DIMANCHE DE PÂQUES
1er AVRIL 2018
EN LA CATHÉDRALE
SAINT-ÉTIENNE DE TOULOUSE
1er AVRIL 2018
EN LA CATHÉDRALE
SAINT-ÉTIENNE DE TOULOUSE
Au
début du Carême, deux fois dans la même semaine, j’ai vu Jésus !
Rassurez-vous, je ne vais pas vous parler de visions. La première fois, c’était
au Zénith de Toulouse, où j’étais invité à voir le Jésus d’Obispo, une comédie musicale sur la vie du Seigneur, assez
juste, avec de belles voix pour de belles musiques ; la seconde fois,
c’était après avoir inauguré le Chemin de croix de cette année à
Saint-Sernin : j’ai retrouvé un bon nombre de personnes au cinéma pour
voir Jésus, l’enquête. Ce film
américain raconte comment un père de famille, voyant sa femme se tourner vers
Dieu, après le sauvetage de leur fille, entreprend de prouver que Jésus n’est
pas ressuscité : il n’y parvient pas.
Ce
n’est pas tout. L’Apparition est un
autre film, plus compliqué, qui présente un journaliste (Vincent Lindon) envoyé
par le Vatican pour enquêter sur une voyante qui prétend avoir vu la Vierge
dans le Sud-Est de la France. Un peu après est arrivé le film La Prière, qui est très beau, dans
le contexte de toxicomanes qui se régénèrent par la prière et le travail, comme
dans le Cenacolo de Sœur Elvira, tel
que nous l’avons dans la Province de Toulouse à Lourdes. Cette semaine est
arrivée le Marie Madeleine du
réalisateur de Lion, ce film
admirable d’un petit Indien perdu qui finit par retrouver sa mère. Il faut se
réjouir de voir comment la foi chrétienne est illustrée à nouveaux frais dans
ces films ou spectacles parus au cœur du cycle pascal, depuis le début du
Carême. Dans un climat où les islamistes ont frappé un vrai Chrétien dans
l’Aude tout près de chez nous, il est bon de voir notre foi célébrée, même si
la liberté des artistes n’est pas toujours parfaitement ajustée aux Écritures
et à la tradition de l’Église.
Marie
Madeleine a toujours inspiré les artistes, qu’il s’agisse de la peinture, de la
littérature ou du cinéma. Elle est au cœur des récits de la Résurrection de
Jésus, comme nous venons de l’entendre : « Le premier jour de la
semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin. » Le tombeau
est vide, comme la grotte est vide à Lourdes, mais une immense présence se fait
jour peu à peu, surtout dans les cœurs invités à la foi donnée au Ressuscité.
Car
il ne s’agit pas de chercher des visions,
ni de visionner trop de films. Il
nous faut ouvrir les yeux du cœur pour voir. Jean, « l’autre disciple », arrivé
le premier au tombeau n’entre pas ; il laisse la place à Pierre, le chef
des Apôtres, mais il aperçoit les linges affaissés, vidés du corps qu’ils
enveloppaient. Ce qui suit est lapidaire : « Il vit et il crut ».
Remarquons qu’il ne voit pas Jésus, mais il « comprend », voit les
signes et donne sa foi.
Un
peu plus tard dans ce radieux Jour de Pâques, Marie-Madeleine revient au
tombeau ; elle ne reconnaît pas Jésus, mais dans le jardin pense entendre
le jardinier. Un seul mot de son Seigneur, son nom à elle prononcé par lui, la
retourne. Jésus l’envoie comme « apôtre des apôtres », selon la
parole de saint Grégoire le Grand. « Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux
disciples : J’ai vu le Seigneur ! ».
Le
soir venu, Jésus apparaît à ses Apôtres à leur tour. Plus tard, ils disent à
l’un des leurs, Thomas, qui était absent : « Nous avons vu
le Seigneur ! » Mais il n’en croit rien. Il faudra que Jésus revienne
et l’invite à voir, à toucher. Ce qui suit est le plus important :
« Parce que tu m’as vu, Thomas, tu crois ; heureux
ceux qui croient sans avoir vu ».
Au premier
chapitre de saint Jean, résonne l’annonce de l’Incarnation : « Le
Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous et nous avons vu
sa gloire » (1, 14). Voir et croire sont au cœur de
l’Évangile selon saint Jean, du début à la fin. C’est pourquoi la conclusion du
chapitre qui s’ouvre ce matin arrive clairement : « Il y a encore
beaucoup de signes que Jésus a faits en sa présence des disciples et qui ne
sont pas écrit dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et
pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom » (20, 30-31). Croire, c’est voir, c’est vivre du
Ressuscité. Alleluia.
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