Samedi 14 Octobre 2017
21 heures 49 + Notre fille, et
toutes les quatrièmes
de son collège, roulent depuis une heure vers Calais ;
Canterbury pour
commencer ce séjour en Angleterre, ville petit possible à
visiter à pied. Les
vandalismes de l'époque d' Henri VIII.
La comparaison me vient avec la
"révolution culturelle" en Chine : les élites décriées et
rééduquées,
le totalitarisme et ses prétextes, la religion,
l'idéologie communiste ou
nazie. Aujourd'hui, les dictatures sont celles de groupes
sans autre motivation
que leur prospérité : les systèmes apparemment personnels
de Corée du nord ou
de Russie, les systèmes apparemment collégiaux comme la
Chine actuelle. Il me
semble que nous ne réfléchissons pas assez à l'essence du
totalitarisme
en ce qu'il répond apparemment à une question globale d'un
moment précis et au
partage apparemment universel de cette question. Pas assez
non plus sur ce
qu'il soutient et sur la manière dont la pratique
contredit la théorie. Pour ma
part, je suis à peu près fixé maintenant dans mon
interprétation et ma
compréhension du système dans lequel nous sommes entrés
dès le vif de la
campagne présidentielle qui a mené - par défaut, selon
toutes apparences et
selon tous examens de l' "échiquier" politique français au
début de 20017. C'est un système
totalitaire ayant les caractères et prétextes d'unanimité,
de salut public de
tous les totalitarismes, vivant de tous les dénis et
refusant fondamentalement,
logiquement la contestation intellectuelle de ses dires et
racines ainsi que
l'évaluation au résultat. Je suis politiquement malheureux
autant que pendant
les années qui ont suivi le départ du général de GAULLE,
sauf l'année JOBERT en
1973. A
l'époque cependant une alternative existait à l'horizon ou
presqu'immédiatement
quand s'approchaient des élections législatives, et les
tenants du pouvoir
restaient au grand précédent qui avait fondé la Cinquième
République et leur
permettaient d'exercer le pouvoir à leur tour...
Actuellement, un discours
essentiel et long une ou deux fois par mois, du texte et
du texte en loi ou en
ordonnance, mais le déni de l'efficacité : Alstom et les Chantiers de l'Atlantique
ne nous sont pas
restés, et ce n'était pas question d'argent : les J.O.
pour la gloriole et de
qui ? selon une idée vieille comme le monde, la démagogie
du panem et
circenses. Depuis longtemps des décideur dans l'Etat ont
fait de celui-ici
un négociateur que l'adversaire, le prédateur ou le
demandeur de commandes sans
concours vrai, maitrisent facilement. Les millions ou
milliards qui manquent à
nos armées et aux budgets militaires se trouvent notamment
dans le marché du
Pentagone à la française qu'en 2012, les successeurs de
Nicolas Sarkozy,
Yves-Marie Le Drian donc, sur ordre ou pas de FH, n'ont
pas contesté. Donc
maintenant EM, prétendûment nouveau et qui tombera sans
doute quand sa majorité
et les plus confirmes de ses membres à ce qui fit le point
de départ de sa
candidature : l'appétit de nouveauté dans les
comportements publics, l'appétit
d'idéal, de participation, vont constater que l'Europe est
plus
intergouvernemental que jamais, que les révisions sociales
diverses vont toutes
dans le sens de la précarisation et de la marchandisation
de la main d'oeuvre,
que pour autant le chômage ne baisse pas, quand les
"marcheurs" vont
constater que le Parlement est éludé, que le gouvernement
n'est qu'une
apparence, que la centralisation de l'information, du
discours et surtout de la
décision n'a aucun précédent en France, même sous le
soi-disant modèle du
marcheur du Louvre, des coulisses à la pyramide, au
souvenir napoléonien.
