Lundi 2 Avril 2018 ... pour les samedi 31 Mars et dimanche 1er Avril 2018
Comme
chroniquement, mon réveil
de chaque jour est un rappel au doute sur ma capacité
désormais de
travail : j’entamerai, je l’espère, mon autobiographie
réfléchie, lundi
prochain, la bonne date, mais aurai-je la force. Si oui, joie
certaine et forme
la plus juste de cette transmission dont le devoir et
l’urgence (politique,
personnel, spirituel, affectif) m’habitent. Et aussitôt
ensuite, la sensation
que notre pays est sciemment, méthodiquement détruit, ses
structures une à une,
physiques, morales, mentales, institutionnelles supprimées,
raillées. Pas
d’éléments novateurs pour notre cohésion, pas d’outils de
perspectives et de
mises en commun, mais le giro-broyeur… latent pendant le
mandat précédent, affirmé,
triomphal, sentencieux à présent… contre : la possible prise
de conscience
progressive de ce qu’il nous advient et qui n’a pas de
précédent, pas même le
vocabulaire pour le décrire et caractériser. Jean-Rémi me
courielle exactement
mon sentiment [1]puis
mon précieux Michel résume un de ses parcours : la foi [2].
Réponses qui ne me
sont pas personnelles : la probable mais lente à venir d’une
découverte
des Républicains en marche, au
Parlement et dans le pays, qu’ils ont été dupés, mais ils
attendaient tant et
si honnêtement. La foi se reçoit, sa pérennité tellement
accompagnante en nous
est une grâce. Chemin qui me fut : de naissance, la foi. La
justesse, la
beauté, la dialectique subjugante des psaumes, de l’évangile
de saint Jean, les
heures monastiques de mes quinze ans à jeudi dernier (la
chapelle de
l’archevêché et l’office à sept-heures quarante, l’archevêque,
le vicaire
général, la mère de celui-ci de passage et la religieuse
tenant la maison), puis
le discernement de Dieu chez les autres, la force de toute
fragilité chez les
religieux rencontrés et accompagnés toute ma vie, de leur
fidélité aux
changements de cap, enfin aujourd’hui et plus clairement et à
nu depuis mon
exclusion professionnelle, finalement sans rémission, à
l’automne de 1994, un véritable compagnonnage m'est accordé. Lectio
divina quotidienne, par de
premières
télécopies à ma chère femme avant que nous habitions ensemble,
la circulation
de mon message quotidien (jusqu’à 700 destinataires) et depuis
sa naissance, la
prière du soir au chevet de notre fille. A longueur de
journée, les visitations
[3]m’affermissant.
Et de
nouvelles rencontres fortes : précisément l’abbé bénédictin de
Sainte-Anne
de Kergonan, Amédée HALLIER cistercien de Bricquebec,
plusieurs prêtres
diocésains. Et l’indication que je puis être utile tel que
j’ai été réduit, que
si j’étais resté « en poste » : des correspondances fortes,
amicales et confiantes, ainsi celles de ce jour et
l’amphithéâtre de
l’Institut d’Etudes politiques à Toulouse. Le défi quotidien
de l’amour
(attention, charité, responsabilité) en famille. La surprise
quotidienne de la
beauté : des âmes, des levers et du coucher du soleil « chez
nous », nos animaux, textes bibliques du jour ou de hasard,
pages de
livre, travail scolaire avec notre fille,
attention ou mise en évidence, ma chère femme et moi, à
partir des mêmes
indices de notre vie nationale. Et à mesure du vieillissement
et de
diminutions, une paix et une attente que je ne vivais pas, il
y a encore peu.
La liturgie, les
sacrements, leur
justesse. La veillée pascale dans notre église paroissiale. Le
rite et la
liturgie : la vie-même. Le « feu nouveau », richesse des
images
et du texte… en cette nuit très sainte, l’Eglise invite
tous ses enfants à
célébrer la résurrection de notre Seigneur…
avec qui nous sommes établis dans une communion de vie et
d’amour avec
Dieu… Le cortège, encore
plus beau et
prenant qu’au jour matinal des Rameaux. Retrouvailles de la
fille de mes amis
B. et de ses enfants. Marguerite, ses compagnes servantes
d’assemblée, la
troupe des R. en servants d’autel. L’Exultet, pour la première fois que
j’entends en
français : texte beau [4].
