Mercredi 27 décembre 2017
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heures 57 + Clavier que je n’ai pu ouvrir depuis hier matin. Organiser
l’évaluation de ma voiture bloquée au fin-fond de l’Auvergne, sa réparation
éventuelle et mes trajets là-bas, assurance, congés de garage et mon cousinage
comme éventuel accueil. Puis notre trois-quart de journée chez la cadette de
« mon » peintre, Jean-Yves COULIOU, et aujourd’hui – Ambiance, le
poêle à bois, Marguerite devant, nos chiens autour et le téléphone avec son
amie Emma, du temps du primaire à Saint-André de notre « bled », je
n’ai pas pris le verbatim, il est délicieux : titre et thème, raconter sa
vie, les lectures dont on est "fan" (mangas, huntergames), la classe, les gags, la rue, il y a le
parler beur, et il y a le parler des 13-14 ans. Très s’est dit trop, c’est
presque fini, c’est grave, je suis
grave-intelligente, on se p… de rire. Maintenant sur l’écran de l’I-phone, un youtube. De mon côté, « prenant » les
nouvelles, je lis du Monde, le krach de l’euro (- 3% quelques minutes ce matin,
ou plus, ce n’est pas dit) du fait de l’ « algo-trading ». Ma
chère femme, incollable à l’époque (elle l’enseigna à notre cher Jean-Marcel JEANNENEY)
sur la crise des « subprimes » et de la « titrisation » et
depuis longtemps sur les « produits dérivés », n’a pas de notion sur
cet « algo-trading » qui ajoute à ces mécanismes faisant à l’homme
toutes ses mises au point et « inventions ». J’essaie d’expliquer à
Marguerite les méfaits d’une économie spéculant sur l’homme et complètement
« hors-sol », la croissance n’étant plus la production et ne créant
pas d’emplois, et l’homme n’étant qu’apport à la spéculation puisqu’il ne vaut
que par sa capacité à consommer solvable. C’est là que l’a prise au téléphone son
ami Emma. Nous irons ensemble voir Paddington
2 et elles continueront aux « lasergames » tandis que,
chauffeur de maître, je ferai autre chose.
Hier,
donc, Ti Er Mad, une longère en Bretagne semi-profonde, aménagée comme une chaumière
de Walt Disney et illuminée intérieurement comme une maison de poupée, le
dépaysement complet sauf quelques toiles de Jean-Yves COULIOU, et la bagoût de
notre hôtesse, le charme silencieux et amusé de son époux, le contraste de leurs
diplômes chacun en histoire, elle, et en philosophie, lui, et leur entreprise
actuelle : la chambre et la table d’hôtes. Les circuits de la notoriété et
là encore une version de l’économie négrière qui aujourd’hui régit tout, mais
la leçon de bonheur n’est pas des lieux pour contes de fée, elle est cet amour
familial, garçon et fille, adolescents et beaux, le couple extraordinairement
lié et si contrasté. Le lien est vraiment la vie commune qu’ils aiment et le
respect mutuel pour le secret de chacun. J’y ai écouté comme rarement tant
j’étais pris, ma chère femme heureuse, visiblement heureuse de cette ambiance,
de ce décor, les chambres d’hôtes à l’étage, des ensembles que nous aurions pu
aménager chez nous, le travail des adultes, les études des enfants. S’y
ajoutait le passage d’une relation, origine allemande, parcours étonnant des
études de Berlin à Trêves, puis un établissement en troisième âge, non loin,
après une étape autour du château de Suscinio, les relations de voisinage pour
ce type d’expatrié. Là encore, une histoire, des chagrins, une curieuse
spécialisation en violon d’Ingres : les pathologies de chèvres, cultivée
semble-t-il par internet pour comprendre la passion d’une jeune femme un temps
la sienne et élevant précisément des chèvres de toutes origines, peut-être cinq
ou six races. Avec le fils de la maison, écoué l’ambition et le perfectionnisme
littéraire, la composition en cours, d’un poème épique en vers, toutes
métriques respectées. Des moments où les destinées entrevues, les vies comme
des flèches que l’on va tirer, ou qui, tirées, ont atteint leur cible,
initialement pas prévues mais logiquement visées.
Route
de retour d’au-delà de Lorient, les « nouvelles » sur France-Info.