La
Croix (numéro 40923 - daté du jeudi 12 Octobre 2017)
donne la une - un portrait du Président, le poignet
cruel, la mâchoire
crispée, et toujours ce regard qui ne regarde pas, pour
titrer " une
certaine idée du libéralisme " et questionner en deux
pages :" quel
libéral le président Macron est-il ? " Une lettre
périodique de Sciences Po.
interprète le même : un
" stratège de la transgression ". Les livres sont
maintenant là : NS
avait eu la talentueuse REVZANI, EM a Patrick BESSON : Un
personnage de
roman, une "marcheuse" publie son
émerveillement, pas
seulement un homme jeune et épousant son temps, mais un
homme de compassion et
d'émotion (Axelle TAISSANDIER). Je ne crois pas à ces
habillages. L'emprise
supposée du nouveau président ne se vérifie sur aucun
sujet, elle a cependant
un avantage, celui de nous faire réfléchir sur
nous-mêmes : voulons-nous
vraiment un type de réussite personnelle et nationale
fondé sur la
compétitivité, son anonymat au profit de chiffres et de
rang de classement.
Ayant eu bonheur et chance de fréquenter la rue
Saint-Guillaume, à Paris, alors
unique en son genre, et surtout fidèle encore au dessein
qui l'avait fondé en
1875 : les cadres de la France, alors même que celle-ci
n'était pas encore sûre
d'avoir choisi un régime politique, je vois depuis
dix-quinze ans, pas tant le
pullulement des Sciences-Po. mais la transformation en
tout autre chose,
l'excellence, les systèmes anglo-saxons, même maintenant
un campus pour les
lycéens. Cet abandon des structures mentales et morales
de 1875 qui perdurèrent
jusqu'à mon époque, à vrai dire a été précédé et
peut-être motivé par la
corruption, parfois éclatante d'anciens élèves et
d'énarques, convertis à
l'argent et aux carrières de banque et d'entreprises, et
pratiquant celles-ci
uniquement pour l'argent, à peine pour le plaisir (qui a
sa part de libido)
d'exercer le pouvoir, et la politique suivant cette
pente, elle aussi prise par
l'argent. Je ne vois plus le service public dans
l'ambition de nos jeunes
élites, et l'amour de la France se perd en même temps.
Rien de peccamineux ni
d'illégal strictement. Il n'est pas étonnant non plus
que l'ancien, beau et
puissant secteur public industriel et commercial
périclite, sans cesse
amputé ou sous-traitant. Il est logique enfin que
l'individualisme l'emporte
sur les solidarités et que l'idéal passe pour une
utopie. La cause européenne
reflète ces changements immenses et guère analysées - je
crois - la gestion,
l'intergouvernemental et non plus l'élan fondateur, la
démocratie sans peur et
avec enthousiasme. La facture est là, la solidarité de
tous les Européens face
aux immigrations et avec les immigrants n'est plus
psychologiquement possible,
les gestions font détester et l'Europe et les Etats
puisque l'esprit n'est plus
là : brexit et Catalogne. Les sécessions... Pas
d'analyse de l'ensemble,
pas de contre-attaque concertée d'initiative française
ou autre. Notre régime
est à l'improvisation, sauf le démantèlement social
depuis des années médité et
tenté. J'admire l'Allemagne qui met un mois ou deux pour
que la coalition
gouvernementale soit collégiale et participative dans
l'exercice d'un pouvoir
vraiment négocié et médité. Chez nous en quelques jours,
tous les rôles sont
donnés, sauf - paradoxalement - cette fois-ci où l'élu
de la novation et de la
table rase a raté à plusieurs reprises la formation d'un
gouvernement. EM n’est
pas un commencement mais un aboutissement. Il est le
résultat de tous nos dénis,
de toutes déviances, du factice de notre démocratie, de
la cupidité de beaucoup
de nos dirigeants et d’une culture sans repères, qui ne
sait pas définir la
réussite et n’a manifestement plus le bonheur de tous et
de chacun comme
soleil, horizon, idéal, comme moteur de toute