Belle voix de notre
recteur. L’assemblée a reçu son unanimité, son élan. Les
textes, la Création,
l’insistance et la redondance : la semence… selon son
espèce, le fruit
qui porte sa semence… Puissance
affective
de la liturgie, et pour le lecteur, que placé où je suis, je
vois de vraiment
près, le fait-même de lire. Mémoire de toutes les célébrations
pascales de ma
vie. Etonnant Ezéchiel sur la diaspora. Je les ai
dispersés parmi les
nations, ils ont été disséminés dans les pays étrangers… ils
sont profané mon
saint nom, car on disait : « C’est le peuple du Seigneur, et ils
sont
sortis de son pays »… Homélie :
les trois dons de cet office pascal, le passage, la vie, la
lumière.
L’enseignement apostolique : notre foi n’est pas solitaire,
elle n’est pas
une philosophie, elle est factuelle : si nous avons été
unis à lui par
une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une
résurrection
qui ressemblera à la sienne. Le premier
texte sur la Résurrection, proposé cette année, est la version
évangélique la
plus elliptique, le suspense demeure, ou plutôt il naît, car
personne
n’attendait la résurrection de Jésus, ne s’y attendait, de
même qu’aujourd’hui
l’agnostique et le distrait raisonnent sur la mort et son
éventuelle suite,
uniquement selon eux-mêmes : circuit fermé. Les saintes
femmes, les
embaumeuses en sont pour leurs frais, le texte ne dit pas que
le tombeau est
vide, mais qu’il est occupé autrement que ce à quoi, le
sabbat terminé,
Marie Madeleine, Mari, mère de Jacques, et Salomé s’attendaient : elles s’aperçoivent qu’on a roulé
la pierre,
qui était pourtant très grande. En entrant dans le tombeau,
elles virent, assis
à droite, un jeun homme vêtu de blanc. Elles furent saisies de
frayeur. Constat et
instruction : il n’est
pas ici, voici l’endroit où on l’avait déposé, et maintenant
allez dire à ses
disciples et à Pierre… [5]
La prière des psaumes… Non,
je ne mourrai
pas, je vivrai pour annoncer les actions du Seigneur… Quelle
profusion dans tes
œuvres, Seigneur ! tout cela, ta sagesse l’a fait ; la terre
s’emplit
de tes biens. Bénis le Seigneur, ô mon âme ! … De toit dépend
mon sort. Je
garde le Seigneur devant moi sans relâche… Tu m’apprends le
chemin de la
vie : devant ta face, débordement de joie. Les invitations prophétiques : vous tous qui avez
soif, venez,
voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter
et
consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent, sans
rien payer.
Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous
fatiguer pour
ce qui ne rassasie pas ? Ecoutez-moi bien, et vous mangerez de
bonnes
choses, vous vous régalerez de viandes savoureuses…
Messe du jour,
hier matin à
laquelle je serais « allé » si notre fille avait souhaité que
nous y
participions. Je ne l’ai pas réveillée. C’est à Jésus que
tous les
prophètes rendent ce témoignage : Quiconque croit en lui reçoit
par son
nom le pardon de ses péchés [6]…
Vous
êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le
Christ en Dieu.
Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous
paraîtrez avec lui
dans la gloire. Le
premier acte du
magistère de l’Eglise, dès sa naissance à la Pentecôte : le
discours de
Pierre, l’effusion de l’Esprit, manifeste. Mais le début de
son propre ministère
est une convocation et par ceux qu’il va à avoir à
évangéliser, choc
culturel s’il en est : les centurions dans le Nouveau
Testament. C’est
bien Rome qui sera la capitale de l’Eglise puisque le temps
politique est celui
de Rome et son empire. Je le crois aujourd’hui celui d’une
œuvre pacifiante et
réconciliant tous les monothéistes sur une terre exemplaire et
explosive :
le pape résidant désormais à Jérusalem. Aller à ce qui semble
le plus étranger,
le moins « traditionnel ».Le centurion Corneille, homme
juste et
craignant Dieu, à qui toute la nation juive rend bon témoignage,
a reçu d’un
ange saint l’avis de te faire venir chez lui et d’entendre les
paroles que tu
as à dire. Redondance de
Paul :
théologie existentielle. Jean entretient le suspense noué par
le récit de
Marc : la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court
donc trouver
Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et
elle leur
dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne
savons pas
où on l’a déposé. Il n’est
pas
question de résurrection, mais seulement d’une disparition. Et
toujours le
constat : la pierre a été roulée. Pierre fait l’état des
lieux, mais c’est
Jean, sans voir davantage ni a fortiori Jésus, qui a
l’interprétation parce
qu’il a la référence. Il vit et il crut. Jusque-là, en
effet, les disciples
n’avaient pas compris que, selon l’Ecriture, il fallait que
Jésus ressuscite
d’entre les morts.
[1]
- Le 02/04/2018 à
08:08, JR a
écrit :
Notre
pays, sombre dans la dictature, les lobbys et les FTN
dominent notre
République, de nombreuses lois votées au parlement sont
passées sous silence.
Le peuple n'est pas informé, il ne se doute pas de ce que
lui prépare notre
nouveaux régime despotique qui possède comme raison, celle
des multinationales.
Avec comme « représentant » pour le peuple français, un
démagogue issu des
banques placé au poste de président de la république pour
assouvir le désir de
puissance des lobbys.
Avec
le vote d'un texte de loi sur «
la protection des
savoir-faire et des informations commerciales non
divulgués contre l’obtention,
l’utilisation et la divulgation illicites », fini les
lanceurs d'alertes, fini
l'investigation sur les industries aux pratiques
douteuses, fini l'information
sur les perturbateurs endocriniens, sur les
nano-particules, fini la liberté de
connaître les poisons que les industries
agroalimentaires nous font ingérer.
Nous sommes en dictature, le pouvoirs de
notre démocratie est
désormais orienté vers l'argent et non plus vers le
peuple, qu'elle est censée
protéger. La presse en étant ainsi muselée ne pourra
désormais plus nous
informer sur la diminution continuelle de notre espérance
de vie, mais quelle
bonheur de se sentir protégé !
Je vais conclure cette courte pensée par un
citation révélatrice
d'Octave Mirbeau (1888) : «
Les moutons vont à l'abattoir. Ils ne se disent rien,
eux, et ils n'espèrent
rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher
qui les tuera, et pour le
bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus
moutonnier que les
moutons, l'électeur nomme son boucher et choisit son
bourgeois. Il a fait des
Révolutions pour conquérir ce droit. »
Article
du Monde sur le texte de loi:
Très affectueusement
J-R
Durant
mes
années d'étudiant, j'ai beaucoup lu sur la religion
chrétienne après avoir
rencontré le frère Pierre-Yves, bénédictin à en-Calcat,
que m'avait présenté un
ami qui l'avait rencontré chez les scouts-marins aux
Glénans. J'ai donc pris la
route pour l'abbaye durant les vacances de Pâques,
délaissant la rue
saint-Guillaume où je ne me plaisais guère. J'ai adoré ces
retraites au pied de
la Montagne Noire où j'étais pris en main par Pierre-Yves.
Nous travaillions
aux champs, aux moutons, nous nous occupions du
"ravitaillement".
Pierre-Yves resplendissait de joie. Il était drôle et
sérieux, nullement
prosélyte. Il m'a seulement fait lire les Principes et
préceptes du retour à
l'évidence de Lanza del Vasto et mon approche de la
foi s'est transformée
plutôt en syncrétisme "bouddhisto-christique".
Puis,
obéissant
à sa vocation profonde, Pierre-Yves est devenu ermite,
d'abord sur l'île de la
Jument puis sur l'île Longue. J'ai séjourné auprès de lui
avant la rentrée
universitaire (après le diplôme de Sciences-Po en 74, j'ai
passé deux ans à
Assas pour décrocher une maîtrise de droit public ce qui
me laissait beaucoup
de temps libre pour voyager, draguer, baiser et bouquiner)
en 1974 et 1975.
