoisonné deux
autres, notre interdiction de chez nous, vingt-cinq beaux
hectares le long du Penerf. Ma femme et mon beau-frère,
alertés et revenant une demi-heure après, ont trouvé en
désordre le long de la petite route, mes prescriptions
médicales, mes lunettes, ce qui montre que mon
porte-document a été ramassé, inventorié, trié. Cadeau de
ma mère, il y a quelques quarante ans. Carnet de notes
(celles de Lourdes, avec contacts, adresses et
méditations), et appareil de photos numériques que je
n’avais pas transposées encore sur mon ordinateur : plus
de 600 images, nos moments à Lourdes. Volés. Sens ? selon
Dieu. Probablement, me souvenir plus intensément et
revenir à la prière d’alors. . .
Je
ferme cette lettre, il est temps que je fasse pélerinage à
notre rencontre.
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