imagination politique. Et comme
sous nos anciens régimes, l’art de s’habiller selon la
mode quel que soit le
personnage que l’on est au vrai : ainsi aujourd’hui, le
libéralisme
serait-il égalitaire et toute l’ambition d’EM serait
l’égalité des chances, de
même que les ordonnances n’ont été obsédées que
l’augmentation la plus concrète
et sensible possible de la protection des travailleurs
et salariés… –
Littérature… le dernier paru des livres de LE CLEZIO,
j’ouvre au hasard, je
crois lire MUSSO. Katherine PACOL, écrivain de toupet et
culot dans les années
70, mes trente ans, un nouveau livre : plus de huit cent
pages, écrit
comme on dirige une entreprise, avec des pages de
remerciements et de
sidérantes définition de l’écriture : une aventure, un
travail de détectives ;
C’est tellement peu elle à son premier jaillissements
que sa biographie ne
commence qu’en 1997… sauf pages que je n’ai pas su
tourner. Des littérateurs,
un prix Nobel et aucune autorité morale nulle part. Le
si pale et superficiel
dialogue FINKIELKRAUT/Régis DEBRAY pour nourrir le débat
du second tour de l’élection
présidentielle au printemps (l’Observateur)
Quoiqu’elle m’habite et
m’attriste de plus en plus, j'arrête
cette méditation sur l’exercice du pouvoir chez nous. Au
lieu que ce soit le
pouvoir de nous tous face aux circonstances et pour en
tirer le meilleur parti
possible, c’est un pouvoir qui sous prétexte de nous
constituer pour l’époque,
nous appauvrit psychologiquement et matériellement.
Priorité dans les heures et
jours qui vienne : accomplir les deux-trois préalables me
requérant avant
d'être entier au livre que je projette et dont j'ai enfin
trouvé selon quelle
dialectique et sous quelle forme l'écrire : je pense qu'il
pourra d'un seul
élan rendre compte au moins de mes deux projets précédents
(expérience de la
vie, richesse des rencontres) en y ajoutant le vrai débat
de toute existence
humaine : l'aire et le temps de la liberté, des choix.
Réussir ce livre sera
évidemment une victoire mentale sur la fatigue, l’âge, la
tristesse, mais au
mieux de ma forme pendant une trentaine d’années qu’ai-je
produit sinon de l’espérance
mais sans m’y attacher assez et sans conscience du temps.
Sans aboutir non plus
en termes de carrière.
Qu’ajoutent à ceux d'hier, les textes
pendants depuis ce matin et que j’ai lus cursivement
[1].
La confirmation de l’affirmation
précédente du Christ mais sous une autre forme. Heureuse la mère qui t’a porté en
elle, et
dont les seins t’ont nourri ! A nouveau, Elisabeth
saluant la jeune
Marie, enceinte du Saint-Esprit. Heureux plutôt ceux
qui écoutent la parole
de Dieu et la gardent. Vigilance, pérennité, fidélité,
stabilité. Le
contraire des errances et des démons, expulsés ou pas. Aux
jours sombres et
terribles, le ciel et la terre sont ébranlés mais le
Seigneur est un refuge
pour son peuple, une forteresse pour les
fils d’Israël… et le Seigneur aura sa demeure à Sion. Conclusion
de ce qui
avait approché : voici des multitudes et encore des
multitudes dans la
vallée du Jugement (celle d’Ezéchiel ?
et de sa vision des os desséchés et des morts se
réassemblant et recevant à
nouveau souffle et Esprit…). Fin de l’aridité et des
désolations : ce
jour-là, le vin nouveau ruissellera sur les montagnes, le
lait coulera sur les
collines. Tous les torrents de Juda seront pleins d’eau, une
source jaillira de
la maison du Seigneur… (cette
autre
vision, l’arpentage du Temple, la traversée du fleuve
nouvellement apparu
depuis le seuil du Temple). Les montagnes fondaient
comme cire devant le
Seigneur, devant le Maître de toute la terre. Les cieux ont
proclamé sa
justice, et tous les peuples ont vu sa gloire.
[1]
- Joël IV 12 à 21 ; psaume XCVII ; évangile selon
saint Luc XI
27 à 28
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