Nous nous levions de bon matin pour travailler dans les
parcs à huîtres. Il
avait une petite barque à rames et, fort de sa
connaissance épatante des
courants - il comparait le Golfe à un évier qui se vide et
se remplis sans cesse
- nous avons sillonné cet empire aquatique, fait escale
dans ses
villages-ports, ses îles et à bord de ses navires, où il
était reçu partout
comme un ami. Il pratiquait auprès de tous un savoir-vivre
simple et rayonnant
qu'il devait peut-être plus à sa personnalité méridionale
(fils du recteur de
la fac de Montpellier) qu'à sa foi. Je n'ai pas éclairci
ce mystère. Et nous
nous gorgions de fruits de mer. Le matin, au début du
travail, on commençait
par six belons 00 et nous tirions de la boutanche de
Muscadet rafraichie toute
la nuit dans l'eau iodée du Golfe, une bonne lampée qui
nous faisait
"tenir" jusqu'à midi. Parfois on chassait les lapins de
l'île et on
les préparait pour le repas du dimanche.
Puis
Pierre-Yves
a été envoyé comme curé de la paroisse d'Hoedic et Houat.
Il est mort assez
jeune, humilié je crois par des accusations de touche-pipi
pédophiles qui m'ont
profondément étonné. Il m'avait confié qu'il avait fait
vœu de chasteté et
qu'il ne culpabilisait pas si la physiologie lui faisait
parfois souiller ses
draps. Il me rappelait que Jésus avait lui aussi été très
souvent soumis à la
tentation satanique des femmes. Il ajoutait en riant que
nombre de mères juives
voulaient le marier à leurs filles. Un guérisseur, même un
peu allumé, ce n'était
pas un mauvais gendre ! Et puis, il était beau garçon, le
mec Jésus, tout le
portrait de son Père (ahahah) ! Pierre-Yves aussi avait de
l'allure, en jeune
moine naturellement tonsuré) !
Mes
origines
juives, mon éducation protestante (dix ans d'"Ecole du
Jeudi" au
temple de la rue Erlanger), mes expériences, mes lectures
et ma réflexion, font
aujourd'hui de moi un agnostique tolérant, intéressé par
vos écrits profanes et
religieux, et assez horrifié par les crimes commis encore
aujourd'hui au nom de
Dieu, par des Juifs et des Musulmans, sans oublier des
Bouddhistes birmans. Ma
blessure médullaire et ses effets sur mon existence m'ont
fait approcher
concrètement l'idée de la mort - volontaire ou inéluctable
- et je n'y
discerne aucune porte de sortie transcendante. Mais qui
sait ?
[3]
- Jean GOUVERNAIRE, sj . Quand Dieu entre à
l’improviste
[4]
-
voici pour tous les temps l’unique Pâque, voici pour
Israël le grand passage,
voici la longue marche vers la terre de liberté ! Ta
lumière éclaire la
route, dans la nuit ton peuple s’avance, libre,
vainqueur ! Voici
maintenant la victoire, voici la liberté pour tous les
peuples, le Christ
ressuscité triomphe de la mort !
[5]
- Genèse
XXII 1 à 18 ; psaume XVI ; Exode XIV 15 à XV ; cantique Exode
XV 1 à 18
passim ; Isaïe LIV
5 à 14 ;
psaume XXX ; Isaïe LV 1 à 11 ; cantique Isaïe XII 2 à 6
passim ;
Baruc III 9 à 32 passim & IV 4 ; psaume XIX ; Ezéchiel
XXXVI 16 à
28 passim ; psaume XXXI ; Paul aux Romains VI 3 à 11 ; psaume CXVIII ;
évangile selon saint
Marc XVI 1 à 7
[6]
- Actes des Apôtres X 34 à
43 ; psaume CXVIII ; Paul aux Colossiens III 1 à 4 ;
évangile
selon saint Jean XX 1 à 9
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