L’Inde devenue la 5ème puissance économique du monde, devant
l’Angleterre qui a nous a doublé à la fin du quinquennat de NS… débat sur ce
qu’est la puissance économique. L’évidence de l’irréalité des statistiques pour
une économie en croissance 7 ou 8% certes, mais ne créant aucun emploi,
augmentant d’année en année les écarts de revenus et de conditions. Belle
illustration de la non-application des récents indices mis au point par des Nobel successifs : le bonheur, le bien-être
social comme critère d’évaluation et comme fin de toute politique. Pour nous,
le produit de l’Inde, c’est MITTAL, Florange et la fin de notre sidérurgie. Et
notre mendicité, EM au printemps ou dsè Février pour y vendre des Rafale… Une population qui va vite avoisiner celle
de la Chine. Mais le mystère de cette civilisation, de ces spiritualités :
comment ? par rapport à la sécrétion économique actuelle ? Et le
régime chinois, un mode de tous les siècles ? une dictature ? le
parti unique, le secret des promotions et des carrières politiques, les votes à
main levée, si peu de femmes, et la floraison financière ? Les droits de
l’homme sur les bords du Gange, à Bénarès selon les images de ce que je ne
connais pas. Les conflits des années 1959-1965 ? sans images ni reportages
possibles, énormes et sans récit, commencés et finis sans que nous le comprenions,
le percevions même, conflits à nouveau, rivalités à quel propos ? les
technologies de maintenant mises en oeuvre ? le nucléaire ? Comme
depuis l’apparition de l’homme, ce sera des morts d’hommes, de femmes et
d’enfants. Je crois plutôt à l’inimaginable, donc le pire. POUTINE, lui, utilise
les vieux jeux et qui marchent : l’intoxication des démocraties
européennes et américaines que rend si facile « la toile », la
rumeur. Mais la Chine, fabriquant toute notre informatique, la démonstration
coréenne des attaques cybernétique. Nous nous trouvons confrontés avec tous les
types de terrorismes : celui des Seljoucides et des groupes répliquant à
nos Croisades, et celui des technologies les plus futuristes. Nous n’avons
qu’une seule parade mais nos dirigeants et leur modèle de direction – dont EM
va devenir le type presque parfait, dont les mises en scène ou en bandes
dessinée cachent le robotisme qui ne me semble pas l’effet d’une réflexion
personnelle – est le contraire d’une recherche de la cohésion sociale et
nationale, le contraire d’une incitation à la démocratie, à la décision
collective. C’est le désarmement mental, la vulnérabilité technologique autant
que la cupidité ou l’apatridie de dirigeants d’entreprise qui ont le sens du
lucre mais nullement la culture et l’esprit de l’entreprise à la direction
desquelles ils accèdent comme au jeu des chaises musiciennes.
L’Eglise, en
ces fêtes de Noël, que cette année, je vis comme le début d’une phase nouvelle
de ma vie, peut-être la plus intérieure et la plus féconde, nous enseigne le
contraire. Le premier martyr chrétien : Etienne, dont le récit nous
introduit à Paul [1].
Il est aussitôt eschatologique, mais vécu très historiquement et très
physiquement. Jésus est exécuté à la romaine, Etienne selon la tradition juive
et sur décision populaire de le lyncher, que prennent non des Juifs de
Jérusalem et environs, leur hiérarchie surtout, mais des Juifs de la
diaspora. Etienne, cheminement pour comprendre l’objectivité des visions et
apparitions pour le voyant, mais invisibles pour ceux qui l’entourent ou le
cernent : Thérèse SOUBIROUS (les thèses de Marc ORAISON, bien appliquées
par mon ami Patrick SBALCHIERO, son dictionnaire du merveilleux dans l’Eglise
catholique). Mais pour le martyr, c’est la configuration au Christ : Reçois mon esprit… ne leur compte pas ce péché… La réaction de la foule est celle des
participants à la comparution de Jésus devant Caïphe. Le titre que se donnait
le Christ est repris par les Actes et par le maryr : il vit la gloire
de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu… voici que je contemple les cieux
ouverts et le Fils de l‘homme à la droite de Dieu. Le chant qui couve tout est celui du psalmiste : ton amour me
fait danser de joie : devant moi, tu as ouvert un passage. Textes de toujours pour les Juifs que
reprend le mourant : entre tes mains, je remets mon esprit. Quant à la défense du diacre face aux
ennemis de la chrétienté naissante, puisqu’il accomplissait parmi le peuple
des prodiges et des signes éclatants,
elle illustre l’assurance donnée par Jésus aux siens : ils se mirent à
discuter avec Etienne, mais sans pouvoir résister à la sagesse et à l’Esprit
qui le faisaient parler…Quand on vous livrera, ne vous inquiétez pas de savoir,
ce que vous direz ni comment vous le direz : ce que vous aurez à dire vous
sera donné à cette heure-là… Je le reçois aussi comme la promesse d’une
inspiration quand le moment (enfin) me sera donné de me remettre à écrire.
Ce
soir, le sens de Noël – fondamental. Le passage de la vie courante à la vie
éternelle. Les deux modes : la théologie, le vécu. La vie s’est manifestée, nous l’avons vues, et nous
rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès
du Père et qui s’est manifestée à nous…Ce qui était depuis le commencement, ce
que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons
contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons. Cheminement de Jean, le disciple que
Jésus aimait : le tombeau pas
seulement vide, mais soigneusement mis en ordre, linges sépulcraux compris
comme des emblèmes de ce qui ne sert plus : une lumière est semée pour
le juste, et pour le coeur simple, une joie… C’est alors qu’entra l’autre
disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. [2]
La
distance entre ce que nous devrions faire et la manière dont nous nous
comportons, d’instant en instant dans ma vie de ce soir, par exemple, tout le
service qu’assume ma chère femme, ou dans la direction de notre société, de
notre économie, ou dans la gestation d’une Europe telle que nous soyons dignes
de ce qu’elle peut être, en défense sans doute contre l’ensemble des nuisances
et stratégies contemporaines la visant parce que ses éléments composants ne
savent pas la faire enfin vivre, mais surtout en promotion des gens chez elle
et d’autres relations internationales pour notre planète, cette distance-là
entre le devoir, le souhaitable, le possible d’une part, et le hiératisme
actuel, ce sont les évangiles de la Nativité, soulignés et signifiés par ceux
de la Résurrection, qui nous l’inculquent.
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